19è "Prix de la Photographie ouverte", au "Musée de la Photographie", à Mont-sur-Marchienne, jusqu'au 29 Septembre

écrit par YvesCalbert
le 30/08/2024

« Vole, s’envole vers les nuages », comme le chantait l’interprète-compositeur néerlandais David Alexandre Winter (Lion Kleerekoper/°Amsterdam/1943), … non pas un oiseau, comme dans sa chanson, mais des centaines de pigeonsphotographiés par Lucas Castel (°Uccle/1996) – diplômé, en 2018, en photographie  documentaire, de l’ « ESA le 75 » (« Ecole Supérieure des Arts de l’image ») -, lauréat du 19è « Prix de la Photographie ouverte »  et du « Prix de la « RTBF »dont les photographies sont exposées, jusqu’au dimanche  29 septembreau  « Musée de la Photographie »à Mont-sur-Marchienne/Charleroi.

Bien davantage que de simples photos de pigeons, Lucas Castel – co-fondateur, à Bruxelles, de « La Nombreuse » , un collectif d’artistes offrant un nouvel espace à la photographie – s’est intéressé, avec son reportage « Pigeon Paradise », à un nouveau record mondial atteint dans le milieu de la colombophilie, en novembre 2020.

De fait, « New Kim », un pigeon belge, a été acheté aux enchères pour la somme démesurée de 1,9 million d’ US dollars (1.700.044€) par « Super Duper », pseudonyme d’un riche homme d’affaires chinois.

C’est par le biais d’une agence de presse, que Lucas Castel a pu photographier le pigeon le plus cher du monde.  Partant de cette photographie, il s’est trouvé confronté à une pratique méconnue, qui s’est développée au début du XXè siècle dans les régions minières françaises et belges, des propriétaires professionnels et amateurs de pigeons, les entraînant comme des sportifs de haut niveau.

Revenons à ce concours, pour souligner qu’il s’adresse, chaque année, à tous les photographes nés en Belgique ou y résidant depuis plus d’un an, toutes les formes d’expressions de la photographie étant acceptées, sans qu’aucun thème ne soit imposé.

Pour cette 19è édition, 353 dossiers furent adressés aux organisateurs, un jury – autant intéressé par les  démarches photographiques, que par la qualité des images – ayant attribué les différents Prix, Lucas Castel et 11 autres lauréats ayant été retenus pour exposer leurs clichés aux cimaises du « Musée de la Photographie ».

Autres photographes primés :

- « Prix Clic Clac 1 Heure » : Annick Donkers ;

- « Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles » :  Aurélien Goubau ;

- « Prix Roger Anthoine » : Tom Lyon & Pauline Vanden Neste ;

- « Prix Fotografiecircuit Vlaanderen » : Natalie Malisse ;

- « Prix SOFAM » : Roxi Pop.

Outre les photographes récompensés, cinq autres artistes présentent leurs créations à Mont-sur-Marchienne :  Willi FilzCatherine LembléKayin LuysCharlotte Mariën & Pascal Sgro.

Soulignons - réalisée en 2020, alors que la guerre en Syrie durait depuis dix ans - la présentation de la série "Jeunes d'Alep", de Willi Filz (°Eupen/1962), tant pour ses portraits de jeunes que pour les textes qui présentent chacun d'eux, qu'il convient de lire attentivement.

Lors de la visite de presse, il nous confia qu'après avoir choisi un lieu et une lumière adéquate, il aborde les personnes qu’il souhaite photographier. Lorsque la confiance mutuelle est établie, il prend leurs portraits, dans les lieux qu'il a choisi et recueille les informations qu'ils acceptent de lui donner. En quête d'un plaidoyer en faveur de l’humanité, cet « exercice » réside dans la quête d’une identité « authentique ».

"La question qui me préoccupait le plus était celle de la vie quotidienne au-delà des 'news' : comment vit-on dans un pays en guerre depuis dix ans ? Je ne voulais pas photographier les jeunes comme des victimes, je leur ai demandé quels étaient leurs rêves", nous déclara-t-il.

Ainsi Omar Nemeh, 22 ans, étudiant en droit, comédien à ses heures, de religion sunnite, confia à Willi Filz : "J’ai beaucoup de rêves. Je veux devenir un acteur célèbre et être la vedette d’un film hollywodien. La guerre a été très dure pour moi. C'est terrible d'entendre des bombes et de voir des gens mourir tous les jours. La guerre m’a rendu fort et m’a donné des pouvoirs inconnus."

Ayant suivi des cours de photo-design, à l’ "Ecole Technique Supérieure", à Dortmund, il est devenu, en 1996, photographe indépendant, réalisant des reportages sur l’architecture ou des séries de portraits de personnes anonymes, pour des magazines allemands & suisses, ayant déjà exposé à Charleroi, au "BPS 22".

Lors de la visite de presse, il nous confia qu'après avoir choisi un lieu et une lumière adéquate, il aborde les personnes qu’il souhaite photographier. Lorsque la confiance mutuelle est établie, il prend leurs portraits, dans les lieux qu'il a choisi et recueille les informations qu'ils acceptent de lui donner. En quête d'un plaidoyer en faveur de l’humanité, cet « exercice » réside dans la quête d’une identité « authentique ».

Par ailleurs, fidèle à sa tradition, le « Musée de la Photographie » nous propose d’autres expositions :

** « Outremonde », par Laura Henno :

Depuis sept ans, la photographe française Laura Henno (°Croix/1976) réalise un reportage photographique au sein de ce qu’elle considère comme étant le dernier territoire libre des États-Unis, le campement de Slabcity, un lieu situé en plein désert, dans le sud-est de la Californie. Plusieurs semaines par an, elle s’y installe dans une caravane, vivant parmi une communauté de marginauxd’exclus du système américaincertains y échouant pour cause d’addictions aux drogues et/ou à l’alcool.

Ce site, perdu au milieu de nulle part, fut une base des « G.I. », durant la Seconde Guerre mondiale, abandonnée depuis 1956, ce nom de Slabcity, provenant des plaques (« slabs », en anglais) de béton, témoins de ce passé militaire. Les températures étant intenables, en été, seule une bonne centaine de personnes y résident toute l’année, sans électricité, ni toilettes publiques, ni eau courante. Ne figurant sur aucune carte géographique, Slabcity existe sans exister.

Avec respect et humanité, Laura Henno nous propose – avec un court-métrage, à l’étage, et en photographies, dans la grande salle du rez-de-chaussée – une fable documentaire, dédiée à ce « no man’s land ». S’intéressant particulièrement aux conditions de vie et de survie des familles qui y résident, elle pose un regard engagé sur le monde, installant un rapport d’intimité avec celles et ceux qu’elle photographie (le Pasteur Dave, le petit Damon,  Shanon, Sue, Wizer, …), dans cette lumière si particulière de l’Ouest américain, des vols d’avions de chasse et des tirs de roquette brisant constamment le silence supposé régner dans toute étendue désertique.

Saluée par la critique, en 2019, à l’ « Institut de la Photographie », à Paris, et aux « Rencontres d’Arles », où elle reçu le « Prix SAM pour l’art contemporain », ainsi qu’en 2020, au « Bleu du Ciel », à Lyon, sous le commissariat de Michel Poivert (°Toulon/1965), ancien président de la « Société française de Photographie » (1995-2010), Laura Henno – à la suite d’études de photographie à l’ « ENSAV » (« Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels ») de La Cambre, et de cinéma, au « Fresnoy-Studio national des Arts contemporains », à Tourcoing – est la lauréate de nombreux Prix, dont, en 2007, le « Prix Découverte » des « Rencontres internationales de la Photographie  d’Arles ».

Ayant exposé ses photographies au Canada, à Cuba, en Finlande, tout comme à Brest, au « Centre d’Art  Contemporain Passerelle », à Lille, à l’ « Institut de la Photographie », à Paris, au « Palais de Tokyo », ou encore à  Toulouse, au « BBB Centre d’Art », Laura Henno fut primée, en cinéma documentaire, ayant reçu, en 2019, le « Prix du Jury » du « Festival des Champs- Elysées », à Paris, et, en 2018, le « Prix Camira Court Métrage » du « Festival international du Film Entrevues », à Belfort, pour son film « Djo » (France/2018/13′), ainsi que, également en 2018,  le « Prix du Jury » du « Societal Challenges of Asylum and Migration in the XXIst Century”, pour « Koropa » (France/ 2016/19′).

** « A l’Eau ! A l’Eau ! », des archives du « Soir » :

Dans la « Galerie du Soir », traditionnellement, afin de ne pas proposer un autre jeune photographe, alors que les lauréats du « Prix de la Photographie ouverte » nous présentent leurs travaux, Jean-Marie Wynants, réputé journaliste culturel du quotidien « Le Soir », a compulsé les archives de ce média, afin d’en retenir une série d’images relatives à l’eau, nous rappelant les types de maillots de bains, autrefois portés sur les plages de la Côte belge, aussi bien que l’importance de l’eau pour les coureurs du « Tour de France »l’eau ayant toujours été l’or liquide de l’été, un thème de saison …

Comme l’écrit Jean-Marie Wynants : « La jeune femme de 1893, avançant prudemment dans la mer, épuisette à la main, habillée de blanc de la tête aux pieds (en plusieurs couches), serait sans doute bien étonnée de voir les tenues des baigneuses d’aujourd’hui. De la fin du XIXè siècle à 1980, nous avons sélectionné quelques tenues qui firent les délices de plusieurs générations d’élégantes … À travers leur évolution, c’est aussi celle de la société qui se dévoile en filigrane. Après les tenues corsetées du XIXè siècle, évoluant vers des ensembles ‘une pièce’ très sport en 1900, on voit poindre vers 1920 une véritable mode des plages. »

« Les modèles posent désormais avec le même professionnalisme que dans la haute couture. Du côté des années 1930, le deux-pièces s’impose et on voit débouler sur le sable de jeunes amazones à l’allure conquérante. Puis, petit à petit, les maillots de plage semblent devenir l’affaire des starlettes posant comme à Hollywood … Il aura fallu, par contre, attendre l’année 1980, pour que nous trouvions trace d’un maillot … pour homme dans la pourtant riche collection de notre photothèque … »

« … Les hommes, justement, on ne voit qu’eux dans les images du ‘Tour de France’, où la chasse à l’eau a toujours été l’une des préoccupations incontournables des coureurs. Et si, aujourd’hui, les équipes hyper-organisées prévoient ravitaillements réguliers, bidons ergonomiques et autres tenues appropriées aux températures estivales, c’est une tout autre histoire que nous racontent les images tirées de nos archives. »

« … Dans la fournaise de juillet (l’eau que l’on boit fait se ruer les cyclistes sur la moindre fontaine du parcours. On trinque avec les bidons mieux qu’avec le champagne, mais on s’aperçoit qu’à certaines époques, une bonne bière était aussi appréciée qu’un verre d’eau. On voit même certains coureurs se trimbaler avec une ribambelle de bouteilles (en verre !!!/ndlr) dans les poches arrière pour aller ravitailler leurs équipiers … »

** « EMI », un court-métrage d’Ethel Lilienfeld :

Dans la « Boîte noire », nous sommes conviés à une découverte, celle des influenceurs virtuels, qui font la promotion de produits divers auprès de leurs abonnés.

Incarnant le concept de beauté et de perfection, « EMI » est une influenceuse virtuelle adulée, … jusqu’au jour où le doute s’immisce. Et si la tendance était de ressembler de moins en moins à un être humain ?

Pour réaliser ce court-métrage étonnantl’artiste visuelle et vidéaste française Ethel Lilienfeld Paris/1995) utilisa un programme électronique – CGI, AI image generators – créé pour automatiser le traitement des vidéos, mais aussi des techniques traditionnelles, comme la prise de vue réelle ou le maquillage FX, « EMI » explorant différents procédés dans une atmosphère de vlogs viraux et de selfies colorés.

Notons qu’ainsi, depuis quelques années, ce nouveau type d’influenceurs virtuels gagne du terrain. Beaux et lisses, ces avatars, créés de toutes pièces, ont chacun une histoire à raconter, partageant leurs goûts, leurs passions et leur vision avec leur communauté, par le biais d’un récit transmédia. 

Après avoir réussi, en 2020, un master en arts visuels, à l’ « ESAN La Cambre », à Bruxelles, Ethel Lilienfeldvivant à Bruxelles, diplômée, en 2020, d’un « Master en Arts visuels », à l’ « ENSAV » La Cambre, agrégée, en 2021, a obtenu, en 2023, un post-graduat, au « Fresnoy », à Tourcoing, où elle présenta « EMI », durant l’exposition « Panorama 25 »du 22 septembre 2023 jusqu’au 07 janvier 2024.

Reconnue, en 2023, par l'association américano-française "Villa Albertine", cette artiste reçut, en 2022, une bourse de production de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ; ayant été la lauréate, en 2023, du "PrixFintroPrijs", destiné, en Belgique, aux jeunes artistes ; ainsi qu'à Bruxelles, en 2021, du "Prix du Public", au 2è "Brussels Videonline Festival", de "La Centrale for Contemporary Art", et du "Prix de la COCOF" ("Commission Communautaire Française"), à "La Médiatine", à Woluwe-Saint-Lambert , sans oublier, en 2020, du "Prix des Amis de La Cambre".

Ouverture : jusqu’au dimanche 29 septembre, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée (incluant la  collection permanente) : 8€ (6€, pour les seniors et les membres d’un groupe de minimum 10 personnes / 4€, pour les étudiants, les enseignants, les PMR & le demandeurs d’emploi / 1€25, pour les « Art. 27 » / 0€, pour les moins de 12 ans et les « Amis du Musée ». Contacts : 071/43.58.10. Site web :  http://www.museephoto.be.

Soulignons qu’à l’occasion des « Journées du Patrimoine »le samedi 07 septembre, à 11h, une visite guidée gratuite« Un autre Regard »,, ouverte à tous sera organisée pour maximum de 15 personnes, leur offrant un autre regard sur le « Musée de la Photographie », guidant par leurs sens les visiteurs déficients visuels.

Yves Calbert.

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