Portrait d’un grand randonneur : Jean-Pierre Englebert : « L’Histoire des sentiers de randonnée »
Suite de la série de portraits dédiés aux randonneurs qui souhaitent parler de leur pratique et partager un bout de leur expérience. Aujourd’hui, la parole est laissée à Jean-Pierre Englebert, un historien des sentiers de randonnée. ( Rando Pour les Nuls )
Bonjour Jean Pierre, peux-tu te présenter en quelques mots ?
La randonnée pédestre est un loisir permettant de découvrir la nature, l’environnement, une région, une rivière, un col en montagne. Dès mon enfance, je campais à l’âge de 2 ans en Ardenne. Mes parents m’ont donné le goût de la randonnée pédestre et l’amour pour la nature. Ils se sont connus dans les mouvements de jeunesse issus du Touring club de Belgique. Vers 1950, les mouvements associatifs se sont remis en marche : les ajistes, les amis de la nature, les groupements de jeunesse, le scoutisme, le camping, l’hébergement en tourisme social. A cette époque de 1950 à 1960, les transports en commun étaient largement utilisés par les nombreux adeptes de la randonnée pédestre. J’ai commencé à randonner en groupe à l’âge de 5 ans lors d’un rallye pédestre en Ardenne.
A partir de 1966, je participais à toutes les randos du dimanche avec mes parents dans une association pédestre issue de divers mouvements de jeunesse de l’après- guerre.
Cette jeunesse m’amènera à lire les cartes IGN, à avoir le sens de l’orientation, à découvrir la géographie et l’histoire de nos régions, connaître les sentiers, chemins, les ruisseaux, la montagne.
Mon père Jean Englebert, ayant intégré les guides de l’association, je ne pouvais que suivre la même trace. C’est à l’âge de 10 ans que j’organisais ma première balade.
Nous participions activement aux diverses organisations des sentiers de grande randonnée en Belgique : rallyes pédestres, collectives où nous pouvions être plus de 200 participants, aux weekends en auberge de jeunesse, dans les maisons des amis de la nature.
De 1970 à 1980. Nous campions l’été en Ardenne en découvrant les nombreux sentiers GR. Les vallées de la Vesdre, de l’Amblève, de la Salm, de la Semois, etc n’ont plus de secret.
Je me suis retrouvé dans au balisage des sentiers de grande randonnée en Ardenne. Le temps des vacances était consacré au balisage dans la région de Trois Ponts et Vielsalm. La vie associative au sein des sentiers GR se résumaient à soutenir tous les projets de créations de sentiers pédestres en Wallonie et en Flandres. Tout cheminement pédestre nécessitant de très longues préparations, déplacements, rencontres informelles, etc. Dès l’âge de 16 ans, j’aspirai à prendre moi-même en charge les loisirs au travers de divers groupes de jeunes.
Après le service militaire, j’avais 20 ans. Lors d’un réveillon de la Noël, je pris le pas avec « le groupe jeunes » des amis de la nature de liège. C’était un groupement régional de la jeunesse.
Les amis de la nature sont un mouvement international de tourisme social créé à Vienne en 1895 pour faire sortir la classe ouvrière des usines afin de découvrir la nature.
Leurs slogans : Berg Frei, montagnes libres.
Nous avions lancé début des années 1980 un projet de sentier GR en Belgique. Ce projet non réalisé aurait permis la collaboration entre des clubs de marche, les amis de la nature, ainsi que la présence d’un guide nature professionnel.
Les amis m’encouragèrent à la lecture de magazines de loisirs consacrés à l’alpinisme, la montagne, la randonnée pédestre itinérante.
Je suivis alors traces de ces nombreux récits de voyage pédestre. J’ai effectué : le Tour du Mont Blanc, la Grande Traversée des Alpes, le GR 20 Corse. Encadrement avec des accompagnateurs de rando plusieurs fois, en groupe informel ou encore avec des amis connus en montagne, j’ai parcouru la France, l’Italie, l’Allemagne, …
Dès 1975, des vacances en groupe dans le massif du Mont Blanc et d’années en années, les vacances s’effectuèrent à la montagne.
J’ai pu découvrir les auberges de jeunesses, participer à une formation d’accompagnateur de randonnée pédestre en moyenne montagne, participer à la vie associative de mouvements de jeunesse, au tourisme, la communication au sens large du terme.
En 1987 je créais avec des amis randonneurs les jeunes amis de la nature de la fédération wallonne. Cette même année, j’étais membre du conseil d’administration de la Fédération Wallonne des AN. En mars 1987, je collaborais à la fête des sentiers à Ath en collaboration avec la section locale. Une participation de plus de 500 randonneurs.
Il est impossible d’énumérer tout ce travail effectué bénévolement.
Maintenant à la retraite, j’encadre des balades, visites touristiques sur un site dédié aux loisirs. Cette formule permet de ne pas être tributaire d’une structure quelconque.
Je suis également Greeter en région liégeoise, sorte de guide encadrant les touristes à titre bénévole.
Depuis l’élaboration de divers articles sur l’historique de la randonnée, je suis passionné de l’histoire. Ceci m’apportant beaucoup de plaisirs lors des recherches en bibliothèques, la rencontre de diverses personnes passionnées comme moi par l’histoire…
- Peux-tu nous parler plus particulièrement de ton parcours d’historien de la randonnée ?
Je ne me considère pas comme historien de la randonnée. Le terme chercheur archiviste me convient le mieux. Depuis ma retraite, il y a 4 ans environ, l’envie de consacrer mon temps à l’histoire m’est venu. Ayant pratiquement une expérience de plus de 55 ans, je suis à la hauteur de ces recherches.
J’ai connu toute l’historique des sentiers de grande randonnée et par la lecture des divers mouvements de plein air… Je ne pouvais laisser dans l’oubli ces mémoires du passé. J’ai fréquenté les nombreuses bibliothèques, consulter les personnes s’occupant de tourisme, d’archives et de l’histoire. La recherche s’est faite également par internet.
Une demande faite par les SGR de collaborer à un article sur l’histoire de la marche m’a amené à proposer mes services comme ébauche du tourisme pédestre aux sentiers de grande randonnée fêtant cette année, en 2019, ses 60 ans d’existence.
Nous avons pu trouver traces de sentiers balisés en 1942 en forêt de Fontainebleau, de la création en 1864 d’une association allemande de tourisme pédestre en Forêt Noire, puis par après le Club Vosgien.
En Belgique, début du 20ème siècle un réseau de sentiers et chemins existaient dans l’Est de la Belgique qui était Prusse à cette époque avant 1919.
Avant 1914, un réseau de plus de 500 km fut balisé en Ardenne, les chemins des touristes du Vieux Liège en collaboration avec Charles Comhaire.
Le Touring Club de Belgique fut à la base des sentiers touristiques à travers les Ardennes, plus de 1000 km de sentiers balisés avant 1940. Maurice Cosyn en fut le promoteur et le pionnier de la randonnée pédestre en Europe.
- As-tu constaté une évolution chez les pratiquants (l’influence, la manière de randonner, les raisons de randonner…) ?
Avec l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux, la communication est plus facile. On n’est plus à l’époque où l’on doit lire des livres, magazines, ouvrages… à la recherche de l’information. Beaucoup de randonneurs ont des blogs, sites et pages Facebook offrant une information efficace aux nombreux internautes.
La randonnée peut se concevoir en petits groupes, entre amis, en famille. L’aspect groupe, club de randonneur, être membre d’une fédération sportive est toujours recherchée. On randonne pour sa santé, pour être en groupe, pour découvrir la nature, l’environnement, une région touristique, les châteaux, les rivières et à l’étranger en vacances, la montagne.
Quand l’âge de la retraite arrive, on envisage le plus d’activités possibles pour se détendre. D’autres recherchent le bénévolat comme le balisage des sentiers GR, guider des balades en ville ou à la campagne.
Le tourisme pédestre au sens large du terme est une activité enrichissante à tous les points de vue. Il suffit d’être motivé et avoir la volonté de découvrir, d’apprendre.
Via le BANFF, nous rencontrons d’autres personnes plus sportives, d’autres sont là pour découvrir d’autres sports que la rando. Etre bénévole nous fait connaître tous les participants tout en découvrant avec eux les divers reportages. On est en dehors de la simple randonnée pédestre.
- Une expérience à nous partager ?
Pour moi , le meilleur souvenir est le massif du Mont Blanc et la vallée de Chamonix. Je l’avais déjà découvert avec les classes de neige quand j’avais 11 ans. Le Tour du Mont Blanc reste un trekking faisant parcourir 3 pays dont l’Italie, la Suisse, la France.
La première approche de la montagne fut un séjour de 15 jours en logeant sur place au centre de vacances des amis de la nature. Voyage organisée par les randonneurs liégeois. Par après nous avons effectué de nombreux séjours dans la région et en Italie ,Val d’Aoste et les Dolomites.
En 1982 , j’ai fait une chute à l’entrainement après 500 mètres. Je me suis décidé de la refaire en 1984 avec un encadrement professionnel. Nous avons connus par après de nombreuses rencontres entre une grande partie des participants. En 1987 , j’ai fait le tour du Mont Blanc avec les jeunes amis de la nature de France.
Nous nous sommes connus à une rencontre internationale où nous campions. L’idée est venue lors de cette activité internationale. Tout c’est bien déroulé malgré que c’était une première expérience pour moi-même d’encadrer avec des amis le groupe.
L’ayant fait, je connaissais les difficultés de l’itinéraire pédestre. Nous campions ce qui demande plus de poids. J’avais un sac de 18 kilos, un peu trop …
L’équipement a fortement évolué et nous aurions pu éviter cette surcharge en mettant le principal. Mais on ne pense pas toujours au poids… Il aurait été plus sage de se concerter tous et de décider ensemble du maximum à prendre.
- Un dernier mot ?
La promenade, la balade, la randonnée, la grande randonnée sont souvent les termes utilisés.
Quel que soit le nombre de kilomètres parcourus, le nombre d’heure où l’on marche…
Cela n’est pas important.
Sortir de chez soi, prendre l’air, se donner la peine de randonner malgré la pluie, la réalisation d’un rêve comme les pèlerinages doivent nous apporter un plus dans la vie active de tous les jours…
La montagne doit rester un endroit où chacun peut trouver son bonheur. Il est nécessaire de préserver le plus possible ces magnifiques endroits.
La randonnée pédestre doit se concevoir comme un délassement et une envie constante de découvrir la nature, l’environnement.
Faites de nombreux projets dont vous rêver, concrétisez les en parcourant les montagnes de France et d’ailleurs.
Nous vous souhaitons de belles escapades pédestres.
Jean-Pierre Englebert ( Extrait de « LA RANDO POUR LES NULS » du 06-09-2019·)
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N.B. Il y a autant d'expérience de la randonnée que de randonneur. Et aucune n'est à négliger. Si vous souhaitez également partager la vôtre, vous pouvez me contacter directement sur La Rando Pour Les Nuls ou par mail à LaRandoPourLesNuls@gmail.com
A revoir :
- Historique lié au sentier GR5 et à l’association « les Sentiers de Grande Randonnée »
- Les origines de la randonnée