Le sentier balisé des trois abbayes trappistes wallonnes
Sur les sentiers de randonnée de Chimay à Orval ( Dominique Wauthy / Vivacité )
Le « Sentier GR® des Abbayes Trappistes de Wallonie » relie les trois abbayes wallonnes où l’on brasse les bières trappistes : l’abbaye d’Orval, l’abbaye Notre-Dame de Saint-Remy à Rochefort et l’abbaye de Scourmont à Chimay.
Ces abbayes trappistes produisent des bières de fermentation haute, non pasteurisées, refermentées en bouteille et brassées dans le respect des traditions brassicoles anciennes mises au point par les moines.
Il n’existe que douze bières trappistes au monde. En Wallonie, la Rochefort, l’Orval et la Chimay sont les fleurons de ce savoir-faire ancestral.
Ces bières trappistes wallonnes sont inscrites au patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco.
Le sentier, décrits dans les deux sens, emmène les randonneurs d’abbaye en abbaye trappiste, notamment à la découverte de leurs bières les plus célèbres.
L’itinéraire de 272 km est découpé en deux tronçons :
1 ) de Chimay à Rochefort (156 km) 2 ) de Rochefort à Orval (116 km).
Le randonneur est invité à parcourir ou contempler des sites légendaires :
- les grottes de Neptune - le Fondry des Chiens
- la tour-belvédère de Mazée - le bois de Matignolle
- le château de Vêves - le parc naturel de Furfooz
Il mène tranquille de Chimay à Orval. Le SAT, le sentier GR des abbayes trappistes de Wallonie, se découvre en marchant seul, en famille ou avec des amis ; dans un sens ou dans l’autre. Cet itinéraire thématique, long de 274 kms balisés, n’attend que vos pas. A votre rythme, vous emprunterez des chemins forestiers et des sentiers communaux en pleine nature. Ils se ponctuent de sites naturels, hameaux perdus, lieux-dits insolites, chapelles ou fontaines… Et de panoramas insoupçonnés.
- Un sentier découpé en deux tronçons
Ce matin d’octobre, Adrien Joveneau a téléchargé le topo-guide de ce sentier " trappistes " de grande randonnée. Puis il a quitté aux aurores le plateau chimacien de Scourmont, laissant derrière lui et dans la brume, le silencieux monastère des Trappistes. Petit conseil de sa part : avant d’enfiler vos chaussures, consultez les mises à jour du SAT
" Le tracé du SAT, ou Sentier des abbayes trappistes, se découpe en deux tronçons ; 156 km de Chimay à Rochefort et 116 km de Rochefort à Orval.Il reprend onze différents tronçons de GR existants ", lui explique Alain Carlier qui chemine en sa compagnie vers le Fondry des Chiens, proche de Couvin. Alain est bénévole parmi 450 autres baliseurs et autres volontaires de l’ASBL " Les sentiers de grande randonnée ".
Des curiosités géologiques ou patrimoniales, le duo en découvrira à foison sur ces sentiers. " De la vallée du Viroin à celle de la Semois, comptez au moins dix jours pour venir à bout de ce tracé balisé par deux traits horizontaux rouge et blanc pour un GR en ligne, et jaune et rouge pour un GR du pays. Le tracé est sans grande difficulté, si ce n’est une partie plus escarpée après la traversée de la Meuse à hauteur de Waulsort ", ajoute Alain initiateur de ce sentier à thème élaboré depuis une poignée d’années. " Entre Rochefort et Orval, il est possible de cumuler hébergement et transport des bagages. Notre ASBL fournit les adresses de Maison du Tourisme et des particuliers permettent également de planter sa tente dans un jardin ".
Les possibilités d’accueil sont donc nombreuses toute l’année, avec aussi quelques zones de bivouac, comme à Mazée. Chemin faisant, ils croisent des randonneurs, mais aussi des pratiquants de marche nordique du club local de Viroinval. Gaëtan ne se déplace jamais sans ses bâtons : " J’utilise aussi bien les jambes que les bras, 90% des muscles travaillent lorsque vous marchez avec les quatre membres ". Le Viroinval Nordic Parc compte 15 circuits balisés en forêt avec différents niveaux de difficulté (vert,bleu,rouge) ; avec des aires de départ aménagées à Nismes, Olloy-sur-Viroin et Oignies.
Sans bâtons mais toujours avec Alain Carlier, Adrien chemine en savourant les couleurs et parfums d’automne. Aux traversées de forêt de feuillus, suivent des visions panoramiques. De village en hameaux, de bois en pelouses calcaires, de vallées en ravins, on suit de près ou de loin la frontière française. On abandonne la botte du Hainaut pour contourner celle de Givet et passer sur l’autre rive de la Meuse à Hastière. On ne grimpe pas les rochers de Freyr, on les contourne pour caracoler vers Celles puis Chevetogne.
Un héritage géologique en Famenne
Sur ce SAT, ils n’arpentent qu’un morceau des 5500 kms de GR qui s’interconnectent de Bruxelles à la Wallonie. Ils en prennent plein les yeux. Comme au cœur du Géoparc Famenne-Ardenne qui s’étire de Givet jusqu’à Durbuy en passant par Rochefort. Entre Ardenne et Condroz, au cœur de la vaste dépression famennoise, près de la grotte de Lorette, sur les hauteurs de Rochefort, Adrien croise Isabelle, géologue en charge d’animations pédagogiques dans cette Calestienne labelisée Géoparc depuis 2018 par l’Unesco.
- " La bande calcaire de la Calestienne définit le Géoparc. Ce dernier est recoupé par les vallées de trois rivières principales qui sont la Lesse, la Lhomme et l’Ourthe. Elles présentent un extraordinaire potentiel géologique valorisé à des fins touristiques et scientifiques. " Sous les pieds des randonneurs, dans le Val d’Enfer voisin du tranquille sentier des abbayes, des appareils mesurent en continu les mouvements des plaques tectoniques. Des formations calcaires vieilles de 400 millions d’années, ont subi ici des compressions déformant ces couches de roches sédimentaires initialement déposées horizontalement dans un fond marin tropical de faible profondeur. Ces roches ont basculé de 90° pour se retrouver en position quasi verticale, formant une bande calcaire épaisse d’environ 700 mètres appelée la Calestienne. " L’action des eaux d’infiltration, légèrement acides, a dissout ces calcaires durant des millions d’années, pour conduire à de nombreux phénomènes karstiques. " On connaît tous les grottes de Han ! Dans le Géoparc, il en existe des dizaines d’autres aux eaux souterraines cristallines. Elles font notamment le bonheur des spéléologues.
Reste 116 km de Rochefort à Orval
Le duo dépasse l’église abbatiale de l’abbaye Notre-Dame de Saint-Remy fondée en 1230, pour entamer une dernière ligne presque droite à travers de jolis coins tranquilles de l’Ardenne puis de la Gaume. Ils traversent encore et toujours de verts territoires on ne peut plus paisibles. Notamment sur les communes de Paliseul, Bertrix, Herbeumont. Sur des chemins caillouteux ou herbeux, longeant tour à tour ruisseaux, sapinières, étangs, sous-bois ou zones de pâturages, Maxime Alexandre emmène les amoureux d’escapades. Ils le croisent lors de la dernière étape entre Lacuisine et Florenville. " J’utilise les réseaux sociaux comme vitrine. Chaque mois, je diffuse une vidéo de 15 minutes sur Youtube. Je n’organise rien, je donne juste des idées de balades " Son intitulé : " J’irai randonner chez vous ". Originaire du Condroz, le jeune professeur d’éducation physique est un passionné de trekking et de voyage. La Gaume et la vallée de la Semois figurent parmi ses coins nature préférés. " Le terroir y est extraordinaire, et le silence qui règne ici garantit un total dépaysement entre crêtes, vallées et bocages. La présence du loup et du lynx ajoute encore de la valeur aux sentiers. De plus, il existe de nombreux itinéraires communaux balisés. " Le Parc national de la vallée de la Semois garantit ce côté sauvage, avec toute la biodiversité qui l’accompagne.
Entre Chameleux et l’abbaye Notre-Dame d’Orval, après le bois communal de Florenville, on traverse une dernière zone naturelle, des prairies et une passerelle. Adrien laisse derrière lui le murmure du ruisseau de Williers pour goûter à l’arrivée au calme au cœur des vieilles pierres de France près de l’ancien cloître de l’abbaye cistercienne. Le Frère Bernard-Joseph l’accueille au pied du grand bassin et l’emmène dans le jardin de pierre qu’il a aménagé en préparant son séjour dans un monastère zen au Japon. Ouvert sur le monde et tolérant, il lui raconte aussi ses journées rythmées par le travail et les cinq offices religieux quotidiens. Suivant la règle de Saint Benoit, les pensionnaires prient et mettent la main à la pâte pour assurer la subsistance de la communauté. Un autre grand ambassadeur de la région et de son abbaye, c’est Jean-Claude Servais, le dessinateur, chantre de la Gaume, de sa nature et de ses personnages attachants. Il a passé deux ans à dessiner ces édifices séculaires et à raconter leur incroyable odyssée, quasi millénaire, dans un double album. Une bande dessinée parue chez Dupuis dans la collection Aire Libre.
Les trois bières trappistes wallonnes sont inscrites au patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco. Les revenus des bières produites sous le label monastique " Authentic Trappist Product " sont redistribbués à des œuvres sociales.
( Grandeur Nature c’est dimanche sur La Une TV à 15h50 et de 13h à 15h sur Vivacité. Notre podcast est disponible à tout moment sur RTBF Auvio )