« Un souffle du passé » par Maria Joséphine Gentgès - Blaise
Voilà un livre qui sera apprécié par ceux qui, Malmédiens comme l’auteure, auront vécu la seconde guerre mondiale à Malmedy, apprécié aussi pour l’histoire de cette petite ville qui - n’oublions pas - fut rattachée à la Prusse pendant 100 ans. Si l’aspect autobiographique prédomine dans le livre, on ne néglige point le côté historique du terroir. Et c’est là un des premiers mérites du recueil.
Maria Joséphine Gentgès-Blaise - en abrégé Maria Gentgès - est connue dans sa ville natale par son engagement public ( elle a fait partie du Collège Communal durant une bonne période) mais aussi en tant que guide nature. Ses préoccupations artistiques aussi, notamment au sein de l’association des Artistes et Artisans Amateurs Malmédiens,ont fait connaître son nom.
Il y a peu, elle a décidé d’entreprendre l’écriture de ce livre, « parce que, dit-elle, je me suis rendu compte que mon vécu n’était pas celui de tout le monde ». Née en 1933, la petite Maria a 6-7 ans au début de la guerre : trop petite pour réaliser les conséquences d’un tel cataclysme, mais grande assez pour ressentir l’ambiance omniprésente de peur et la profonde détresse des siens devant les horreurs de la guerre.
« Ce qui n’est pas écrit n’est pas dit »
Partant de ce sage précepte, si aujourd’hui Maria Gentgès a décidé de raconter son vécu, c’est également en pensant à d’autres personnes en situation dramatique comme le précise le mot de la narratrice : « Que ce témoignage soit un encouragement pour les peuples qui subissent les aléas de ce monde en mouvement perpétuel ! ».
Périodes de conflit poussés à l’extrême, les guerres laissent toujours des souvenirs dignes d’être consignés. La première année scolaire de la petite Maria sera en français. Ensuite, « nous poursuivons allègrement en allemand - raconte-t-elle, Discipline sévère - la latte sur la pointe des doigts… ». Ces lignes parleront certainement à beaucoup de nos concitoyens d’un certain âge. Puis, « le 11 septembre 1944, Malmedy fait la connaissance de l’armée américaine. Qu’ils sont jeunes et beaux, ces soldats venant de l’autre bout du monde…, ; un régiment s’établit Route de Falize, sous tente ». Autre souvenir : « Nous quittons notre maison pour nous réfugier dans les caves voûtées de l’ancien monastère. On s’y croit en sécurité mais le 24 décembre, tout se met à trembler, grondement de tonnerre, l’obscurité la plus totale, les chaudières éclatent, diffusant du CO² aux 200 réfugiés paniqués ». Quand votre vie ne tient qu’à un fil, cela vous marque à vie. Et que dire de ceci : « Mon oncle Louis, revenant de Russie, meurt des suites du typhus près de Mons, dans un camp de prisonniers. Sa femme, Paula, perd la vie lors des bombardements, brûlée vive au moment de l’impact. Elle mettait un gâteau au four …»
Les guerres … : Trouvera-t-on un jour un remède à la folie des hommes ?
Malmedy d’hier et d’aujourd’hui…
Le livre parle aussi des courageuses jeunes femmes qui, en temps de guerre, « assument » leurs familles, remplacent les hommes, nos usines marchent à tout casser, tant la Tannerie que la Papeterie, nous dit le livre.
Malmedy a aussi connu l’étrange de guerre de la Noël 44 quand, malgré la présence américaine, la ville fut bombardée par l’aviation américaine et anglaise ! Une erreur ?? Environ 250 victimes civiles - des Malmédiens et de nombreux militaires américains. En rappelant ces jours noirs de l’histoire, la narratrice trouve un bienvenu équilibre en évoquant également divers autres aspects ou personnalités de l’époque et d‘aujourd’hui comme « la Ferme Libert », « les Rythmes Boys », Jean-Hubert Cavens (fondateur de l’orphelinat), la piscine « Mon Repos », etc…
Le livre est en vente aux librairies Cunibert et « L’Aventure », ainsi qu’à la bibliothèque de la Ville, place du Châtelet 7.
Valéria Heinen « Les Echos »
A revoir ( copier - coller ) : Maria se terre à Malmedy bombardée 3 fois par erreur | Ardenne Web
facebook.com/dominique.theatre/videos/10219626624605222