Biennale d’art contemporain du Parc d’Enghien. Exposition parcours « Miroirs 3 / De terre et de ciel »

écrit par VandenHende
le 04/09/2020
Biennale d’art contemporain du Parc d’Enghien. Exposition parcours « Miroirs 3 / De terre et de ciel »

Du 5.au 20 septembre 2020

SUITE AU SUCCÈS DES DEUX ÉDITIONS PRÉCÉDENTES, « MIROIRS » EN 2016 ET « MIROIRS2/TOUT EST PAYSAGE » EN 2018, L’ÉQUIPE ORGANISATRICE, MAP ASBL (MIROIRS, ART & PATRIMOINE), LES  COMMISSAIRES MYRIAM LOUYEST ET CHRISTOPHE VEYS, ONT SOUHAITÉ POURSUIVRE CETTE MAGNIFIQUE AVENTURE EN SEPTEMBRE 2020.

Pour sa troisième édition (et après avoir traité successivement du reflet et du paysage) la biennale du parc d’Enghien a décidé de prendre pour titre « De terre et de ciel ». En effet, il est frappant de voir à quel point la verticalité est présente dans l’espace qui lui sert d’écrin : Tour, souterrain, observatoire astronomique, … Ainsi les treize artistes sélectionnés chercheront à nous faire rencontrer le ciel, plonger dans les tréfonds de la terre, grimper, s’élever, s’enfuir, s’enterrer, se fondre, … Côtoyer la terre et l’air. Interroger les profondeurs ou les cieux, la boue ou la lumière. Le dialogue et les oppositions entre ciel et terre seront donc au cœur du projet.

Cette thématique nous a donné l’envie de permettre l’accès à l’un des plus beaux retables du XVIe siècle en bois sculpté conservé à quelques mètres de l’entrée du parc. Originellement présent dans la chapelle castrale, il figure de nombreuses scènes de la vie de la Sainte Vierge. Il sera visible et commenté une fois par jour.

La biennale a pour objectif de mettre au contact d’un patrimoine d’exception des œuvres d’artistes contemporains. A ces fins des oeuvres sont créées spécifiquement alors que d’autres sont choisies dans un souhait de résonance éclairante. L’évènement est gratuit afin de permettre une rencontre la plus ouverte possible. Son public mixte est constitué autant de néophytes que d’amateurs éclairés de l’art contemporain. Accessibilité et émerveillement dominent grâce aux artistes qui rentrent en dialogue avec l’espace surprenant des dépendances du château et le parc.

LES ARTISTES

Marcel Berlanger (BE) — Installation / peinture in situ Aux abords de la drève menant au pavillon des 7 étoiles, il posera une sculpture peinte figurant un tronc d’arbre creux dans lequel le promeneur pourra se dissimuler. La proposition évoque le constant rapport entre l’homme et le nature dans le cadre de tels parcs paysagers. Le travail de Marcel Berlanger est représenté par la galerie Rodolphe Janssen à Bruxelles. www.rodolphejanssen.com/artist/marcel-berlanger

Lucile Bertrand (FR) — Sculpture / installation

Lucile Bertrand investit deux espaces : celui du pavillon chinois dans lequel elle installe une sculpture de plumes et son pavillon jumeau dans lequel elle propose un dispositif participatif dans lequel elle invitera le visiteur à chanter une partition écrite en écho aux chants des oiseaux. Le travail de Lucile Bertrand est représenté par la galerie Irène Laub à Bruxelles. www.lucilebertrand.com

Claude Cattelain (BE) — Installation / performance / vidéo

Claude Cattelain investira la salle de projection à l’entrée du parc avec une vidéo regroupant de  petites séquences de performances antérieures. Il sera présent dans la seconde partie du rez-de-chaussée des écuries avec une sculpture performance dans laquelle il activera régulièrement des éléments de chantier, poutres, planches, etc. dans un jeu d’équilibre de forces. Claude Cattelain est représenté par la galerie Archiraar à Bruxelles. www.claudecattelain.com

Stijn Cole (BE) — Photographie / installation / sculpture

Stijn Cole, interviendra dans le jardin des fleurs dans un coin où une partie des  plantations semble inapprivoisée. Il y installera une photographie en angle nous interrogeant sur les deux pans de la nature celle totalement sauvage qu’est la jungle et celle domestiquée par l’homme comme ce type de jardin. Dans l’Eglise Saint Nicolas il posera à hauteur des yeux deux fragments d’un même bloc de marbre issu d’une carrière abandonnée de nos régions. Polies, elles réfléchissent, nous offrent un regard sur nous-mêmes mais aussi sur un passé prestigieux de nos régions (une partie des sols de Versailles provient de carrières belges). Stijn Cole est représenté par la galerie Wenger à Zurich. www.stijncole.eu

Edith Dekyndt (BE) — Vidéo

Une installation vidéo d’Edith Dekyndt prendra ses quartiers dans le sous-sol des écuries. Plonger dans les étendues, perdre nos repères, vivre une expérience sensible sont autant d’éléments qui contribuent à la force du travail de l’artiste. L’espace physique devient chambre d’écho de la magie qui se dégage de la vidéo. Edith Dekyndt est représentée par la galerie Greta Meert à Bruxelles www.edithdekyndt.be

Maria Friberg (SE) — Photographie / vidéo

Deux oeuvres de Maria Friberg seront installées dans la crypte de la tour. Une photographie où des adolescents androgynes se lovent dans un écrin de mousse. Plus loin dans la crypte sera présentée une vidéo dans laquelle deux chemises sont emportées et se rassemblent dans un ballet aquatique orchestré par un siphon d’eau. Maria Friberg est représentée par LMNO à Bruxelles. www.mariafriberg.com

Florian Kiniques (BE) — Intervention

Florian Kiniques intervient sur l’étang du miroir. Comme souvent chez lui son geste est tout à la fois d’une grande précision et empreint de discrétion. Il pose sur l’étang une lunette astronomique inaccessible. Elle nous invite à la rêverie de la contemplation du lointain. www.floriankiniques.com

Lucie Lanzini (FR) — Sculpture

Les projets de Lucie Lanzini composent un paysage décalé d’objets sculptés basés sur des fragments d’éléments décoratifs sortis de leur contexte et qui, dès lors, interrogent notre perception de la réalité. Le travail de Lucie Lanzini est particulièrement fascinant par sa maîtrise technique paradoxalement non ostentatoire. Lucie Lanzini va ponctuer le parcours dans le parc de totems issus de moulages de différents fragments architecturaux. Les époques et les matériaux divers se rejoignent alors dans ces mâts colorés.

Caroline Le Méhauté (FR) — Sculpture / intervention

Caroline Le Méhauté va investir le grand canal. Elle va y faire léviter un rocher telle une magicienne de la terre et de l’air. www.carolinelemehaute.com/

Jacqueline Mesmaeker (BE) — Vidéo / installation

Au sommet de la tour Jacqueline Mesmaeker installera de multiples voilages comme autant de réceptacles à la projection de vols d’oiseaux. Rêverie de l’enchantement d’une liberté définitive, d’un ailleurs où tout est possible. Jacqueline Mesmaeker est représenté par la Galerie Nadja Vilenne à Liège. www.nadjavilenne.com/jacqueline-mesmaeker

Pierre Liebaert — Photographie

Le sacré traverse toute l’oeuvre de Pierre Liebart au delà même du sens religieux que l’on assigne souvent à ce terme. Il investira donc la chapelle castrale avec notamment un triptyque photographique en écho à l’absence du retable qui y était conservé autrefois. Pierre Liebaert est représenté par la galerie Archiraar à Bruxelles. www.pierreliebaert.com

Adrien Lucca (FR) — Installation

A l’entrée des écuries, une œuvre ludique et spectaculaire d’Adrien Lucca. Il a placé en hauteur des lampes qu’il a spécialement conçues, elles transforment notre perception de la couleur. Faites-en l’expérience en déplaçant d’une zone à l’autre les deux grands ballons qu’il posera au sol. Adrian Lucca est représenté par LMNO à Bruxelles. lmno.be/fr/artistes/oeuvres/5496/adrien-lucca

mountaincutters (FR) — Installation

Le duo d’artistes mountaincutters pratique un art de l’installation qui épouse les sites, leurs histoires, leurs physionomies. Ils investissent le souterrain du parc avec leurs objets de verre, de terre et de métal. www.mountaincutters.com

Aux grands bois

Texte de Caroline Lamarche — Écrivain. www.carolinelamarche.net

Voici un parc tranquille, de longs étangs endormis, un pavillon en étoile, d’impérieuses allées d’arbres chahutés par le vent. Frondaisons en ogive, cathédrale végétale. Et puis des roses taillées, un château un peu triste, un souterrain mystérieux, deux maisonnettes à l’air chinois. Diane chasseresse a égaré sa flèche, et la drève ses hêtres pourpres, abattus de main d’homme. Quand la neige et le gel désertent les hivers, le bois devient fragile.

Le palais d’autrefois fut mangé par le feu, on fit tomber les arbres par haine des puissants, la morgue est verticale, disait-on. Temps des révolutions, des  enfants de la faim. Une tour en subsiste, élégante et grave, qu’adoucit le sépia de la brique. Avant, en des temps plus anciens, le bois coupé servait à l’Histoire sainte : la Vierge, le Christ, les anges et l’arbre né du sommeil de Jessé. Figures sculptées, polies, émouvantes à l’extrême, de l’or par-dessus, rien de trop beau pour le chêne qui avait grandi lentement, par la grâce d’un climat froid, aux saisons nettes. Naissance, vie et mort, résurrection, assomption, la Madone veillait dans l’église voisine. Indifférent et tranquille le ciel accueillait les croyants qui avaient pris congé de la terre en pensant que la forêt, le silence, la pureté des étoiles, de l’eau, de l’air, l’abondance des bêtes et des plantes, leur survivraient à jamais.

Aujourd’hui on abat les arbres pour d’autres raisons, miséricordieuses et fatales : certains périssent d’un climat déréglé. Le Pavillon des Sept Etoiles dort sous une nuit électrique, une autoroute a tranché la forêt, le givre n’a plus de givre que le nom dans de vieux contes pour enfants, la beauté ne survit qu’à la petite semaine. Et pourtant, entre l’humus et les astres, s’élèvent de nouvelles intercessions. À défaut de prières (ou avec elles, qui sait ?), des œuvres d’art nous rendent à l’esprit du lieu. Pourrait-elle renaître, la ferveur des symboles ? Et, avec elle, la confiance en une divinité cachée qui continue à nous raconter des histoires de mort et de résurrection ?

Au miroir des étangs, au pied des arbres vigoureux ou déclinants, en compagnie des roses, des buissons, des statues, à l’abri d’une tour, d’une caverne, le parcours est subtil. L’imagination fait voler sa navette à travers les feuillages, pénètre dans les vestiges, les niches végétales, se pose en équilibre sur l’eau. Aux points de rencontre entre la main et le paysage renaît le mystère des grands bois qui livraient leur aubier aux sculpteurs de retable.

Entre ciel et terre, le lien, délicatement, se renoue.

Informations pratiques :

OUVERT TOUS LES JOURS DE 14h00 à 18h00

VISITE QUOTIDIENNE DU RETABLE (EGLISE SAINT NICOLAS) : 17h00

ADRESSES

PARC : Avenue Elisabeth - 7850 Enghien

EGLISE : Place Pierre Delannoy 2 - 7850 Enghien

ACCÈS

Parking - Gare à proximité (10 minutes à pied).

Le parc est accessible aux personnes à mobilité réduite (une partie des bâtiments n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite).

 

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