Cinéma : Evénements au "Caméo", à Namur, jusqu'au 21 Septembre
Programmation événementielle, au « Caméo », à Namur :
*** Ce mardi 20 septembre, à 20h, projection unique d’ « Overseas » (Sung-A Yoon/Bel.-Fra./ 2019/90′) – un film qui fut à l’affiche, en 2019, à Namur, au « FIFF » (« Festival International du Film Francophone ») et au« Festival International du Film de Locarno », ainsi que cette année, à Bruxelles, au 2è « Festival Cinéma en Ville », en juillet, et qui vient de participer, en septembre, à la « Compétition nationale » du 3è « BRIFF » (« BRussels International Film Festival ») – la séance, au « Caméo », se terminant par une rencontre avec Sung-A Yoon, la réalisatrice, et Asuncion Fresnoza-Flot, docteure en sociologie, spécialiste en migrations et relations interethniques. A noter qu'une projection unique liégeoise est programmée au "Churchill", ce mercredi 16 septebre, à 20h.
Synopsis : « Aux Philippines, on déploie les femmes en masse vers nos villes, à l’étranger, comme aides ménagères ou nounous. Dans un centre de formation au travail domestique, un groupe de candidates au départ se préparent au mal du pays et maltraitances qui pourraient les atteindre… »
Ce que la rédaction du « Journal des Grignoux » nous en dit : « Le film, splendide et glaçant, s’ouvre sur une longue séquence dans laquelle une jeune femme s’applique à nettoyer des WC. Ses sanglots, peu à peu, viennent envahir le silence. Une scène et tout est dit : l’exploitation, la souffrance, la résignation. »
« Apprendre quelques secondes plus tard qu’il s’agit en fait d’une mise en situation dans une école d’aides ménagères interpelle d’autant plus !… Un centre de formation au travail domestique, où les femmes apprennent non seulement à faire un lit correctement ou à nettoyer le sol, mais aussi à se contenir, à réagir décemment aux abus des puissants qui estimeront sans aucun doute qu’elles sont à leur disposition. »
Certaines d’entre elles se retouveront à Dubaï, au Liban, à Singapour, …, exerçant un métier où les frontières avec l’esclavage sont floues…
Durant le « FIFF », en octobre 2019, Katia Bayer et Constance Pasquier, de « Cinergie », avaient recueilli les impressions de la cinéaste vienmamienne Sung-A Yoon, qui leur confiait : « Quand j’ai fait le film, étrangement, j’ai reconnecté des choses par rapport à ma propre histoire. Avant ‘Overseas’, j’avais fait un long-métrage documentaire, ‘Full of Missing Links’ (Bel./2012/68’/ndlr), qui traitait de la recherche de mon père en Corée du Sud que je n’avais pas vu depuis 25 ans. Je me suis rendue compte que l’une des raisons profondes pour lesquelles j’avais fait ce film, c’était que j’avais l’impression de comprendre ces femmes qui quittent leurs enfants, qui ont un arrachement affectif par rapport à leurs pays et leurs attaches culturelles. Ça a été l’un des moteurs. L’exil, la séparation familiale, l’arrachement affectif, c’était des choses que j’étais capable de comprendre et je me sentais extrêmement en empathie avec ces femmes. »
« Quand je suis arrivée aux Philippines, il y avait ce groupe de femmes qui se préparait au départ. Elles n’avaient pas été prévenues de ma présence, ça a été une surprise pour elles. On leur a évidemment demandé si elles voulaient bien qu’on les filme, mais la rencontre aurait pu ne pas avoir lieu. C’est aléatoire : on est en documentaire. J’avais choisi le lieu mais pas les personnages, c’était donc quitte ou double. J’ai appris à les connaître et en fait, elles ont adhéré à 100% au film. Elles étaient très motivées et en même temps, je sentais qu’il fallait leur laisser un temps de parole, de ‘jeu’. C’était comme un besoin qu’elles avaient et elles l’ont pris immédiatement. »
*** « Nous la mangerons, c’est la moindre des Choses » (Elsa Maury/Bel./2020/77′), en partenariat avec « Paysans Artisans » et « Tchak », sera présenté, en projection unique, à Namur, le mercredi 16 septembre, à 20h, le film étant suivi d’une rencontre avec Elsa Maury, la réalisatrice, ainsi qu’Anne-France Couvreur et Valentine Givron, des « Bel’gères », un projet associant leurs passions pour les brebis , au coeur de la « Ferme du Château », à Bonnine. A noter que ce long-métrage bénéficiera d'une projection unique liégeoise, au "Parc", la première belge ayant pris place, en juillet, à Bruxelles, lors du 2è "Festival Cinéma en Ville".
Synopsis : « Nathalie, bergère dans le Piémont Cévenol, apprend à tuer ses bêtes et à s’approprier le territoire de son métier. Elle est prise sans relâche dans une interrogation à propos des manières de bien mourir pour ces êtres qui nous font vivre… »
Pour « Le Journal des Grignoux », Ludivine Faniel écrit : « En plein coeur des Cévennes, Elsa Maury suit le quotidien d’une ‘petite’ éleveuse d’un troupeau de moutons, exposant les gestes d’un métier aujourd’hui peu pratiqué à cette échelle. Son film nous montre que l’élevage est aussi un rapport à la mort, même s’il est conçu de la manière la plus respectueuse qui soit. »
« De la naissance des agneaux à la mort des moutons ou des brebis, de l’élevage dans les prés, au passage par l’abattoir, jusqu’à l’arrivée dans l’assiette, Nathalie pratique ce métier d’éleveuse dans la tradition, à une échelle considérée comme ‘humaine’. »
« La réalisatrice nous propose une narration épurée, sans voix off, en totale immersion dans la réalité de cette éleveuse. Nathalie est sensible, attachante et attachée à ses bêtes. Elle a une vie modeste, proche de la nature, elle nage à contre-courant. Mais Elsa Maury ne dresse pas un portrait enjolivé du métier, au contraire, elle nous en montre toute la dureté. »
Pour « Cinergie », Anne Feuillère nous confie : « La caméra d’Elsa Maury filme tout, frontale, dans la même position que la bergère et met tout sur le même plan. Pas d’évitement quand il s’agit de regarder l’intérieur du corps. Pas d’attardement sentimental sur les moutons souffrants. Le temps des séquences est celui de Nathalie, celui du travail, de l’observation. Et puisque la jeune femme fait tout, apprend tout, regarde tout ce qui fait la vie de ses bêtes, depuis les tétés mignonnes jusqu’aux vers qui vivent dans le tréfonds de leurs intestins, la caméra fait face avec elle et nous apprend dans le même temps. La transmission se poursuit, d’elles à elle, d’elle à la caméra, de la caméra vers nous… La même logique éthique et politique est à l’œuvre de bout en bout : car n’est-ce pas la moindre des choses que de regarder ce que l’on tue pour vivre ? »
*** Le lundi 21 septembre, à 19h30, c’est Charlie Chaplin (Charles Spencer Chaplin/1889-1977), que nous retrouverons à l’écran, à l’occasion d’un « Ciné-Concert » qui promet, avec Philippe Marion, « live », au piano, la séance étant présentée par un·e animateur·trice des « Grignoux ».
Synopsis : « Trois courts-métrages de « Charlot » sont au programme. Assurément de la nostalgie pour de nombreux seniors, mais aussi, parfois, pour les plus jeunes, une découverte du talent qu’avait « Charlot » de porter la maladresse au rang d’art, avec une poésie burlesque, qui, un siècle plus tard, continue à séduire de très nombreux spectateurs de tous les âges… »
La rédaction du « Journal des Grignoux » nous présente le musicien en quelques mots : « Pianiste de formation classique, claviériste et compositeur de musique, pour le cinéma et la télévision, Philippe Marion s’est spécialisé dans l’improvisation contemporaine et l’accompagnement live de performances et de spectacles. Improvisateur sur films muets, il intervient régulièrement à la ‘Cinémathèque de Montréal’, à la ‘Cinémathèque de la Ville de Luxembourg’ et à la ‘Chapelle musicale Reine Elisabeth’. Participant à de nombreux festivals internationauxde cinéma muet, il est, depuis 2007, le pianiste officiel du spectacle ‘Crazy Cinematographe’, dont la vocation est de faire revivre le cinéma des débuts au sein du milieu forain. »
Notons qu’à une époque où n’existaient que peu de Festivals, Charlie Chaplin reçut, néanmoins, trois « Oscars » : dont deux d’Honneur », un premier, en 1929, « pour sa polyvalence et son génie à jouer, écrire, mettre en scène et produire ‘Le Cirque’ « , un second, en 1972, « pour l’effet incalculable qu’il a eu en faisant des films de cinéma la forme d’art de ce siècle », ainsi qu’en 1973, conjointement avec Ray Rasch et Larry Russell, l’ « Oscar de la meilleure musique originale »., pour « Les Feux de la Rampe ». En outre, il fut nommé à deux reprises pour l’ « Oscar du meilleur Scénario », pour « Monsieur Verdoux » et « Le Dictateur ». Pour ce dernier long-métrage, il fut aussi nommé pour les « Oscars du meilleur Film » et du « meilleur Acteur ».
Aux Pays-Bas, en 1965, le « Prix Erasme » lui est attribué, en partage avec Ingmar Bergman. A la « Mostra de Venise », en 1972, il reçut un « Lion d’Or », alors qu’en 1970, une « Etoile » à son nom était venu s’ajouter au « Walk of Fame » d’Hollywood.
En outre, il fut fait, en 1962, « Docteur ès Lettres » des Universités de Durham et d’Oxford ; en 1971, à Paris, « Commandeur de l’ « Ordre national de la Légion d’Honneur »‘ ; et en 1975, à Londres, « Chevalier Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique », la Reine Elisabeth II, l’anoblissant à cette occasion, Charles Spencer Chaplin étant devenu Sir Charles Chaplin.
Enfin, soulignnons que six de ses films sont préservés dans le « National Film Registry » de la « Bibiothèque américaine du Congrès », un court-métrage, « L’Émigrant » (1917), cinq longs-métrages : « Le Kid » (1921), « La Ruée vers l’Or » (1925), « Les Lumières de la Ville » (1931), « Les Temps modernes » (1936) et « Le Dictateur » (1940).
N’hésitons donc pas à (re)vivre à l’ancienne, sur grand écran, ces trois court-métrages d’un authentique génie du Cinéma, Charlie Chaplin, l’inoubliale « Charlot », en projections uniques, à Namur, au "Caméo", ce lundi 21 septembre, 19h30, ou à Liège, au "Churchill", le lundi 28 septembre, à 20h, à 20h, où la séance sera présentée par Dick Tomasovic, du service "Arts du spectacle de l’ULiège".
Yves Calbert.