"Hergé, Tintin et les Américains" (Philippe Goddin/Ed. "Moulinsart")

écrit par YvesCalbert
le 01/01/2021

« A peine dégrossi,Tintin joue les matamores en Russie. A grand renfort de rumeurs et de clichés, il pourfend avec virulence le régime soviétique. Après l’intermède congolais qui lui permet ensuite d’asseoir sa belgitude en ventant l’oeuvre de ses compatriotes en Afrique, le voici qui débarque  au pays de l’Oncle Sam, où, parait-il, on l’attend comme un sauveur », sont les premiers mots (p. 06) écrits par Philippe Goddin, dans sa monographie « Hergé, Tintin et les Américains », édité en novembre 2020 par les Ed.« Moulinsart ».

Georges Remi (1907-1983), le futur« Hergé », aimait feuilleter, dès l’âge de 12 ans (p. 09), des fascicules sur « Les Mystères du Far-West » ou sur« Buffalo Bill » (William Frederick Cody/1846-1917), que son père, Alexis Remy, avait été applaudir, à 09 ans, lors d’une représentation du« Buffalo Bill’s Wild West Show », à  Ixelles, sa famille n’étant donc nullement étrangère à l’intérêt d’ Hergé pour les Etats-Unis et les Amérindiens.

Philippe Goddin, hergéologue réputé, ayant déjà rédigé, édités par « Moulinsart », les ouvrages « Hergé, Tintin et les Soviets : Naissance d’une Oeuvre » (2016), ainsi que « Les Tribulations de Tintin au Congo » (2019), nous propose, aujourd’hui, un fort intéressant ouvrage qui va bien au-delà du 3è tome des« Aventures de Tintin », « Tintin en Amérique », dernier ouvrage d’ Hergé, à être sorti des presses, en 1932, des« Editions du petit ‘Vingtième’ », qui vit naître Tintin, en 1929, au sein du supplément hebdomadaire du quotidien « Le XXè Siècle » (1895-1940), intitulé « Le petit ‘Vingtième’ ». 

Par son ouvrage « Hergé, Tintin et les Américains », Philippe Goddin nous offre un voyage-découverte au cœur de la création d’ Hergé. Ainsi (p. 191), il évoque en ces termes « Le Crabe aux Pinces d’Or » (Ed. « Casterman »/ 1941) : « En avril 1959, ‘Golden Press’ indique à ‘Casterman’ que le projet d’éditer Tintin aux USA imliquera des modifications. {…} (C’) est une histoire très divertissante, mais on y boit avec beaucoup d’entrain de la bière, du champagne, du rhum, du whisky, etc. {…} Nous allons nous heurter à une opposition extêmement vive de la critique et des milieux pédagogiques. Cela pourrait faire un tort sérieux au lancement de la série. {…} Une plaisenterie que tout le monde accepterait en France ou en Belgique, ici, horrifierait les gens. La présentation de l’alcoolisme, surtout sous une forme humoristique, est absolument taboue. » Dès lors, quelques retouches furent effectuées, Hergé  ayant  confié : « Vous constaterez que le capitaine Haddock s’abstient de boire au goulot, geste considéré aux Etats-Unis comme trop ‘bestial’. » Et Philippe Goddin de proposer les deux versions, la seconde ne montrant plus le capitaine boire au goulot… 

… Pensons, ici au Lucky Luke de« Morris » (Maurice de Bevere/1923-2001), qui, pour être vendu Outre Atlantique a dû arrêter de fumer, devant se contenter, désormais, d’un brin de blé entre ses lèvres…

Mais ce voyage-découverte nous emmène, aussi, en Flandres, grâce à l’adaptation intermédiaire « Tintin in Amerika », pour un quotidien néerlandophone,« Het laatste Nieuws », du 23 octobre 1941 au 16 octobre 1942, que nous pouvons découvrir (p. 93 à 157) dans sa version française, traduite du néerlandais par Patrick Vandersleyen. 

Ayant, ainsi, remanié cet album, à l’occasion de sa mise en couleur, éditée par « Casterman », en 1946 – l’année de la naissance de l’hebdomadaire « Le Journal de Tintin » (1946-1988), publié par les« Ed. du Lombard » – comme il le fit pour « Tintin au Congo », des 120 planches, en noir et blanc, de «Tintin en Amérique», publiées, en 1931, par les « Editions du petit ‘Vingtième’ « , il ne restera que 62 planches, en couleur, dans sa nouvelle édition, en 1946, chez « Casterman ». Ayant, ainsi, remanié cet album, il se refusa à retirer la page (dans la monogaphie, p. 51, mais dans sa version noir-et-blanc) sur laquelle nous voyons l’armée américaine chasser de leurs territoires d’autres Américains, les Amérindiens .

Nous ajoutons que nous sommes bien loin, ici, des images que les petits enfants américains découvrent, dans leurs livres scolaires, celle des Américains, de race blanche, offrant un repas, à base de dinde, aux Amérindiens,  pour les… remercier de leur avoir « cédé » leurs terres… Telle est l’origine de la fête la plus importante aux Etats-Unis : la « Thanksgiving »… 

… Retour à la cruelle réalité : à la page 212 de sa monographie, Philippe Goddin écrit :« Le 29 décembre 1890, à Wounded Knee, l’armée américaine a massacré (à la mitrailleuse et au canon) entre 150 et 350 Sioux Lakota, dont des dizaines de femmes et d’enfants. Les victimes furent enterrées sur place dans une fosse commune », ce que prouve une photo.

Philippe Goddin, président de l’association « Les Amis d’Hergé », a bien connu Hergé, ayant été, durant dix ans, le secrétaire général de la « Fondation Hergé », avant d’être associé à la scénarisation du« Musée Hergé », inauguré le 02 juin 2009, à Louvain-la-Neuve. Etant l’un de ses principaux biographes, notamment avec son livre  « Hergé-Lignes de Vie » (Ed. « Moulinsart »/2007), il est, également, l’auteur, entre autres, des 7 tomes de « Hergé-Chronologie d’une Oeuvre » (Ed.« Moulinsart »/2000-2011).

Comme pour ses albums « Tintin Reporter du Petit Vingtième au Pays des Soviets » (1930)  et « Tintin au Congo »  (1931), tous deux publiés, en noir et blanc, par les « Editions du petit ‘Vingtième’ », avant d’être réédités, en couleur, par « Casterman », il convient de replacer les bandes dessinées d’ Hergé dans leur époque. Ainsi, dans les années ’30, les clichés de la société américaine sont nombreux, dans « Tintin en Amérique ».

Philippe Goddin nous confie :« C’est le troisième volet des aventures de Tintin. Le personnage est encore assez pataud, même s’il s’affine. Mais il est encore bourré de préjugés, ceux de son époque… Dans sa correspondance avec son éditeur, notamment pendant la guerre, Hergé répète souvent que ses dessins sont assez anodins. Il ne cherche pas à y apporter un esprit critique, comme il pourra le faire par la suite, pour ‘épingler’ l’ingérence américaine en Amérique centrale, par exemple. »

« L’Amérique est perçue comme un pays corrompu, aux mains de la pègre. Les cow-boys aussi sauvages que les Indiens font partie de l’imagerie populaire, le business est roi et sans scrupules, la force économique du pays est redoutable. C’est l’image qu’ Hergé a du Nouveau Continent et c’est celle que l’on donne aussi dans ‘Le XXè  Siècle‘, le journal catholique pour lequel il travaille. »

« Son plus grand regret est certainement de n’avoir jamais percé Outre Atlantique. Il voyait l’ ’empire Disney’ avec un brin d’envie… »  Ainsi, un jour, il envoya des albums aux Etats-Unis, à l’adresse deWalt Disney (Walter Elias Disney/1901-1966), mais son envoi  lui fut retourné,… sans avoir été ouvert.

Et Philippe Goddin de continuer, évoquant les Etats-Unis :« Il n’y a voyagé qu’assez tard, au début des années ’70. C’est à ce moment qu’il se rend compte à quel point il est passé à côté de la question indienne dans cet album de jeunesse… », essentiellement suite à sa rencontre, en Octobre 1948 (p. 172-173), à l’abbaye Notre-Dame de Scourmont (où se brasse la trappiste de Chimay), avec le père Gall (Erik Schuon/1906-1991/frère du philosophe suisse Frithjof Schuon/1907-1998), qui aurait reçu de Black Elk (Elan noir/1863-1950), le chef de la tribu Sioux  des  Lakota, le nom de Lakota Isnala, en français : le Lakota qui prie seul.

« Sa chambre ressemble à une tente de Sioux, des coiffures de plumes d’aigle, des arcs, des flèches, des tomahawks, des fusils, un calumet {…} il m’a raconté sa propre histoire, ou plutôt de sa grand mère qui avait failli épouser un Sioux. Lui-même est Sioux par adoption, c’est à dire qu’il fait partie, effectivement, des ‘White Butter Band’, une tribu de Sioux Oglalas« , écrivait Hergé à son épouse.

A souligner que Georges Remi avait déjà introduit des Amérindiens dans ces précédentes bandes dessinées. Ainsi, dans les« Extraordinaires Aventures de Totor » (p. 20-21/24-25), publiées dans le « Boy-Scout Belge », ayant éte lui-même scout (p. 13), porteur du totem « Renard curieux », promu, en 1922, chef de la « patrouille des Loups ». A ce sujet, Philippe Goddin écrit :« Selon Hergé qui se déclare ‘metteur en scène’ de la ‘Hergé Moving Pictures’, la cruauté des cow-boys qui ont agressé l’oncle de Totor dans son ranch n’a rien à envier à celles des ‘sauvages’ Peaux-Rouge. »

Durant sa présence chez les scouts, en 1923, Georges Remi avait mis en scène une pièce en deux actes, « Vouloir c’est pouvoir », décrite comme étant un ensemble de scènes de la vie des Peaux Rouges, dans laquelle il interprétait le rôle d’un chef indien. Dans l’un de ses carnets de croquis, l’on trouve trois cow-boys accoudés à un bar, surmonté de la mention due à l’auteur irlandais Oscar Wilde (Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde/ 1854-1900) : « Ne tirez pas sur pianiste ; il fait ce qu’il peut. »

Aussi, sur une commande des grands magasins « A l’Innovation », il crée, sur 16 pages d’illustrations en couleur,  avec légendes, « Tim-l’Ecureuil, Héros du Far-West » (p. 34-35), Philippe Goddin écrivant : « On pourrait dire que le récit qu’il a imaginé dans ce contexte est inspiré de l’univers de Walt Disney, puisque tous ses protagonistes sont des animaux… »

« Inépuisable de créativité, Hergé ajoute ici ou là un gag à tout ce que Tim avait pu vivre… », écrit l’auteur, évoquant « Popol et Virginie », que nous découvrons « au Pays des Lapinos », album édité en 1952, par  « Casterman », ces « Lapinos », tribu de lapins amérindiens, ayant été publiés en couvertures de nombreux  « Le petit ‘Vingtième’ », comme illustré (p. 68 à 71) dans la présente monographie.

« Quick et Flupke » évoquèrent, également, le Far-West,… à Bruxelles (p. 27), dans une vision conventionnelle  d’Hergé, publiée le 08 mai 1930, dans le « Le Petit ‘Vingtième’ « , voire, en 1932, à l’occasion de la venue du  « Cirque Sarrasani » (p. 50) et de ses Amérindiens, dans un gag intitulé « Plumage »…

Aussi, Hergé, passionné par les Amérindiens, avait initié les premières planches du scénario de « Tintin chez les Peaux-Rouges » (p. 182 à 185). Au père Gall, le 13 novembre 1957, Hergé écrivait (p. 181) : « L’idée m’est venue de placer mon petit bonhomme dans le décor d’une réserve de Peaux-Rouges. Il y serait aux prises avec des businessmen qui auraient (par exemple) découvert du pétrole sur le territoire des Indiens et mettraient tout en oeuvre pour chasser ceux-ci… »

Ce projet ne vit jamais le jour, Georges Remy ayant préféré trouver sa paix intérieure dans une région himalayenne, avec son 20è album des aventures du jeune reporter, « Tintin au Tibet » (Ed.« Casterman »/1960).

« Le petit ‘Vingtième’ «  du jeudi 27 août 1931, évoque, sur sa couverture (p. 39), « Les Aventures de Tintin à Chicago », puisque, venant de Cherbourg, c’est à Chicago que Tintin débarque sur le sol américain, se faisant enlever à sa sortie de la gare ferroviaire de cette importante ville de l’Illinois, Philippe Goddin écrivant (p. 42) :  « Sous des dehors réalistes, Hergé se livre ici à une carricature de la vie qotidienne à Chicago. Preuve qu’ils tiennent le haut du pavé, ‘les bandits de toutes espèces’ s’y promènent le visage masqué d’un foulard de cow-boy  ou les yeux dissimulés sous un loup, façon Arsène Lupin. Ils signifient ainsi aux honnêtes gens à quel genre d’individu ils ont affaire, sans dévoiler leur identité. »

Sur cette même page, nous voyons un boomerang percutant un visage. Normalement, dans ce cas, le boomerang reste sur place. Hors dans l’album, l’on constate qu’il revient à son expéditeur, ce qui incite Philippe Godin à écrire :« On peut déplorer le fait qu’ Hergé n’a pas expérimenté le lancer du boomerang au sein de sa troupe scoute. »

Quant à ce chef de gang, ayant réellement existé, Al Capone (Alfonso Gabriel Capone/1899-1947), une vignette  dévoile sa rencontre avec son prisonnier belge, Tintin, s’exclamant (p 43) : « Ah ! Ah!… voila l’oiseau !… Et c’est ce petit freluquet qui voulait s’attaquer à moi, roi des bandits de Chicago« … La suite nous est donnée en (re)lisant  « Tintin en Amérique », pourquoi pas dans sa version colorisée, éditée, en novembre 2020, par « Moulinsart », sur base de l’ancienne publication, en noir-et-blanc, publiée, en 1932, par les « Editions du petit ‘Vingtième’ »…

Dans les dernières pages de cet indispensable ouvrage pour tout « Tintinophile » et, plus simplement, pour tout qui s’intéresse à la bande dessinée, cette monographie, abondamment illustrée, ne se limitant pas à « Tintin en Amérique », dont les différentes versions sont comparées, mais s’étendant à toute l’oeuvre de ce grand créateur  que fut Georges Remi, un dessinateur qui s’essaya à la peinture, un art qui est au centre de son album  inachevé,  « Tintin et l’Alph Art » (Ed. « Casterman »/1986/crayonné et scénario en deux volumes).

L’occasion pour Philippe Goddin de nous conter la rencontre d’ Hergé avec Andy Warhol (1928-1987) et la réalisation d’une peinture de Roy Lichtenstein (1923-1997), ces deux artistes américains bénéficiant actuellement, en Belgique, de splendides expositions, pour le premier cité, au « BAM » (« Beaux-Arts de Mons ») et le second, à  « La Boverie », à Liège.

Andy Warhol rencontra Georges Remi, en 1977 (p. 229), dans ses bureaux bruxellois des« Studios Hergé ». Au sein du« Musée Hergé », dans sa dernière salle, 3 portraits d’Hergé, sont exposés, depuis 2009, réalisés, sur commande, par Andy Warhol.

De son côté, Roy Lichtenstein fut reçu, en 1995, aux« Studios Hergé », par Philippe Goddin, avouant à ce dernier (p. 233, en fin d’épilogue de « Hergé, Tintin et les Américains ») qu’il s’était inspiré d’un ouvrage de ce dernier,  « Hergé et Tintin Reporters », édité au « Lombard », en 1986, afin de réaliser sa composition à l’acrylique  « Tintin Reading » (168 x 206 cm/1993), qui, au départ, avait été sollicitée pour constituer la couverture  de « Tintin in the World », de Frederic Tuten.

L’artiste américain s’était inspiré d’une case de « L’Oreille cassée » (Ed. « Casterman »/1937), où l’on voit Tintin  lisant paisiblement dans son fauteuil, cette vignette ayant été reproduite (p. 232) dans le livre de Philippe Goddin.  Ce dernier écrit : « … l’artiste y avait inclus le célèbre tableau d’Henri Matisse, ‘La Danse’, devant lequel Hergé  s’était longuement arrêté lors de sa visite au ‘Museum of Modern Art’ de New York en 1971. Grâce à Tuten, la création originale de Lichtenstein offrit donc à Tintin dans le Nouveau Monde, un surcroît de prestige à la mesure des succès éditoriaux du jeune héros et de son statut culturel international. »

Spécifications techniques : Ed. « Moulinsart »/format à l’italienne/couverture cartonnée/240 pages + gardes/297 x 215 mm/ Impression 4/4, sur papier « Condat mat Périgord » 115 gr/29€50.
A souligner qu’une édition numérique est disponible, dans l’application « Les Aventures de Tintin », sur « Apple  Store » & « Google Play »/9€99. 

*** En complément à cette passionnante lecture, la visite, en famille, de l’exposition temporaire du « Musée Hergé », « En Amérique avec Tintin », s’impose, l’entrée étant gratuite pour tous, ce dimanche 02 janvier 2021 et chaque 1er dimanche du mois, jusqu’au dimanche 04 avril. L’occasion de (re)découvrir « Tintin en Amérique » à travers de magnifiques planches originales jamais exposées, divers documents inédits et de nombreuses photos en rapport avec la monographie de Philippe Goddin dont nous venons de vous enteretenir. En rapport avec celle-ci et cette exposition, soulignons la vision profondément respectueuse qu’Hergé avait, en 1931, des Amérindiens, ces  hommes fiers mais exploités, une vision à maints égards en avance sur son temps.

*** A cette occasion, n’oublions pas de nous rendre dans la boutique du Musée (ou dans toute « Boutique Tintin »  et dans de nombreuses librairies) où, bien sûr, outre l’ouvrage de Philippe Goddin, nous pouvons acquérir le« Tintin c’est l’Aventure-6 : Aux Frontières de l’Etrange », calendriers et agendas 2021, ainsi que la version colorisée de  « Tintin en Amérique », la colorisation se déployant autour des aplats noirs d’origine, les coloristes ayant privilégié le respect de la puissance du noir et blanc. C’est en ce sens que nous parlons de «  colorisation ».

Voici - grâce à Tintin, Hergé, Philippe Godin, le « Musée Hergé » et les éditions « Moulinsart » -, une bonne occasion de bien débuter l’An Neuf, en espérant que la Culture reprenne rapidemetnt a place qui était la sienne avant la mi-mars 2020. 

Yves Calbert,

avec des extraits de textes de Georges Remi et de Philippe Goddin © Hergé-Moulinsart 2021

 

 

 

 

 

 

 

 

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