CIMETIÈRE DE HOUFFALIZE. CÉLÉBRITÉS. Jean Kobs, le prince du sonnet

écrit par ReneDislaire
le 07/10/2020
Jean Kobs, prêtre poète. Tombeau. Cimetière de Houffalize.

Jean Kobs aimait qu’on l’appelle le prêtre poète.
Peut-être par modestie, lui que ses contemporains lettrés appelaient le prince du sonnet.
Il est né à Hayange (Hayingen à l'époque) en 1912 et est décédé à Godinne en 1981. Hayange en Lorraine, donc en terre allemande du temps du Deuxième Reich.
Sa famille avait quitté la Belgique pour raisons professionnelles de son père, Léon Kobs, cadre administratif dans l’importante société industrielle de Wendel.
Les Français le considèrent comme poète lorrain d’expression française alors qu'il est né belge et n'a jamais vécu sur le sol de la République.
Pour les Houffalois, c'était le curé de Dinez.

Le Kobzar : un surnom qu’il s’était donné
Oui -Kobzar- Référence à ses origines lointaines en Ukraine et même au-delà où les kobzars étaient des poètes aèdes bardes itinérants chantant en s’accompagnant d’une kobza (illustration).
De plus en plus marginalisés, la plupart d’entr’eux n’eurent d’autre choix que l’exil ou les jougs musulman ou bolchévique.
Et c’est justement de se sentir en exil qu’il écrira ses vers comme une musique de la kobza de ses aïeux.

Le Kobzar de l’exil,  son œuvre littéraire majeure,
se constitue de 1059 sonnets (nombre d’or selon Virgile). 
Il s’agit d’une vaste fresque de philosophie universelle et spirituelle qui épouse le rythme des saisons, des âges de la vie et du monde. Ce thème est fréquent chez le poète.

Il y évoque sa quête incessante de l'Absolu qu'il partage avec tous ceux qui, comme lui, se savent en exil.

On a pu dire de lui que sa philosophie de la vie « s'apparente à celle des poètes orientaux à laquelle s'ajoute, éclairante et personnelle, une note profondément chrétienne ». Le tout sur un fond de culture antique gréco-latine qui agréait à tous les intellectuels de l’Europe depuis le Concile de Trente dans la deuxième partie du XVI siècle.

Jean Kobs a publié près de deux mille sonnets, un genre de poésie avec de nombreuses contraintes. Il a détruit pas mal des œuvres de ses jeunes années.

De ce qui précède on déduira que Kobs était un homme austère et sobre, et qu’en ce qu’elle embrasse l’immatériel son œuvre n’est pas accessible à tout le monde.
Mais prince du sonnet, Kobs peut, à ce titre, être porté au pinacle des poètes de Wallonie du XXe siècle.

Son itinéraire terrestre
Né en 1912, Jean Kobs va passer sa prime enfance à Houffalize, jusqu’en 1919. Il aura donc vécu la plus grande partie des deux guerres l’une à Houffalize, l’autre à Dinez, village proche de Houffalize et fusionné depuis 1977.

De 1923 à 1932 il fera les humanités gréco-latines et la théologie au Petit séminaire de Bastogne puis, de 1932 à 1936, il étudiera au Grand séminaire de Namur.

Ordonné prêtre il devient, en 1937, vicaire à Barvaux.
Il sera ensuite curé à Dinez-Houffalize (1942-1958) puis à Dave, de 1958 à 1977.
Le 29 août 1981 il décédera à Godinne.
En fin le souhait qu'il a exprimé tant de fois s'est acompli: il repose au cimetière de Houffalize. 

Attaches houffaloises et vocation sacerdotale
Jean Kobs est venu séjourner  à Houffalize, dit sa biographie, au début de la Première guerre et jusqu’à l’âge de 7 ans (1919).
On peut imaginer que ses parents l’aient placé, à peine sevré, à l’abri en Belgique hors du territoire du Reich où ils étaient expatriés.
Et dans ce cas, que trouver de mieux que la famille Cawet à laquelle appartenait Justin Cawet, futur évêque coadjuteur de Namur, son grand-oncle du côté de sa mère (note : inhumé également au cimetière de Houffalize).  
C’est d’ailleurs celui-ci, vicaire général à Namur, qui conseillera son entrée en pension au Séminaire de Bastogne. Et le sacre de Mgr Cawet évêque coadjuteur de Namur en 1929 renforcera l’adolescent dans sa vocation sacerdotale.

De l’avoir connu…
Véhiculé à l’arrière de la Vespa du vicaire de Houffalize, l’abbé Defêchereux, nous avons eu le privilège de lui rendre visite à Dinez, où il vivait pour ainsi dire reclus en son presbytère. 
Il sentait chez lui l’odeur des livres vieillis dans ses mains délicates couleur laiteuse, du poêle ronronnant entre une provision quotidienne de bûches du terroir ardennais et un bac en fonte noir rempli de boulets de charbon du bassin de Liège. La pièce était sombre, où le lustre de sa soutane élimée éclairée par une lampe de bureau à mi-hauteur de la pièce s'illuminait dans un cadre désuet dont nous avons gardé la nostalgie.

Ses gestes étaient lents et sa voix douce.
Il venait parfois faire la prédication dans l’église décanale de Houffalize. Faut-il avouer que ses sermons rigoureux de spiritualisme augustinien et thomiste étaient plutôt considérés par les ouailles comme soporifiques.
Et s’il faisait partie des confesseurs étrangers officiant, selon la coutume, quelques fois l’an dissimulé derrière un grillage à croisillons et un rideau de velours à proximité de l'enfant Jésus de Prague, nul ne se doutait que ses péchés lui étaient remis par le plus grand prêtre poète de son temps.

René Dislaire  ©  Houffalize, le 7 octobre 2020
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Supplique pour être inhumé à Houffalize

 "Tombeau" (sonnet - extrait de "La Mémoire ou l'oubli" - écrit le 8 décembre 1977) 

Vous me reconduirez plus tard à Houffalize
Dormir auprès des miens sous le schiste ardennais,
Au pays paternel où jeune, je venais
Très fréquemment prier dans l'adorable église.
Po pus târd vos m'ramin'roz a Oufalîje
Dwarmi dizos l'ardènès chisse dddé mès parints ,
O payis di m'poupa doû çki dji v'néve tot gamin,
 pus sovint priyî dins l'adorâbe èglije.

Il ne se pourrait point qu'en ce monde j'élise
Pour mon dernier repos un autre jardinet,
Mais j'aimerais surtout que prisant mes sonnets,
Quelque lecteur alors les aime et les relise.
Ça n'si poûreût nin ki su l'tère dji tchûziche
Po m'ripwèzer po d'bon on ôte pitit bokèt.
Mès po k'mincî k'onke k'a mès sonèts o s'keûr
Vî camarâde on sakin vinreût èt lès r'lîche.

Et pendant que mon corps deviendra très poudreux
Mon esprit envolé se sentirait heureux
De charmer un front pur penché dessus mes livres.

Que mon tombeau se perde un jour parmi les champs
Qu'importe si quelqu'un dans un siècle s'enivre
En écoutant mon cœur palpiter dans mes chants.

Jean Kobs

"La Mémoire ou l'oubli" dans le recueil "La Mémoire duSilence" :
 Namur, Bellalui/La Corniche, 1983.
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. "Célébrités" Le poète Jean Kobs, prince du sonnet, inhumé au cimetière de Houffalize.
Et un sonnet dans lequel il manifeste ce souhait.

Liens vers la série: Cimetière de Houffalize.
Célébrités.

• Cimetière de Houffalize. Célébrités. Les équipages de la RAF

• CIMETIÈRE DE HOUFFALIZE. CÉLÉBRITÉS. Jean Kobs, le prince du sonnet

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  • Jean Kobs, prêtre poète. Tombeau. Cimetière de Houffalize.
  • Jean Kobs, prêtre poète. Tombeau. Cimetière de Houffalize.
  • Jean Kobs. Bureau dans son presbytère.
  • Joueurs de kobza.
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