"DE PÉKIN À HANKOU", À "TRAIN WORLD", JUSQU'AU 10 OCTOBRE

écrit par YvesCalbert
le 13/08/2021

Sous-titrée "Une Aventure belge en Chine", la superbe exposition de "Train World" nous révèle l'histoire de la ligne ferroviaire "De Pékin à Hankou", traversant des terrains au relief difficile, avec un réseau hydrographique dense provoquant la construction de nombreux ponts.

 

Fort malheureusement, cette exposition ne reçut pas l'appui des chemins de fer chinois ou de toute autre autorité chinoise, les Chinois étant davantage intéressés par le XXIè siècle que par leur histoire.

 

Ainsi, François Schuiten (°Bruxelles/1956), le scénographe de "Train World" et de la présente exposition, déclarait au micro de la "RTBF" : "Cette période n’est pas le meilleur moment de la Chine, les Chinois étant assez affaiblis et vivant mal le pouvoir que les Occidentaux ont sur leur pays. On a bien compris qu'ils veulent faire disparaître cette période. C’est un peu dommage parce que c’est en même temps une période très intéressante qui permet de comprendre ce que sont la Chine, la Belgique, l’Europe face à ces enjeux, et de comprendre même ce qui arrive aujourd’hui et la façon dont la Chine agit aujourd’hui".

 

 

Prouvant la modernité de l'actuel réseau chinois, nous lisons dans "Dailly Science" : « La première ligne à grande vitesse chinoise a été inaugurée en 2008, pour les Jeux olympiques de Pékin. Douze ans plus tard, ce réseau comptait plus de 30.000 kilomètres de voies. La ligne Pékin-Shanghai (1.318 km) a été achevée en 2011. Un an plus tard, c’est la ligne Pékin-Canton qui était inaugurée. Longue de 2.298 km, elle est la ligne à grande vitesse la plus longue de la planète. »

 

 

Dès l'entrée dans l'ancienne salle des pas perdus de l'historique Gare de Schaerbeek, édifiée en 1887, nous découvrons une imposante oeuvre de l’artiste chinois Li Kunwu (李昆武 /°Province du Yunnan/1955), un auteur de bandes dessinées, récompensé de plusieurs prix : en 2010, "Prix Château de Cheverny de la BD hisorique", pour le tome 2 d' "Une Vie chinoise" et "Prix Ouest-France des Lecteurs" du Festival "Quai des Bulles", à Saint-Malo ; en 2013, "Dragon d'Or" du "Festival international de Canton" et "Prix du FIBDA" ("Festival International de la Bande Dessinée d'Alger") ; en 2015, "Prix d'Excellence" du "Japan Media Arts Festival".

 

 

Au fond de cette salle, sur la gauche, un ascenseur nous mène au 1er étage, au sein d'une petite salle nous dévoilant une série d'oeuvres de Li Kunwu, l'occasion pour nous de découvrir outre des lignes ferroviaires et gares chinoises d'antan, différentes ethnies chinoises , leurs vêtements, leurs bijoux et leurs traditions.

 

 

Ayant quittés ce bâtiment, nous nous rendons dans le bâtiment contemporain de"Trainworld", inauguré le 24 septembre 2015 par le Roi Philippe.

 

 

Retrouvons-nous en juin 1898, à l'époque ou l'Impératrice douairière Cixi signa le contrat octroyant à la Belgique la construction et l'exploitation dun des plus grands projets mondiaux : une ligne de chemin de fer de 1.200 kilomètres, reliant Pékin, la capitale, à Hankou, une importante ville commerciale, aujourd'hui appelée Wuhan.

 

 

Sur "Matin Première" ("RTBF"), François Schuiten - nous rappelant qu'à l'époque, la Chine était assez mystérieuse pour un Occidental -, déclara : “On oublie parfois que la Belgique figurait à ce moment-là parmi les plus grandes puissances industrielles mondiales et on exportait nos talents d’ingénierie partout dans le monde"

 

"La Belgique était la 3è plus grande puissance du monde, nos ingénieurs étant réputés pour leur expertise sur le monde ferroviaire et des ponts, avec le Roi Léopold II poussant derrière. Aussi, ils sont moins voraces que les Anglais, Français et Japonais qui s'intéressent à la Chine, prêts à bondir (dans un contexte impérialiste, de course à la colonisation/ndlr)".

 

 

Un homme, en particulier, incarne cette modernisation de locomotion pour ce vaste pays : Jean Jadot (1862-1932) un ingénieur belge, alors âgé de 37 ans, qui réalisa ce projet titanesque "car plus de 1.200 km de ligne ferroviaire, dans un pays comme celui-là, c’est un tour de force”, poursuivait François Schuiten, qui ajoutait :"Jean Jadot avait une petite expérience en Egypte, mais la Chine est un immense pays très mystérieux pour un Occidental. Cela devait donc être un pari incroyable à comprendre, quant à savoir comment fonctionnait un pays comme celui-là, où l'on se déplace à dos de chameau ou chaise à porteurs. Imaginez le basculement que représente l’arrivée du train et ce que cela doit être comme difficulté de traverser des régions, des centaines de kilomètres dans de telles conditions (aucune voie entre Pékin et Hankou n’était, de fait, praticable/ndlr).

 

 

Et ce projet mené par près de 50.000 ouvriers chinois nétait pas simple, d'où ces précisions : "Il fallait réunir les régions, avec beaucoup de travail stratégique et diplomatique. Il y a des guerres et ce qu’il a devant lui est très complexe, ce qui est intéressant. L'ingénieur belge se révèle grand stratège et diplomate et trouve même les financements pour arriver au bout".

 

 

Soulignons que François Schuiten, élévé au rang de Baron, le 21 juillet 2002, est un dessinateur réputé, lauréat, en 1981, du "Grand-Prix Saint-Michel", à Bruxelles, primé deux fois au "Festival d'Angoulème", recevant, en 1985, l'"Alfred du meilleur Album", et, en 2002, du "Grand-Prix de la Ville d'Angoulème", décerné pour l'ensemble de son oeuvre, sans oublier, en 2012, le "Prix Gaiman", offert, au Japon, à des bandes dessinées créées à l'étranger et traduites en japonais, telles "Les Cités obscures", scénarisées par Benoît Peeters.

 

 

Outre des oeuvres personnelles, il nous présente des créations, réalisées à quatre mains, avec l'artiste chinois Li Kunwu., tous ces travaux étant en lien avec la construction de la ligne ferroviaire Pékin – Hankou.

 

 

A noter que François Schuiten a scénographié, également, plusieurs spectacles chorégaphiques et d'opéra, ayant participé à la conception visuelle de films, tels "Taxandria" (Raoul Servais/Bel./1994/90'/film d'animation lauréat, en 1995, de Premiers Prix à Porto et à Rome) et "Mr. Nobody" (Jaco Van Dormael/Bel.-Fra.-All.-Canada/2009/141'/film lauréat, en 2009, de 3 Prix à la "Mostra de Venise", en 2010, du "Prix André Cavens" de l' "Union de la Critique de Cinéma" pour le "meilleur Film belge, ainsi qu'en 2011, de 6 "Magritte du Cinéma").

 

 

Originalité de cette exposition, au fil de notre visite, des histoires passionnantes nous sont racontées par les principaux protagonistes du projet, des mannequins parlants, créés à leurs effigies, nous faisant face, s'exprimant en français, en néerlandais ou dans leur langue, des sous-titres bilingues étant prévus.

 

 

Contrastant avec les trains exposés à"Train World", nous découvrons d'authentiques chaise à porteur et pousse-pousse, de nombreux objets (bijoux, coiffes, pièces de vêtements, poteries, statues du Bouddha, ...), étant tous répartis dans les différentes salles, au sein de l'exceptionnelle collection permanente du musée.

 

Quelques particularités de cette ligne ferroviaire de 1.214 km de longueur :

 

 

- 125 gares et 2.420 ponts et ouvrages d’art ;

- un pont ferroviaire de 3 km sur le Fleuve Jaune, le plus long jamais construit, à l'époque ;

- un chantier de 7 ans, de 1898 à 1905 ;

- destruction d'une partie de la ligne, pendant les travaux, causée par la révolte des Boxers ;

- découverte du chemin de fer par Cixi, l’Impératrice chinoise, qui n'avait jamais pris le train auparavant.

 

 

A l'attention des familles, "Train World" et l'association d’éducation artistique schaerbeekoise "Amadeo Kollectif" nous proposent, inclue dans le prix d'entrée, la "Ligne jaune", ce nom faisant référence au Fleuve jaune qui traverse la Chine.

 

Cinq tours ludiques, disposées sur notre parcours, permettent d'en apprendre davantage sur la construction de la ligne Pékin-Hankou et sur la collection permanente de "Train World". Au programme : de courtes animations, des quiz, des puzzles, sans oublier l'invention d'une machine extraterrestre, ..., des éléments nécessaires à la réalisation d'un bricolage étant remis aux enfants, à la fin de l'exposition, leur permettant une activité de retour chez eux.

 

 

A souligner que les Editions Kana nos proposent un superbe ouvrage éponyme, rédigé par Stéphane Disière, Louis Gillieaux, Jean Jadot, Charles Lagrange, Philip Vanhaelemeersch et Michelangelo Van Meerten, illustré par les maîtres de la bande dessinée chinoise et belge, François Schuiten et Li Kunwu.

 

Cette exposition est également valorisée par cinq conférences, les trois encore au programme état :

 

*** "Un Voyage de Pékin à Hankou, en 1913 et en 2019", le samedi 25 septembre 2021 :

 

Un guide de voyage, publié en 1913, décrit ce que le voyageur pouvait découvrir depuis le train sur cette ligne Pékin-Hankou. Philip Vanhaelemeersch, directeur de l’ "Institut Confucius", à Bruges, a lui-même effectué ce voyage en 2019. Il réalisera un parallèle entre ces deux voyages, enrichi de nombreuses illustrations d'époque et actuelles.

 

*** "Développement des chemins de fer et des industries ferroviaires au 19è siècle", en 2022 :

 

L'économiste et historien Michelangelo Van Meerten, nous parlera du développement des chemins de fer et des industries ferroviaires au 19e siècle, principalement en Europe. Il s’attachera particulièrement aux industries ferroviaires belge et française, ainsi qu' à leurs exportations dans le monde, en particulier en Chine.

 

*** "Mutation ferroviaire chinoise jusqu'aux trains à grande vitesse", en 2022 :

 

Jusqu’aux années 1950, les premières années des chemins de fer chinois furent difficiles. Le contraste avec leur croissance phénoménale depuis les années 2000 n'en est que plus saisissant. Louis Gillieaux, chercheur en histoire et actualité ferroviaires, nous racontera cette mutation, jusqu’à la surprenante ampleur de la grande vitesse chinoise. Le projet des "Nouvelles Routes de la Soie" (Chine-Europe) sera, également, évoqué.

 

Notons que les dates des deux dernières conférences étant encore à déterminer, ces trois conférences pourraient se dérouler en ligne, selon l'évolution des règles sanitaires.

 

N'hésitons donc plus à remonter le temps, grâce à "Train World", qui nous présente l'histoire du rail en Belgique, grâce à sa collection permannente, ainsi que, dans le même temps, l'implication belge pour la construction, au sein de l'Empire du Milieu, de la ligne ferroviaire Pékin-Hankou.

 

Ouverture de l'expo : jusqu'au dimanche 10 octobre, du mardi au dimanche, de 10h à 17h. Prix d'entrée (incluant la collection permannente) : 14€ (11€, pour les 13-17 ans, à partir de 67 ans et personne porteuse d'un handicap non accompagnée {14€, avec un accompagnateur, prix pour les deux personnes} / 10€, par membre d'un groupe de 15 personnes / 09€, pour les 06-12 ans, les enseignants, les cheminots ou leurs ayant droits / 05€, par élève avec sa classe / 0€, pour les moins de 6 ans / 40€, pour 2 adultes et 3 enfants mineurs ou pour 1 adulte et 4 enfants mineurs). Obligations sanitaires : port d'un masque bucal et respect d'une distanciation physique d'1m50 entre les "bulles sociales". Prix d'un audio-guide (pour la collection permanente) : 02€. Livre-Catalogue : 34€90. Infos : 02/224.74.37 ou info@trainworld.be. Site web : www.tainworld.be.

 

A noter que, depuis le 17 août 2020, "Train World" est labellisé "Brussels Health Safety Label", nous garantissant, ainsi, une visite parfaitement sécurisée.

 

 

Les enfants de 08 à 12 ans n'étant pas oubliés, en collaboration avec l'asbl "Le Tamanoir", un stage - "Danse entre les Trains" - leur est proposé, du lundi 16 jusqu'au vendredi 20 août, de 9h30 à 17h (garderie : de 8h30 à 9h30 et de 17h à 18h). Chaque jour, après un échauffement, voici le programme (sujet à d'éventuelles modifications), sachant qu'aucune expériense en danse n'est requise :

 

- Jour 1 : faire connaissance entre stagiares et avec son propre corps

- Jour 2 : se concentrer sur le mouvement

- Jour 3 : découvrir l'improvisation

- Jour 4 : plonger dans ses émotions

- Jour 5 : apprendre les ficelles du métier pour jouer devant un public

 

Des collations sont offertes, mais pas les déjeuners, leurs piques-niques de la maison étant consommés dans une authentique voiture-restaurant. Pour éviter toute perte, les parents sont invités à bien indiquer le nom et le prénom de leur.s enfant.s sur ses.leurs effets personnels ! Prix pour les 5 jours : 130€ (110€, pour un autre enfant de la même famille. Infos : 02/224.74.37 ou info@trainworld.be. Lien : https://www.trainworld.be/fr/informations-pratiques/ pour-les-enfants/stages-pour-enfants/stage-pour-enfants-danse-entre-les-trains.

 

Yves Calbert.

 

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