A Namur, au "Théâtre Royal" : "Je crois que dehors c’est le Printemps", jusqu'au 30 Mars

écrit par YvesCalbert
le 20/03/2024

« Un manifeste pour la vie comme pour le théâtre », pouvions-nous lire dans « Télérama ».

A Namur, sur la scène du « Studio », au « Théâtre royal », ouvert dès 1824, nous pourrons découvrir, jusqu’au samedi 30 mars, une pièce, inspirée de faits réels, de et avec Gaia Saitta, mise en scène par elle-même & Giorgio Barberio Corsetti : « Je crois que dehors c’est le Printemps”. 

Recommandée dès 15 ans, créée en 2022, au « Théâtre National Wallonie-Bruxelles », en coproduction avec « Les Halles de Schaerbeek », cette pièce impressionna le public et la presse, en 2023, au « Théâtre des Doms », durant trois semaines, au « Festival d’Avignon ».

Soulignons que cette pièce, inspirée du livre de la journaliste italienne Concita de Gregorio, fut créée en  concertation avec Irina Lucidi – maman de deux petites filles jumelles, Alessia & Livia -, qui, mariée en Suisse, vit son monde s’effondrer, le 30 janvier 2011, jour où son époux disparut avec leurs enfants, alors âgées de 6 ans, qui, à ce jour, n’ont jamais été revues, le corp du père ayant été retrouvé, quelques jours plus tard, en Italie.

Au théâtre, seule actrice en scène, Gaia Saitta – diplômée, en 2003, du « Conservatoire national d’Art dramatique S. D’Amico », à Rome – se révèle être solaire, impressionnante de justesse, donnant corps aux émotions d’Irina  Lucidi , suspendue entre l’abîme de la tragédie et le désir de vivre à nouveau. 

Sur la scène du « Studio », deux écrans, l’un rectangulaire, posé sur le sol, l’autre carré, suspendu à trois mètres.

Un système vidéo prévoit deux caméras : l’une, sur pied, est maniée parGaia Saitta, et l’autre, cachée dans un chariot, sous un plateau transparent, permettant de filmer, en contre-plongée, les actions de l’actrice.

Gaia Saitta choisit, parmi le public, neuf personnes prêtes à l’accompagner dans la reconstitution de l’histoire. Elle distribue les rôles et les invite à partager la scène avec elle et les installe chacun·e sur une chaise, à la place prévue pour le rôle qu’ils vont interpréter. Au fil du spectacle, les participant·es sont interpellé·es et filmé·es.

Les images ainsi récoltées (bustes, mains, visages…) sont combinées avec d’autres images, pré-enregistrées, signes, mots, jusqu’à tracer une sorte de cartographie intime du personnage central.

De cette manière, les cauchemars, les fantasmes et les rêves d’Irina Lucidi vont apparaître. Grâce au dispositif vidéo, les images sont projetées sur les deux écrans, qui deviennent des fenêtres ouvertes sur le monde intérieur de la protagoniste.

La narration est non-linéaire. Elle se déplace dans le temps, comme s’il n’existait ni avant, ni après, mais un ici et maintenant.

Gaia Saitta ne prétend pas raconter la véritable histoire d’Irina Lucidi, mais souhaite retracer son parcours, son combat de tous les jours. C’est la raison pour laquelle, dans cette adaptation théâtrale, cette brillante actrice rompt les conventions théâtrales classiques, en invitant le public à jouer un rôle quasi-muet, à devenir les porteuses porteurs des fragments de vie de la protagoniste.

Puissante d’un droit au bonheur qu’elle doit se réapproprier, Irina se livre dans toute son humanité, avec une grande beauté, presque scandaleuse. Après ce drame, comment accepter d’être à nouveau touchée par l’amour ? Et de déclarer : « Je croyais avoir beaucoup aimé et que je n’aimerais plus jamais. J’avais tort. »

Dans ce spectacle, Gaia Saitta ne prétend pas raconter la véritable histoire d’Irina Lucidi, mais souhaite retracer son parcours, son combat de tous les jours, en nous invitant à nous interroger sur cette expérience de vie à la limite du paradoxe de l’existence. Elle approfondit ainsi, de manière subtile et délicate, la thématique de la relation à l’autre qui est déjà au coeur de cette tragédie moderne.

Avis de la presse :

* pour « Le Soir » : « Ce pourrait être sombre mais, comme la promesse esquissée par son titre, Je crois que, dehors, c’est le printemps tente constamment de lorgner vers la lumière, malgré l’insoutenable réalité. Parce qu’Irina, comme toutes les survivantes, a finalement choisi la vie. »

* pour « Télérama » : « La présence flamboyante de Gaia Saitta et la maîtrise de son art nous emportent dans le passé d’ Irina Lucidi et nous offrent un grand moment d’empathie, sans jamais sombrer dans le pathos ou l’émotion facile.« 

* pour « Le Bruit du OFF Tribune » : « La présence flamboyante de Gaia Saitta et la maîtrise de son art nous emportent dans le passé d’Irina Lucidi et nous offrent un grand moment d’empathie sans jamais sombrer dans le pathos ou l’émotion facile. »

« Elles sont en train de jouer chez des amis, je les emmènerai à l’école demain matin. Tu iras les chercher. C’était le 30 janvier 2011. Je ne les ai plus jamais vues », disait Irina Lucidi, s’adressant à son mari.

Représentations : jusqu’au samedi 30 mars, à 19h (à l’exception des dimanche 24 et lundi 25 mars). Prix d’une place : 18€, dès 36 ans (15€, de 27 à 35 ans) / 11€, jusqu’à 26 ans inclus / 1€25, pour les « Art. 27 »). Contacts :  081/22.60.26 & billetterie@theatredenamur.be. Site web (avec possibilité de réserver) : https://www.tccnamur.be/.

Yves Calbert.

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