Bertrand Meunier / Virginie Nguyen Hoang / Camille Peyre / Eva Claus
Expo du 30/9/23 au 28/1/24
Bertrand Meunier Municipalité autonome de Chongqing, avril 2000
© Bertrand Meunier, Tendance Floue
Centre d’art contemporain de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
11, av. Paul Pastur (GPS : Place des Essarts) B-6032 Charleroi (Mont-sur-Marchienne) T +32 (0)71 43.58.10
F +32 (0)71 36.46.45 mpc.info@museephoto.be
Jusqu’au 31 décembre 2023, le musée est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h.
Fermé les 25 décembre et 1er janvier.
Attention, nouveaux horaires à partir du 2 janvier 2024 : du mardi au vendredi de 9h à 17h et les samedis/dimanches et jours fériés de 10h à 18h.
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Bertrand MEUNIER
Erased
Bertrand Meunier
Place Tian’anmen, Pékin septembre 2001
© Bertrand Meunier, Tendance Floue
Membre du collectif Tendance Floue, prix Niépce en 2007, Bertrand Meunier est le parfait représentant de cette photographie documentaire française au style décalé, au regard cinématographique, attachée
à la photographie argentique, pour qui le médium est un outil de compréhension du monde avant d’être une technique d’enre- gistrement. Depuis ses débuts à l’agence VU’ et les commandes de Newsweek et Libération, le photographe a affiné son ap- proche. Son exigence et sa rigueur offrentau regardeur une vision du monde sans fioritures, qui invite au questionnement et à la réflexion. Bertrand Meunier a confié son fonds pho- tographique au musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône en 2021 et a invité l’institution chalonnaise à revisiter avec lui ses archives. Après une première présentation au Musée Nicéphore Niépce, l’exposition Erased prend possession des cimaises au Musée de la Photographie et propose en quelque 80 tirages argentiques, des vidéos, des installations, des coupures de presse, un regard renouvelé sur le travail au long cours, mené par le photographe en Chine de 1999 à 2019. Bertrand Meunier a, par des séjours ré- guliers, su saisir les transformations de la Chine durant les vingt dernières années, de l’intégration de cette dernière à l’Orga- nisation Mondiale du Commerce [2001] aux manifestations à Hong-Kong de 2019-2020, avant que l’épidémie de COVID ne ferme le pays aux étrangers.
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Un texte du journaliste Pierre Haski [correspondant pour Libération en Chine durant six ans pendant les années 1990], accompagne un livre dédié au travail « chinois » de Bertrand Meunier [aux éditions Atelier EXB] et servira de fil conducteur à la scéno- graphie de l’exposition.
« Erased est le grand œuvre de Bertrand Meunier. Depuis 1997 qu’il se rend en Chine, il a photographié la disparition progressive du monde paysan au bénéfice de l’indus- trie puis le remplacement progressif de cette dernière par l’économie tertiaire et
les nouvelles technologies. Avec Erased, il nous montre les profondes transformations de la Chine de ces trente dernières années, sous l’impulsion du Parti communiste et les directions successives de Jiang Zemin [1989-2002], Hu Jintao [2002-2012] et Xi Jinping [depuis 2012].
Erased accompagne les mutations de la société chinoise, les ouvertures et fer- metures successives au capitalisme, le contrôle de la population de plus en plus marqué, les conséquences sociales et hu- maines des décisions du Parti qui autorisent la Chine d’aujourd’hui à se considérer l’égal des États-Unis aux niveaux économiques, diplomatiques et militaires, à l’instar de l’U.R.S.S. d’autrefois. »
Sylvain Besson, directeur des collections du musée Nicéphore Nièce
Commissariat de l’exposition : Sylvain Besson et Bertrand Meunier
Une coproduction entre le musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône et le Musée de la Photographie à Charleroi.
Avec le soutien de Picto Fondation
Un livre accompagne l’exposition : Bertrand Meunier, Erased, texte, Pierre Haski, Atelier EXB, Paris, 2023
Bertrand Meunier Quartier de Fengtai, Pékin mars 2007
© Bertrand Meunier, Tendance Floue
Bertrand Meunier
Datong, province du Shanxi juin 1997
© Bertrand Meunier, Tendance Floue
Bertrand Meunier Pékin, mars 2007
© Bertrand Meunier, Tendance Floue
BERTRAND MEUNIER
Bertrand Meunier est né à Nevers. Il est membre du collectif Tendance Floue depuis 2007.
Depuis la fin des années 1990, Bertrand Meunier élabore d’amples séries photographiques auscultant, d’une manière frontale mais sensible, les territoires au sein desquels il s’immerge au long cours. Remarqué pour ses photographies sur les mutations sociales du monde contemporain chinois « Erased »,
« Paysans Ordinaires », il s’est ensuite intéressé aux mégalopoles asiatiques « Suburbia ». Il a en parallèle réalisé un long travail sur le Pakistan et l’Afghanistan en collaboration avec le magazine Newsweek. Plus près de nous il chronique le quotidien des prisons françaises « Le silence est un luxe » et la vie de sa propre famille « L’homme éloigné » et « refuge » ». Membre du collectif Tendance Floue depuis 2007, son approche documentaire se double d’accents narratifs, servis par la poésie de son usage exclusif du noir et blanc. Assumant sa part de subjectivité, son œuvre
se construit dans un permanent va-et-vient productif entre l’ici et l’ailleurs.
Avec sa série sur la France « Je suis d’ici », Bertrand Meunier porte son regard critique sur son propre pays, le parcourant dans toute sa diversité, privilégiant les zones « périphériques ». Il y réalise portraits
et paysages qui, tous ensemble, disent la France contemporaine, l’aménagement et la défiguration
de son territoire. Réalisée à l’occasion de résidences successives de Sète à Vierzon, de Paris et sa banlieue, de Clermont-Ferrand à Mulhouse ou Lille, « Je
suis d’ici » se veut un manifeste pour l’immersion dépaysante, l’étude de terrain minutieuse et le temps long de la photographie argentique. Loin d’être anecdotique, cette déambulation hexagonale, souvent mélancolique, poétique, toujours empathique, donne vie au pays réel sans grandiloquence, avec justesse, au plus près de ses habitants. Cette série se poursuit actuellement à Dunkerque et à Grande-Synthe à l’invitation du centre d’art Le Château Coquelle et de la galerie Robespierre.
En parallèle de ce travail sur la France, Bertrand Meunier toujours attentif à la réalité contemporaine chinoise a poursuivi sa réflexion sur l’empire du
milieu. Il a entamé en 2018 un nouveau travail photographique, « REC », métaphore et allégorie
du contrôle permanent de l’Etat sur l’individu et sur l’ensemble de la société chinoise. Son travail sur
la Chine fait l’objet d’un livre chez l’Atelier EXB / Editions Xavier Barral et d’une exposition au musée Nicéphore Niépce de Chalon sur Saône et au musée de la photographie de Charleroi, Belgique en 2023. Actuellement Bertrand Meunier finalise le montage de son film documentaire tourné en prison à la Centrale de Poissy : « Conversations ». Il vient d’obtenir une bourse d’aide à la création au Luxembourg pour travailler sur un centre de psychiatrie ouvert. Il est lauréat de la grande commande du ministère de la culture : radioscopie de la France, regards sur pays traversé par la crise sanitaire.
Acquisitions d’institutions publiques ou privées :
Centre National des Arts Plastiques (Cnap) : 2004 / 2008 / 2020 Bibliothèque Nationale de France : 2007 / 2017
Musée Nicéphore Niépce : 2008 / 2010 / 2022 Collection privée Neuflize OBC : 2017
Musée des Beaux-Arts de la ville de Wuhan, Chine : 2016
Prix et Bourses d’aide à la création :
Prix Oskar Barnack 2001 Erased
Prix International des Médias 2005 Le Sang de la Chine
Prix Joseph Kessel 2005 Le Sang de la Chine
Prix Nièpce 2007 Erased
Excellence Award for Feature - Newsweek (prix du meilleur éditorial pour un magazine 2008 Afghanistan-Pakistan
Bourses de la région Provence Alpes Côte d’Azur 2004,
Région Alsace 2011, Région Aquitaine 2012, département de la Seine st-Denis 2014 et 2015 « Je suis d’ici » Bourses de création de l’université de Cergy-Pontoise : 2017/2018 et 2019 « Je suis d’ici »
Lauréat de la Bourse du Centre National des Arts Plastiques (Cnap) : « image et mouvement » 2019 pour son film documentaire « Conversations ». E Lauréat de la bourse Tënk-Médiapart 2021 pour son film documentaire « Conversations ». Bourse DRAC
Hauts de France 2022 « Je suis d’ici ».
Lauréat de la Grande Commande BNF du ministère de X la culture : Radioscopie de la France 2022
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Virginie Nguyen Hoang. Ukraine, région du Donbass, 2023/05/15 : Les soldats ukrainiens de la 28e Brigade mécanisée des gardes séparés tirent avec le canon anti-aérien soviétique S-60 vers les positions russes en direction de Bakhmout.
© Virginie Nguyen Hoang / Collectif HUMA
Virginie
NGUYEN HOANG Ukraine, La vie en guerre
Réalisée entre juin 2022 et mai 2023, la première partie de cette exposition raconte la souffrance des Ukrainiens depuis un an : bombardements, morts et traumatismes d’hommes, femmes et enfants, la tragédie d’une guerre qui ne devrait pas exister
à l’heure du 21e siècle. Exténués par une année de guerre, les Ukrainiens n’ont qu’un objectif : retrouver la «vie normale» qui leur a été arrachée. C’est le cas de Diana, 11 ans, et de son grand-père Dmytro, 67 ans, qui, après un an de galère sous la pluie
Virginie Nguyen Hoang. Ukraine, Dnipro, 2023/01/22 : Un homme joue du violon après le service par des prêtres orthodoxes pour rendre hommage aux victimes d’une frappe de missiles à Dnipro devant le bâtiment qui a été touché il y a 9 jours. Selon
les autorités ukrainiennes, le bâtiment a été touché par un missile russe Kh-22 (missile anti-navire à longue portée) qui a anéanti 70 appartements en quelques secondes. Au moins 46 personnes ont été tuées, 11 sont toujours portées disparues.
© Virginie Nguyen Hoang / Collectif HUMA
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des bombardements à Kharkiv, tentent de retrouver une vie ordinaire depuis que les Russes ont été repoussés à leurs frontières au mois de septembre 2022.
Pendant ce temps, sur le front de l’est et du sud du pays, les soldats se battent pour libérer leur pays et protéger les civils des agressions russes. Des images ramenées du front constituent la deuxième partie de cette exposition, notamment dans la région de Kherson, où Skif, leader d’un groupe de soldats volontaires, a participé à la libération de Kherson et des villages alentours au mois de novembre 2022. Depuis lors, ils travaillent à reprendre davantage de territoires au-delà du fleuve Dniepr.
Cette exposition montre un travail en immersion aux cotés de civils comme de soldats qui partagent la même envie : la libération de leur pays et la fin de cette guerre meurtrière.
Virginie Nguyen Hoang
Virginie Nguyen Hoang. Ukraine, Kharkiv, 13/04/2022 : Diana et Dmytro, dans la partie d’un wagon du métro de Kharkiv qui leur sert de chambre. © Virginie Nguyen Hoang / Collectif HUMA
VIRGINIE NGUYEN HOANG
Née en Belgique en 1987, Virginie Nguyen Hoang a étudié le journalisme à l’école supérieures IHECS (Bruxelles) et suivi une formation en photojourna- lisme à la Danish School of Media and Journalism (Danemark). En 2010, elle devient photographe pour l’agence de presse française Wostok Press qu’elle quitte en 2013. Parallèlement, en mai 2012, elle rejoint le Studio Hanslucas et devient co-fondatrice du Col- lectif HUMA.
De janvier 2012 à août 2014, elle s’installe en Égypte en tant que pigiste mais aussi comme photojournaliste pour le journal local Egypt Independent puis pour Mada masr.
À travers ses photographies, elle vise à raconter des histoires, notamment celles concernant l’exclusion sociale et les conséquences des conflits sur les popu- lations locales.
Depuis le début de sa carrière, Virginie a réalisé plusieurs reportages en Belgique mais aussi en Syrie, en Égypte, en Irak, en Turquie, en Libye, en Ukraine, au Vietnam, aux Philippines, en Afghanistan, en Inde, à Gaza, en Centrafrique et en Malaisie.
Virginie collabore avec de nombreux journaux et magazines tels que Le Monde, Le Parisien Magazine, Le Figaro, VSD, L’Obs, Libération, La Croix, Le Pèlerin, Causette, l’Hebdo, l’Illustré, Le Temps, The Washington Post, Wall Street Journal, le New York Times, Politiken, De Standaard, La Libre Belgique...
Depuis 2019, Virginie collabore avec Fujifilm Belgique et travaille avec un Fujifilm XT3.
En 2012, elle a reçu un Nikon Press Award Benelux dans la catégorie « Promising Young Photo- grapher-Stories » avec son reportage sur les Roms de Bruxelles. En 2014, Virginie a reçu une mention spé- ciale au Prix Roger Pic de la Scam avec le sujet Gaza, l’après-guerre. En 2016, son travail à Gaza a remporté le troisième prix dans la catégorie Editorial - Repor- tage photo du MIFA. Elle est également lauréate de la Bourse Vocatio en Belgique, nominée au « Prix Bayeux Calvados des correspondants de guerre » dans la Catégorie « Jeune Reporter » et a remporté le prix Régional TV des étudiants et stagiaires en Normandie avec le documentaire vidéo « War is a Bitch » sur les soldats de l’armée ukrainienne combattant sur les fronts les plus durs de l’est du pays.
En septembre 2018, Virginie remporte le Prix ANI-Pix- Trakk au Festival international de photojournalisme « Visa pour l’image » avec son reportage « Gaza, the aftermath » qui fait également l’objet d’un livre paru chez CDP Éditions en 2016.
En novembre 2019, elle est lauréate du «Prix de la citoyenneté» par la Fondation P&V en Belgique.
Virginie Nguyen Hoang. Ukraine, Kherson city, 10/06/2023 : des habitants du quartier de Korabel guettent l’arrivée des services d’urgence pour faire évacuer la vieille dame au seuil de sa porte. Suite à la destruction du barrage de Kakhovka, tout le quartier sud de Kherson a été complètement inondé par le fleuve Dniepr ayant monté de 5 mètres.
© Virginie Nguyen Hoang / Collectif HUMA
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De la série « Gare à vous » © Camille Peyre
Galerie du Soir Camille PEYRE
« Gare à vous »
De la série « Gare à vous » © Camille Peyre
Pour cette nouvelle édition de la Galerie du Soir, notre choix s ́est porté sur Camille Peyre.
Tout juste sorti de la section photographie de La Cambre, Camille Peyre aurait pu ne jamais y mettre les pieds. Originaire du Jura, il y suit des études dans une école hôtelière où il obtient son bac. Nanti de celui-ci, il se lance comme travailleur dans l’hôtellerie
de luxe. Une profession qui va l’amener dans plusieurs pays et plusieurs maisons prestigieuses mais dont il constate rapi- dement les limites. Il se met alors à rêver d’autre chose. « De 18 à 22 ans, j’ai travaillé dans l’hôtellerie de luxe mais j’avais déjà une envie de me tourner vers le monde artistique. À l’époque, il ne s’agissait pas de photographie.
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Dans le cadre de leur partenariat, Le Soir et le Musée de la Photographie ont lancé la Galerie du Soir. Parallèlement à chaque nouvelle grande exposition du Musée, la Galerie du Soir présente un jeune artiste à découvrir. Un pari sur l ́avenir décliné en quatre volets : un accrochage réduit mais significatif au Musée, un portfolio dans la revue Photographie Ouverte, une présenta- tion du photographe dans les pages du Soir et une sélection de son travail sur le site www.lesoir.be.
J’étais plus attiré par le dessin et la pein- ture. Le fait d’avoir exercé un métier de 18 à 22 ans m’a permis d’arriver dans le monde de l’art avec une certaine maturité. »
Il habite à l’époque en Irlande, dans le cadre de son travail. Bien décidé à reprendre des études, il passe le concours d’entrée de plusieurs écoles européennes et se tourne finalement vers Marseille pour ses études préparatoires. Il débarque ensuite à Strasbourg pour son bachelier. « Il s’agissait de classes d’art sans sections prédéfinies mais avec une série de centres d’intérêt.
J’ai commencé à y faire beaucoup d’images imprimées et de photographie argentique. Je me suis aussi lancé dans le film que je continue à pratiquer aujourd’hui. » Au moment de passer son master, nouveau changement d’école et de ville. « Dès le départ, mes profs à Marseille m’ont conseil- lé de changer d’école et d’en faire le plus possible pour emmagasiner des savoirs différents. » Il postule donc à nouveau dans diverses écoles réputées en Suède, aux Pays-Bas et à La Cambre. « Au vu de leur programme, je me suis dit que c’était l’endroit où j’avais la meilleure possibilité de sortir des catégories traditionnelles. » Lorsqu’il arrive à Bruxelles, il a déjà en tête son sujet de master. « Déjà à Stras- bourg, je voulais parler des choses qui me touchaient de près. J’ai commencé à créer une série d’uniformes de travail à partir d’éléments très reconnaissables liés aux professions en question. Puis je me suis lancé dans une série d’autoportraits. C’était une façon de parler de moi mais pas égocentrique. Avec cette série, je souhaite aborder l’invisibilité des travailleurs. J’ai pas- sé une grande partie de ma vie en uniforme en tant qu’employé dans des hôtels de luxe. Je voulais démêler les sentiments de colère et de soumission que j’avais pu res- sentir face un environnement hiérarchique arbitraire, qui me paraissait sans fenêtre desortie. » S’intéressant beaucoup à l’économie et à la finance et à leur impact sur nos vies, Camille Peyre voit l’uniforme de travail comme un objet symbolique marquant les différences de classe et de pouvoir.
« L’uniforme est un vêtement réglementé et contractualisé, il fédère l’équipe, il est un outil de travail et un vecteur d’efficacité qui impacte la productivité du salarié. L’uni- forme muselle les individualités, provoque une lassitude, il est un marqueur profond de classe sociale dans la hiérarchie du travail. » Plutôt que de tourner son objectif vers les travailleurs, il choisit de réaliser une série d’autoportraits numériques en collabo- ration pour la réalisation technique avec Barbara Salomé Felgenhauer. « La photo documentaire ne fait pas du tout partie de ma pratique. Partir de mon propre corps me permet d’éliminer d’emblée un tas de questions sur le choix des personnes, leur légitimité à représenter une profession, etc. »
Il revêt donc les attributs de différents métiers : « Je me concentre sur les em- ployés subalternes dans plusieurs secteurs d’activité. Plus le travailleur est bas dans sa hiérarchie et plus la tenue est stricte, complète et définie. » Mais à cette tenue, il ajoute une dimension supplémentaire. Chaque image fait en effet référence à une œuvre d’art célèbre dont il reprend la pose. On y croise Napoléon, Louis XIV ou encore le David de Michel-Ange.
« L’histoire des arts s’est construite en partie grâce aux commandes de mécène, de roi, de chef d’État. J’ai détourné des œuvres d’art représentant un pouvoir étatique, en les parodiant avec des vêtements techniques liés à un corpus de jobs très large. » Et si Louis XIV est le premier de la série, cela ne doit rien au hasard. « Il est le premier à avoir utilisé la gastronomie comme une industrie de luxe et une sorte de soft power économique » rappelle-t-il, revenant ainsi à ce monde de l’hôtellerie de luxe duquel il a fini par s’échapper.
Jean-Marie Wynants
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Extrait de « Any Way » © Eva Claus
Boîte noire
Eva CLAUS
Any Way
Eva Claus, dans son film Any Way, traite un sujet universel et quotidien, la course à pied. À travers trois personnages qui évoluent sur la piste d’athlétisme d’un stade, les mouve- ments et les attitudes de la course sont dé- composés. Le montage souligne le rythme, la respiration, les foulées, les corps qui bougent. La musique entraine le spectateur dans un monde légèrement sous tension où le regard est attentif aux détails. La succes- sion et la répétition de certaines images, mise en abîme de la répétition des mouvements de la course, permet de s’immerger dans le film. Paradoxalement, Any Way invite égale- ment à la contemplation et à la réflexion.
Eva Claus fait le choix de travailler sans cadre narratif ni scénario, elle monte ses images à l’intuition et laisse place à la liberté d’expres- sion et d’interprétation.
L’artiste évoque la course en ces termes : « Je vois l’acte de courir comme une métaphore de la condition humaine : la vie qui suit son cours à partir de la naissance, les événe- ments cycliques, le passage du temps et les relations en mouvement. »
La trame simple du récit ouvre les champs de réflexion sans les imposer, suivant les réflexions d’Eva Claus. Par ce biais, elle sou- ligne également l’harmonie et la poésie des actes quotidiens.
Extrait de « Any Way » © Eva Claus
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EVA CLAUS
Eva Claus (née en 1992 à Bruxelles) est une artiste audiovisuelle qui travaille principalement avec des films 16 mm. Sa pratique est motivée par l’observation de rencontres (inattendues) avec des paysages et des per- sonnes. Elle s’intéresse aux habitats naturels, à l’espace, à la psyché, à la circularité et aux moyens de la pellicule elle-même.
Eva Claus a été formée à l’école Friedl Kubelka pour le cinéma indépendant à Vienne où elle a poursuivi son cursus par une maîtrise en beaux-arts à l’École royale d’art de Vienne. Elle a ensuite obtenu sa maîtrise en beaux-arts à l’Académie royale des arts de Gand.
Ses films ont été présentés dans des festivals tels que Light Field San Francisco, le Festival international du film de Rotterdam, le Festival international du film de Mos- cou, Process Film Festival Riga, Harkat Festival Mumbai, les Rencontres Internationales Paris / Berlin et le Festival international du film d’Istanbul, entre autres. Elle a rem- porté le prix du public au 22e Dresdner Schmalfilmtage, à Dresde, en Allemagne, en 2021.
Parallèlement à sa pratique artistique, elle travaille comme directrice de la photographie et assistante de restauration de films au Temenos.
Filmographie
Tirana (2020), Ivonne (2018), Russel (2018), 2Heim (2018), Radspirale (2017), Applause
(2017), Reporting The Weather (2016), Hierro (2016), Pollux (2015)
Any way
Durée: 17’55’’
Son: stéréo 5.1
Filmé sur une pellicule Kodak 16mmm en Belgique, 2022 Dirigé, filmé et édité par Eva Claus
Figurants: Manon Ceyssel, Michiel Claus, Camiel Her- mans
Production et post production: Camera Eva Claus,
Fintan Fleischhacker – Edition supplémentaire: Manque La Banca – Musique: Ugne Vyliaudaite – Conception sonore: Paulo Rietjens – Mixage sonore: Senjan Jansen – Graphisme: Nana Esi – Coloriste: Toon Minnen – Mon- tage: Mariette
Michaud – Laboratoire couleur : DeJonghe - Co-produit par ARGOS d’art dédié au film et à la video d’artiste.
Avec le soutien du Fonds Audiovisuel de Flandre, Argos VGC