"Origines, Histoires de Trésors", au "TreM.a", à Namur, jusqu'au 29 Septembre

écrit par YvesCalbert
le 26/08/2024

 

Dans le cadre de la fermeture temporaire du bâtiment principal – l’« Hôtel particulier Gaiffier d’Hestroy » – du « TreM.a-Musée des Arts anciens du Namurois », afin de pouvoir réaliser des études préalables, en vue de  travaux d’extension et de rénovation, la « SAN » (« Société Archéologique de Namur ») se penche, jusqu’au dimanche 29 septembre, sur les origines de ses collections, mettant en valeur ses trésors, dans ses salles d’expositions temporaires, d’où le titre de la présente exposition « Origines, Histoires de Trésors ».

Des trésors – un mot qui fait rêver, plein d’imaginaire – de toutes sortes : des œuvres reconnues comme exceptionnelles et classées par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), des trésors d’église, de dévotion,  monétaires, …

** Historique du « TreM.a » :

L’ « Hôtel particulier de Gaiffier d’Hestroy », édifié vers 1730-1745, fut cédé, en 1950, par testament, à la Province de Namur, dans l’objectif d’y créer un « Musée des Beaux-Arts ».

Le « Musée des Arts anciens du Namurois » ouvrit ses portes en 1964, fruit d’un partenariat entre la Province de Namur et la « SAN », l’une mettant son bâtiment à disposition, l’autre ses collections médiévales et renaissantes.

Ces dernières, avant d’être valorisées dans ce musée, aujourd’hui appelé « TreM.a », furent brièvement présentée au « Musée de Groesbeeck-de Croix » – aujourd’hui nommé « Musée des Arts décoratifs » -, puis au « Musée  archéologique », sis, à l’époque dans la « Hall al’Chair », cette dernière accueillant, depuis le 20 juillet 2023, l’« Office de Tourisme » de la Ville de Namur.

** Exposition « Origines, Histoires de Trésors » :

Les oeuvres qui nous sont actuellement présentées au « TreM.a » proviennent, pour une grande majorité,  d’institutions religieuses ou d’églises. Elles sont arrivées dans les collections de la « SAN » par deux voies fondamentalement différentes : certaines, dont la valeur était reconnue par la communauté, ont été confiées, par les Fabriques d’églises, à la « SAN » pour que celle-ci assure leur conservation, leur sécurité et leur transmission aux générations futures ; d’autres, ayant perdu leur usage et éventuellement destinées à la destruction, ont été sauvées et revalorisées.

Parmi les oeuvres exposées, soulignons la présence de pièces d’orfèvrerie religieuse de haute valeur, réalisées par  Hugo d’Oignies (1178-1240) ou son atelier, implanté au sein du prieuré d’Oignies (l’actuelle Commune d’Aiseau-
Presles, sise en bord de Sambre).

Ce trésor d’orfèvrerie fut conservé et utilisé par les chanoines d’Oignies jusqu’à la dissolution de leur communauté, lors de la Révolution française, rejoignant, au début du XIXè siècle, la congrégation des Sœurs de Notre-Dame, à  Namur, qui ne l’ouvrit au public, sur rendez-vous, qu’après la seconde Guerre mondiale, avant que les Soeurs le cèdent, en 2010, à la « Fondation Roi Baudouin », qui le confie à la « SAN », en vue de sa présentation dans une salle du « TreM.a ».

Cette salle étant fermée, en raison de la rénovation intérieure de l’ « Hôtel particulier de Gaiffier d’Hestroy », la  plupart des pièces de ce trésor sont exposées, pour la première fois hors du pays, à Paris, jusqu’au dimanche 20 octobre, certaines étant présentées au sein de l’exposition temporaire namuroise, jusqu’au dimanche 29 septembre. Soulignons que le « Trésor d’Oignies », l’une des sept merveilles de Belgique, compte 32 pièces remarquables, classées, par la Fédération Wallonie-Bruxelles, comme « Patrimoine culturel mobilier exceptionnel ».

Dès le XIXè siècle, la « SAN » s’est attachée à préserver le patrimoine de la région namuroise, ayant pu compter sur de nombreux appuis individuels et, notamment, sur celui de Mgr. Nicolas-Joseph Dehesselle (1789-1865), évêque de Namur, pour qui « la ‘SAN’ était le plus sûr gardien de ce qui fut trop souvent abandonné par ignorance entre des mains mercantiles. »

Le premier ensemble présenté est issu de la léproserie des Grands Malades, également connue sous le nom  d’ « Ermitage de Saint-Hubert », sa première mention dans les archives remontant à 1210. Située en bord de Meuse, en aval de Namur, elle prend en charge les lépreux, qui s’organisent d’abord en communauté religieuse, avant qu’une confrérie laïque n’en prenne la gestion au XIVè siècle. Les bâtiments ayant été détruits en 1852, la  « SAN » s’attacha à préserver, autant que possible, leur riche patrimoine mobilier.

Ensuite, nous trouvons l’ensemble consacré à l’abbaye Notre-Dame du Vivier, sis à Marche-les Dames, qui fut géré
par une communauté de « saintes femmes », durant 550 ans, les moniales étant expulsées, en 1796, par les
révolutionnaires français, leurs biens étant confisqués, cet abbaye étant vendue comme bien national. Les religieuses y étant revenues, suite au décès, en 1856, de la dernière moniale, le mobilier de la communauté fut dispersé, plusieurs pièces entrant dans les collections de la « SAN », grâce, notamment, à l’impulsion donnée par  Mgr. Dehesselle.

Afin de valoriser l’impressionnant travail de restauration de la « SAN », évoquons une petite statuette polychrome, en bois de peuplier, de Saint-Eloi de Noyon, sculptée vers 1200, ayant reçu, au cours des siècles, huit polychromies successives, toutes très différentes, la plus récente datant du XXè siècle, celle que nous découvrons aujourd’hui étant la seconde, datant de la seconde moitié du XIIIè siècle.

Parmi les nombreuses autres pièces exposées, notons un rondel en verre, représentant « Bethsabée au Bain »  (1578), peint à la grisaille, au jaune d’argent et à la sanguine, ce type d’épisode biblique permettant aux artistes de peindre des nus féminins.

Autre pièce de choix, une afflige, en argent, de la « Corporation des Menuisiers » (1509), ce pectoral ayant été porté par le doyen de cette corporation, lors des assemblées ou cérémonies, le remarquable personnage central étant le patron de cette corporation, Saint-Mathieu, qui tient, dans sa main, une doloire, outil utile aux charpentiers, menuisiers et tonneliers, mais, également, instrument de mise à mort par décapitation, rappelant ainsi son martyre.  A noter que si cette afflige a été préservée, elle le doit à avoir été cachée par un membre de cette corporation,  les  révolutionnaires français les ayant réquisitionnés, la « SAN » ayant la chance d’en posséder sept autres.

Par ailleurs, en septembre 1866, des peintures sur panneaux en bois furent trouvées, à Walcourt, dans une salle localisée au-dessus de la sacristie de la collégiale Saint-Materne, par des membres de la Gilde de Saint Thomas &  de Saint Luc. Aujourd’hui, ces peintures de l’ « Annonciation » et la « Visitation » constituent de rares témoins de ce que fut la peinture sur panneaux dans nos régions vers 1400, avant le renouveau de l’art pictural initié par Jan Van Eyck (vers 1390-1441) et le Maître de Flemalle (Roger Campin/vers 1378-1444), ces témoignages n’existant plus qu’à une trentaine d’exemplaires à travers le monde.

Côté peintures, habituellement, une salle du « TreM.a » est réservée à des oeuvres d’un artiste né à Bouvignes-sur-Meuse, Henri Bles (vers 1500-vers 1550). Au sein de la présente exposition, nous découvrons « Saint-Jerôme dans un Paysage », une oeuvre peinte en duo avec l’artiste flamand Lambert van Noort (1510 ou 1520-1571).

Ayant ouvert ses portes en 1964, le « TreM.a » est le fruit d’un partenariat entre la Province de Namur et la  « Société Archéologique de Namur », l’une mettant son bâtiment à disposition, l’autre ses collections médiévales  et  renaissantes.

Soixante ans plus tard, le temps est venu pour le « TreM.A » – fort de ses collections, reconnaissant de la confiance de ses donateurs – de s’ancrer dans le XXIè siècle, justifiant ainsi les travaux de rénovation de son bâtiment principal, l’ « Hôtel particulier de Gaiffier d’Hestroy », tout en nous proposant, la présente exposition originale,  superbement scénographiée, de la « Société archéologique de Namur », organisée en partenariat avec la Province de Namur et le « TreM.a – Musée des Arts anciens ». Une passionnante découverte !

Ouverture : jusqu’au dimanche 29 septembre, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée : 5€ (2€50, en tarif réduit / 0€, pour les moins de 12 ans & les « Art. 27 », ainsi que les détenteurs du « MuseumPassMusées » et les membres « ICOM »). Fermeture de l’exposition : les samedi 14 & dimanche 15 septembre. Fermeture temporaire du « TreM.a » : du lundi 30 septembre jusqu’au Jeudi 14 novembre. Contacts : 081/77.67.54 & musee.arts.anciens@province.namur.be. Site web : https://www.museedesartsanciens.be/.

Notons l’organisation, le mercredi 25 septembre, à 14h et à 15h30, d’un « instant famille » intitulé « Contes et Histoires de Trésors ! », un petit goûter d’automne étant prévu, après trois petites haltes contées, programmées au sein de cette exposition, l’animation familiale, pour 12 personnes maximum, étant prévue pour les enfants de 3 à 6 ans.

Par ailleurs, des classes maternelles jusqu’à celles du secondaire (maximum 25 élèves), possibilité d’une visite guidée, suivie d’un atelier créatif. Prix (pour 2 heures, par classe) : 50€. Renseignements : profs@lasan.be &  081/84.02.01 ou 081/84.02.02.

Exposition temporaire du « TreM.a », à Paris, au « Musée de Cluny-Musée national du Moyen-Âge » « Merveilleux Trésor d’Oignies : Éclats du 13è Siècle », ouverte jusqu’au dimanche 20 octobre, du mardi au dimanche, de 09h30 à 18h15 (jusqu’à 21h, les 1ers et 3èmes jeudis du mois). Prix d’entrée : 12€ (10€, en tarif réduit / 0€, pour les moins de 26 ans & pour tous, les dimanches 01 septembre & 06 octobre). Adresse : rue du Sommerard, 28, 75005 Paris. Catalogue (Ed. « Faton »/broché/96 p./22 x 28 cm) : 22€. Contacts :  00.33.1/53.73.78.22. Site web : https://www.musee-moyenage.fr/.

Concernant l’ensemble des musées namurois, soulignons la réouverture, tant attendue, le mardi 03 septembredu « Musée archéologique » de la Ville de Namurau sein du « Pôle des Bateliers », où il trouve place, dans un  bâtiment à deux étages, habillé d’une verrière contemporaine, signée par l’architecte ixellois Jean Glibert (1938-2024), édifiée aux côtés du « Musée communal des Arts décoratifs », sis dans l’« Hôtel particulier de Groesbeeck-de Croix », construit au XIIIè siècle et réaménagé au milieu du XVIIIè siècle, sous la conduite de Jean-Baptiste Chermanne (1704-1770), architecte des Pays-Bas autrichiens et de la Principauté de Liège.

Yves Calbert.

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