Le "Nauti-Poulpe", sur la place Poelaert, jusqu'en Février & Exposition à la "Galerie Champaka", jusqu'au 28 Décembre
« C’est un rêve d’enfant de voir sortir des livres de Jules Verne ce poulpe géant à la tête en forme de ‘Nautilus’. Il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves d’enfant … Le monde animal n’est pas seulement une source d’émerveillement. Il peut nous aider à vivre mieux, plus durablement et plus longtemps », nous déclarait l’artiste belge François Schuiten (°Bruxelles/1956), le vendredi 29 novembre, à l’occasion de l’inauguration, sur la place Poelaert, du « Nauti-Poulpe », en présence du bourgmestre, Philippe Close, heureux d’accueillir, selon ses mots : « ce nouveau résident exceptionnel, inspiré d’une œuvre qui fit rêver tant de générations ».
De son côté, Alain Gest, président d’ « Amiens Métropole », nous dit tout son espoir que cette sculpture monumentale puisse « inciter les générations futures au voyage, comme le font, depuis toujours, les romans de Jules Verne ». Le sourire aux lèvres, il repoussa l’idée de laisser à demeure ce « Nauti-Poulpe » dans notre capitale, nous disant tout son espoir qu’Amiens, « ville de coeur » de Jules Verne, puisse accueillir de nombreux Bruxellois, dès le mois de mars 2025.
Notant que la Ville d’Amiens avait déjà fait appel à François Schuiten, en 2005, pour réaliser une « sphère armillaire », destinée à surmonter la tour en brique d’une maison que Jules Verne habita durant 34 ans, de 1871 à 1905, ouverte au public, sous le nom, évident, de « Maison de Jules Verne ».
Revenons à cette nouvelle commande, faite à François Schuiten, par la Ville d’Amiens, en vue de commémorer le 100è anniversaire du décès, à Amiens, de Jules Verne (1828-1905), cette création géante (12 tonnes de bronze / 9,5 m de longueur / 7 m de largeur / 6,5 m de hauteur), finalisée – pendant plus d’un an, au sein des « Fonderies de Saint-Sauveur », sises en Haute-Saône, toutes les pièces de ce « Nauti-Poulpe » ayant été conçues par le sculpteur français Pierre Matter (°Haut-Rhin/ 1964), devant émerger, en mars 2025, d’un plan d’eau sis devant la « Halle Freyssinet », qui accueillera, comme chaque année, du samedi 07 jusqu’au dimanche 22 juin 2025, les expositions des 29è « Rendez-vous de la Bande dessinée d’Amiens », près de 140 dessinateurs et scénaristes de la BD internationale y étant attendus.
Ici, à Bruxelles, le « Nauti-Poulpe » émerge des pavés de la place Poulaert, François Schuiten ayant confié à notre collègue Daniel Couvreur, pour « Le Soir » : « Ils (Jules Verne & Joseph Poelaert/NDLR) appartiennent à une même époque, marquée par des imaginaires puissants. Ils n’avaient, l’un comme l’autre, peur de rien. Il y a, autant chez Poelaert que chez Verne, une oeuvre hors normes. Jules Verne a écrit plus de 70 romans, des pièces de théâtre, des essais, de la poésie. Joseph Peolaert a créé un palais démesuré, le plus grand édifice au monde du XIXè siècle, fruit de vingt ans de travaux. Ma sculpture du ‘Nautilus’, qui paraissait monumentale, dans l’atelier de fonderie me semble minuscule face à son palais … Il y a, chez Joseph Poelart et Jules Verne une vision et un regard sur le monde d’une générosité sans limite. »
La présence, temporaire, de cette sculpture monumentale devant notre Palais de Justice, imaginé par l’architecte bruxellois Joseph Poelart (1817-1879), se justifie d’autant plus qu’il est un élément essentiel du 12è et dernier album de la série BD des « Cités obscures » de François Schuiten & Benoît Peeters, dont le premier tome – « Les Murailles de Samaris » – fut publié, en 1983, par les éditions « Casterman », mais, également, d’un hors série de « Blake et Mortimer », « Le dernier Pharaon » (Thomas Gunzig, François Schuiten, Jaco Van Dormael & Laurent Durieux/Ed. « Blake et Mortimer »/2019).
Avec le critique, écrivain, essayiste, professeur & scénariste français Benoît Peeters (°Paris/1956), François Schuiten reçut, en 1985, pour « La Fièvre d’Urbicande » (tome 2 des « Cités obscures »), l’ « Alfred du meilleur Album », au « Festival d’Angoulème » ; en 1988, en Allemagne, pour « Le Guide des Cités », le « Prix spécial du Jury » des « Prix Max und Moritz » ; et en 1999, décerné par la « Chambre belge des Experts en BD », le « Prix géant de la Bande dessinée ».
Avec des dessins de François Schuiten, sur un scénario de Benoît Peeters & François Schuiten, « Casterman » a édité, le 25 octobre 2023, toujours dans la série BD « Les Cités obscures » : « Le Retour du Capitaine Nemo » (cartonné/96 pages/24.1 x 32 cm), un album qui nous propose de la BD, en noir et blanc et en couleur, alternant avec un récit illustré, rendant hommage, entre autres, au dessinateur, graveur, peintre & sculpteur français Gustave Doré (1832-1883).
Les originaux de ce superbe album sont à découvrir, jusqu’au samedi 28 décembre, près de la place du Sablon, au N° 27 de la rue Ernest Allard, dans la « Galerie Champaka ». Ouverture : le jeudi & le vendredi, de 13h30 à 18h30, le samedi, de 11h30 à 18h. Entrée libre. Contacts : sablon@galeriechampaka.com, 02/514.91.52 & 0495/48.58.06. Site web : https://www.galeriechampaka.com/?page_id=97148.
Soulignons que dès l’entrée de cette exposition, nous découvrons une réplique, à l’échelle 1/8è, du « Nauti-Poulpe » , que tout collectionneur peut acquérir, de plus petites répliques, aux prix plus abordables, sont également présentes, alors qu’une instructive vidéo nous est proposée, nous dévoilant les différentes étapes de la construction de cette oeuvre, qui a bénéficié du savoir-faire de nombreux artisans.
A l’étage inférieur, une oeuvre au fusain, « Croisement », nous montre le « Nauti-Poulpe », sous un pont de chemin de fer, emprunté par une locomotive « Type 12 », de la « SNCB », chère à François Schuiten, comme nous pouvons nous en rendre compte en visitant « Trainworld », qui nous propose, jusqu’au dimanche 11 mai 2025, son exposition « Dessine moi un Train ! », Pierre Matter & François Schuiten étant deux des 13 artistes présentés aux visiteurs, dont Santiago Calatrava (°Benimàmet/1951), Paul Delvaux (1897-1994), André Franquin (1924-1997) & Victor Horta, quelques-uns de leurs croquis et dessins étant exposés.
Voici l’occasion d’évoquer l’album dessiné et scénarisé par François Schuiten, « La Douce » (Ed. « Casterman »/ cartonné/2012/88 pages/24,1 x 32,1 cm) , dont le « personnage » central est, justement, cette locomotive « Type 12 », de la « SNCB ».
Toujours en rapport avec les trains, en 2026, sur le rond point Van Praet, prolongeant le pont éponyme, nous devrions découvrir – à l’occasion du centenaire de la « SNCB » -, « Moby Train », une autre sculpture monumentale de Pierre Matter & François Schuiten, qui intégrera une authentique locomotive de 1957.
A titre individuel, François Schuiten, pour l’ensemble de son œuvre, reçut, en 1996, aux Etats-Unis, le « Prix Inkpot », ainsi qu’en 2002, en France, le « Grand Prix de la Ville d’Angoulème ». Entre autres, également, il se fit attribuer, en 2012, au Japon, le « Prix Gaiman » , ainsi qu’en 2023, à Bruxelles, le « Grand Prix Rossel de la BD ».
A souligner que François Schuiten est, notamment, à Schaerbeek, le scénographe de « Trainworld », le « Musée du Train », inauguré, en 2015, par le roi Philippe, ainsi que d’un bâtiment conçu, en 1893, par l’architecte belge Victor Horta (1861-1947), la « Maison Autrique ».
Que vous ayez aimé lire ce célèbre roman de Jules Verne, « 20.000 Lieues sous les Mers » (1869-1870), que vous ayez vu le film éponyme (Richard Fleisher/USA/1955/127’/avec Kirk Douglas), que vous soyez un lecteur assidu de la série BD « Les Cités obscures », que vous ayez un intérêt particulier pour la sculpture, ou que vous soyez un simple passant, rendez-vous sur la place Poelaert, où les tentacules gigantesques de cet étrange monstre marin vous attendent. Installé au centre d’un rond point, n’hésitez pas à le contourner, à bord de votre voiture, ou voyez le d’en haut, en profitant de la « Grande Roue » toute proche.
Complémentairement, si vous souhaitez en connaître davantage sur ce « Nauti-Poulpe » et sur l’album qui le met à l’honneur, « Le Retour du Capitaine Nemo », rendez-vous, à proximité, jusqu’au samedi 28 décembre, à 18h, dans la « Galerie Champaka ».
Yves Calbert.