"Un marathon depuis un mois" : 20.000 œufs durs colorés par heure à Aubel

Depuis quelques semaines, l’entreprise familiale de Denis Baltus, spécialisée dans les œufs frais et les œufs colorés, tourne à plein régime. Tout doit être prêt pour Pâques.

Vert, orange, rose, bleu ou jaune, les œufs colorés de Denis Baltus ont la cote, à l’approche de la fête de Pâques. La production est pratiquement terminée. Les machines colorent les derniers œufs durs. "On a commencé à faire tourner les deux machines mi-janvier mais depuis un mois, c’est un marathon."

Denis Baltus travaille avec son épouse, Vinciane Girretz, depuis une dizaine d’années. Près 200 000 œufs frais sortent de l’entreprise tous les jours. Et le couple peut aussi produire des œufs durs colorés ou vernis, suivant la période de l’année. "On en fait en dehors de Pâques, car l’avantage, c’est la conservation. Nos œufs durs vernis se gardent plus longtemps que si vous le faites vous-même. " Avec la fête de Pâques, la production augmente fortement. Les œufs durs colorés sont une tradition pour de nombreuses familles. Les deux machines se lancent donc et colorent jusqu’à 20 000 œufs par heure.

Plusieurs techniques de coloration

Les œufs sont d’abord préchauffés à la vapeur. Ils sont ensuite cuits dans l’eau bouillante. Avant de passer à la couleur, ils sont légèrement refroidis. "Lorsqu’ils passent dans la machine pour la coloration, ils sont à 70 degrés plus ou moins." Normalement, le colorant ne traverse pas la coquille mais ça peut arriver. Il est donc alimentaire, "c’est le même colorant que celui utilisé pour les bonbons". Pour faire cette fameuse couleur, Denis Baltus possède deux machines, pour des résultats différents. "Avec la première, on va colorer par trempage. L’œuf sera uni. L’autre, ce sont des pistolets qui vont colorer les œufs, ce qui permet d’avoir des motifs et plusieurs types de coloris sur un seul œuf." Et puis, la couleur sera aussi différente suivant la coquille. Elles seront plus éclatantes sur les œufs blancs, et plus foncées sur les coquilles brunes.

L’heure est désormais aux dernières colorations. Les livraisons sont honorées. "Nos clients sont essentiellement des grossistes en produits laitiers, qui revendent en magasin. Nous vendons quand même en direct dans quelques magasins de la région."

Ces œufs colorés se retrouveront donc ce week-end sur les tables de nombreuses familles, préférant les œufs durs à ceux en chocolat. À chacun sa tradition.

Une tradition dans l’est de la Belgique

Œufs colorés ou œufs en chocolat ? Tout dépend de votre adresse. Dans les Ardennes, les œufs durs ont du succès.

Des œufs durs colorés, on n’en mange pas partout. "C’est une tradition Meuse-Rhin. En France, ils ne connaissent pas, par exemple", précise Denis Baltus. Une tradition honorée aussi en Belgique, "surtout sur l’est du pays, dans les Ardennes, en province de Liège et dans le Limbourg. À Charleroi ou Anvers, ça ne marche pas du tout." Si les œufs sont surtout demandés à l’approche de la fête de Pâques, Denis Baltus en produit toute l’année, mais il ne fait tourner qu’une seule machine."Il a cinq ou six ans, on nous a demandé d’en fournir toute l’année. Au départ, on avait refusé car nous n’avions pas de quantité suffisante pour faire tourner les machines. La mise en route prend beaucoup d’énergie mais une fois qu’elle est lancée, elle ne consomme quasi plus rien. Il fallait donc trouver un certain débit pour mettre la machine en route. Finalement, on l’a fait et la demande est bien là."

"On est les seuls en Belgique à produire des œufs colorés"

La conjoncture actuelle a eu raison du dernier producteur flamand. Denis Baltus est le seul à faire des œufs colorés.

L’année passée, ils étaient encore deux à produire des œufs durs colorés. Désormais, Denis Baltus et son épouse sont les seuls à le faire en Belgique."Notre collègue flamand a fait un dépôt de bilan. Ce n’est pas facile pour notre secteur depuis plusieurs mois." Denis Baltus n’est pas épargné. En cause notamment, l’augmentation du prix des œufs. Cette entreprise familiale travaille avec les mêmes producteurs wallons toute l’année. "Le coût des œufs a triplé. Je n’avais jamais vu ça. Vous m’auriez dit ça, il y a deux ans, je n’y aurai pas cru. C’est dû, en partie, à la grippe aviaire et à la pénurie d’œufs constatée au niveau européen."

L’impact du nouveau rythme scolaire

Autre complication cette année, le changement du rythme scolaire. Il a retardé les commandes. "Les gens ont oublié que Pâques approchait vu que les vacances sont plus loin. La météo qui était très mauvaise n’a pas aidé. Ce sont vraiment sur ces dernières semaines que tout le monde a commencé à s’exciter car ils étaient en retard." Ce nouveau rythme a également impacté la main-d’œuvre puisqu’à l’approche de Pâques, "on fait toujours appel à des étudiants, mais là, on n’en a plus, vu qu’ils sont tous à l’école", regrette Vinciane Girretz. "Le vrai problème, c’est que tout a été fait à la dernière minute. Ce n’est vraiment pas une année facile", ajoute Denis Baltus.

Malgré la conjoncture actuelle, cette entreprise familiale, qui compte cinq employés, a su honorer toutes ses commandes et a sorti des milliers d’œufs durs colorés ces dernières semaines.

Elle livre essentiellement en Belgique, mais elle a aussi quelques clients luxembourgeois et allemands. "On livre moins d’œufs durs vers l’étranger car ils en produisent déjà beaucoup. Nous ici, nous avons deux machines. J’ai des collègues allemands qui en ont une dizaine. Ce n’est pas le même marché, la même demande."

( Lise Cassoth    Journaliste de L’Avenir )