« UN MONDE » (LAURA WANDEL), FILM BELGE PRIMÉ À CANNES, ET PALMARÈS
Le « Festival de Cannes » n’ayant pu se dérouler en 2020, ayant été reporté de mai à juillet, en 2021, vient de clôturer sa 74è édition, en mettant à l’honneur, dans sa section « Un certain Regard », un film belge, de Laura Wandel, qui était projeté en première mondiale, « Un Monde » (Bel./2021/73′), lauréat du « Prix de la Critique internationale », décerné par la « FIPRESCI » (« Fédération Internationale de la PRESse CInématographique »).
Synopsis : « Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école… »
Motivation du Jury : « Le film explore la frontière ténue qu’il y a entre amour et violence dans les relations entre enfants dans la cour de récréation de leur école. Cette frontière a été filmée de façon réaliste, brute et sans compromis. La tension entre subtilité et évidence est maintenue du début à la fin. Le magnifique premier long-métrage de Laura Wandel est à la fois déstabilisant et profondément empli de compassion. »
Le Jury se composait de sa présidente, Andrea Arnold (réalisatrice/Royaume-Uni), et de ses membres, Daniel Burman (réalisateur/Argentine), Michael Covino (réalisateur-acteur/Etats-Unis), Mounia Meddour (réalisatice/ Algérie), ainsi que Elsa Zilberstein (actrice/France).
Pour « Cinergie », Grégory Cavinato écrit : « ‘Un Monde‘ fait ce constat amer : l’école ne remplit tout simplement plus ses fonctions. Elle fabrique, au contraire, des animaux blessés, pour certains inexorablement. Elle transforme des petits êtres uniques et adorés en simples ‘numéros’. ‘Un Monde‘ est donc un vrai choc. On n’oubliera pas de sitôt le calvaire de cette attachante petite fille qui voit son monde s’écrouler … Déchirant, douloureux, ‘Un Monde' est également, sans le dire ouvertement, un plaidoyer vibrant pour l’éducation à la maison et pour le recours à des pédagogies alternatives ! »
De son côté, Hughes Dayez, pour la « RTBF », écrit : « Le film de Wandel va au bout de son sujet avec une radicalité impressionnante : pas de graisse inutile, aucune scène anecdotique ne vient distraire l’attention du spectateur, entièrement focalisée sur les tourments de la petite fille (Maya Vanderbeque, 9 ans lors du tournage/ndlr), (qui) crève l’écran dans un rôle difficile. »
Ayant obtenu, à l’issue de sa projection, une ovation d’une dizaine de minutes, soulignons qu’ « Un Monde » est le premier long-métrage de Laura Wandel (°Bruxelles/1985), formée à l’ « IAD » (« Institut des Arts de Diffusion »), à Louvain-la-Neuve, elle qui avait déjà présenté, à Cannes, en 2014, son court-métrage « Les Corps étrangers » (Bel./2014/14′).
Evoquant Laura Wandel, le magazine professionnel « Screen International », parle de « débuts percutants » (« gut-punch debut ») et d’ « un talent à suive » (« a talent to watch »).
Réalisé avec le soutien du « Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel » de la Fédération Wallonie-Bruxelles, du « VAF » (« Fonds flamand de l’Audiovisuel », de « Wallimage », « VOO », « BeTV », « Lumière Invest » & du « Tax Shelter » du Gouvernement belge, « Un Monde » – produit par « Dragon Films » et distribué au Benelux par « Lumière » – devrait sortir dans nos salles en date du mercredi 06 octobre.
Palmarès du 74è « Festival de Cannes » :
Palme d’or : « Titane » (Julia Ducournau/Fra./2021/108’/avec Vincent Lindon & Aghate Rousselle)
Synopsis : « Après une série de crimes inexpliqués, un père retrouve son fils, disparu depuis dix ans. 'Titane' : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs … »
Critiques de la Presse :
- par Olivier Pélisson, pour « Bande à Part » : « Le second long-métrage de Julia Ducournau est un uppercut et un hurlement d’amour. La confirmation d’un talent immense au service d’une humanité blessée et en quête de résilience. »
- par Cyprien Caddeo, pour « L’Humanité » : « Un film viscéral, puissant, férocement féministe, qu’il convient de découvrir en en sachant le moins possible. »
- par Christophe Caron, pour « La Voix du Nord » : « Julia Ducournau y apporte ses propres interrogations, en mode trash, sur la féminité, la maternité, le genre, le corps … et même l’amour. Les tabous, eux, ne résistent pas longtemps à la force du titane. »
- par Stéphanie Belpêche, pour « Le Journal du Dimanche » : « Un ovni radical et saisissant, qui entretient le trouble jusqu’au vertige. »
- par Clarisse Fabre, pour « Le Monde » : « Julia Ducournau signe un puissant film de genre et transgenre, à l’image claire-obscure comme les flammes. »
Grand Prix : « Un Héros » (Asghar Farhadi/Iran/2021/127′)
Synopsis : « Rahim est en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu… »
Grand Prix ex-eaquo : « Compartiment N° 6 » (Juho Kuosmanen/Fin.-Est.-Rus.-All./2021/107′)
Synopsis : « Une jeune finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose… »
Prix du Jury : « Le Genou d’Ahed » (Nadav Lapid/Fra.-Israël/2021/100′)
Synopsis : « Y., cinéaste israélien, arrive dans un village reculé au bout du désert pour la projection de l’un de ses films. Il y rencontre Yahalom, une fonctionnaire du ministère de la culture, et se jette désespérément dans deux combats perdus : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère… »
Prix du Jury ex-aequo : « Memoria » (Apichatpong Weerasethakul/Thaïlande-Colombie-Fra.-All.-Mexique-Chine/ 2021/ 136′)
Synopsis : « Au lever du jour j’ai été surprise par un grand ‘bang’ et n’ai pas retrouvé le sommeil. A Bogota, à travers les montagnes, dans le tunnel, près de la rivière… »
Prix d’Interprétation féminine : Renate Reinsve, pour « Julie (en douze Chapitres) » (Joachim Trier/Nor./ 2021/101′)
Synopsis du Film : « Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind… »
Prix d’Interprétation masculine : Caleb Landry Jones, pour « Nitram » (Justin Kurzel/Australie/2021/110′)
Synopsis du Film : « En Australie dans le milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration. Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Ensemble, ils se construisent une vie à part. Quand Helen disparaît tragiquement, la colère et la solitude de Nitram ressurgissent. Commence alors une longue descente qui va le mener au pire… »
Prix du Scénario : « Drive my Car » (Ryūsuke Hamaguchi & Takamasa Oe/Japon/2021/179')
Synospsis : « Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé… »
Prix de la Mise-en-Scène : « Annette » (Leos Carax/Fra.-All.-Bel./2021/140’/avec Marion Cotillard)
Synopsis : « Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie… »
Caméra d’Or (« Quinzaine des Réalisateurs ») : « Murina » (Antoneta Alamat Kusijanovic/USA-Brésil-Croatie-Slovénie/2021/92′)
Synopsis : « Julija, une adolescente fougueuse, et Ante, son père autoritaire, vivent une existence tranquille mais isolée sur une île Croate. Alors qu’Ante tente de négocier un accord qui changera peut-être leur vie, la visite d’un vieil ami de la famille fait émerger des tensions. Julija entrevoit une opportunité dans la venue du visiteur et ces quelques jours portent la marque du désir et de la violence… »
Palme d’Or du Court-Métrage : « Tous les Corbeaux du Monde” (Tang Yi/Hong-Kong/2021/14′)
Synopsis : « Une aventure nocturne pousse Shengnan, lycéenne de 18 ans, à faire son entrée dans le monde adulte. »
Mention spéciale du Court-Métrage : « Le Ciel du Mois d’Août » (Jasmin Tenucci/Brésil/2021/15′)
Synopsis : « Pendant que l’Amazone brule, à Sao Paulo, une infirmière enceinte se retrouve dans une église néo pentecostale. »
Palme d’Or d’Honneur (pour l’ensemble de sa carrière) : Marco Bellocchio (°Bobbio/1939), réalisateur italien récompensé, en 1991, pour son film « Autour du Désir », d’un « Ours d’Argent » (« Grand Prix du Jury »), à la « Berlinale ».
A noter qu’une première « Palme d’Or d’Honneur » avait été décernée à l’actrice-réalisatrice américaine Jodie Foster (°Los Angeles/1961), le mardi 06 juillet, à l’occasion de l’Ouverture de ce 74è « Festival de Cannes », elle qui reçut, en 1989 et en 1992, deux « Oscars » et deux « Golden Globes de la meilleure Actrice », alors qu’il y a 45 ans, elle tenait un second rôle dans le film « Taxi Driver » (Martin Scorese/USA/1976/113’/avec Robert De Niro), récompensé de la « Palme d’Or » cannoise.
Notons enfin que ce dernier samedi 17 juillet, après la lecture du palmarès, en clôture du 74è « Festival de Cannes », Nicolas Bedos est venu présenter son dernier film, qui devait sortir en salles le mercredi 03 février : « OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire » (Fra./2021/116'), accompagné sur la scène du « Grand Théâtre Lumière », par ses acteurs Jean Dujardin et Pierre Niney.
Synopsis : « 1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias 'OSS 117', est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001… »
Rendez-vous en mai 2022, pour la 75è édition du « Festival de Cannes ».
Yves Calbert.