13è « Millenium International Documentary Film Festival », en Ligne, du 05 au 30 Mai
« Tout seul, nous sommes incomplets : nous sommes faits pour être unis », une citation de Virginia Woolf, illustrant admirablement le thème fil rouge de cette 13è édition du « Millenium International Documentary Film Festival », révélant ainsi les préoccupations fondamentales qui nous ébranlent aujourd’hui : vivre avec les autres pour se créer, se recréer et se construire, bâtir un monde commun où chacun puisse trouver sa place au-delà de ses différences.
Si nous nous réjouissons de pouvoir découvrir, du mercredi 05 au dimanche 30 mai, les 62 documentaires programmés, fort malheureusement, nous devrons nous résoudre à vivre virtuellement ce Festival, au grand désespoir de sa dynamique fondatrice et ditectrice artistique, Zlatina Rousseva, qui espérait pouvoir l’organiser en présentiel, entre les dimanches 02 et 09 mai inclus, ayant déclaré, face à l’adversité : « C’est presqu’un acte de courage et une mission de mettre en avant le Cinéma documentaire dans ce contexte de crise mondiale. Ces documentaires nous aident à comprendre le monde et ses enjeux, et nous amènent à nous poser des questions. »
Côté « Compétition internationale », quel sera le film qui succédera à « The Cave » (Feras Fayyad/Syrie-Dan.-All.-Qatar-USA/2019/116′), l’ « Objectif d’Or » (« Grand-Prix du Jury ») de la 12è édition de « Millenium », qui eut la chance de pouvoir se terminer en présentiel, le dimanche 25 octobre 2020, alors que dès le lundi 26 octobre, les salles de Cinéma devaient fermer leurs portes…
Soulignons les motivations du Jury : « ‘The Cave’ est un drame réel et émouvant avec sa part de brutalité et d’aveuglement vis-à-vis de la guerre mais qui met également en avant la compassion, la bonté et l’altruisme. À travers ses personnages, le film invite à s’engager sur des questions universelles, telles que les conflits, les réfugiés et la discrimination des femmes. »
A noter que cette « œuvre de référence sur la guerre civile syrienne » (dixit Carlota Moseguí) a reçu, en 2019, le « Prix du Public pour les Documentaires », au « Festival international du Film de Toronto », et, en 2020, le « Prix du Documentaire le plus dérangeant », ainsi que le « Prix de la Presse », au « Ramdam Festival », à Tournai, comptant, la même année, parmi les cinq films nommés, aux 92è « Academy Awards », à Los Angeles.
Pour la 13è édition de « Millenium », 13 films sont en « Compétition intenationale » :
*** « A new Shift » ( Jindřich Andrš/Rép. tch./2020/91′)
Synopsis : « La mine de charbon pour laquelle Tomaš a travaillé durant vingt-cinq ans va fermer. Contraint de sortir des profondeurs de la vie à laquelle il avait été habitué, il accepte de suivre un programme de formation le destinant à devenir programmeur informatique. À l’âge de 44 ans, celui-ci sera-t-il capable de trouver sa place dans l’èredu numérique ? Face au défi professionnel qui l’attend, quels changements sera-t-ilaussi amené à mettre en œuvre au plan personnel ? … »
*** « Arica » (Lars Erdman & William Johansson Kalén/Suè.-Bel.-Nor.-UK-Chili/2020/97′)
Synopsis : « En 1984, la société minière suédoise ‘Boliden’ a fait expédier des déchets toxiques au Chili, où ils étaient censés être correctement traités. En réalité, une partie des déchets a été déversée à la périphérie de la ville désertique d’Arica, ce qui a eu des conséquences désastreuses sur la santé des habitants… »
*** « Ayi » (Marine Ottogalli & Aël Théry/Fra./2019/69′)
Synopsis : « Entourée d’autres habitants qui, comme elle, bataillent pour gagner leur vie et éviter les contrôles de la police municipale, ‘Ayi’ est le maillon d’une chaîne solidaire face à un pouvoir qui, au sein d’une cité ultra-moderne, oeuvre à l’extinction de pratiques jugées insalubres et vise à expulser une population non désiré… »
*** « Dear future Children » (Franz Böhm/All.-Aut.-U.K./2021/89′)
Synopsis : « Au cours des mois qui ont précédé la pandémie, de nombreux pays ont rencontré des manifestations de citoyens comme jamais auparavant, largement suivis par la jeune génération. A 20 ans, Franz Böhm, part avec une caméra à Hong Kong, en Ouganda et au Chili… »
*** « Fais toi Dieu » (Anne-Lise Michoud/Fra.-Mexique/2020/70′)
Synopsis : « Dans un contexte de fervente dévotion envers les saints les plus adulés de la Ville de Mexico, une nouvelle figure voit le jour : Santa Anima. Celle-ci célèbre l’essence même de l’Homme: la création… »
*** « Her Mothers » (Asia Dér & Sári Haragonics/Hon./2020/75′)
Synopsis : « Face à la montée du conservatisme radical hongrois, Virág, ex-représentante du parti vert, perd espoir et prend sa retraite politique. Avec sa compagne musicienne, Nóra, elles décident d’adopter un enfant, et de se concentrer sur la construction de leur famille… »
*** « L’Homme qui cherchait son Fils » (Stéphane Correa & Delphine Deloget/Fra.-Chine/2020/76′)
Synopsis : « Il y a dix ans, Wu perdait son fils d’un an, kidnappé dans sa propre maison durant la nuit. Wu ne perd pourtant pas espoir, convaincu qu’il a été vendu à une autre famille… »
*** « No visible Trauma » (Marc Serpa Francoeur & Robinder Uppal/Canada/2020/96′)
Synopsis : « Malgré des taux de criminalité relativement bas, le service de police de Calgary a, ces dernières années, tué plus de personnes que les policiers des autres grandes villes canadiennes, et plus que la police de New York ou de Chicago en 2018… »
*** « Ophir » (Alexandre Berman & Olivier Pollet/Fra.-U.K./2020/97′)
Synopsis : « Située dans les îles Salomon dans le sud-ouest de l’océan Pacifique, Bougainville fait partie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ophir revient sur l’histoire d’un peuple ayant subi la colonisation mais qui demeure toujours en quête de liberté et d’indépendance… »
*** « Postwar Album » (Àngel Leiro & Airy Maragall/Esp.-Bosnie et Herzégovine/2020/75′)
Synopsis : « 25 ans après le siège de Sarajevo, le reporter de guerre espagnol Gervasio Sánchez retourne sur les lieux. Il y rencontre les adultes qu’il a photographiés dans leur enfance, en ayant pris le parti de saisir sur la pellicule la vie plutôt que la mort et la destruction… »
*** « Radiography of a Family » (Firouzeh Khosrovani/Nor.-Sui.-Iran/2020/82′)
Synopsis : « C’est à travers des photos de famille et des conversations fictives que la réalisatrice nous raconte comment son père, tourné vers la modernité, et sa mère, religieuse et conservatrice coexistent sous un même toit et évoluent différemment avec les changements de l’histoire iranienne… »
*** « School of Hope » (Mohamed El Aboudi/Fra.-Maroc/2021/78′)
Synopsis : « Aux confins du désert, une tribu a décidé de se battre pour rester sur son territoire et donner une éducation aux enfants. Un espoir qui ne va pas sans tensions, car lorsqu’un enfant est à l’école, il ne peut pas travailler aux côtés de sa famille… »
*** « The Present Simple Tense » (Dmitry Kabakov/Rus./2019/91′)
Synopsis : « Le film suit le quotidien d’habitants résidant dans un petit village situé non loin de Moscou, où les anciens vivent côte à côte avec des migrants venus du Tadjikistan… »
Quatre autres Compétitions sont programmées : « nationale » (09 films), « Vision Jeune » (08 films), « Jeunes Talents belges » (08 films) et « Courts Métrages ».
A souligner que sur leur site web, avec la mention « films-a-z » : https://www.festivalmillenium.org/films-a-z, les organisateurs ont eu l’excellente initiaive de présenter l’ensemble des films, par ordre alphabétique, toutes compétitions confondues. Par ailleurs, en cliquant sur le titre du film, nous obtenons son synopsis et la présentation de son ou de ses réalisateur(s) ou réalisatrice(s).
A l’occasion de la conférence de presse, la directrice artistique, Zlatina Rousseva, nous aconfié ses « coups de coeur », qu’elle nous recommande vivement de découvrir :
*** « A new Shift » (Jindřich Andrš/Rép. tch./2020/91′). Voir plus haut.
Suivant pas à pas la transformation d’un homme habité par le doute et l’espoir, tantôt confiant en l’avenir, tantôt découragé, « A New Shift » nous démontre que la vie est une suite de morts et de renaissances.
*** « Dear future Children » (Franz Böhm/All.-Aut.-UK/2021/89′). Voir plus haut.
En traçant les portraits de trois jeunes militantes écologistes, engagées corps et âme pour l’environnement, la démocratie et contre la corruption, « Dear future Children » saisit l’énergie, la détermination et la créativité d’une génération qui, bien qu’elle ne le sache peut-être pas, a déjà un grand impact sur le monde. Un film puissant dont on ne sort pas indemne !
*** « Le Divorce de mes Marrants » (Anaïs Straumann-Levy & Romy Trajman/Bel./2020/83′)
Synopsis : « Romy n’a pas vu son père ni sa famille paternelle depuis le divorce de ses parents, il y a dix ans. Elle vit une relation de grande proximité avec sa mère, qui est son modèle et sa main droite. En pleine crise existentielle, Romy décide de se rendre chez son père, à Bruxelles, et de mener une enquête sur la raison du divorce de ses parents… »
Entre documentaire et chansons, ce road-movie de l’intime nous plonge au cœur d’une famille dysfonctionnelle haute en couleurs.
*** « Le Dormeur évéillé » (Boris Van Der Avoort/Bel./2020/74′)
Synopsis : « Cherchant les raisons de ses insomnies chroniques, le réalisateur filme sa propre enquête sur le sommeil. Élargissant progressivement ses investigations, il part à larencontre d’autres espèces végétales et animales. Les êtres vivants veillent, dorment et rêvent. L’insomniaque s’interroge sur ces différents états de conscience et sur la difficulté des humains à synchroniser leur rythme social avec leur rythme biologique… »
*** « Dying to Divorce » (Chloe Fairweather/UK-Turquie/2021/80′)
Synopsis : « En Turquie, plus d’une femme sur trois est victime de violences conjugales et le nombre de féminicides ne cesse de croître. Filmé sur une période de cinq ans, 'Dying to Divorce' suit le combat poignant d’une avocate turque, Ipek Bozkurt, face à une justice scandaleusement clémente envers les hommes violents… »
*** « The Story of Plastic » (Deia Schlosberg/USA-Bel.-Chine-Indonésie-Inde-Philippines/2019/95′)
Synopsis : « De son processus de fabrication à sa première intrusion dans nos vies en passant par son invasion progressive dans notre quotidien, 'The Story of Plastic' retrace avec une minutie exceptionnelle et une grande originalité l’histoire de ce matériau considéré à un moment comme une révolution mais l’utilisation et le recyclage de qui sont aujourd’hui l’un des enjeux environnementaux majeurs… »
Un défi où chacun aura à œuvrer, qu’il soit acteur industriel, distributeur, législateur ou consommateur. L’ampleur du challenge est mondiale, mais est-il vraiment relevé à cette échelle géographique? Rien n’est moins sûr comme nous le révèle avec acuité ce documentaire exceptionnel.
*** « Wood , Game-Changers Undercover » (Michaela Kirst, Monica Lăzurean-Gorgan & Ebba Sinzinger/All.-Aut.-Rou./ 2020/52′)
Synopsis : « L’exploitation forestière illégale est une entreprise mondiale qui engrange des milliards. Alexander von Bismarck, patron du 'Environmental Investigation Agency', à Washington D.C., infiltre la mafia mondiale du bois et en révèle les réseaux tentaculaires, de la Sibérie à la Chine, en passant par la Roumanie et l’Amérique du sud… »
Filmé comme un véritable film d’espionnage, « Wood » est un immanquable thriller environnemental, qui n’a pourtant rien d’une fiction.
*** « Les Yeux carrés » (Louison Assié & Laure Massiet du Biest/Bel./2020/20′)
Synopsis : « À Marseille, ville pilote de la vidéo surveillance automatisée, les caméras fleurissent. Sous ces caméras, à l’identité et aux intentions confuses, le piéton est suspect. Et si nous inventions, à tous les coins de rue, une nouvelle forme de résistance ? … »
Outre la possibilité de découvrir de nombreux documentaires, sur inscriptions préalables obligatoires gratuites (digital@festivalmillenium.org), certains d’entre-nous aurons la possibilité - en collaboration avec les « APACH » (« Ateliers de Productions Audiovisuelles Coopératifs de la HELB ») - de suivre deux « master classes » virtuelles, sur le thème : « Quelle est la place de la mise en scène dans les documentaires ? »
1. « La Maison du Cinéaste », de Marc Isaacs : Un nouveau style documentaire semble émerger. Il se caractérise par la reconstruction de situations réelles dans un cadre dirigé. C’est une tendance que l’on retrouve dans 'The Filmmaker’s House' et qui semble être de plus en plus courante aujourd’hui. Pourrait-on donc parler d’un nouveau genre ?
2. « Un Homme et une Caméra », de Guido Hendrikx : Quelle est la relation entre le réalisateur et sa caméra ? Entre la caméra et le sujet filmé ? Entre le réalisateur et son sujet ? Ce sont toutes des questions posées par 'Un homme et une Caméra'. Une occasion de les poser et d’en discuter.
Sous peu, les dates et heures précises seront communiquées. Site web, avec programme complet : http://www.festivalmillenium.org.
Les documentaires sélectionnés par « Millenium » seront diffusés, en ligne, en trois volets. Chaque volet donnera la possibilité de visionner de nouveaux films, qui seront accessibles jusqu’à la fin du Festival ou jusqu’à épuisement du nombre de places disponibles. Ils seront disponible sur « Sooner », à partir des mercredis 05, 12 et 17 mai, respectivement pour les 1er, 2è et 3è volets.
... Et, surtout, ne l'oublions pas : « Tout seul, nous sommes incomplets : nous sommes faits pour être unis ».
Prix pour un film (disponible pendant 72h) : 4€. Pass pour les 62 documentaires : 15€. Achat des accès aux films : à partir du mercredi 05 mai, sur www.sooner.be. « Studios Millenium » : à vivre sur « Facebook ».
Notons enfin que les responsables de plusieurs salles ont promis de projeter certains films primés, dès qu’ils seront, enfin, autorisés à rouvrir leurs portes.
Yves Calbert.