"James Ensor. Maestro", à "Bozar", jusqu'au 23 Juin

écrit par YvesCalbert
le 09/06/2024

Non contente de nous présenter son exceptionnelle exposition « Histoire de ne pas rire. Le Surréalisme en Belgique », accessible jusqu’au dimanche 16 juinle « Palais des Beaux-Arts » (« Bozar ») nous propose de découvrir, jusqu’au dimanche 23 juin, son expo « James Ensor. Maestro », programmée à l’occasion du 75è anniversaire du décès de l’artiste ostendais.

En ce même lieu, en 1929, la plus grande exposition jamais consacrée à James Ensor (James Sidney Edouard/1860-1949) avait été organisée, reprenant 337 toiles et 135 dessins du maître ostendais. L’actuelle exposition « James Ensor. Maestro », forte d’une trentaine d’huiles sur toiles, de 80 oeuvres sur papier et d’une quarantaine de gravures, manuscrits, partitions musicales et photographies, qui nous permettent de découvrir de nouvelles facettes du peintre, qui était aussi compositeur, écrivain et musicien, attachant même plus d’importance à sa musique qu’à sa peinture

Ainsi, « Bozar » nous présente des partitions manuscrites de James Ensor, ainsi que différents travaux préparatoires, dont des dessins des costumes et des décors de son ballet « La Gamme d’Amour », une œuvre musicale et artistique complète créée, entre 1906 et 1911, par l’artiste ostendais … Et si James Ensor se considérait meilleur compositeur que peintre, pour la notation musicale de sa principale composition, il se fit assister par le musicien ostendais Aimé Mouqué (1894-1961).

« La musique a toujours joué un très grand rôle dans la vie d’Ensor. Dès son plus jeune âge, il jouait du piano et de la flûte. Lorsqu’une amie anversoise lui offrit un harmonium en 1906, il se mit aussi à composer. Il s’agit d’une série de morceaux qui furent ensuite repris dans son spectacle total qu’est ‘La Gamme d’Amour’ », précise Xavier  Tricot , directeur de l’ « Ensor Museum » (« Maison de James Ensor »), à Oostende, & commissaire de la présente exposition.

De son côté l’écrivain autrichien Stefan Zweig (1881-1942) déclara : « James Ensor, le plus grand peintre moderne de Belgique, un homme très excentrique et renfermé, était bien plus fier des mauvaises polkas et valses, qu’il avait composées, pour de petits ensembles militaires, que de ses toiles fantastiques, pleines de couleurs merveilleuses ».

Créé, en 1924, à l’ « Opéra flamand », à Antwerpen, puis repris, en 1927, au « Théâtre royal de Liège », avant d’être joué, en 1932, à Hanovre et à Oostende, « La Gamme d’Amour » était un ballet, composé de différents mouvements, dont les titres, tel « Discours aux Masques loyaux et autres », rappelaient ses tableaux.

Alors que des concerts, des fanfares et des instruments de musique apparaissent régulièrement dans ses toiles, dans les dernières années de sa vie, James Ensor délaissa la peinture pour se consacrer surtout à la musique contemporaine. « Ma musique est encore toujours spirituellement satisfaisante pour moi. Je l’aime épurée et charmante », écrivit-il.

Des portraits de ses mécènes et des œuvres fantasmagoriques, comme « Pierrot et les Squelettes » sont exposés, nous rappelant, par ailleurs le désir de James Ensor de s’échapper des moqueries de sa jeunesse, utilisant la  satire et le grotesque pour se moquer lui-même de l’humanité.

Venant d’évoquer la présence de squelettes dans nombre d’oeuvres de l’artiste ostendais, notons que c’est dans  son huile sur toile « Squelette regardant des Chinoiseries » (1885) qu’un premier squelette fut peint par James Ensor.

D’autres tableaux, comme « La Vierge aux Donateurs masqués », démontrent la fascination du peintre pour les  œuvres religieuses. « Il était dans l’avant-garde, mais conservait toujours un pied dans la tradition », relève Xavier Tricot.

L’exposition présente, également, des photos et des vidéos d’archives de James Ensor, dans lesquelles il évoque  sa vision de l’art et du monde. Les visiteurs peuvent, aussi, écouter l’enregistrement de son « discours aux masques loyaux », prononcé, le 9 février 1929, dans le « Hall Horta », du « Palais des Beaux-Arts », à l’occasion de sa grande exposition.

En prime, avant même d’entrer dans la première salle, nous découvrons une superbe tapisserie, de 2,58 m sur 4,30 m, réalisée en 2008, copie d’une oeuvre essentielle de James Ensor, « L’entrée du Christ à Bruxelles » (1888), qu’il conservait précieusement chez lui, à Oostende, dans sa maison – un espace muséal, « Ensor Museum »,  aujourd’hui ouvert au public -, la toile originale étant conservée au « Paul Getty Museum », à Los Angeles.

Pour nous qui avons visité, entre le jeudi 22 février et le dimanche 02 juin, l’exposition « James Ensor, Inspired by Brussels », à la « KBR », parcourant les salles du « Palais de Charles de Lorraine », nous tenons à souligner que la présente expo, à « Bozar » nous offre une vision totalement différente de l’oeuvre de James Ensor, puisque la fort belle expo de la « KBR » (« Koninklijke Bibliotheek-Bibliothèque royale ») ne nous présentait que des oeuvres de sa collection et de celle des « Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique » (« MRBAB »), alors qu’à « Bozar », nous découvrons l’importance de la musique dans la vie de James Ensor, nous intéressant à la création de son ballet  « La Gamme d’Amour », les oeuvres exposées provenant de collections privées et de différents musées internationaux

A noter que les bénéfices de la présente exposition contribueront à la lutte contre le cancer, « Bozar » s’étant engagé à redistribuer une partie des recettes des entrées à « Kom Op Tegen Kanker ! », une association de lutte contre le cancer, la « Fondation Roi Baudouin » soutenant ce projet de mettre la culture au profit de la bonne cause, elle qui a prêté, à « Bozar », la peinture à l’huile « Squelette regardant les Chinoiseries » (1885), en dépôt à Gent,  au « MASK » (« Museum voor Schone Kunsten »).

Exposition accessible aux personnes à mobilité réduite, moyennant une assistance du personnel d’accueil de  « Bozar ». S’annoncer préalablement : 02/507.82.15 & fieldcoordination.be.

Ouverture : jusqu’au dimanche 23 juin, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée : 12€ (6€, de 06 à 29 ans / 0€, pour les moins de 6 ans, les personnes en chaises roulantes, les visiteuses et visiteurs aveugles ou malvoyant.e.s {ainsi que leur accompagnatrice ou accompagnateur}). Catalogue (Ed. « Lanoo ») : disponible dans la « Bozar Bookshop » (02/502.34.68 & bookshop@bozar.be). Contacts : info@bozar.be & 02/507.82.00. Site web :  http://www.bozar.be.

- A découvrir à Oostende :

** « Ensor Museum » : « Maison de James Ensor », Vlaanderenstraat, 27.

- Autres expositions à « Bozar » :

** « Histoire de ne pas rire. Le Surréalisme en Belgique », accessible jusqu’au dimanche 16 juin.

** « Chantal Akeman. Travelling », accessible jusqu’au dimanche 21 juillet.

- Autres importantes expositions de peintures, au sein de la Région de Bruxelles-Capitale :

**  « Imagine ! 100 Years of international Surrealism », aux « MRBAB », jusqu’au dimanche 21 juillet.

** « Magritte-Folon, la Fabrique poétique », au « Musée Magritte », jusqu’au dimanche 21 juillet.

** « Olivetti-Folon insolite », au « Design Museum », jusqu’au dimanche 15 septembre.

** « Folon insolite », à la « Maison Autrique », jusqu’au dimanche 29 septembre, à Schaerbeek, 

Autres principales expositions d’arts, en Wallonie :

** « Abstrait », à « La Boverie », à Liège, jusqu’au dimanche 18 août.

** « Rodin, une Renaissance moderne » , au « BAM » & dans la Ville, à Mons, jusqu’au dimanche 18 août.

** « Le Cercle des Femmes Peintres (1888-1893) », au « Musée provincial Félicien Rops », à Namur, jusqu’au dimanche 08 septembre.

- Expositions sur l’Impressionnisme dans les Hauts-de-France :

** « Peindre la Nature. Paysages impressionnistes du Musée d’Orsay », au « MUba Eugène Leroy », à Tourcoing,  jusqu’au lundi 24 juin. ** « Monet à Vétheuil, les Saisons d’une Vie », au « Palais des Beaux-Arts », à Lille, jusqu’au mardi 24 septembre.
** « Monet-Duhem, l’Impressionnisme à Douai », au « Musée de la Chartreuse », à Douai, jusqu’au lundi 24 juin.
** « Sur la Plage impressionniste : dans l’Oeil d’Edouard Manet », au « Musée de Picardie », à Amiens, jusqu’au dimanche 16 juin.

Yves Calbert.

 

Portrait de YvesCalbert
Yves Calbert

Yves Calbert