Houffalize: la Chouffe et les lettres, la confrérie et la bière
Les intronisés de 2011 à la Confrérie de la Chouffe, à Engreux, près de Houffalize, sont d’une excellente cuvée, selon le Grand Maître Jaminon.
Le sens de l’organisation, des relations publiques, et du protocole de Jacques Jaminon, ainsi que sa grande expérience dans les arts et le folklore ont fait de cette confrérie un rendez-vous qui imbibe la bière de belles lettres, avec bonheur.
Voici un bref PV des intronisés du 19 mars 2011, à cent lieues toutefois de ce que les murs de l’Auberge ont pu entendre. L'adoubement est en effet subordonné à l'exécution d'une péroraison où se mêlent verve et poésie, et où les popotins sont souvent plus effrontés que câlins.
Yves-Marie François. Un trinôme parmi les gnomes, encombré de diplômes.
Il est l’auteur d’un recueil de pensées. La lecture de quelques-unes plongea l’assemblée dans ce que l’homme a de propre : la réflexion et le rire. Un échantillon : pour savoir qu’un verre était de trop, encore faut-il l’avoir bu.
Yves-Marie est aussi le président des Anciens de la Lux de Louvain. Une association qu’il vient de conduire au titre de Société Royale.
Appelé familièrement Popof, il occupe actuellement la scène médiatique en conduisant un autre projet. Faire reconnaître la Nationale 4 comme patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ce compagnon, plus fraîchement intronisé que rasé, ne se limita pas à une oeuvre littéraire sur la bière, il osa égosiller une composition sur l’air d’une chanson paillarde ; peut-être la confrérie va-t-elle tailler à sa mesure une dignité de Maître Chanteur.
Frédéric Payen est agent des « Eaux et Forêts », ou plus correctement de la Division de la Nature et des Forêts, à Bérismenil.
Ses connaissances cynégétiques et son art d’assouvir son palais l’ont amené à créer une recette de pâté de chevreuil, à la Chouffe bien entendu.
Ce fut une révélation toute de technique et de poésie, bucolique et sylvestre, avec en prime une dégustation aussi calorique qu’appréciée.
Albert Van den Berghe rayonne comme une rose à la tête du Royal Bouquet d’Outre-Meuse.
Chaque année au 15 août, il a l’honneur de porter la Vierge Noire dans les vielles rues de la République, pour aboutir en bord de Meuse où se dit en plein air la messe, face au plus fort taux de mécréants du pays. Et comme s’y retrouve une forte délégation du plus vieux métier du monde, c’est dans la plus vielle langue de la Cité ardente, le wallon, que sermonne un curé qui, n’ayant pas le pouvoir de marcher sur les eaux, officie dans une péniche.
Jean Klinkenberg est le président de la République Libre d’Outre Meuse.
Il a donc toutes les chances, si De Wever réussit, de parler un jour d’égal à égal avec Sarkosy ou son successeur.
Cette responsabilité de président le met en charge de toute l’organisation des fêtes du 15 août : la procession vénérant la Vierge et le péquet.
Philippe Léonard est l’homme fort de cette république.
Pendant le cortège haut en couleurs de l’après-midi, alors que les spectateurs boivent des gouttes, il en sue à l’abri des regards.
Il est en effet porteur de géant. Un métier rare d’intermittent du spectacle.
Rafaël Moralès. Cet helvéto-belge a succédé au dessinateur Jacques Martin, qui lui a confié de poursuivre les aventures d’Alix, le plus célèbre Romain de la bande dessinée de l’école franco-belge.
Comme Alix s’est mis à voyager au pays de Cléopâtre, Moralès en fait tout autant.
Il est devenu un fin égyptologue. Capable de passer des mois à Louxor pour étudier les moindres détails de monuments qu’il tracera en décor dans ses livres.
A sa grande surprise, attablé sous la multitude des nains de l’Auberge du Vieil Engreux, il vit affluer un impressionnant groupe de Luxembourgeois venus de Clervaux.
Pas impossible que le Suisse roman fasse traduire dorénavant ses livres en luxembourgeois. N’oublions pas que la princesse Alix de Luxembourg, la tante du grand-duc actuel, est une figure emblématique toujours présente dans la mémoire des Luxembourgeois. Bon plan de marketing…
Christian Michel. Ce biologiste chevronné est directeur de l’Aquarium de la rue Van Beneden à Liège.
A l’évidence, il préfère les requins d’eau de mer à ceux de la finance. Le chant des sirènes à celui de la police. Et les étoiles de mer aux étoiles du Michelin, encore que…
En tout cas grand amateur de bière, le spécialiste des eaux douces et salées a développé une hypothèse selon laquelle l’eau devenue bière serait le résultat du hasard et de la nécessité, des milliers d’années avant qu’un Araméen change de l’eau en vin.
Ce que la bière avait de propre, pour le directeur de l’aquarium qui en est aussi le conservateur, c’est qu’elle se conserve bien mieux que l’eau. Sans la bière, peut-être l’homme n’aurait-il pas survécu à la déglutition pléthorique de bactéries à l’époque de la préhistoire.
René Dislaire
Lien vers un autre article sur le même Chapitre de la Confrérie de la Chouffe:
http://www.ardenneweb.eu/reportages/2011/confrerie_de_la_chouffe_a_genou...