"Imaginer ! 100 Ans de Surréalisme International", aux "MRBAB", jusqu'au 21 Juillet
Plus qu’une dizaine de jours, jusqu’au dimanche 21 juillet, à 17h, pour visiter l’exposition « Imaginer ! 100 Ans de Surréalisme international », aux « MRBAB » (« Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique »), à l’occasion du 100è anniversaire du « Manifeste du Surréalisme » (Paris/1924), écrit par André Breton (1896-1966) et de la naissance du surréalisme.
« Chère imagination, ce que j’aime surtout en toi, c’est que tu ne pardonnes pas. Le seul mot de liberté est tout ce qui m’exalte encore. Je le crois propre à entretenir, indéfiniment, le vieux fanatisme humain. Il répond sans doute à ma seule aspiration légitime. Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d’esprit nous est laissée. À nous de ne pas en mésuser gravement. Réduire à l’esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être, et c’est assez pour lever un peu le terrible interdit ; assez aussi pour que je m’abandonne à elle sans crainte de me tromper » (André Breton/ « Manifeste du Surréalisme »/1924),
Cette exposition – nous rappelant la place déterminante de Bruxelles dans l’émergence du Surréalisme – conçue en partenariat avec le « Musée Pompidou » (prêt exceptionnel de 28 oeuvres), à Paris, nous permet de nous immerger dans la poésie surréaliste – à travers les thématiques du rêve, du labyrinthe, de la métamorphose, de l’inconnu et du subconscient – emmenée, parmi 65 artistes, dont 18 femmes, par Hans Bellmer (1902-1975), Alexander Delville Calder (1898-1976), Giorgio de Chirico (1888-1978), Salvador Dalí (1904-1989), Paul Delvaux (1897-1994), Jean (1867-1953), Marcel Duchamp (1887-1968), Max Ernst (1891-1976), Alberto Giacometti (1901-1966), Jane Graverol (1905-1984), Valentine Hugo (Valentine Gross/1887-1968), Fernand Khnopff (1858-1921), Paul Klee (1879-1940), René Magritte (1898-1967), Dora Maar (Henriette Theodora Markovitch/1907-1977), Marcel Marïen (1920-1993), Georges Minne (1866-1941), Joan Miró (1893-1983), Francis Picabia (1879-1953), Pablo Picasso (1881-1973), Jackson Pollock (1912-1956), Man Ray (Emmanuel Radnitzky/1890-1976), Félicien Rops (1833-1898) Léon Spilliaert (1881-1946), Yves Tanguy (1900-1955) & Dorothea Tanning (1912-2010).
Si 35 oeuvres exposées sont issues de la collection permanente des « MRBAB », de nombreuses autres nous viennent de collections privées de différents pays, voire de musées aussi éloignés que le « Philadephia Museum of Art », aux Etats-Unis. L’occasion rêvée de découvrir des oeuvres, qui ne seront plus exposées de si tôt en Belgique.
« Imaginer ! 100 Ans de Surréalime international » se concentre sur les liens, les similitudes, mais aussi les lignes de fractures, entre le Surréalisme et un de ses précurseurs, le symbolisme. En effet, à partir de 1880, Bruxelles est un exceptionnel carrefour des arts et avant-gardes, qui se manifeste notamment par le biais des expositions du groupe « Les XX » et de « La libre Esthétique ». Le symbolisme – incarné notamment par Delville, Khnopff, Minne, Rops ou Spilliaert – s’y développe et anticipe largement l’émergence du mouvement surréaliste.
En s’attardant sur le symbolisme, à la confluence du surréalisme, l’exposition offre un angle rare et singulier, illustré par des œuvres symbolistes, pertinemment mises en relation avec une large sélection d’œuvres surréalistes. « Imaginer ! 100 Ans de Surréalime international » se propose de dévoiler les liens, les similitudes, mais aussi les lignes de fractures entre le surréalisme international et l’un de ses précurseurs, le symbolisme.
L’exposition nous emmène dans les labyrinthes du subconscient des artistes, à la poursuite des chimères du surréalisme, entre créatures mythologiques, réalisme magique, paysages oniriques et rêves éveillés. Des rêves qui virent parfois aux cauchemars, comme dans « Construction molle aux Haricots bouillis » (Prémonition de la guerre civile espagnole), chef d’œuvre peint, en 1936, par Salvador Dalí, un prêt exceptionnel du « Philadelphia Museum of Art ».
Francisca Vandepitte, commissaire de l’exposition et conservatrice de la collection d’Art moderne, écrit : « En montant l’exposition, j’ai trouvé intéressant de voir à quel point les nouvelles idées, les attitudes et les pratiques
artistiques des surréalistes ont été reprises par les générations suivantes. Mais aussi combien d’opportunités ce milieu intellectuel a offertes aux artistes femmes et combien le mouvement lui-même s’est transformé. C’est de cette manière que le surréalisme a façonné le développement des tendances abstraites, jusque dans les années 1960, même s’il puise ses racines dans le symbolisme. Au-delà de ces observations liées au domaine précis de l’histoire de l’art, les surréalistes peuvent aussi nous inspirer, aujourd’hui, en 2024, par cette nécessité d’accorder de l’importance à la liberté et à l’imagination pour tous. Cela aussi, nous devrions le célébrer, car, dans les 100 prochaines années, sans liberté ni imagination, nous n’irons nulle part. »
« ‘Imaginer !’ : Le titre de l’exposition semblait tout indiqué quand on sait la volonté des surréalistes d’ouvrir les
portes de notre imaginaire. Formidable puissance créatrice, l’imagination permet à la pensée de se libérer de ses
carcans et cette exposition en est un puissant exemple. Et si les surréalistes peuvent nous inspirer aujourd’hui, en
2024, c’est par cette nécessité de remettre l’imagination et la créativité au centre de nos vies. Car quoi de plus beau
que de porter un regard sans préjugé sur le monde et laisser libre cours à son imagination ? », écrit Sara Lammens, alors directrice générale a.i. des « MRBAB ».
A travers 134 œuvres d’art (œuvres sur papier et peintures, mais aussi assemblages, objets, photographies et sculptures), à nous de découvrir ce concept original, qui envisage le Surréalisme à travers le prisme de l'imagination , véritable fil rouge de l’exposition et de sa capacité à libérer la pensée de ses carcans.
Après Bruxelles, la présente exposition s’installera au « Musée Pompidou », à Paris, à la « Fundación Mapfré », à Madrid, au « Hamburger Kunsthalle », à Hambourg, et au « Philadelphia Museum of Art », à Philadelphie.
Ouverture au « MRBAB », à Bruxelles : jusqu’au dimanche 21 juillet, du mardi au vendredi, de 10h à 17h, le samedi & le dimanche, de 11h à 17h. Prix d’entrée (clôture des caisses une demi-heure avant la fermeture) : 18€ (15€, dès 65 ans & les membres d’un groupe de minimum 15 personnes / 10€, de 6 à 25 ans, pour les enseignants belges, les demandeurs d’emploi, les personnes en intervention majorée, les PMR & les accompagnateur.trice.s de toute PMR / 6€, pour les membres d’un groupe d’enfants ou de jeunes / 0€, pour les moins de 6 ans). Catalogue (Ed. « Ludion/MRBAB »/232 p./32 x 22 cm/200 illustrations) : 35€. Contacts : info@fine-arts-belgium.be & 02/508.32.11. Site web : https://fine-arts-museum.be/.
Succédant à Sara Lammens, directrice générale a.i., soulignons la nomination, comme directeur général des « MRBAB » depuis le lundi 01 juillet, de Kim Oosterlinck, vice-recteur, en charge de la prospective et du financement, à l’ « ULB », professeur de finance, à la « Solvay Brussels School of Economics and Management » et spécialiste du marché de l’art.
Notons qu’au « Musée Magritte », l’exposition « Magritte-Folon. La Fabrique poétique » est prolongée jusqu’au dimanche 04 août.
Yves Calbert.