Publication du livre: "Les mémoires de Houffalize"

écrit par ReneDislaire
le 17/04/2011
2450 Le bourgmestre M. Caprasse point du doigt l'exploit des 3x20 de sa commune.

Houtopia, 1er avril 2011, 18 heures.
Ceux qui n’aiment pas les longs discours ont été ravis.
Etait-ce l’effet du 1er avril, un trait de l’éternel féminin, le tribut du pays du surréalisme ?
Guilaine Roblet parla peu, Marie-Josée Martin fit de même, et elles parvinrent à se contredire.
L’une se dit étonnée de la jeunesse des personnes rassemblées devant elle, l’autre se flatta de représenter l’âge respectable.
Le fait est que les seniors sont l’un et l’autre.

Guilaine Roblet est la présidente de l’association provinciale des seniors luxembourgeois. Elle brossa le profil du senior d’aujourd’hui, en accentuant ce qu’à ses yeux incarne Marie-Josée Martin : ses facultés d’adaptation à la modernité.
En deux ou trois ans, Marie-Josée s’est mise à jouer avec un ordinateur et le résultat sera, si un pastiche emphatique nous est permis, plus durable que l’airain.
L’asbl provinciale veille à défendre la cause des aînés, et à (re)dynamiser et rajeunir tous les clubs locaux. Ses projets sont des outils, comme celui abouti aujourd’hui.

Marie-Josée Martin est la présidente du club des 3x20 de Houffalize.
Son speech souligna la haute conscience qu’ont eue les ouvriers en bossant deux ans durant sur son chantier. La dignité d’appartenir au passé, d’être un relais au présent, utile au futur.
Dans ses remerciements, l’Akela locale ne cita personne, afin que chacun se sente visé.
Personne, sauf les belles étrangères réglant la corrida. Deux femmes singulières : Guilaine dont le prénom ne peut être invoqué contre les maux de gorge, et Débora dont le prénom ne finit pas.

Marc Caprasse ne se fit pas plus long. Le bourgmestre se dit heureux du travail accompli, qui coule le virtuel qu’est la conscience collective, en un matériau qui pourra se transmettre.

Le souffle de Débora Bodson
Pendant ce temps-là, Débora essuyait les verres, au fond du café.
C’est fou ce que cette quadra ne fait pas son âge. Comme une jeune étoile scintillant dans une vielle constellation.
Peut-être est-ce par elle que tout s’explique.
Debora est l’animatrice de l’asbl des Seniors du Luxembourg.
Son métier, c’est l’éducation permanente.
C’est comme un souffle. L’esprit qui passe par-là. Qui unit nos fluides.
Elle est au service de tous les clubs du troisième âge de la province.

Son son
Debora parle avec les yeux. Des yeux brillants comme l’enthousiasme.
Son job ? Elle chemine, frappe à la porte des clubs, les contamine par sa jouvence, rassemble, écoute, récolte, note, puis transcrit.
Elle a tellement horreur du mot statique qu’elle n’arrête pas de le citer !
Dans « éducation permanente », dit-elle, il y a le mot « permanent ». Le permanent, c’est le temps en mouvement. C’est un projet qui jamais ne stagne.
Et le projet de susciter partout des initiatives sur la mémoire collective a deux objectifs, dont le secondaire finit par dissimuler le premier.
Car son projet, c’est de réunir des gens, les ouvrir à la créativité, les faire communiquer entre eux, s’adonner au plaisir de conduire leurs propres projets.
A Houffalize, le projet était un métier à tisser ; le résultat, c’est le livre.
Ainsi, Debora Bodson a-t-elle installé une bonne dizaine de métiers à tisser dans la province, qui ont produit chacun un recueil de la mémoire collective.

Des mémoires différentes ?
Rendre le passé vivant en réunissant des gens qui vont se mettre à parler, précise l’animatrice, celle qui donne une âme, c’est susciter le réveil d’une multitude de souvenirs.
Et que ce soit dans les modestes villages comme Witry ou Noirefontaine, ou dans des centres plus populeux comme Houffalize ou Aubange, cette multitude est la même. Le foisonnement et l’emballement sont les mêmes.
C’est pour des raisons pratiques, d’efficacité, qu’on limitera le sujet, au moment de faire basculer les paroles vers l’écrit.
Mais ces limitations peuvent également résulter d’un réflexe de protection, d’une inhibition, qui diffèrent selon les centres.
Dans tel village, on s’interdira délibérément de donner du poids au catholicisme, à ses influences. En raison de de l’évolution des convictions des gens.
Dans un autre, on est plus réticent à transmettre des souvenirs de la guerre. Par pudeur. L’oubli peut lui aussi être un devoir.
Ici on accentuera la nostalgie du petit artisanat et des commerces disparus. Là on s’attachera à mettre en avant, qu’elles soient soit bien jugées ou qu’elles le soient mal, les structures sociales où les seules références étaient un groupuscule constitué des notables.

Mieux qu’à Cana
Quand Guilaine Roblet proclama que le livre n’aurait jamais été écrit si Marie-Josée Martin n’avait pas été capable d’apprendre l’informatique, dont elle ne connaissait rien il y a deux ans, le mousseux dans le verre que tenait en main ma voisine se transforma en petit lait. Elle le but d’un trait. Ma voisine, c’est Sophie Gilles, la professeur de Marie-Josée. Employée communale à Gouvy, elle enseigne l’informatique aux seniors. Une pédagogie bien spéciale. Et dont elle était fière à juste titre de mesurer les effets.

Comment se procurer le livre ?
Il coûte 15 euros, soit 0.13 euro la page.
Les illustrations sont très nombreuses, reproduites sur un papier performant. Elles sont pour la plupart inédites, provenant de collections privées.
Tous les Houffalois qui l’ont ouvert étaient curieux de voir. Ils l’ont refermé médusés.
Il est disponible à la librairie locale.
On peut aussi appeler Marie-Josée Martin (0496.53.43.02).

Contacts avec l’Association provinciale des Seniors du Luxembourg : 061.61.29.26 ; seniorlux@skynet.be

René Dislaire


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