Le "Bayard d'Or du meilleur Film", "Petit Samedi", en salles, à Bruxelles, (09/06, au "Palace"), à Namur (24/06, au "Caméo") et à Liège (28/06, au "Parc")

écrit par YvesCalbert
le 06/06/2021

Fêtant la réouverture des salles, ce mercredi 09 juin, à 18h30 et à 21h30, à Bruxelles, le "Palace" nous présentera (de même que le jeudi 10, à 14h et à 16h30) le documentaire qui obtint, à Namur, le vendredi 09 octobre 2020, il y aura tout juste 8 mois, le "Bayard d'Or du meilleur Film" et le "Prix Agnès de l’Imaginaire égalitaire" (créé en hommage à Agnès Varda {1928-2019}) du "FIFF" ("Festival International du Film Francophone"), à savoir : "Petit Samedi" (Bel./2020/72'), réalisé par l'Andennaise, devenue BruxelloisePaloma Sermon-Daï (°Namur/1993).

Treize films étaient en compétition, le Jury ayant été présidé par Samuel Benchetrit, réalisateur, scénariste, écrivain et dramaturge français. A noter qu'en 2020, "Petit Samedi" obtint, également, le "Prix du meilleur Documentaire", à l' "Athens International Film Festival"

Synopsis : « Damien Samedi - demi-frère de la réalisatrice - a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l’appelait le ‘Petit Samedi’. Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu’elle n’a jamais abandonné lorsqu’il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère. Un homme qui tente de se libérer de ses addictions et qui fait face à son histoire pour s’en sortir… »

Après des humanités artistiques au "Conservatoire de Musique de Huy", ayant intégré une option théâtre, à 15 ans (ce qui l'ouvrit sur un monde qu'elle connaissait pas, la menant, petit à petit, au Cinéma), Paloma Sermon-Daï  entreprenait, à 20 ans, un baccalauréat en techniques de l'image, à l' "HELB" ("Haute Ecole Libre de Bruxelles Ilya Prigogine", autrefois connue sous le nom d' "INRACI"), où elle réalisa trois courts-métrages documentaires, dont "Makenzy" (Bel./2016/20'), son film de fin d'études, sélecionné pour le "Festival de Cinéma documentaire Visions du Réel", à Nyon, en Suisse, "Petit Samedi", présenté, en 2020, en première mondiale à la 70è "Berlinale", section "Forum", étant son premier long-métrage.

Critiques de la presse et du milieu du Cinéma :

- pour "Musiq3" : "Un documentaire touchant, pétri de bienveillance. Le portrait d’un couple (fils-mère/ndlr) qui a toujours été fusionnel."

- pour "Cinevox" : "Un film sensible sur la toxicomanie, l’amour filial et maternel, et les deuxièmes, troisièmes, ou quatrièmes chances."

- pour "Cinopsis" : « Pudique, sensible, ne sombrant jamais dans le pathos, filmé avec beaucoup d’empathie, 'Petit Samedi' mérite sans aucun doute son Prix reçu à Namur ! »

- pour "Branché Culture" : « 'Petit Samedi' est un message d’espoir face à l’absurdité de l’existence et aux Némésis qui aspirent l’être vers les tréfonds du monde »

- pour "La Dernière Heure" : "Avec un sujet qui peut paraître rude, Paloma Sermon-Daï  signe un film universel et solaire."

- pour le site web des "Grignoux" : " 'Petit Samedi' est à coup sûr l’un des plus beaux documentaires vus cette saison, une vraie claque de cinéma, la signature d’une jeune cinéaste pleine de promesses qui a des choses à nous dire, notamment sur la toxicomanie qu’elle aborde de face et loin des clichés. Composé essentiellement de longs plans séquences fixes très bien éclairés, le film prend le temps d’écouter et de regarder vivre son protagoniste avec naturel, sans formatage narratif. Le film suit Damien au quotidien, raconte sa volonté de s’en sortir, à tout prix, 'de mieux se comprendre', comme il le dit. La vie s’écoule sous nos yeux dans ces moments creux, dans cet entre-deux, où tout se joue mais qui intéresse habituellement peu le cinéma. Le film les transcende, en révèle toute leur puissance émotionnelle. Au bout du compte, le film dresse aussi le portrait d’une certaine sensibilité masculine rarement explorée dans le cinéma contemporain, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités."

- de Fabiene Bradfer, pour "Le Soir" : "Un documentaire belge poignant. Film thérapie ? Sans doute. Une histoire de tendresse aussi, de dialogue, de fil tendu. Paloma Sermon-Daï filme sa mère et son frère, laissant surgir à l’écran l’authenticité et la force de cette relation unique mais aussi le mal-être de chacun. Tout simplement. Sans jamais en rajouter. C’en est bouleversant."

A "Cinergie", Paloma Sermon-Daï confiait : "Je suis arrivée avec ce projet qui, à la base, était un film avec beaucoup plus de personnages. C'était un film qui suivait davantage le quotidien du village bien que j'avais quand même, dès le départ, cette envie d'aborder le quotidien de mon frère. Ainsi, quand j'ai commencé à travailler avec mes producteurs, on a resserré de plus en plus sur le personnage de mon frère et puis, au fur et à mesure des repérages, ma mère s'est ajoutée à l'histoire parce qu’en filmant mon frère, je me suis rendu compte qu’il était beaucoup plus à l'aise dans les séquences où ma mère intervenait. C'est donc assez naturellement que j'ai commencé à m'intéresser au duo."

Pour lire l'entierté de cet entretien, consultons le site web : https://www.cinergie.be/actualites/paloma-sermon-dai-a-propos-de-petit-s....

Lors d'une rencontre avec Aurore Engelen, la réalisatrice andennaise tient également à préciser : "Je viens de Sclayn, le village où est tourné le film, où mes parents habitent encore... C’est un microcosme, un petit village, tout le monde se connait, et cela a ses côtés positifs, et ses côtés négatifs. On est toujours dans le regard des autres... C’était une façon de travailler plastiquement l’environnement, la maison, son architecture, mais aussi le village, le regard des autres et le regard de Damien sur le village." 

"Dans 'Makenzie' (son court-métrage de fin d'études, également tourné à Sclayn/ndlr), le territoire était très présent visuellement, (avec un) petit garçon que je connaissais, face à ces rochers qui l’enfermaient. J’y traitais beaucoup plus du territoire, d’une manière plus muette que 'Petit Samedi', qui est beaucoup plus dans la relation et dans le dialogue."

"Ce film avait commencé, à l’écriture, de manière beaucoup plus kaléidoscopique, avec plus de personnages, plus de mise enscène, notamment à travers des petites scènes burlesques qui rythmaient le film et qui ont finalement disparu au montage."

"Quand il s’agissait de filmer ma mère et le territoire, je me sentais assez portée par le cinéma de Chantal Akerman (1950-2015). Et puis si le film était censé être aussi burlesque à la base, c’est parce que je suis une amoureuse du Cinéma indépendant américain, comme les films d’Harmony KorineCalifornie/1973) et ses personnages un peu 'destroys' et burlesques."

"En 2018, mon frère Damien n’allait pas bien du tout, il traversait une période où il essayait de se soigner mais il peinait à trouver une structure qui lui corresponde. Il était perdu, et ma mère était en panique. J’ai grandi avec ça. J’avais envie de prendre tout cela comme un gros bloc de terre, et de dire: 'Toute cette boue, on va en faire une statue'. Peu importait la forme finalement. Au début, le film était totalement axé sur Damien. Je l’ai fait beaucoup se raconter... J’avais envie de connaître son histoire, et son point de vue."

"Ma mère peut compter sur Damien. C’est un personnage fascinant, elle est très bavarde. Elle parle même toute seule. Plus jeune, elle envoyait des cassettes audios à sa soeur, qui habitait en Afrique, comme on peut le voir dans le film. Elle est en conversation constante avec elle-même et les autres."

"Et puis petit à petit, j’ai remarqué que chaque fois que je filmais Damien seul, sa carapace était beaucoup plus épaisse que quand il était avec ma mère. Quand ils étaient à deux, ils étaient rassurés en présence l’un de l’autre. Quelques mois avant le tournage, lors des essais avec l’équipe, il nous a semblé évident que le film serait sur eux deux. A l’écriture j’avais eu peur que la relation ne suffise pas à porter le film. Mais au bout du compte, leur relation était tellement vraie et forte que j’ai simplifié le film et sa forme au montage. C’est comme en cuisine, quand on a de bons produits, il ne faut pas rajouter trop d’ingrédients en plus, sinon on perd le goût.".

"Quand j’ai abordé le sujet (de la toximanie/ndlr) pour la première fois avec Damien, il avait envie d’aider les autres, et donc d’en parler pour les aider. Que les gens touchés par l’addiction puissent se dire : ' Je ne suis pas tout seul'."

"Comme le dit ma mère dans le film, toutes les familles sont touchées par des problèmes, d’une façon ou d’une autre. Et malgré tout, les gens qui ont des addictions comme Damien se soignent rarement. Il a beaucoup d’amis morts très jeunes, faute d’avoir eu la même force de vie, et un entourage qui les soutient. Il voulait parler."

"Cela a été difficile de lever tous ces tabous et de parler aussi ouvertement de l’addiction. J’ose penser que le film a permis de déclencher quelque chose chez mon frère. C’était impératif pour notre projet qu’il aille en thérapie, et ça a peut-être mis le moteur en route. Aujourd’hui, il a dépassé beaucoup de choses, il a trouvé les bonnes personnes pour l’accompagner, et il va mieux."

"Malgré le sujet dramatique, on est dans l’amour, quelque chose d’assez léger, et très posé. Cela correspond aux
caractères de Damien et de ma mère."

Soulignons que ce documentaire, qui devait y être projeté le 19 novembre 2020, sera présenté au "Caméo", le jeudi 24 juin 2021, à 20h, la projection étant suive d'une rencontre - ayant pour sujet la place de la famille dans une situation de dépendance -, avec l’équipe du film et un membre du groupe parents-solidarité du "Centre de Jour en Rééducation fonctionnelle" de l'asbl namuroise "Phénix".

Quant à l'avant-première légeoise de "Petit Samedi", prévue le 18 novembre 2020, elle se déroulera au "Parc", le lundi 28 juin 2021, à 20h, la projection étant suivie d'une rencontre avec Paloma Sermon Daï, la réalisatrice, Laurence Petit, un psychopédagogue, et Jeanne Goffin, une éducatrice du service d'éducation permanente, en relation avec la santé mentale, de l'asbl "ALFA" ("Aide Liégeoise aux Alcooliques et à leur Famille").

"Petit Samedi", tourné en 23 jours, est produit par "Michigan Films", en coproduction avec "WIP-Wallonie Image Production", la "RTBF", avec le soutien du "Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel" de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en association avec "Screen.Brussels", "Take Five" et "Dérives", avec le soutien du "Tax Shelter du Gouvernement Fédéral belge".

Yves Calbert.

 

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