21 juillet 2020, Fête nationale belge, discours prononcé par Jean-Paul BASTIN, Bourgmestre de la Ville de Malmedy.
Madame la Présidente du CPAS,
Madame, Messieurs les Echevins,
Mesdames, Messieurs les Conseillers communaux et de Cpas,
Monsieur l’Echevin honoraire,
Monsieur le Président du Centre Hospitalier Reine Astrid de Malmedy,
Madame la Directrice de la Maison de Repos et de Soins du Grand Fa,
Madame la Directrice de la Maison de Repos et de Soins des Arcades,
Madame la Directrice de la Maison de Repos du Home Saint-Vincent de Paul de Xhoffraix,
Monsieur le Coordinateur des volontaires durant l’épidémie de CoVid,
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Directeur financier,
Madame la Directrice générale du CPAS,
Mesdames, Messieurs, les représentants du Conseil communal des aînés,
Chers jeunes et chers enfants du Conseil communal des jeunes et des enfants,
Mesdames, Messieurs les représentants des Forces Armées, de la Police, des Pompiers, des associations des anciens combattants, des clergés, des sociétés folkloriques, culturelles, sportives, du monde associatif,
Mesdames, Messieurs les Directeurs et représentants des écoles,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
Chers tous,
Je vous remercie pour votre présence en ces temps troublés. Je vous remercie d’avoir pris la peine de venir à cette partie protocolaire officielle visant à célébrer la fête nationale de la Belgique.
Pour ceux qui auraient oublié leur masque, je signale qu’il y en a qui sont disponibles à côté de la Cathédrale auprès de Pascale ou de Jean Maus, ils peuvent vous dépanner.
Je remercie les autorités religieuses pour leur accueil dans la Cathédrale et la traditionnelle cérémonie du Te Deum, qui plus est célébrée oecuméniquement, en présence du Doyen de l’Eglise Catholique, Vital Nlandu, de Monsieur Bartlam, Pasteur de l’Eglise Baptiste et de Madame Beck, Pasteur de l’Eglise Protestante.
Traditionnellement, je remercie également les musiciens de la Royale Harmonie la Fraternité ou de la fanfare royale L’Echo de la Warche qui alternativement rehaussent par leur présence et leur musique cette cérémonie. Malheureusement la distanciation physique due au CoVid ne permet pas la présence d’une cinquantaine de musiciens pouvant jouer ensemble de façon raisonnable. Je les remercie néanmoins pour leur disponibilité et j’espère que nous pourrons faire appel à nouveau à eux pour les cérémonies du 11 novembre. « Aux Champs », « C’est Mam’dy », une sonnerie et la Brabançonne seront diffusés via des haut-parleurs. Ce n’est pas la même chose mais c’est important que les morceaux puissent être joués.
Cette fête nationale est particulière puisque le monde entier est confronté à une épidémie dont notre génération n’avait pas encore été confrontée ou à tout le moins d’une telle ampleur. Certains plus anciens se remémorentde la grippe de Hong-Kong en 1968-1969 ou l’épidémie de variole qui fit que l’édition du Carnaval de Malmedy de 1962 fut annulée. Ce fut jusqu’à aujourd’hui, la dernière fois. Ebola ou le sida sont aussi des épidémies plus récentes pour lesquels il n’y a toujours pas de vaccins.
Nous devons apprendre à vivre en s’appliquant les gestes barrières, en ayant une attention particulière à l’hygiène des mains ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle.La distance physique est une nouvelle donne pour la vie associative, folklorique et culturelle malmédienne. C’est un sacré défi connaissant le côté festif, chaleureux et tactile des Malmédiens.C’est tout notre rapport à l’autre qui s’en trouve modifié et il y a lieu de trouver un nouvel équilibre entre contact, relation et distance physique. Comment faire pour à la fois protéger les plus faibles et en même temps permettre à la vie sociale, scolaire et économique de se dérouler ?
Lors des fêtes nationales, ce sont souvent les défilés militaires qui sont au cœur des cérémonies et qui consacrent la fierté de la nation pouvant se défendre contre tout éventuel envahisseur comme ce fut le cas pour la Belgique lors des deux derniers conflits mondiaux. Il n’en sera pas de même cette année où un autre aspect de ce qui fait une nation est mis à l’honneur : les professionnels de la santé car oui ce sont eux qui ont été au premier rang pour affronter cette épidémie dont on connaissait peu. Honneur soit rendu à ceux qui, au péril de leur santé, ont assuré les soins pour nos proches. Nous avons pu mesurer toute la plus-value de disposer d’un centre hospitalier au sein de notre ville mais aussi d’une première ligne composée de médecins généralistes, d’infirmiers coordonné par le Dr B. Docquier qui fait tourner le centre de tri puis le centre de testing à la Maison Cavens et ainsi veiller à ce que jamais nous n’ayons été débordé. Tout le monde a pu être soigné avec des standards de soins conformes à notre époque. Ce n’est pas pour cela que tout le monde a pu être sauvé et je présente toutes mes condoléances aux familles des personnes décédées lors de cette épidémie.
Je vous propose 1’ de silence en mémoire et en respect pour elles.
Je vous remercie.
Je salue le travail des infirmiers à domicile, des crèches, des kinés, des dentistes, du centre de post-cure, du centre de jour, du Tournesol qui ont travaillé et été exposé durant cette épidémie.
Le Centre Hospitalier Reine Astrid de Malmedy est aujourd’hui représenté par son Président, Jacques Remy-Paquay, son V-P. Ersel Kaynaket par sa Directrice du département infirmier, Judith Lemaire. Merci de relayer nos remerciements et notre reconnaissance à toutes les personnes, non seulement et bien évidemment dans les équipes de soins mais aussi de support, à la logistique, à la téléphonie, au personnel d’entretien et à tous ceux qui ont permis que les patients puissent être soignés dans les meilleures conditions.
J’ai pris la peine également d’inviter les représentants des trois Maisons de repos présentes sur la commune de Malmedy que je salue. Le Home Saint-Vincent de Paul de Xhoffraix représenté par Nathalie Hayez, Directrice, la Maison de Repos et de Soins des Arcades représentée par Colette Starck, Directrice et la Maison de repos et soins du Grand Fa représentée par la Présidente du CPAS, Ginette Fabritius, par la Directrice générale du CPAS, Isabelle Martin et par la Directrice de la Maison de Repos Isabelle Dewaere ainsi que par l’infirmière-chef, Colette Léonard. Elles ont tous vécu un printemps extraordinairement lourd avec des directives évolutives, parfois contradictoires ; ont dû gérer des confinements pénibles pour les résidents, pour les familles, pour les équipes ;ont dû gérer leurs angoisses légitimes, des deuils à répétition non seulement des familles mais également les leurs car souvent les personnes qui décédaient étaient là depuis un certain temps, parfois de nombreuses années et c’étaient des relations de proximité, d’amitiés qui s’étaient nouées. Vous avez été plusieurs à nous dire que jamais vous n’aviez connu cela et vous avez tenu le choc, merci à vous et à toutes vos équipes. Tout à l’heure au moment du dépôt des gerbes, nous appellerons un représentant par institutionpour que vous veniez déposer avec les membres du Collège communal, une partie au monument central une autre au monument aux patriotes malmédiens.
Enfin, je terminerai en saluant les nombreux bénévoles, les volontaires qui se sont mobilisés durant cette crise et ce confinement que ce soit pour coudre des masques, les distribuer, veiller sur leurs voisins plus âgés et isolés, apporter les courses, prendre simplement des nouvelles régulières, donner un peu de son temps, un peu de réconfort. Ils sont aujourd’hui représentés par Xavier Dion qui a notamment coordonné les nombreux bénévoles qui ont exercé comme stewards à l’entrée du centre hospitalier et qui ont veillé à ce que chaque personne entrante porte bien un masque et se désinfectait les mains à l’entrée et ce quotidiennement et par tous les temps durant plusieurs semaines.
Quand nous voyons tout ce que nous avons traversé, nous n’avons pas spécialement envie de recommencer et devant la nouvelle augmentation de cas ainsi que la pression sur les terrasses de l’HoReCa au moindre rayon de soleil ou avec l’estompement des mesures de distanciation, alcool aidant, nous avons décidé de ne pas prendre de risques et de limiter les festivités, manifestations du 21 juillet à cette partie protocolaire. Nous vous remercions pour votre compréhension.
Ce 21 juillet 2020 est un peu particulier pour Malmedy. Il marque le centième anniversaire de notre arrivée en Belgique. Si le traité de Versailles qui prévoit l’attachement des trois cantons de Malmedy, Eupen et Saint-Vith a été signé le 28 juin 1919 soit 5 ans jour pour jour après l’attentat de Sarajevo, il a pris effet le 10 janvier 1920 mais encore avec une particularité à savoir que la Belgique devait organiser une consultation populaire.
Un plébiscite a été organisé entre janvier et juillet 1920. Toute personne domiciliée dans les cantons de l’est pouvait venir s’opposer au rattachement des Cantons de l’est à la Belgique. Seuls 271 personnes sur 33.276 électeurs potentiels se prononceront pour le retour à l’Allemagne n’empêchant pas l’intégration officielle des Cantons de l’Est au sein du territoire belge.
Les communes de Malmedy, Bévercé et Bellevaux-Ligneuville auront donc été 105 ans prussiennes puis allemandes entre 1815 et 1920 sans oublier encore les 4 ans d’annexion forcée entre mai 1940 et septembre 1944. Nous approchons ainsi petit à petit de la date de basculement où nous aurons été plus longtemps belges qu’allemands. Pour témoigner notre attachement à notre nouvelle patrie, Malmedy a organisé depuis bien longtemps un 21 juillet pas comme les autres en étant particulièrement festif et populaire. La place centrale, la place Albert 1er fait référence à notre premier souverain belge. Le Centre Hospitalier Reine Astrid de Malmedy inauguré en juillet 1961 fait également référence à un membre de la royauté en l’occurrence la reine Astrid, au destin tragique, épouse de Léopold III et mère de la princesse Josephine-Charlotte, épouse du Grand-Duc Jean de Luxembourg et des Rois Baudouin et Albert de Belgique.
La commune de Malmedy, avec celle de Waimes sont les deux seules communes francophones du pays qui ne sont belges que depuis 1920 ( voir ci-dessous ). Cette histoire est et reste peu connue parmi les 253 communes wallonnes francophones et les 19 communes bruxelloises. A l’inverse, les 9 communes germanophones avec qui nous partageons cette histoire, ce calendrier ont un fort lien institutionnel entre elles par l’avènement de la communauté germanophone depuis 50 ans. Réforme de l’état après réforme de l’état, le statut de cette communauté se renforce et de facto devient la quatrième région du pays, sans le titre mais avec les compétences. Il sera important pour nous, pour nos enfants de veiller à entretenir la mémoire, à rappeler nos spécificités historiques pour que nos racines restent solides. Ancré à notre terre, nous pourrons continuer à déployer nos potentialités qui font que plus que jamais la commune de Malmedy est attractive pour y vivre, pour y séjourner en tant que touriste ou pour développer des activités commerciales, économiques, sociales, culturelles ou associatives.
Cette année marque aussi le 75ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale et pour Malmedy 75 ans de stabilité nationale. Toute une génération qui n’a pas eu à subir les affres de la conscription pour une patrie qui changeait selon les derniers accords internationaux ou la loi des armes.
1830 – 1920, cette année la Belgique fête ses 190 ans. Dans à peine 10 ans elle fêtera ses 200 ans et nous ne sommes pas sûrs qu’elle pourra les fêter de manière rayonnante. Il y a 14 ans le faux documentaire de la RTBF « Bye Bye Belgium » semblait iconoclaste et tiré par les cheveux mais il avait également un côté prophétique potentiel. Le mouvement flamand bien que détenant les principaux leviers de l’Etat et bien qu’étant à la tête d’une des régions les prospères d’Europe ne semble jamais rassasié. Quand on a eu soif enfant, on a beau avoir toute les boissons à sa disposition, on aura soif toute sa vie. La régionalisation à tout crin amène à des morcellements de compétence inefficace. J’ose espérer que la réfédéralisation de certaines compétences ne sera plus un tabou.
Les partis indépendantistes sont dominants au nord du pays mais dans la crise de la démocratie représentative que nous connaissons, on ne sait si les électeurs votent pour ces partis pour leur soi-disant côté anti-système ou réellement pour leur volonté d’indépendance. Dans une représentation politique fragmentée ou seuls les extrêmes progressent, il est difficile de constituer un programme de gouvernement ayant un lien quelconque avec le projet de société présenté aux électeurs.
Pourtant il sera nécessaire d’avoir un gouvernement stable rapidement pour affronter les défis liés à l’épidémie mais aussi au réchauffement climatique qui nous semble plutôt lointain et plutôt théorique mais dont les effets seront toujours plus puissants et plus ravageurs. La crise des scolytes pour nos bois en est déjà un avant-gout amer.
Lors de cette crise, les états nations ont été en première ligne pour tenter de la gérer avec les communes pour appliquer sur le terrain les différentes mesures ainsi qu’assurer l’interface avec les citoyens.
Pour la relance et la reprise, nous aurons besoin de l’Europe pour qu’elle assure cohésion mais aussi soutien aux pays plus fragilisés. Dans une économie mondialisée, l’Europe a pleinement sa place et la bonne taille pour veiller à ce que ne soyons pas broyés par des empires d’une autre taille et d’une autre puissance que notre petit pays.
Cette crise nous aura,de par l’impossibilité ou la difficulté de voyager,rappelé la chance que nous avions de vivre dans une région aussi belle avec tant de facilités pour la découvrir, la parcourir que ce soit à pied ou à vélo.
Mesdames, Messieurs, le monde de demain s’écrira sans doute différemment de ce que nous avions imaginé mais il regorge plein de nouvelles opportunités. A nous de les saisir,
Vive le Roi, vive la Belgique, vive Malmedy
Revoir : • 1920_1925_il_y_a_100_ans_nous_devenions_belges
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© François DETRY
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