"Miguel Diaz Vizoso, de La Louvière à Peyo", au "MiLL", à La Louvière, jusqu'au 10 Août

« Il était une fois un petit gamin dénommé Miguel, qui a grandi à La Louvière, dans le quartier de La Croyère, face à une statue monumentale d’Idel Ianchelevici (1909-1994/ndlr). Ce sculpteur d’origine juive roumaine, qui a acquis la nationalité belge en 1945, a vu cette oeuvre, intitulée ‘L’Appel’ inaugurée la même année », écrit Hugues Dayez, journaliste, pour la « RTBF », lauréat, entre autres, en 2004, du « Prix Saint-Michel de la Presse », pour son livre « Peyo l’Enchanteur » (Ed. « Niffle »/broché/ 2003/192 p./ 19 x 25 cm), et, en 2010, du « Prix Ex-libris », attribué par l’ « Association des Editeurs belges ».
Et, concernant cette sculpture, citons le propos du dessinateur-scénariste belgo-espagnol Miguel Diaz Vizoso (°La Louvière/1969) : « Cette sculpture a été mon premier contact avec le monde de l’art. Nous habitions près des ‘Usines Boël’, dans ce quartier d’ouvriers d’origine étrangère ; c’étaient des Espagnols, des Italiens, des Marocains. »
Lors de la visite de presse de l’exposition qui lui est dédiée – « Miguel Diaz Vizoso de La Louvière à Peyo » -, accessible jusqu’au dimanche 10 août, ce bien sympathique dessinateur nous dit : « Mon père m’avait conseillé de faire d’autres études, car il avait peur que je me retrouve au chômage. Cependant, mon rêve de BD restait ancré en moi ; je passais mon temps à caricaturer mes collègues, et l’un d’entre eux m’a dit, un jour : ‘Avec ton talent, tu devrais faire de la bande dessinée ! Il m’a conseillé de chercher une académie …’ «
Dans le livret-catalogue, en vente à l’accueil (8€), Hugues Dayez poursuit : « Le jeune homme se lance alors dans des études d’éducateur, métier qu’il exercera ensuite pendant dix ans. Miguel repère une académie, à Châtelet, où enseignait Vittorio Leonardo (coloriste belge des Ed. ‘Dupuis’, d’origine italienne/°Naples/1938/ndlr). Il débarque en plein milieu d’une année scolaire, alors qu’il exerce encore comme éducateur. Il ne lui est pas permis de s’inscrire , mais on lui conseille : ‘Montrez vos dessins au professeur, peut-être qu’il vous acceptera comme élève libre !’ «
« Miguel suit ce conseil, et, après examen de ses croquis, Leonardo – qui travaille au service de ‘Morris’ (Maurice de Bevere/1923-200/ndlr) – lui propose de l’assister sur des gags de ‘Rantanplan’, le chien le plus stupide du Far West, ‘spin off’ de la série ‘Lucky Luke’. »
« Après un an de pause carrière, pour travailler sur »Rantanplan’, faute de véritable débouché dans la BD, il retourne à son métier d’éducateur, reprit Hugues Dayez.
Miguel Diaz Vizoso de poursuivre : « J’ai montré à Léonardo non pas des copies des personnages que j’aime, mais des interprétations de ceux-ci dans des attitudes inédites. C’était ma façon à moi de les animer sans copier servilement des planches existantes. En réalité, je pense que c’est une bonne manière d’apprendre le métier. »
« C’est alors qu’un jour, pris de remords, Léonardo m’a téléphoné, pour me conseiller de proposer mes services au ‘Studio Peyo’. Il y avait le magazine ‘Schtroumpfs’, qui paraissait tous les mois, à la fin des années ’90, qu’il fallait alimenter avec des histoires courtes, des jeux, des labyrinthes, des posters, des strips, des gags en une planche, … »
C’est ainsi que commença la véritable carrière BD de Miguel Diaz Vizoso, devenu expert quant à dessiner ces « Schtroumpfs », l’un d’eux étant repris sur l’affiche la présente exposition.
Créés, en 1958, par « Peyo » (Pierre Culliford/1928-1992), ces « Schtroumpfs » n’étaient alors que des personnages secondaires, de la neuvième aventure de « Johan et Pirlouit », intitulée « La Flûte à six Six Trous », publiée au sein de l’hebdomadaire « Journal Spirou », dont le titre devint « La Flûte à six Schtroumpfs », lors de son édition en albums, en 1960, par les Ed. « Dupuis », titre repris pour un dessin animé long métrage, réalisé par les « Studios Belvision » (Belgique/1975/71′), marquant le début des « Schtroumpfs » au cinéma.
Au sein de la présente exposition, dans un couloir, entre deux salles, Miguel Diaz Vizoso rend hommage, avec nombre de photographies, à Pierre Culliford, qu’il regrette profondément de n’avoir jamais rencontré, ce couloir se terminant par la présentation des albums des « Schtroumpfs » auxquels, il collabora, l’un comme co-scénariste : « Un Enfant chez les Schtroumpfs » (Ed. « Le Lombard »/2007/25è album de la série) ou comme co-dessinateur ou seul dessinateur, pour ce dernier éditeur : « Schtroumpf le Héros » (2015/33è), « Les Schtroumpfs et le demi Génie » (2016/34è), « Les Schtroumpfs et le Dragon du Lac » (2018/36è), « Les Schtroumpfs et la Machine à rêver » (2019/37è), « Les Schtroumpfs et le Vol des Cigognes » (2020/38è/le 1er de 3 aventures comme seul dessinateur), « Les Schtroumpfs et les Enfants perdus » (2022/40è) & « Les Schtroumpfs et la Cape magique » (2024/42è).
Cette exposition s’ouvre donc par une photographie de « L’Appel », statue au pied de laquelle, enfant, il aimait joué au football, d’où son dessin, réalisé en 2025, alors qu’ayant été approché pour créer une exposition, il ne savait comment remplir les salles du 1er étage du « MiLL », sis dans l’ancien Palais de Justice de La Louvière. Aussi l’idée lui vint de demander à ses collègues dessinateurs de réaliser une illustration autour de cette même statue, due à Ianchelevici.
Ainsi, les premières salles nous présentent ces oeuvres, des plus originales, réalisées spécialement pour cette exposition, par amitié pour Miguel Diaz Vizoso, certaines, arrivées au musée en toute dernière minute, ne figurant pas au sein du livret-catalogue et ne possédant pas encore leur cartel à quelques heures du vernissage, comme celle peinte par Dan Verlinden (°Marcinelle/1972), représentant, marchant dans la neige, une louve, animal symbolique de La Louvière, portant une quinzaine de « Schtroumpfs », grelotant de froid, le bras tendu de la statue « L’Appel », couchée sur le sol, ressortant de la neige, derrière la louve.
Mieux encore, alors que nous finissions la visite de presse, un employé du « MiLL » vint apporter au dessinateur louviérois une dessin qu’un facteur venait d’apporter au musée, cette volonté de répondre à la demande de leur collègue illustrant bien la solidarité existant entre les dessinateurs.
Ainsi, Miguel Diaz Vizoso nous signala qu’il n’avait pas voulu demander cela à son ami François Walthéry (°Argenteau/1946), le créateur, en 1970, de « Natacha », se déplaçant, actuellement, en chaise roulante. A l’occasion d’une récente rencontre, ce dernier s’étonnant que le dessinateur louviérois ne lui aie rien demander, lui promit que lui aussi allait se mettre au travail, son oeuvre – une « Natacha », dans la pose de « L’Appel » – étant, bien sûr, exposée.
Marqué, moralement quant à lui, par la censure se son album « La Gorgone bleue » (lire les réactions d’une vingtaine de lecteurs sur : https://www.danybd.com/la-gorgone-bleue-dans-la-presse), un autre dessinateur bien connu, créateur, en 1968, d’ « Olivier Rameau », « Dany » (Daniel Henrotin/°Marche-en-Famenne/1943) tint à lui faire parvenir une oeuvre montrant, admirant la statue « L’Appel », « Colombe Tiredaile » demandant : « C’est Diaz ? », « Olivier Rameau » lui répondant : « Non, Miguel n’a pas le bras aussi long ».
Parmi les autres dessinateurs ayant répondu à « L’Appel » de Miguel Diaz Vizoso, notons « Batem » (Luc Collin/°Kamina-Congo) et son « Marsupilami »,
Souhaitant qu’une oeuvre originale, à quatre mains, a été créée pour la présente exposition. Sur une peinture de son ami Riccardo Barattucci (°La Louvière/1973), Miguel Diaz Vizoso ajouta deux dessins, un « Schtoumpf » amoureux admirant « La Belle », une sculpture dessinée de la « Schtroumpfette ».
La plongée dans l’univers du dessinateur louviérois est enrichie par une vidéo exclusive réalisée par Tonino Valenti, photographe et vidéaste, installé à Paris, dont le style cinématographique confère à chaque image une forte dimension narrative, en jouant subtilement avec la lumière, l’atmosphère et la mise en scène.
** Animations :
– Des visites guidées, par Miguel Díaz Vizoso, sont prévues, à 14h30, les dimanches 06 avril, 04 mai, 01 juin, 06 juillet & 03 août, l’entrée étant gratuite, comme tous les premiers dimanches du mois. Prix de la visite guidée : 2€50.
– Soulignons que le samedi 12 avril, de 10h à 17h, des collègues de Miguel Díaz Vizoso, qui ont répondu à son invitation de réaliser une oeuvre inspirée par « L’Appel », dédicaceront leurs albums tout au long de la journée. Une organisation du « Réseau louviérois de Lecture publique », qui inviteront, aussi, deux autrices – Anaële Hermans & Tiffanie Vande Ghinste – à échanger sur le monde de la BD.
– Animations, dans le cadre du « Jardin des Loups », du jeudi 01 jusqu’au vendredi 16 mai, jour où une exposition des travaux d’enfants nous sera proposée, dès 17h.
– « Nuit des Musées louviérois », le vendredi 16 mai, de 17h à 22h.
** Ateliers :
– en famille : en collaboration avec « Marmaille&Co », de 14h30 à 16h, les mercredis 16 avril, 07 mai, 18 juin & 16 juillet, atelier gratuit.
– en partenariat avec le Service Cinéma de la Province du Hainaut, de 14h30 à 16h30, le dimanche 04 mai. Atelier gratuit, pour deux groupes de maximum 12 participant.e.s.
** Anniversaires :
– fête pour maximum 12 enfants. Prix : 80€.
Ouverture : jusqu’au dimanche 10 août, du mardi au vendredi, de 11h à 17h, le samedi & le dimanche, de 14h à 18h. Prix d’entrée : 5€ (4€, en tarif réduit / 3€, par membre d’un groupe de minimum 10 personnes / 1€25, pour les « Art. 27 » / 0€, pour les moins de 18 ans &, tous les premiers dimanche du mois, pour tous. Livret-Catalogue (Ed. « MiLL » /2025/broché) : 8€. Contacts : 064/28.25 30. Site web : https://ianchelevici.be/.
A l’occasion de notre passage à La Louvière, nous pouvons, également, visiter les expositions temporaires du « Centre de la Gravure et de l’Image imprimée » : « Celles & ceux de Marchoul », nous présentant, jusqu’au dimanche 18 mai, l’œuvre du graveur belge Gustave Marchoul (1924-2015), ainsi que : « Voyage en Collections 4 », nous permettant de découvrir, jusqu’au dimanche 15 juin, des oeuvres, entre autres, de Pierre Alechinsky (°Saint-Gilles/1927), Alexander Calder (1896-1976), Marc Chagall (1887-1985), Jean Chrisophe Geluck (°Bruxelles/1947), David Lynch (1946-2025), Luc Schuiten (°Bruxelles/1946) & Luc Tuymans (°Mortsel/1958).
Toujours à La Louvière, le « Musée Keramis », nous attend, nous présentant, outre ses deux anciens fours, les oeuvres en céramique, aussi bien de ses expositions temporaires que de sa collection permanente.
Yves Calbert.