A Uccle, "Around Art déco. Interbellum sculptures", au sein des "Maison et Jardins Van Buuren", jusqu'au 28 Septembre

A l’occasion d’un double anniversaire, ceux du centenaire du style « Art déco » et des 50 ans des « Musée & Jardins van Buuren », ces derniers nous attendent jusqu’au dimanche 28 septembre, pour découvrir une intéressante exposition, intitulée « Around Art déco. Interbellum Sculptures », qui nous plonge au cœur de l’évolution artistique de l’entre-deux-guerres, en prenant place dans un cadre d’exception, celui des « Musée & Jardins van Buuren », à Uccle.
Sous le commissariat d’Éric Hennaut, historien de l’architecture, et de Manon Magotteaux, historienne de l’art et conservatrice du « Musée van Buuren », cette exposition met en lumière des œuvres emblématiques – d’artistes belges et internationaux – de cette période charnière, marquée par des influences avant-gardistes, comme le « Cubisme » et le « Futurisme », et l’émergence du style élégant et moderne de l’ « Art déco ».
Érigée à Uccle, en 1928, par les architectes belges Léon Govaerts (1891-1970) et Alexis Van Vaerenbergh, la villa incarne l’essence même de l’ « Art déco », préservant son caractère international, influencé par les écoles hollandaise et française. Depuis sa création, en 1970, par Alice van Buuren, la « Fondation Musée & Jardins van Buuren » s’engage à préserver et partager ce trésor culturel. Ouvert au public depuis 1975, ce musée propose une programmation artistique variée, enrichissant ainsi le paysage culturel de la Région de Bruxelles Capitale.
Les « Jardins van Buuren », conçus par deux des plus éminents architectes paysagistes belges, Jules Buyssens (1872-1958), en 1924, puis, après le décès de David van Buuren, à le demande de son épouse, par René Pechère (1908-2002). De 26 ares, à l’origine, ces Jardins s’étendent, désormais, sur 1,2 hectares, mêlant, avec harmonie, éléments pittoresques et « Art déco ». Témoins de l’évolution du « Nouveau Jardin Pittoresque », ces jardins offrent une expérience immersive unique, à travers six espaces distincts, leur reconnaissance par l’ « European Route of Historic Gardens » témoignant de leur valeur culturelle, historique et artistique exceptionnelle.
Jusqu’au dimanche 28 septembre, dans ces « Jardins van Buuren », nous trouvons onze splendides sculptures, dont :
- « Le Caprice » (1913/bronze), d’Alfred Courtens (1889-1967), figurant une jeune fille dénudée sur une chèvre, oeuvre lauréate du « Prix Godecharle », l’hellénisme du sujet étant souligné discrètement par le sourire de cette jeune fille, évoquant celui d’une koré archaïque.
- « Torso » (1938/bronze), de Constant Permeke (1886-1952), qui avait plus de 50 ans, lorsqu’il mit ses pinceaux de côté, se consacrant totalement à la sculpture pendant deux ans. A noter que « Torso » nous est, ici, présenté, accrochée à un mur des « Jardins van Duuren » , comme elle le fut au mur de son atelier, à Jabbeke, la présente version étant l’une des trois, réalisées en bronze, actuellement connues.
- « Île de France sans Bras » (1925/bronze), d’Aristide Maillol (1861-1944), considéré, après le décès d’Auguste Rodin, en 1917, par certains critiques d’art, comme le plus grand sculpteur français vivant, ayant été inspiré, pour cette création, à la vision de sa soeur, Marie, allant se baigner dans la mer.
- « La Douleur » (vers 1931/pierre d’Euville), d’Yvonne Serruys (1873-1953), convaincue qu’en tant que femme, elle est mieux à même de saisir l’essence et la statique particulière du corps féminin libéré. Cette création – bras derrière la tête, poitrine en avant et yeux clos -, qui se trouvait encore dans son atelier à son décès, intégra donc le legs de l’artiste à sa ville natale, Menen, Auguste Maximilien Deschamps l’ayant décrite comme : « Douleur toute secrète, qu’exprime en profondeur le corps splendide, par les muscles détendus. »
- « Le Bébé » (1935/bronze), d’Idel Lanchelevici (1909-1994), une petite sculpture, représentative de l’humain dans sa vérité la plus simple et la plus expressive, cette figure de nourrisson évoquant l’innocence, la pureté et la fragilité de l’existence, des motifs récurrents que nous retrouvons dans ses créations monumentales, que nous pouvons admirer au sein du « Musée Lanchelevici », sis dans ‘ancien Palais de Justice de La Louvière.
- « Nymphe surprise » (1927/bronze), de Philippe Wolfers (1858-1927), dont nombre d’oeuvres de joaillerie sont exposées au « Musée Art et Histoire », alors qu’il s’adonna à la sculpture, dès 1907, la coiffure de sa « Nymphe surprise » étant inspirée de l’Egypte antique, cette oeuvre monumentale, fondue selon la technique de la cire perdue, représentant une femme, au regard inquiet, créée dans une posture dynamique et gracieuse.
- « Torse de la Ville détruite » (1947/ le modèle exposé datant de 1963/bronze), d’Ossip Zadkine (1888-1967), une sculpture de 6 mètres de hauteur, aux membres fragmentés et disloqués, la tête hurlant vers le ciel, commémorant le bombardement de la Ville de Rotterdam, en1940, l’artiste, d’origine juive, ayant dû s’exiler aux Etats-Unis, dès 1941, écrivant dans son livre « Le Maillet et le Ciseau » : « très haut son horreur et sa fureur, concernant les abominables pensées et les gestes indignes des hommes guerriers. »
- « Puits aux Lévriers » (1925/bronze), d’Arthur Craco (1869-1975), une frise de lévriers squelettiques assis, d’allure triste, lauréate, en 1925, d’une médaille d’or, à l’ « Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels », alors qu’elle ornait le jardin du Pavillon de la Belgique. Propriété de la Ville d’Ixelles, depuis 1953, nous pourrons la retrouver, après le dimanche 28 septembre, sur son puits original, en grès, sur la place Fernand Cocq.
Cette frise de lévriers étant présentée près de l’entrée du « Musée Van Buuren », pénétrons dans cette superbe demeure, où 25 sculptures (16 au rez-de-chaussée et 9 au premier étage), aux dimensions, forcément, plus réduites. sont exposées jusqu’au dimanche 28 septembre, dont :
- « Au Soleil » (1911/bronze), de Rik Wouters (Henry Wouters/1882-1916), restituant une pose prise, au soleil, par Nel, son épouse.
- « Femme au Chapeau » (1925/plâtre), de Jean Canneel (1889-1963), une sculpture qui fut achetée par le « Musée des Beaux-Arts », à Ixelles, pour la modernité des vêtements, le caractère très libre de l’attitude, avec un chapeau et une écharpe, masquant en partie son visage, la simplification des volumes, en faisant une image forte et originale, incarnant pleinement son époque.
- « Le Dégénéré » (1935/bronze), de Oscar De Clerck (1892-1968), qui fut directeur de l’ « Académie des Beaux-Arts », à Leuven, à une époque où divers artistes étaient qualifiés de « dégénérés », le présent buste, atypique dans son oeuvre, ayant ses yeux tournés vers le côté et sa bouche entrouverte, pouvant évoquer le doute, l’ignorance ou la timidité, suggérant que ce personnage n’osait pas révéler sa véritable nature.
- « Esprit doré » (1929/bronze doré), d’Adolphe Léopold Ledel (1893-1976), une oeuvre composée de deux petites sculptures décorant la cheminée.
- « Le Joueur de Flûte de Pan » (1923/bronze), de Jozef Cantré (1890-1957), qui, à l’instar d’Ossip Zadkine, sculpte des formes compactes et fermées, guidé par le respect du matériau, sa présente sculpture appelant à un monde nouveau et meilleur.
- « Tête de Jeune-Fille » (1927/bronze), d’Oscar Jespers (1887-1970), qui fut nommé par Henry van de Velde, professeur à l’ « Institut supérieur des Arts décoratifs La Cambre ».
- « Madengele » (1938/granit), de Jeanne Tercafs (1898-1944), première femme ayant obtenu une bouse d’études du « Ministère belge des Colonies », pour une mission de longue durée, au Congo, qui fut critiquée pour avoir vécu à l’écart du monde colonial, préférant séjourner dans le territoire d’un chef Yogo, ce qui lui permit d’établir des relations étroites avec ses modèles, réalisant des oeuvres élégantes et vigoureuses, la présente sculpture, empreinte de dignité et de noblesse, provenant des réserves de l’ « Afica Museum », à Tervuren.
- « Squalers » (vers 1930/bronze), de Rachel Margarita van Dantzig (1878-1949), une cousine de David van Buuren, cette oeuvre étant décrite en ses mots, par un critique d’Art du « Vingtième Siècle » : « des groupes de poissons s’échelonnant dans l’espace, …, tels qu’on les voit derrière la vitre de l’aquarium. »
Outre ces sculptures, présentées dans le cadre de la présente exposition, cet intérieur d’exception nous permet de (re)découvrir une collection permanente d’une valeur inestimable, composée de mobilier rare, d’autres sculptures, tableaux de maîtres, de tapis signés et de vitraux, nous offrant une plongée fascinante dans l’histoire de l’Art, cette maison, véritable joyau architectural, étant demeurée intacte, au fil des ans, préservant ainsi l’intégrité de l’ensemble « Art déco » (Rik Wouters/
Soulignons que cette collection permanente d’œuvres d’Art reflète fort bien le goût des premiers propriétaires, Alice Piette-van Buuren (1890-1973) et David van Buuren (1886-1955), nous offrant un panorama captivant de l’Art, aux XVè au XXè siècles. Elle nous présente des chefs-d’œuvre belges et internationaux, nous permettant de découvrir l’esthétique singulière des van Buuren, … dont nous découvrons la vie, au premier étage, grâce à la projection d’un intéressant court métrage d’animation.
Ouverture de cette exposition temporaire : jusqu’au dimanche 28 septembre, du mercredi au vendredi, de 14h à 17h30, les samedis, dimanches & lundis, de 13h30 à 18h30. Prix d’entrée : 17€ (14€, pour les membres d’un groupe / 10€50, pour les étudiants / 1€25, pour les « Art. 27 »). Visites guidées pour des groupes (de 10 à 15 personnes, sur réservations) : du mercredi au lundi, à 10h & 11h30. Catalogue (sous la direction d’Eric Hennaut & Manon Magoteaux/broché/82 p.) : 24€. Adresse, à Uccle : avenue Léo Errera, 41. Transports en commun de la « STIB » : trams 4, 7 & 10 (arrêt « Chuchill ») / bus 38 & 60 (arrêt « Cavell »). Contacts : info@museumvanbuuren.be & 02/343.48.51. Site web : https://www.museumvanbuuren.be/.
** Conférence de la « Brussels Art Deco Society » : sous chapiteau, dans les « Jardins van Buuren », le lundi 12 mai : « Il y a 100 ans : La Belgique à l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de Paris, 1925 », donnée par Werner Adriaenssens, conservateur des Collections du XXè siècle, du « Musées Art & Histoire » & professeur à la « VUB ». Prix d’entrée (incluant une boisson) : 25€.
** Soirée musicale « Éclats Art Déco », dans le cadre du Festival « Art Deco at Home », en collaboration avec « La Monnaie », le jeudi 15 mai, avec la mezzo-soprano Marie-Juliette Ghazarian, la soprano Gwendolyn Blondeel et le pianiste Ouri Bronchti, qui nous présenteront un programme de 75 minutes, mettant à l’honneur la diversité musicale de la période « Art Déco ». Prix d’entrée : 26€.
** Rencontre poétique, en collaboration avec « Les Midis de la Poésie », le samedi 28 juin, avec les voix de Charlie Demoulin, Eva Mancuso & Clarisse Michaux, leurs textes, conçus pour l’occasion, tissant un dialogue entre architecture, nature & poésie, leurs mots résonant au cœur de cet écrin de verdure et d’histoire.
** Exposition « La Mode des Années 1920-1930 », du jeudi 06 novembre 2025 jusqu’au lundi 02 février 2026, en collaboration avec le « Musée Mode & Dentelle », une exploration de l’évolution de la silhouette féminine, à l’ère de l’ « Art déco », avec l’exposition d’une sélection de vêtements et d’accessoires d’époque.
Yves Calbert, avec des extraits du catalogue.