René dislaire. Mon art poétique. Le haiku
Mon art poétique. Le haiku
Livre IV, Chapitre XIX
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Livrez-vous aux haikus
C’est toujours un bon coup
Meilleur dit-on que Suzon
Par derrière les fortifications.
Bien sûr tout haiku bien séant
Doit sentir le Soleil levant.
Il ne sera toutefois jamais à la noix
Car les règles du haiku,
C’est pour beaucoup
Du chinois.
« Trop de code tue le code »
A décrété l’empereur Commode
Dont le buste est mi-homme mi-Hercule
Sorte d’hommage à ses testicules.
Cette impériale considération
Vaut certes une vive acclamation.
J’ai lu dans un nippon grimoire
(Le nom de l’auteur a quitté ma mémoire)
Qu’une idée buissonnière bien tournée
Vaut mieux que par des contraintes amidonnées.
Dans les haikus certains sujets sont de rigueur
À qualifier d’antidépresseurs.
On y parle de pluie ou bien de larmes
De fleurs modestes couleur parme
De l’odeur du lilas et des camélias
Des roses qu’on ne cueillera pas
De la fenaison à la saison sèche
De doux tissus plutôt que rêches
De feuilles frémissantes, voire
Du harmattan qui souffle en Côte d’Ivoire.
Un bon haiku c’est un instantané
Aux dires de Monsieur Fuji le Japonais
Et du ricain inventeur du Polaroïd
Ainsi nommé pour rimer avec Valladolid.
Un haiku capte et rend les émotions
Aussi bien que de Marc Aryan les microsillons.
Fulgurance, n’est pas affiner du vieux pané
Ni mettre en fosse deux mois du cuir à tanner.
Un bon haiku, c’est Marlène Dietrich fournisseur
D’un coup de fouet impressionnant de douceur.
La disposition d’un haiku suit la règle de trois
Vers. Il serait faux de dire qu’il n’y en guère de trois,
En Champagne, aux îles de Pâques et de La Trinité
Tant cette règle est partout respectée.
Son nombre de pieds est de dix-sept toujours,
Chéri, chéri, baisse un peu l’abat-jour
Que je me concentre en soigneuse fille
Sur du vélin pour faire de la calligraphie.
Étrange qu’ainsi cultiver l’impair
Donne à notre monde un autre air.
Nos oreilles sont habituées
À ouïr d’hexasyllabiques hémistiches
Même dans la langue dite parlée,
C’est dirons-nous un prononcé fétiche.
Ainsi s’est faite une euphonie
De mots créant une harmonie.
Et les poètes y ont mis des rimes
C’est le secret de leurs œuvres sublimes.
Il ne faut point s’étonner qu’un 5/7/5 alors
Soit un coup de pied dans la fourmilière,
Qu’il chahute notre habituel décor
Le cocon de nos auditions familières.
Oh ! Que merveilleuse est la recette
Des surprises pimentant d’exquis 5 et 7.
Un haiku à rallonge est un tanka
- Peu de rimes sinon tapioca-
Pondre tant souvent autant de versets
On convient à dire que c’est
Difficile, car tanka la cruche à l’eau
Qu’à l’auteur nuitamment téléphonent
De facétieux anonymes épigones
Monsieur Lacruche ? Allô ?
Le haiku est-il fait pour les fainéants ou pas ?
Question cruciale, grand embarras,
Y répondre est toujours une gêne
À faire pleurer comme une Madeleine.
On n’en parle que sous le manteau
Ou dans les tripots d’intellos.
On dit que c’est une question de tempérament
Certains font vite, d’autres ramant.
Il n’est pas dit pourtant que les plus pointilleux
Aboutiront au plus gracieux.
Des malins font même exprès
Négligemment des fautes de français
Pour faire croire à leur lectorat
Que leur poème coule de source
Que sans effort s’est faite leur course
Le temps d’un hourrah ! hourrah !
La question méritait d’être posée
Que chacun réagisse à son idée.
En tout cas nous ne trancherons pas,
Cela pourrait conduire au trépas,
Dans un monde sans cesse en ébullition
Où chacun est candidat à une élection.
René Dislaire © Publié sous pseudonyme le 30.04.2017
Fantaisie. Le haïku est la transposition d'un poème japonais en trois vers de 5, 7, et 5 pieds. Quand on sait cela on ne sait pas grand chose. Un auteur célébrité belge: l'ancien Premier ministre Herman Van Rompuy.