"Da Vinci-L'Artiste, l'Ingénieur, le Gastronome", à Liège, jusqu'au 03 Novembre
« Aucune investigation humaine ne peut s’intituler véritable science, si elle ne passe par la démonstration
mathématique » (Leonardo da Vinci).
Plus de 500 ans après son décès, profitons de ce congé scolaire d’automne (ex-Toussaint) pour visiter, sur plus de 2.000 m2 de l’espace muséal de la Gare des Guillemins, à Liège, l’exposition « Da Vinci-L’Artiste, l’Ingénieur, le Gastronome », organisée par « Europa Expo », 15 ans après le succès rencontré, dans la basilique de Koekelberg, à Ganshoren, par la précédente exposition de cette société liégeoise, consacrée à ce génial artiste-inventeur.
Né dans le petit village de Vinci, en Toscane, Leonardo da Vinci (1452-1519) essaya, durant toute sa vie, de comprendre le monde qui l’entoure, en observant et en expérimentant. S’étant essayé à nombre de disciplines, avec une ardeur infaillible, il fut l’un des plus grands génies de l’Histoire.
Dans la première salle, avec six écrans vidéo, nous sommes plongés dans une ambiance particulière, celle d’une salle de vente aux enchères, où la peinture à l’huile, sur bois de noyer, attribuée à Leonardo da Vinci, « Salvator Mundi » (« Sauveur du Monde »), fut vendue, en novembre 2017, par Dmitri Rybolovlev, chez « Christie’s », à New York, pour la somme, record mondial pour la vente d’un tableau, de 450 millions de dollars américains (413,8 millions d’Euros), versée par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, pour le « Ministère de la Culture et du Tourisme » d’Abou Dhabi.
En 1958, alors qu’elle n’était pas encore attribuée à l’artiste italien, cette peinture sur bois avait été achetée pour … 45 dollars. Revendue, en 2005, pour 1.175 dollars, à Bateau Rouge, capitale de la Louisiane. Exposée, en 2011, à la « National Gallery », à Londres, son prix de vente était monté à 75 millions de dollars, en 2013, chez « Soltheby’s », à New York, avant d’atteindre, la même année, à 127 millions de dollars.
Avec son regard qui nous suit des yeux pour ne plus nous lâcher, nous découvrons, dans cette même salle, différentes copies de « La Joconde », le portrait (1503-1506 ou 1513-1514) de Mona Lisa (Lisa Gherardini/1479-1542, exposé au « Musée du Louvre », à Paris, dont cette célèbre peinture n’est plus sortie depuis 1974, après trois dernières expositions en Russie, aux Etats-Unis et au Japon.
D’autres copies qui nous sont proposées ne sont pas toujours bien inspirées, l’une nous montrant une Mona Lisa habillée en astronaute, masquée, obèse, chiquant un chewing-gum, portant un chat, une pizza ou trois rouleaux de papier hygiénique, voire louchant, pour regarder une mouche sur son nez … Discutable, assurément !
Dans les salles suivantes, cette exposition nous présente de très nombreuses copies des codex de Leonardo da Vinci, parmi les 7.000 pages encore conservées, que ce brillant artiste-inventeur italien illustra admirablement, une scénographie de « Tempora Expo », nous présentant un livre numérique géant, permettant à ses pages de se tourner, afin de nous confirmer tout son génie et son talent.
Pour nos enfants, dans chaque salle, de petites activités leur sont proposées, comme, ici, de se servir d’un miroir, pour pouvoir écrire à l’envers, comme le faisait Leonardo da Vinci pour rédiger ses codex.
Les copies de ces codex – principalement conservés à l’ « Institut de France », à Paris, mais aussi des « Codex Arundel », « Ashburnham », « Atlanticus » & « Forster », sans oublier ceux appartenant à Bill Gates (°Seattle/1955), du « Codex Leicester » – nous sont présentés, nous permettant de découvrir des réflexions et croquis de ce génie, dans des domaines aussi variés que l’anatomie, l’astronomie, la géologie, l’ingénierie militaire, les mathématiques, la mécanique, l’optique, ou encore la physique.
Ayant entamé sa formation à Firenze (Florence), dès l’âge de 15 ans, dans l’atelier polytechnique de l’orfèvre, peintre et sculpteur florentin Andrea del Verrocchio (Andrea di Michele di Cione/1435-1488), nous partageons, à Liège, la vie de Leonardo da Vinci, au travers de ses rencontres avec ses exceptionnels mécènes ou les cités pour lesquelles il travailla.
Grâce aux reproductions de ses nombreux objets et aux copies de ses dessins, ce parcours liégeois nous emmène successivement à Milan, où cet exceptionnel artiste travailla pour les Sforza, à Venise, où il fut cartographe pour les Borgia, avant d’arriver au Vatican, où il doit faire face à deux autres artistes d’exception : Michel-Ange (1475-1564) et Raphaël (Raffaello Sanzio/1483-1520/une importante exposition lui étant consacrée, jusqu’au lundi 17 février 2025, au « Palais des Beaux-Arts », à Lille). Confronté aux talents de ces deux artistes, Leonardo da Vinci ne se vit attribué aucun chantier important, ce qui l’incita à répondre favorablement à l’invitation de François 1er (1494-1547), qui le nomma premier architecte, premier ingénieur & premier peintre du Roi de France.
Nous traversons un char d’assaut, recréé en grandeur nature par les ateliers de « Tempora Expo ». Au sein de cet espace, les différents murs s’animent de films en 3D inédits, nous présentant quelques inventions majeures de Leonardo da Vinci : ses armes, ses écluses, son hélicoptère, ses ponts pivotants, sans oublier ses systèmes de défense.
Etant particulièrement reconnu dans le domaine de l’aviation, bien avant que le concept des machines volantes ne devienne réalité, il nous a laissa 500 croquis dédiés à ces dernières, ainsi qu’aux oiseaux en vol.
Venons en à l’originalité de la présente exposition, l’approche de son apport à la gastronomie, qui nous permet de traverser une cuisine idéale, selon Leonardo da Vinci, scénographiée par « Tempora-Expo », un film nous replongeant dans l’atmosphère de cette époque.
De fait, Leonardo da Vinci est considéré comme étant le premier agronome et oenologue de l’histoire, des experts ayant mis la main sur des dizaines de dessins de machines rattachées à la sphère culinaire, dont la « machine à faire des ficelles » (pâtes), ainsi qu’à la mise en scène de banquets.
Dans une visée hygiéniste, il conceptualisa aussi un aménagement de cuisine, dans lequel les cheminées, le point d’eau, le poulailler et les zones de stockage étaient arrangés de sorte à tenir le bruit et les odeurs à l’écart de la salle à manger.
Notons que ses listes de courses nous laissent deviner qu’il n’était pas complètement végétarien. Ainsi, on lui attribue la formule des crevettes rouges à la burrata, aux abricots et à la menthe ; d’une poitrine de pigeons aux mûres ; ou encore d’un risotto, recette rare au XVIè siècle. Autre recette retrouvée par les chercheurs : « l’acquarosa », une boisson aphrodisiaque à base d’eau de rose, de sucre, de citron et d’alcool, filtrée dans un linge.
Il nous est rapporté que son plat favori était le « minestrone », qu’il aimait manger depuis son enfance. Un panneau reprend, par ailleurs, différent plats et desserts que Leonardo da Vinci appréciait préparer, à une époque – la Renaissance – où de nouveaux légumes faisaient leur apparition en France, tels l’artichaud, l’asperge, le choux fleur, le concombre et les petits pois, alors que de « petite fourches à dents » (fourchettes) font leur apparition.
Nous terminons notre visite en découvrant une reconstitution en mapping 3D d’une table de banquet, sur laquelle ses mets préférés défilent, ses recommandations de bonnes manières, lors de banquets de la Renaissance, chez les Sforza, nous étant confiées : « Ne mettez pas vos pieds sur la table », « Ne posez pas votre tête dans l’assiette », « Ne coupez pas la table avec votre couteau », ou encore « Ne laissez pas vos oiseaux voler librement à table ».
Moins de 50 ans après son décès, l’on présentait, déjà, Leonardo da Vinci en ces termes : « Le ciel, dans sa bonté, rassemble parfois sur un mortel ses dons les plus précieux, et marque d’une telle empreinte toutes les actions de cet heureux privilégié, qu’elles semblent moins témoigner de la puissance du génie humain que de la faveur spéciale de Dieu. Leonardo da Vinci, dont la beauté et la grâce ne seront jamais assez vantés, fut un de ces élus. Sa prodigieuse habileté le faisait triompher facilement des plus grandes difficultés. Sa force, son adresse, son courage avaient quelque chose de vraiment royal et magnanime. Sa renommée, éclatante pendant sa vie, s’accrut encore après sa mort. »
Enfant illégitime, selon la terminologie en vigueur à l’époque, il fut appelé par son prénom de baptême, Leonardo, auquel fut ajouté le nom de son village de naissance : da Vinci. Né d’une liaison entre un riche notaire de la République de Florence, Ser Piero d’Antonio (1426-1504), et Caterina da Vinci (?-1493), une fille de paysans, il décéda à l’âge de 67 ans, dans le Château du Clos Lucé, sis à Amboise, en Indre-et-Loire. Trois ans plus tôt, Leonardo da Vinci avait été invité à venir vivre en France par le Roi François Ier, qui le considère comme son père spirituel, le comblant d’argent et d’honneurs . Le 23 avril 1519, sentant sa fin prochaine, il rédigea son testament, désignant un fidèle élève comme seul exécutant testamentaire et principal héritier de son œuvre.
Que reste-il de Leonardo Da Vinci, plus de 500 ans après sa mort ? Avait-il conscience de léguer un héritage artistique et ? Comment a-t-il réussi à impressionner autant le monde ? Comment a-t-il réussi à révolutionner l’histoire de l’art avec seulement une vingtaine de tableaux ? Pour découvrir cet homme, à la recherche des lois secrètes de la nature, l’exposition « Da Vinci-L’Artiste, l’Ingénieur, le Gastronome » nous invite à remonter le temps …
« Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail » (Leonardo da Vinci).
« J’ai l’intention de laisser un souvenir impérissable dans la mémoire des mortels » (Leonardo da Vinci).
Ouverture : jusqu’au dimanche 03 novembre, tous les jours, de 10h à 19h (dernières entrées à 17h30). Prix d’entrée (audioguide inclus) : 17€ (15€, pour le seniors / 13€, pour les membres d’un groupe de minimum 15 personnes / 11€, de 07 à 18 ans / 10€, pour les PMR / 00€, pour les moins de 7 ans / 50€, pour 2 adultes & 2 enfants {6€, par enfant complémentaire}). Réservations obligatoires pour les groupes : 04/224.49.38. Contacts : info@europaexpo.be & 04/224.49.38. Site web : https://www.europaexpo.be/expo/index.php/expo-da-vinci.
Ayant déposé nos audio-guides, nous traversons une galerie, où, retour au XXIè siècle, nous découvrons de très nombreuses photographies d’une oeuvre éphémère (octobre 2022-juin 2024) – Ayant déposé nos audio-guides, nous traversons une galerie, où, retour au XXIè siècle, nous découvrons de très nombreuses photographies d’une oeuvre éphémère (octobre 2022-juin 2024) – « Comme tombées du ciel, les couleurs in situ et en mouvement » – de l’artiste français Daniel Buren (°Boulogne-Billancourt/1938), qui avait illuminé la Gare de Guillemins, de 20.000 m2 de carrés de vinyles colorés, une oeuvre au sujet de laquelle ce plasticien écrivit, avant son inauguration : « Les jours de soleil, on verra des taches de couleur sur le sol, très loin de soi et très proche de soi, selon où on se trouve dans la gare. Et ça pourra faire lever la tête de ceux qui s’aperçoivent qu’il y a de la couleur sous leurs pieds. »
Cette bonne cinquantaine de photographies de Jean-Luc Deru (°Verviers/1957) capturent la beauté et la dynamique changeante de cette installation au fil des saisons, offrant une perspective inédite sur l’interaction entre le travail de l’architecte espagnol Santiago Calatrava (°Benimàmet/1951) et les conceptions artistiques de Daniel Buren.
… Mais revenons à Leonardo da Vinci, afin de souligner qu’il est possible de visiter, 7 jours sur 7, à la seule exception du 25 décembre, le « Parc Leonardo da Vinci » et le « Château du Clos Lucé« , à Amboise, où l’artiste italien vécut ses dernières années. Contacts : 00.33.2/47.57.00.73. Site web (avec les horaires saisonniers) : https://vinci-closluce.com/fr.
Yves Calbert.