Promotion Colonel Joseph Leenaerts à l'Ecole Royale Militaire ( originaire de Rémersdael - Fourons ) en présence du Roi et de la Reine

écrit par francois.detry
le 01/12/2020
Joseph Leenaerts

Ce jeudi 8 octobre a eu lieu l’ouverture de l’année académique pour les nouvelles promotions à l’Ecole Royale Militaire. La princesse Élisabeth ayant intégré la 160ème promotion Sciences Sociales et Militaires, le Roi et la Reine étaient présents.
Le Colonel Joseph Leenaerts a été choisi comme parrain de cette promotion, et sa fille Anne a eu l’honneur de remettre le fanion de cette promotion au nom de son père.

Vidéo : Cérémonie de la promotion en présence du Roi et de la Reine : https://static.blogs.sudinfo.be/list/146/documents-en-pdf/855294992.mp4

MAIS il faut néanmoins signaler deux erreurs dans cette présentation du Colonel Joseph Leenaerts dont vous pourrez lire la biographie ci-dessous:

- Il n'est pas originaire des cantons de l'Est: il était né à Rémersdael où son père, venu de Fouron-Saint-Martin, était instituteur. 

- Une toute petite partie de Rémersdael (la ferme de Bounder) avait été annexé au IIIe Reich. Pourquoi l'Ecole Royale Militaire dit-elle que son village avait été annexé ?

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Biographie de Joseph Leenaerts

Joseph S. Leenaerts, colonel honoraire d'artillerie, est originaire de Rémersdael. Fils de l’instituteur Julien Leenaerts, né le 7 avril 1917 à Rémersdael;  il figure sur les photos de 1924, 1926 et 1927 de l’école.

Sa carrière militaire fut, dès son origine, rivée aux services spéciaux. Encore élève à l'Ecole Royale Militaire, il assume dès l'automne de 1939, la responsabilité d'interventions qui suscitent l'intérêt de notre contre-espionnage.

Prisonnier de guerre en Allemagne après la capitulation du 28 mai 1940, il rentre au pays en décembre 1940 dans le cadre du rapatriement collectif des élèves des Ecoles Militaires. Il rejoint son village natal partiellement annexé au IIIe Reich. Dès le printemps 1941, il prend l'initiative de monter en Allemagne un réseau chargé de "couvrir" la ligne de fortifications érigée à la frontière occidentale du Reich. Il est arrêté à hauteur d'Aix-la-Chapelle au cours de sa première reconnaissance. Il évite l'emprisonnement en abusant ses gardiens. Il est à nouveau arrêté le 30 août 1944 et détenu à la Fetdgendarmerie de Herve, d'où il s'évade. Il rejoint Bruxelles le lendemain.

Trois jours plus tard, la capitale est libérée de l'occupant. Joseph Leenaerts sera désigné par le Chef de la 2e Direction débarqué de Londres, pour rejoindre la  Première Armée américaine, précisément engagée dans la région frontalière de l'Est qu'il vient de quitter.

Du mois d'octobre 1944 au mois de mai 1945, il se trouve en première ligne au sein d'une équipe de l'O.S.S. (Office of Stratégie Service, le Service de Renseignements des Etats-Unis). Dans ce laps de temps. il vivra la bataille pour la prise d'Aix-la-Chapelle, la Campagne des Ardennes, le franchissement de la Rhur. Il atteint le Rhin à hauteur de Cologne où il est victime d'un empoisonnement par deux agents du S.D. (Service de Sécurité allemand). Plongé dans un état comateux profond, il est évacué des bords du Rhin, par train sanitaire américain et admis le 8 mai 1945, jour de la capitulation du IIIe Reich, dans un hôpital américain déployé sous tentes à Bois-de-Breux, près de Liège.

Peu après sa sortie de l'hôpital, on le découvre en Bavière où, pendant cinq mois, attaché à un service de sécurité U.S., il assume la direction d'une équipe d'enquêteurs.

En février 1947. il est arrêté à Vienne par la patrouille "quadripartite" et conduit en jeep au Château de Schönbrunn. Il est mis au secret pour vérification d'identité.

En 1952, on le trouve à la Mission Militaire Belge à Berlin. Il y oeuvrera pendant plus de quinze années.

En 1969, il est nommé Attaché Militaire et de l'Air à Vienne, à Berne et à Budapest.

Dans le cadre de ses missions d'après-guerre, il gérera des réseaux, entre autres, en Allemagne de l'Est, en Tchécoslovaquie, en Hongrie ...

Retiré de toute activité officielle depuis plus de dix ans, Joseph Leenaerts accepte de lever le voile sur une sélection d'épisodes vécus au cours d'une carrière entièrement absorbée par les services spéciaux.

Ce qui  précède est le texte de présentation porté sur la couverture du livre.

M. Joseph Lenaerts est décédé le 7 janvier 2017 à Gembloux et ses enfants ont souhaité qu'une plaque commémorative soit placée à Rémersdael. Le collège des bourgmestre et échevins, ne voulant faire aucune distinction entre les anciens combattants, a autorisé le placement d'une croix semblable à celle des autres anciens combattants, sur la pelouse d'honneur du cimetière de Rémersdael. Cette croix a été mise en place en présence d'une fille et d'un petit-fils de Joseph Leenaerts. 

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Bibliographie de  Joseph Leenaerts :

- « Les Russes dans les Fourons » :  https://remersdael.be/Histoire/Russes.html

- « Dans les arcanes des services spéciaux » : Souvenirs de guerre et de paix d'un ancien du renseignement

Un officier belge dans les arcanes  des services spéciaux américains

Élève à l'École royale militaire en 1940, Joseph S. Leenaerts souhaitait faire une carrière d'aviateur. Les circonstances ont déterminé son immersion dans le monde très particulier du renseignement. Originaire de Remersdael-Montzen, dans l'est de notre pays, il maîtrisait la langue allemande et était particulièrement sensible aux événements, aux remous psychologiques dans cette région que le Reich allait bientôt revendiquer et annexer.

Par des parents et amis de son village d'origine, il apprit, à la veille de la guerre, que, dans la région, d'étranges arpenteurs circulaient, prenaient des notes. Il s'en ouvrit à un dirigeant de l'École militaire qui l'orienta vers les services spéciaux.

Nous l'avons rencontré à l'occasion de la sortie d'un livre de souvenirs, «Dans les arcanes des services spéciaux», qu'il a rédigé, nous dit-il, avant tout pour l'information de ses petits-enfants et qui a le mérite, hors de toute prétention littéraire, d'éclairer le public sur la réalité du renseignement militaire en temps de guerre et de paix et sur l'importante place qu'y tint, d'aventure, sous le pseudonyme de Joseph Levy, un officier au service d'un «petit pays».

BON SENS ET VÉRITÉ

Les nazis lui ont offert la naturalisation allemande, car il relevait des cantons rédimés. Les Américains lui ont fait la même offre, pour services rendus à l'OSS (Office of Strategic Service) auquel il fut attaché durant la guerre. J. Leenaerts refusa la proposition des uns et des autres. Officier belge il était et demeurerait. La touche de germanisme que lui imposa son lieu d'origine lui donna les atouts linguistiques et une inquiète curiosité nécessaires sans entamer un bon sens et le goût de la vérité qui firent sa force.

Les romans de John Le Carré sont admirables, nous dit-il. L'environnement psychologique y est fort bien rendu. Mais il est clair que l'auteur n'a jamais travaillé «sur le terrain».

Dans des confessions, naguère illustrées par la télévision, l'espion anglais George Blake, asservi par le KGB et apparemment repenti, affabule, estime notre interlocuteur. Ainsi est-il impossible qu'il ait livré tant d'agents occidentaux à ses maîtres de Moscou.

J. Leenaerts nous raconte des péripéties de son travail à l'OSS américain. Les initiatives de celui-ci n'avaient rien, le plus souvent, de romantique ou de fracassant.

Lors des très rudes et longs combats pour la prise d'Aix-la-Chapelle, l'OSS recommanda aux troupes américaines de se retirer systématiquement des blocs d'habitations conquis. L'ennemi réoccupait ces bâtisses, désormais connues dans leurs détours et structures au point que des mines y étaient déposées aux endroits les plus propices!

Ainsi les Allemands étaient-ils affaiblis à moindre coût pour les troupes US.

Le livre de notre interlocuteur est riche d'anecdotes surprenantes encore qu'étrangères au sensationnalisme. Après la guerre, l'auteur fut en poste diplomatique à Berlin, en RDA, en Tchécoslovaquie, en Hongrie. Il accomplira, en ces temps de guerre froide aiguë, des missions de renseignement pour le gouvernement belge.

Des opérations, nous dit-il, qui ne sont plus envisageables, aujourd'hui que la conjoncture a radicalement changé.

UN REGARD D'ENFANT

J. Leenaerts avait été gravement empoisonné par une cigarette offerte par un agent allemand, caché sous les dehors d'un prisonnier de guerre. Il a cependant voulu dominer ses rancunes. Sa façon d'honorer et d'appliquer la démocratie fut de s'abstenir de la haine et de ses emportements.

Ses adversaires allemands et, plus tard, soviétiques avaient, remarque-t-il, été dressés à l'inhumanité. Il tenait à ne pas leur ressembler et donne maints spécimens du quant-à-soi humanitaire qu'il montra. Sans doute, conjecture-t-il, me suis-je souvenu de l'intervention d'un officier allemand qui, à Visé, en 1914, évita l'exécution sommaire à mes grands-parents.

Plutôt que d'aventures jamesbondiennes, il préfère se souvenir de rencontres insolites qui l'instruisirent de la complexité des férocités guerrières. En Allemagne, il fut invité à la table de Otto Hahn, une des sommités, dans le Reich, des recherches nucléaires.

Le savant lui confia que lui-même et d'autres chercheurs avaient freiné la confection d'une bombe atomique. Il avait, nous dit notre interlocuteur, un lumineux et franc regard d'enfant. Je m'étonnai de son invitation. Otto Hahn, qui s'exprimait en un français aisé, m'expliqua qu'il avait fait une partie de ses études secondaires à Dolhain, près de Verviers. Et il me récita, de mémoire, deux fables entières de La Fontaine!

La culture n'est pas nécessairement étrangère à la vérité du renseignement.

MICHEL BAILLY ( Le Soir du  19/08/1991 )

 

  • Joseph Leenaerts
  • Joseph Leenaerts à la fête annuelle de l'amicale du Collège Saint-Hadelin à Visé en 2002
  • Joseph Leenaerts évoque sa carrière à la Fête de l’Amicale de 1990
  • Ecole 1924 à Rémersdael : Au 3ème rang Mr Leenaerts ( père et instituteur ), Josef Surgy et Joseph Leenaerts,
  • La croix commémorative au cimetière de  Rémersdael.
  • Son livre « Dans les arcanes des services spéciaux »
Portrait de francois.detry
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