Le musée vir[us]tuel de la Ville d'eaux / n° 7 Lithographie « Spa Ferme de Frahinfaz »

écrit par francois.detry
le 13/04/2020

Le Musée de la Ville d’eaux possède une importante collection d’affiches de la fin du 19e et du début du 20e siècle. C’est une chance due à la conjonction de deux facteurs : d’une part, le grand nombre de publicités qui reflète la quantité d’événements, principalement sportifs, qui se sont déroulés à Spa à cette époque et, d’autre part, la clairvoyance de nos prédécesseurs qui ont collecté et conservé ces fragiles témoignages de la Belle Epoque. Nous leur avons déjà consacré deux expositions temporaires, en 2004 et 2014.<!--break-->

L’estampe qui nous occupe aujourd’hui n’est pas une affiche originale mais une reproduction, quasiment contemporaine, parue dans un recueil intitulé « Les Maîtres de l’Affiche », édité à Paris, en cinq volumes, entre 1896 et 1900.

Il est intéressant de constater que, dès l’explosion du phénomène de l’affiche, vers 1890, celle-ci fait l’objet d’un véritable engouement. Les collectionneurs sont nombreux et le terme « affichomanie » fait son apparition dès 1892.

Non datée, l’affiche originale est cependant antérieure à 1897, année du décès d’Edouard Duyck (1856-1897), l’un des graphistes qui l’a réalisée. Associé à Adolphe Crespin (1859- 1944), ils figurent parmi les pionniers belges de la création d’affiches illustrées, monochromes à l’origine. Crespin et Duyck sont tous deux bruxellois et peintres de formation. Ensemble, ils vont réaliser des travaux décoratifs et des affiches, activités certainement plus rentables que l’art pictural classique.

On ne peut qu’admirer la composition de l’affiche, très chargée mais quand même équilibrée. On y voit une Ardennaise, jeune, avenante et coiffée d’un barada qui, d’un pas vif, si l’on en croit le mouvement de son tablier, apporte un plateau de rafraichissements. On distingue la silhouette de la Ferme de Frahinfaz ainsi que la route de l’hippodrome de Sart, le plus ancien des trois hippodromes spadois, aujourd’hui disparu et remplacé par le golf.

Etymologiquement, le nom de Frahinfaz signifierait lieu, ou fagne, humide. Jusqu’au début des années 1890, c’est un endroit inhospitalier où passent les usagers de la Pélerine Voie ( voie des pèlerins ) qui reliait Aix-la-Chapelle à Bavay. Trois fermes y sont implantées : la ferme des Havurnas (actuelle villa des Sorbiers) et, quasiment face à face, la ferme Bier-Schmitz et la ferme Jamar.

C’est alors qu’entre en scène Josse Gihoul, un Bruxellois venu s’établir à Spa en 1891. Il tente d’acheter l’ensemble du site mais se heurte au refus du fermier Jamar, un irréductible Spadois [petit hommage à Uderzo]. Gihoul transforme « les Havurnas » en une luxueuse résidence, la villa des Sorbiers, et démoli la ferme Bier-Schmitz pour y construire, en 1894, une solide construction en pierre de Staneux : la ferme de Frahinfaz. Conçue comme une ferme modèle, un concept très en vogue à l’époque, c’est aussi un café restaurant comme le clame notre réclame. Il fermera ses portes en 1950.

Pour ceux que cela intéresserait, ce bien, beaucoup plus vaste que ne le laisse supposer sa façade, est actuellement à vendre pour la bagatelle de 765.000 €.

Quant à Josse Gihoul, c’était un personnage éclectique et controversé. Il fut le principal instigateur du projet Spa-Extension, mais aussi président du prestigieux Automobile Club de Spa et …Consul de la République du Libéria.

Il est donc plus que probable que c’est lui qui passe commande de cette publicité aux affichistes Crespin et Duyck.

Plusieurs expressions sont mentionnées sur cette affiche : « déjeuner à la fourchette », passé de mode, signifie un déjeuner ( notre dîner ) avec de la viande, des mets solides tandis qu’ une « chefnaie » est une omelette composée d’oeufs et de lard dans la région malmédienne. Quant au « on loge à pied et à cheval », il signifie simplement que l’établissement possède des chambres et des écuries.

Détails de la lithographie :

Dimensions : 22 x 29 cm (dimensions de l’affiche originale : 90 x 118 cm)

Epoque : 1896

Technique : Lithographie

N° d’inventaire : R0994a

Photographies : Chasseur de lumières (2003)

Bibliographie :

Lejeune, Albert, Frahinfaz, in Histoire et Archéologie spadoises, juin 1988, pp. 71 à 76

Toussaint, Jean, Introduction du catalogue Spa s’affiche. Publicités de la Ville d’eaux avant

1914, éd. Musée de la Ville d’eaux, 2004.

Toussaint, Jean, Spa-Extension. Un projet immobilier spadois peu connu, in Histoire et

Archéologie spadoises, décembre 2015, pp. 20 à 31.

https://www.sparealites.be/balmoral-frahinfaz-etang-de-chawion-golf

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Le Musée de la Ville d’eaux vous propose aussi :

- Revue : « Histoire et Archéologie spadoises » ( 48 p. ) / 3 parutions / année  / 15 € /  http://www.spavillaroyale.be/spip.php?rubrique60

- Prochaine exposition temporaire « Destination Spa. Les plaisirs de la villégiature à la Belle Epoque »

http://www.spavillaroyale.be/spip.php?article448

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