Bonjour et au revoir en wallon

écrit par ReneDislaire
le 27/10/2013
Un bonjour doit s'ensuivre d'une bonne jatte. Du publiciste Julian Key (de Zaventem) pour Chat Noir.

Petite balade dans les « salutations distinguées » de notre langue régionale presque morte. Nous sommes dans la région ardennaise "au nord de la nationale 4": Bastogne, Houffalize, La Roche, Manhay, Vielsalm, Gouvy, etc.
Bonjour et au revoir
A r’veye, bondjoû, c’est le plus courant, mais ce serait trop simple.
Bondjoû !bondjoû ! , qui claquent deux fois rapidement, c’est déjà mieux. Parfois il y a un "r" final: "bondjoûr"
A la Toussant, c’est de circonstance, après la bénédiction des tombes, les gens se séparaient souvent de leurs voisins en disant :
« Qu’à l’an qui vint » (jusqu’à l’année prochaine, littéralement l’an qui vient : entre gens qui se voyaient au nouvel an, à la Toussaint, à la « Sin Rmée » , c’est-à-dire la Saint-Remy, quand on payait les fermages).
« A l’wâd di Dju » : que Dieu te (ou vous) garde : réponse bien appropriée à quelqu’un qui vous dit « à l’année prochaine ».
Quelques exemples de "bonjour" et "au revoir".
« A ». Pas le "Ah !", exclamation avec la voyelle prolongée comme en français. Un « a » bref. « A les amis ! » « A m’piti fi ! » : bonjour mon petit garçon !.« A les hommes» : bonjour les hommes (quand on salue tous ensemble des ouvriers sur un chantier par exemple).
Ce "a" est un bonjour viril. A preuve le "A m'coy'e" : bonjour ma couille (cela ne s'adressait qu'à un ami mâle, cela va de soi, mais c'était plus affectueux que osé), apanage exclusif des vieux qui n'ont plus leur mère pour les gronder!
"M'sieur dame!" : bonjour Monsieur et Madame! Cela s'adresse à un "vrai" couple que l'on croise, mais uniquement si ce sont des familiers, des voisins ou amis que l'on tutoierait en français. Avec un grain de dérision, cela indique un certain écart pour laisser le couple à son intimité: on ne leur parlera pas davantage.
« A l’samin’ne » : à la semaine – prochaine (se dit surtout entre gens qui se voient souvent le même jour chaque semaine, le marchand de beurre par exemple).
« A dmin w après » : à demain ou après (entre gens qui se voient régulièrement).
« Qu’à torat’» : à tout-à-l’heure (et parfois, par dérision, même s’il est bien connu que ce ne serait que dans plusieurs jours)
« Allè, comm on-z-a dit, don ! » : allez, comme on a dit, n’est-ce pas (traduit peut-être un certain malaise en s’éclipsant à la hâte, alors qu’on n’a justement rien prévu, ni de faire quelque chose, ni de se revoir).
« Allè, ça sèrait à onk di ces cwates » : Allez, ce sera à un des ces quatre (jours qui viennent).
« Allè, è merci co trass et co trass côs ! » Réponse : « Gna rin avous ça ! » : allez, et encore merci beaucoup (encore treize et encore treize fois). Réponse : il n’y a rien avec ça = de rien.

René Dislaire © Houffalize, le 27 octobre 2013

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