l’ortie fraîche pour soulager la prostate
Messieurs, voici la plante qu’il vous faut. Regardez bien cette image et essayez de deviner ce que c’est : Stalactites ou stalagmites ? Un dos de hérisson ? Un zeste de citron ?
Pas du tout.
Cette aiguille recouvre la surface d’une « mauvaise herbe » bien connue.
Terreur des randonneurs aux mollets découverts, vous avez toutes et tous déjà rencontrés ce bandit de grand chemin.
Et cette rencontre n’était pas forcément des plus agréables.
Bon je vous donne un indice : on a coutume de dire qu’il ne faut pas « pousser mémé » dedans !
Eh oui… il s’agit de l’ortie. Ce que vous avez sous les yeux est en réalité un grossissement de poils d’ortie !
La plante qui harponne sa proie. Grâce à cette photo au microscope, on comprend enfin pourquoi elle pique ! Les poils d’Urtica Dioica sont en réalité des tubes composés :
- De calcaire à sa base,
- De silice, très fragile, au niveau de sa pointe.
Et ce n’est pas tout ! L’extrémité de la pointe est légèrement renflée et agit comme un vrai harpon quand on la touche : elle se fiche dans notre peau… Et une fois qu’elle est bien arrimée, elle libère tout son poison en cassant.
Un peu comme une seringue qui déverserait sous notre peau des composés qui brûlent, démangent et font mal !
En effet, le « venin » de l’ortie contient de l’histamine (impliqué dans les réactions allergiques), de l’acide formique (le même que celui des glandes à venin de fourmis !) et aussi deux neurotransmetteurs : la sérotonine et l’acétylcholine[1][2].
1 dixième de millilitre de ce cocktail suffit à provoquer brûlures et démangeaisons… qui peuvent perdurer 12 heures ! Cela a pour but d’éloigner les insectes ou les herbivores un peu trop téméraires (et gourmands) !
A moins que vous ne trouviez le remède idéal.
Et pour les piqûres d’ortie, il y a vraiment deux écoles :
- On peut soigner « le mal par le mal » : trouver d’autres plantes dans la nature pour stopper la démangeaison. Le lierre terrestre, l’oseille ou le plantain, malaxés entre vos doigts et appliqués sur les boutons en cataplasme, soulageront l’inflammation.
- Sinon, il y a les pragmatiques : si le poil est urticant c’est le poil qu’on doit retirer. Il faut alors… « épiler » ses piqûres d’ortie à coup de scotch ou de bandes de cire. Un peu barbare mais efficace, apparemment !
4 records à elle toute seule
Chaque jour, je suis un peu plus fascinée par les plantes, leur mystère et leur inestimable beauté.
Mais ce n’est pas pour ça que je veux parler de l’ortie ici.
C’est surtout que Urtica Dioica est aussi une des grandes oubliées de la phytothérapie – la médecine par les plantes.
Ultra connue, cette plante aux feuilles dentées reste traitée comme une mauvaise herbe, alors qu’elle fait TOUT pour surpasser ses concurrentes :
- A dose égale, elle contient 7 fois la dose de vitamine C d’une orange ;
- C’est sans doute elle, et non l’épinard, que Popeye devait manger, car elle contient plus de 2 fois plus de fer que ce légume vert ;
- L’ortie contient 30% de son poids sec en protéines (presque autant que le soja !)[2] ;
- Et, cerise sur le gâteau, on retrouve dans ses protéines les 8 acides aminés essentiels (alors que les légumineuses et les céréales ne les contiennent pas tous[3] !
Ça fait beaucoup de record, pour une seule plante !
Mais là où elle pourrait soulager le plus, c’est ici :
Le « petit problème » des hommes après 50 ans
Je parle ici de l’adénome prostatique ou hypertrophie bénigne de la prostate (HBP).
Ce n’est rien de très grave, mais c’est très gênant… et ça concerne la quasi-totalité des hommes, passé 50 ans !
C’est tout simplement qu’avec les années, ce petit organe situé derrière la vessie augmente de volume. Et quand elle « gonfle » vers le haut, elle va très vite perturber la vessie, qui ne se vide plus correctement.
- La nuit, les hommes doivent se lever pour y aller 2, 3, 4 fois... Infernal !
- La journée, ce sont des envies urgentissimes qui surviennent… pour ne faire que quelques gouttes.
De nombreuses études scientifiques ont prouvé l’efficacité de l’ortie dans la prise en charge des problèmes de prostate.
En 2005, une étude a été réalisée sur 558 personnes pendant 6 mois et a montré que 81% des personnes ayant pris 120 mg d’extrait liquide de racines d’ortie, trois fois par jour, avaient vu diminuer leurs troubles urinaires associés à l’hypertrophie de la prostate, contre seulement 16% des 271 patients prenant le placebo[6].
D’autres études prouvent que 600 mg par jour d’extraits de racines d’ortie suffisent pour
- réduire la fréquence des envies pressantes,
- améliorer le flux, le volume et le débit des urines[4][7],
- stopper le très énervant goutte-à-goutte[8].
Et pourquoi est-elle si efficace pour soulager les prostates, vessies et urètres en berne ? Plusieurs théories existent, et la vérité doit se situer au croisement de toutes ces hypothèses :
- Avec l’âge, on voit que la testostérone se change davantage en œstrogènes par le biais de l’enzyme aromatase. Il y a alors un déséquilibre hormonal, cause probable d’adénome prostatique. La racine d’ortie aurait la capacité « d’endormir » l’action de l’aromatase et de ramener l’équilibre hormonal chez l’homme[5][2].
- D’autres chercheurs ont constaté que l’augmentation du volume prostatique pouvait être causée par un excès d’hormones DHT : chez les personnes souffrant d’adénome prostatique, cette hormone est 5 à 6 fois plus présente. L’excès serait dû à une surtransformation de testostérone en DHT. Comme les médicaments pour l’hypertrophie de la prostate, l’ortie inhiberait aussi ce mécanisme[10].
- D’autres encore pensent que c’est la perte d’élasticité des fibres de la prostate qui bloquerait le flux urinaire dans l’hypertrophie de la prostate. Les lignanes contenus dans l’ortie protégeraient les fibres élastiques de l’organe.
Deux recettes ultra simples et efficaces
Mais pour ce qui est de l’hypertrophie de la prostate, l’ortie a fait ses preuves.
On peut bien évidemment faire des tisanes avec des feuilles d’ortie.
- On met alors 30 à 60 g de feuilles par litre d’eau.
Mais pour les racines, et c’est ce qui est à consommer pour les troubles prostatiques, on utilise des décoctions de racines.
- Il faut 30 à 40g de racines par litre à faire bouillir pendant 5 minutes puis à laisser infuser 10 minutes. 2 ou 3 bols par jour soulageront les prostates enflées[3].
Alors, messieurs, à vos casseroles !
Garance Langlois
PS1 : On trouve très facilement de l’ortie fraîche, vous pouvez en cueillir pour réaliser vos propres infusions mais veillez à ne pas choisir celles en bord de routes polluées par le passage des voitures.
PS2 : Attention à ne pas la confondre avec « l’ortie blanche » ou le lamier blanc (lamium album) qui, lui, ne pique pas. Il fait partie de la famille des Lamiacées alors que l’ortie appartient à celle des Urticacées.
Le lamier est plutôt indiqué pour les femmes et surtout celles présentant une anémie, car on le recommande pour les règles trop abondantes. Alors que la cible, pour l’ortie, est plutôt masculine !
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Sources :
[1] : Jinous Asgarpanah et al., “Review: Phytochemistry and pharmacologic properties of Urtica dioica L. ”, Journal of Medicinal Plants Research, 2012, DOI: 10.5897/JMPR12.540
[2] : Dorota Kregiel, « Review : Urtica spp.: Ordinary Plants with Extraordinary Properties », Molecules, 2018, doi:10.3390/molecules23071664
[3] : Le petit Larousse, Les plantes qui guérissent, Larousse, 2013
[4] : Kerry Bone, “Nettle Root: A Synergistic Partner for Prostate Health”, Dynamic Chiropractic, 2011,
https://www.dynamicchiropractic.com/mpacms/dc/article.php?id=55616
[5] : “Urtica dioica;Urtica urens (Nettle)”, Alternative Medicine Review, 2007.
[6] : Safarinejad MR, et al., " Urtica dioica for treatment of benign prostatic hyperplasia: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled, crossover study", J Herb Pharmacother., 2005.
[7] : Shivani Bisht, et al., « Urtica dioica (L): an undervalued, economically important plant », Agricultural Science Research Journals, 2012
[8] :. Ahmed and Parasuraman, “Urtica dioica L., (Urticaceae)”, Systematic Reviews in Pharmacy, 2014
[9] : Bhuwan Chandra Joshi, « Pharmacognostical review of Urtica dioica L.”, International Journal of Green Pharmacy, 2014.
[10] : Francine Draghi, ”L’ortie dioïque (UrticadioicaL.) : étude bibliographique”. Sciences pharmaceutiques. 2005, https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01733415