Le Pays basque, côté villages
Le Pays basque est loin de se résumer à sa côte et à ses plages. L’arrière-pays regorge de charme et d’authenticité, à commencer par ses villages aux coquettes maisons en blanc-rouge-vert. Bastide-Clairence, Sare, Ainhoa et Saint-Jean-Pied-de-Port… Partons à la découverte de 4 bijoux basques qui figurent parmi les Plus beaux villages de France !
Des villages tout en couleurs
La côte séduit à bien des égards, mais c’est dans l’arrière-pays que se lovent les villages basques les plus typiques. Bien souvent au pied de monts merveilleux, ils déploient leurs maisons blanches flanquées de volets, en majorité rouge foncé. Le fameux rouge basque !
Si cette couleur domine, c’est qu’autrefois, on utilisait du sang de bœuf. Cette « peinture » naturelle permettait de protéger le bois du pourrissement et des insectes. A partir du XIXe siècle, d’autres sont apparues et notamment le vert foncé. Aujourd’hui, rouge et vert sont bien souvent les deux seules couleurs autorisées, dans les villages situés dans les terres. Et les mairies veillent au grain pour faire respecter cette unité qui fait leur beauté ! Le tableau ne serait pas complet, sans le joli clocher d’une église et une place pour accueillir marchés et autres festivités. Sans oublier un fronton, pour jouer à la pelote basque, l’une des traditions les plus ancrées du pays.
Les trois provinces du Pays Basque nord (côté France), à savoir le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, recèlent toutes des villages authentiques. Quatre d’entre eux figurent parmi les « Plus beaux villages de France » : la Bastide-Clairence, Sare ( photo 1 ), Ainhoa ( photo 2 ) et Saint-Jean-Pied-de-Port.
La Bastide-Clairence, le souffle de l’histoire ( Photo 3)
Du blanc, du rouge, un soupçon de vert… La Bastide-Clairence ( photo 4 ), aux tons typiquement basques, a été construite en 1312, sous Louis Ier, roi de Navarre (il devint roi de France deux ans plus tard, sous le nom de Louis X le Hutin). Sa volonté : que le Royaume de Navarre retrouve un accès à la mer.
« Bastida de Clarenza » occupait donc une position stratégique : sa rivière "La Joyeuse" permettait à la Navarre de rallier Bayonne et donc l’océan Atlantique. Des bateaux à fond plat assuraient le transport des marchandises. De nombreuses victuailles ont ainsi transité ici : blé, millet, cidre, animaux… La rivière permettait aussi de faire fonctionner de nombreux moulins. On peut encore en admirer un : le Moulin de la ville et le lavoir.
Cette ville nouvelle offrait protection et avantages fiscaux aux colons qui l’ont investie : des Gascons (à 70% !) et des Basques. Deux cultures qui font d’elle une ville « Xarnegu », métisse. Au XVIIe siècle, une communauté juive venue d’Espagne et du Portugal, fuyant l’Inquisition, est également venue s’y installer. En témoigne le très beau cimetière israélite, à ne pas manquer ! La tombe la plus ancienne daterait de 1610.
L’architecture du village est marquée par deux styles : labourdin (maisons à colombages peints) et navarrais (prédominance de la pierre). Il a gardé son plan d’urbanisme initial : au départ de La Joyeuse, la rue principale vient s’ouvrir sur la rectangulaire place des Arceaux, avant de monter vers l’église. Les maisons disposent à l’arrière d’un petit jardin, appelé casalot. De juin à septembre, la place est animée le mardi matin par un marché de producteurs.
De ses origines jusqu’à la veille de la Révolution française, la Bastide-Clairence fut un véritable centre artisanal : fer, laine, lin… Aujourd’hui encore, elle abrite de nombreux artisans : tisserands, potiers, verriers, sculpteurs, qui ouvrent volontiers les portes de leur atelier. Chaque année, en septembre, il accueille le passionnant marché potier du Pays Basque, rendez-vous d’une cinquantaine de potiers et céramistes (grès, porcelaine, faïence…) venus de France, d’Espagne et plus largement d’Europe.
Il faut aussi jeter un œil plus ancien trinquet du monde (où l’on pratiquait le jeu de paume) et à l’intérieur de l’église, aux magnifiques galeries en bois.
Sare, au pied de la Rhune ( Photo 5 )
Sare se love au pied de la Rhune, Larrun en basque, le mont emblématique du coin qui, du haut de ses 905 mètres, semble veiller sur le village. Coiffé d’une grande antenne de télévision rouge et blanche, impossible de le confondre ! Aujourd’hui « Plus beau village de France », Sare était hier l’un des fiefs emblématiques de la contrebande.
Le village s’articule autour d’une place centrale, animée par les parties de pelote du vieux fronton attenant, des marchés et la terrasse du café, installée sous les arcades de la mairie. On s’y attable volontiers, pour se désaltérer et déguster l’excellent gâteau basque de l’hôtel-restaurant Arraya (en face), à l’architecture remarquable. C’est d’ailleurs ici à Sare que se trouve le musée du Gâteau basque ! L’église, avec son remarquable clocher-porche massif (XVIe) est également remarquable.
Le quartier Ihalar, le plus ancien de Sare, se trouve à la sortie, en direction de Saint-Pée-sur-Nivelle. Il réserve de très jolies balades : on admire de magnifiques maisons à l’architecture labourdine, datant des XVIe et XVIIe siècles. Ce joli quartier a beaucoup attiré les artistes-peintres au début du XXe siècle, à tel point qu’on le surnommait « Petit Paris ».
Dans le quartier Elbarun, il faut jeter un œil à la maison Ortillopitz (photo 6 ), une splendide demeure basque du XVIIe, qui se visite en saison. Colombages rouges, orientation est pour se protéger des entrées maritimes, porche (appelé lorio) : le parfait exemple de la ferme labourdine typique ! Elle est conservée dans son état d’origine, des meubles jusqu’au pressoir à pommes.
Sare est le point de départ de nombreuses randonnées. A commencer par l’incontournable Rhune ( Photo 7 ) ! Au départ de la gare du Col de Saint-Ignace, on peut s’y rendre avec le train à crémaillère (avril-octobre) et/ou à pied, 500 mètres plus loin (col Suhalmendi). Bon à savoir, hormis Sare, il existe de nombreux autres itinéraires pour gravir la Rhune (Ascain, Olhette...).
Toujours aux alentours de Sare, bien d’autres randos valent le détour : l’Atxuria, dont l’incroyable crête à 756 mètres offre une vue imprenable sur la Rhune, l’océan atlantique et les villages alentours (départ des grottes de Sare, qui se visitent) ou encore, celle du col de Lizarrieta (441m).
Ainhoa, bastide médiévale à deux pas de la frontière ( Photo 8 )
À 10 km de Sare, cette jolie bastide médiévale fondée au XIIIe siècle se situe à la limite entre la province du Labourd et celle de la Navarre, en Pays basque sud (côté Espagne). Ce fut d’ailleurs et pendant longtemps, une étape importante du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Sa rue principale dévoile une ribambelle de maisons à colombages de style labourdin, à volets tantôt rouges, tantôt verts. On s’amuse à décrypter les linteaux des portes, véritables témoins du passé. Celui, notamment, de la maison Gorritia. Il date de 1662 ! Les anneaux des larges portes, superbes, servaient à attacher les animaux.
Au centre du village, l’église Notre-Dame de l’Assomption date de l’époque romane. Elle a été édifiée au XIIIe siècle, sur une maison forte, elle antérieure au XIIe siècle. Elle est inscrite depuis 1996 aux Monuments historiques. Une vraie splendeur, jusqu’à l’intérieur ! Elle dévoile en effet une architecture religieuse labourdine typique : une seule nef, sans pilier, couverte en charpente et des galeries en bois.
Des huit quartiers d’Ainhoa, celui de Dancharia, transfrontalier, est pour le moins atypique. On y retrouve de nombreuses ventas, nom donné aux commerces-auberges ici isolés en pleine nature. On peut aussi bien acheter de l’alcool et des légumes, que du prêt-à-porter ou des cosmétiques… Les restaurants proposent tapas et autres plats traditionnels.
Côté rando, ici encore, il y a de quoi faire ! La balade qui mène, en 45 minutes, à la chapelle Notre-Dame-de-l’Aubépine (ou chapelle Arantzazu) livre, par ciel dégagé, un panorama magique sur le cirque de Xareta, la vallée de la Nivelle, le village d’Ainhoa en contrebas… Le sanctuaire de stèles discoïdales basques ( Photo 9 ) , perché dans la montagne, confère à l’endroit une atmosphère vraiment particulière.
Saint-Jean-Pied-de-Port, merveilleuse étape sur le chemin de Compostelle
Fondée à la fin du XIIe siècle au beau milieu d’un cirque de montagnes, Donibane Garazi de son nom basque appartenait à l’origine au Royaume de Navarre, alors indépendant. Saint-Jean-Pied-de-Port occupait alors une position stratégique. Une vraie sentinelle ! C’est aujourd’hui la capitale de la Basse-Navarre, l’une des trois provinces du Pays basque nord.
Cette cité médiévale est surtout connue pour être une étape majeure des Pyrénées vers Compostelle. Elle se situe en effet au carrefour des voies jacquaires et constitue, côté français, la dernière halte des pèlerins, avant la (rude !) étape du col de Roncevaux. La ville doit son nom au patron du village, Saint-Jean-Baptiste, et à sa situation géographique : au pied des cols pyrénéens (« portus » en latin), qui mènent vers l’Espagne.
Son patrimoine architectural est tout simplement exceptionnel. A commencer par le cœur historique, protégé par une impressionnante muraille médiévale. Construite au XIIIe siècle, classée monument historique en 1986, elle est flanquée de quatre portes ogivales remarquables. La porte Saint-Jacques, classée au patrimoine mondial, n’est autre que l’entrée emblématique des pèlerins. Ils sont plus de 60 000 à l’avoir franchie, avant de se rendre à la Maison Laborde.
L’épine dorsale de ce quartier, c’est la rue de la Citadelle ( Photo 11 ), dont les pavés polis par le temps nous téléportent au Moyen-Âge. Ses maisons anciennes, superbes, dévoilent d’intrigants linteaux gravés. Ce quartier se trouvait jadis au pied d’un château fort, aujourd’hui disparu. Il a laissé place à une citadelle… Perchée à 70 mètres au-dessus du village, sur la colline de Mendiguren, cette dernière a été édifiée au XVIIe siècle.
Au XVIe siècle, une guerre a en effet eu raison du royaume de Navarre, qui s’est alors trouvé coupé en deux, dominé au nord (où se trouve Saint-Jean-Pied-de-Port) par la France et au sud par l’Espagne. Pour se protéger de l’ennemi espagnol, on a donc construit cette citadelle bastionnée. Elle n’est pas signée Vauban, mais ce dernier y a toutefois apporté quelques modifications lors de sa venue. Une nouvelle porte d’entrée à l’est, notamment. Monument historique depuis 1963, elle abrite depuis les mêmes années… un collège ! Tout là-haut, très beau panorama sur le village, la vallée, le cirque de montagnes…
Une balade incontournable, à Saint-Jean-Pied-de-Port ? Le Chemin de Ronde. De la porte de Navarre à la porte Saint-Jacques, longeant la muraille, elle nous livre un bel aperçu de la ville, à travers les meurtrières, dévoilant les coquets jardins des maisons.
Pour admirer l’une des plus belles vues de Saint-Jean-Pied-de-Port, rendez-vous aussi sur la D933, où la place Floquet enjambe la Nive de Béhérobie. Une vraie carte postale : de son arche unique en gré rouge, l’emblématique pont en pierre Notre-Dame relie la commerçante rue d’Espagne à la rue de la Citadelle.
Il donne sur la porte du même nom, laquelle fait aussi office de tour-clocher de l’église gothique Notre-Dame-du-Bout-du-Pont (XIIIe) ( photo 12 ). Les vieilles maisons, aux balcons en bois, viennent se refléter dans la Nive. Une splendeur ! Bon à savoir : la rue d’Espagne mène à la place des Remparts, où se trouve le marché couvert (tous les lundis).
© Le Routard