Des noms féminins pour les rues spadoises
Seules 8 rues spadoises sur 190, portent des noms de femmes. Et la plupart sont des têtes couronnées. La bourgmestre Sophie Delettre (MR) est bien décidée à ce que cela change.
Avenue Reine Astrid, avenue Princesse Clémentine, avenue Marie-Henriette… Les noms de rues de la cité thermale aiment rendre hommage aux illustres personnages qui l’ont fréquentée, y compris les grandes dames. Sur les 190 voies de communication que compte la ville de Spa, il n’y en a toutefois que huit qui font référence à la gent féminine. Et sept sont issues de la royauté. Seule Camille Bellenger n’est pas une tête couronnée.
Face à ce constat, la bourgmestre a proposé au collège, lors de la Journée internationale des droits de la femme le 8 mars dernier, de baptiser de noms féminins les deux voiries qui devraient prochainement voir le jour du côté de Nivezé et de Creppe. Même si tous les autres noms de rues ne font pas forcément écho à un homme mais, proportionnellement, il n’y a pas photo: les noms masculins sont beaucoup plus nombreux que les féminins.»
La bourgmestre voit cette initiative comme un pas vers l’égalité homme-femme car, pour elle, il est important de montrer à la nouvelle génération qu’il y a de grands hommes et de grandes femmes qui sont passées par Spa. Il faut dire que Spa, avec sa réputation de «Café de l’Europe», en a vu passer, des personnalités, et ce, de tout temps. Et surtout au XVIIIe siècle notamment, il était bon et chic d’être vu à Spa..
L’avis des Spadois sera sollicité
Pour trouver le futur nom de ces deux nouvelles rues, le collège spadois compte demander l’avis des citoyens. Si rien n’est décidé actuellement, une petite liste de propositions sera établie pour être soumise aux Spadois. Pour ce faire, il serait fait appel à l’ASBL Histoire et archéologie spadoises ainsi qu’au festival de théâtre et aux Francofolies. Car, au fil des ans, ceux-ci ont également accueilli par mal d’actrices et d’artistes qui ont marqué l’histoire. Spa étant une ville de culture, l’idée est donc de présenter un panel assez large. La méthode de consultation de la population n’a pas encore été définie mais pourrait se faire via less réseaux sociaux et aussi par le biais du bulletin communal, avec un coupon à renvoyer.
Ensuite, il est évidemment prévu de poursuivre sur cette lancée. Cela sera surtout le cas pour de nouveaux lotissements car débaptiser des rues pour leur donner un nom de femmes est plus difficile. Cela peut poser des problèmes pour les riverains ou encore les entreprises qui s’y trouvent.
Voici l’histoire de ces femmes déjà mises à l’honneur aux quatre coins de la perle des Ardennes.
L’avenue Camille Bellenger
Si, à Spa, , il n’y en a qu’une qui ne fait pas référence à une tête couronnée parmi les rues portant un nom féminin
Il s’agit de l’avenue Camille Bellenger. Propriétaire de l’hôtel d’Orange, cette dame, que l’on peut qualifier de bienfaitrice et qui était l’épouse d’un certain Frédéric Muller, a souhaité léguer, suite à son décès en janvier 1890, le Waux-Hall à la Ville de Spa. Avec un souhait: que l’on en fasse bien un orphelinat. Celui-ci fut créé en 1896. Pour la remercier, comme en témoigne un précieux document publié dans l’une des revues Histoire et archéologies spadoises (juin 1985), le collège communal de l’époque a décidé que ses funérailles seraient prises en charge par la Ville, qu’une plaque commémorative serait apposée à l’orphelinat et qu’une rue toute proche porte son nom. C’est chose faite.
Deux avenues pour Clémentine
La princesse Clémentine, fille du roi Léopold II et de la reine Marie-Henriette, a marqué l’esprit de nombreux Spadois par sa gentillesse et sa simplicité.
Et cela se ressent aujourd’hui. Deux avenues lui sont en effet dédiées: l’avenue Clémentine, pas loin de Spa-Monopole, et l’avenue Princesse Clémentine, sur les hauteurs de Balmoral.
Celle qui fut mariée au prince Victor Napoléon Bonaparte a séjourné à de nombreuses reprises à Spa (et systématiquement pour l’anniversaire de sa mère). Plusieurs photos témoignent notamment de balades à cheval qu’elle aimait réaliser dans la région. Elle s’est également arrêtée quelques fois à la Villa royale, même après le décès de la reine (avec qui elle entretenait une relation plutôt distante).
Le parc Reine Élisabeth
Cette rue, près de la route du Tonnelet sur les hauteurs de Spa, se veut plutôt confidentielle. En forme de boucle, elle est baptisée ainsi en souvenir de la reine Élisabeth, épouse du roi Albert 1er.
Celle-ci s’est rendue quelques fois à Spa, notamment pour rendre visite à la reine Marie-Henriette. Elle reviendra aussi en juin 1933 pour inaugurer le pavillon de la source de la Reine, qui doit justement son nom à la reine Marie-Henriette, rue de la Sauvenière.
Mélomane, la reine Élisabeth est aussi connue pour être à l’initiative du concours musical international du même nom. Pour la petite anecdote, René Defossez (compositeur et chef d’orchestre spadois, dont l’académie de Spa porte le nom) y a été couronné deux fois.
Le chemin des Boteresses
S’il ne fait pas directement référence à une personne et ne peut donc être repris parmi les rues avec un nom féminin, le chemin des Boteresses, tout près de Spa-Monopole, fait référence à une fonction remplie autrefois par des femmes, ces fameuses porteuses de hotte.
Celles-ci avaient pour habitude de prendre le chemin le plus court pour amener des marchandises ou des messages. Figure de notre terroir, elles faisaient souvent la liaison entre Liège et Spa, par la vallée, notamment pour acheminer des bouteilles d’eau de source.
En plus de l’imposant panier qui ne quittait pas leur dos, les boteresses étaient aussi reconnues grâce à leurs culottes fendues, «qui leur permettaient d’uriner debout sans devoir enlever jupes et jupons», précise l’ASBL Spa-Réalités sur son site.
( L’Avenir )