Sauvons la banane !!
Un puissant champignon s’attaquant aux plantations de bananes pourrait rayer le fruit de la surface terrestre, révèle une nouvelle étude parue dans la revue PLOS Pathogens.
Le parasite, nommé Tropical Race 4, sévit depuis des décennies dans le sud-est de l’Asie. Au cours des dernières années, le parasite se serait transporté jusqu’au Moyen-Orient et pourrait éventuellement atteindre l’Amérique du Sud, où sont produites la plupart des bananes consommées dans le monde.
Il n’y aurait d’ailleurs pas moyen d’arrêter la propagation du parasite, ni même de la contenir.
L’histoire se répète
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la banane est menacée de disparition. Comme l’explique le Washington Post, qui relaie l’étude, le parasite Tropical Race 4 constitue en fait une mutation plus puissante d’une maladie ayant fait rage il y a une cinquantaine d’années: la maladie de Panama.
La maladie de Panana est responsable de la disparition de la banane Gros Michel, la seule variété du fruit qui était alors exportée partout dans le monde. Apparue en Australie, cette maladie fongique était à ce point ravageuse que la banane Gros Michel a presque complètement disparu, et ce, en à peine quelques décennies.
La banane Cavendish menacée
Le parasite Tropical Race 4 s’attaque pour sa part aux plants de bananes Cavendish, la variété du fruit qui est vendue dans pratiquement tous les supermarchés (cette variété représenterait 99 % du marché mondial de bananes). Ironie du sort: c’est parce qu’elles résistaient à la maladie de Panama que les bananes Cavendish en sont venues à dominer le marché.
D’ailleurs, la manière dont la banane est cultivée pourrait expliquer pourquoi la maladie de Panama – et sa plus récente mutation – est si menaçante et dévastatrice.
En effet, partout sur la planète, les bananes vendues commercialement sont identiques (ou à peu près). Étant des clones les uns des autres, aucun plant ne serait en mesure de combattre efficacement la maladie.
Par ailleurs, pour assurer la survie de la banane, plutôt que de développer de nouvelles variétés, les chercheurs recommandent de revoir complètement nos modes de production.
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La disparition inévitable de la banane Cavendish
La concurrence féroce sur le marché pour le fruit le plus populaire sur la planète est confronté à un revirement désastreux : la banane, telle que le monde entier la connaît, se meurt.
La banane Cavendish est la huitième plus importante culture sur la planète et la quatrième plus essentielle pour les pays en développement, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cependant, elle se meurt, et il y a très peu à faire pour contrer cette éventualité. Le fusarium, ou maladie de Panama, est une maladie incurable qui a d’abord touché les cultures de bananes en Asie et qui a commencé à se répandre dans d’autres régions du monde. La quarantaine est la seule façon de lutter contre la maladie, mais jusqu’à maintenant, tous les efforts pour contenir la maladie de Panama n’ont pas porté leurs fruits.
« La banane, telle que le monde entier la connaît, se meurt »
La propagation de la maladie de Panama ne peut être contenue
Le problème est que la banane Cavendish est une monoculture — elle ne se reproduit pas sexuellement. L’infection peut se répandre rapidement par l’entremise des clones génétiques qui constituent la culture de bananes mondiale, et les fruits sont sans défense en raison de la nature même de leur existence. L’éclosion en cours de la maladie de Panama, aussi appelée champignon de souche dite « Tropical Race 4 », a été identifiée dans les années 1990, même si son existence était soupçonnée depuis longtemps, mais la réaction de l’industrie a été neutralisée. L’épidémie qui a commencé il y a environ deux décennies à Taïwan s’est propagée jusqu’en Chine, en Indonésie, en Australie, en Malaisie et au Moyen-Orient. Les efforts de quarantaine ont peu contribué à enrayer la propagation. L’Afrique et l’hémisphère ouest semblent être les prochaines destinations de la maladie de Panama. Ceci signifie que le champignon catastrophique se rapproche de l’Amérique latine, où se trouve près de 70 % de l’industrie mondiale de l’exportation de la banane , évaluée à 8,9 milliards de dollars par année, selon Quartz.
Si l’espoir est en baisse pour la banane Cavendish, l’extinction du fruit, et de l’impressionnant marché mondial qu’il alimente, n’est pas un fait accompli. La souche dite « Tropical Race 4 » est vraisemblablement liée à la souche dite « Tropical Race 1 », qui a jadis éradiqué la variété de bananes la plus populaire au monde, la banane Gros Michel. La légende veut que la Gros Michel, l’ancêtre de la Cavendish, était résistante, avait un somptueux goût crémeux et durait plus longtemps avant de s’avarier. On considère également qu’elle était un meilleur produit que la Cavendish. De la même façon, la Cavendish est considérée comme étant supérieure à plusieurs autres variétés de bananes. Elle n’a pas de graines, sa pelure est résistante et elle est productive. Son principal avantage par rapport à la Gros Michel était qu’elle résistait au champignon de souche dite « Tropical Race 1 ».
Une industrie d’exportation multimilliardaire à risque
Au cours de la propagation sur des décennies de la souche dite « Tropical Race 1 », le champignon a causé des ravages évalués à 18,2 milliards de dollar, en dollars d’aujourd’hui, rapporte Quartz. La souche dite « Tropical Race 4 » a déjà produit des ravages évalués à 400 millions de dollars dans la région des Philippines seulement. Contrairement à son prédécesseur destructeur, la dernière lignée du champignon touche beaucoup plus que la banane Cavendish — la majorité des cultures de bananes dans le monde est assujettie à la maladie.
Avec une industrie d’exportation multimilliardaire qui risque de s’effondrer, le seul espoir semble la découverte d’une solution de rechange pour la Cavendish. À ce rythme, la recherche d’une solution de rechange semble inévitable. Il faudra trouver une banane qui peut survivre aux rigueurs de la distribution sans trop s’abîmer, qui ne contient pas de graines dures, qui est suffisamment productive pour satisfaire la demande mondiale pour ce fruit et qui ne fait pas trop de concession en matière de goût.
La Cavendish est un produit international de première nécessité autant pour les vendeurs de rue que les sociétés multinationales, mais d’ici quelques décennies, elle ne sera probablement rien d’autre qu’une histoire que les gens racontent à leurs petits-enfants qui, eux, semblent destinés à manger une variété inférieure des bananes que le monde déguste aujourd’hui.