11 septembre 1956   Visite royale à Saint – Vith        

De Malmédy à Saint-Vith, le chemin est long, mais il est en parfait état. Il n’y a pas si longtemps encore, on ne trouvait que dos d’âne et trous d’obus, tristes reliefs de l’offensive von Rundstedt. En quelques heures, Saint-Vith fut littéralement anéantie. Tout fut détruit. A présent, une nouvelle cité a surgi de cette terre féconde. Une admirable église pointe son clocher effilé au-dessus des rues tracées au cordeau et soigneusement macadamisées. Une école toute neuve et un hôpital sont venus s’ajouter aux constructions privées. Le Roi et sa suite se sont arrêtés aux portes de la ville où s’élèvent, face aux visiteurs, un monument aux morts. Le clairon sonne : un détachement de l’armée présente les armes tandis que le Souverain dépose des fleurs au pied du monument. La voiture royale se dirige ensuite vers le centre de la cité où une maison de commerce fait provisoirement office de maison communale. Le Roi est accueilli par M. Backer, bourgmestre de Saint-Vith. Après avoir exprimé, au nom de la population de Saint-Vith, sa gratitude pour la visite royale, M. Backer s’excuse de devoir recevoir le Souverain dans une maison communale provisoire. Ayant évoqué la visite que fit le Roi Léopold en 1938 à Saint-Vith, M. Backes rappelle que la localité a été durement frappée par la guerre. « Les principales blessures sont maintenant guéries grâce à la volonté de notre population de faire disparaître les traces de cette guerre. Nous avons commencé par les travaux de première nécessité tels que la canalisation de l’eau, les égouts et l’éclairage. Quant aux bâtiments publics, l’église ( !! ) est en voie d’achèvement. Je me permets pourtant de souligner que le retard apporté aux paiements de tranches de crédit par l’Etat, dont le montant total s’élève à 24 millions, nous a valu de nombreux soucis et frais. Nos enfants ont pu être installés, depuis lundi passé, dans la nouvelle école communale. Trois classes occupent toujours des bâtiments provisoires mais bientôt, cette école sera entièrement achevée. Nous avons encore d’autres projets à réaliser, notamment la construction d’une maison communale qui abritera aussi les services de la justice, de la police et des domaines. M. Vanaudenhove, ministre des travaux publics, nous a promis des subsides pour l’exécution du projet de construction d’un réseau d’égouts destiné à desservir la plus grande partie de la commune. De plus, des négociations nous laissent entrevoir la possibilité de doter Saint-Vith d’industries, ceci afin de pouvoir mettre au travail la nombreuse main d’œuvre que la suppression du chemin de fer a rendu disponible ». En terminant, M. Baches assure le Roi que sa visite constitue le plus précieux des encouragements pour relever Saint-Vith de ses ruines et lui donner le développement qu’il mérite. Des drapeaux flottent aux fenêtres et des enfants ont parsemé de roses le parcours royal. Le Roi se dirige vers l’église qui n‘est pas tout à fait achevée. L’ancien sanctuaire qui fut écrasé par les bombes en 1945 était un lieu de pèlerinage célèbre, surtout en Allemagne. On venait y invoquer saint Vith, patron de la cité, contre les maladies nerveuses. C’est évidemment à saint Vith, dont la vie miraculeuse peut se lire dans les statuettes qui l’ornent, que le nouveau sanctuaire sera dédié. La visite royale s’est poursuivie vers la nouvelle école aux grandes fenêtres et vers l’hôpital. La foule applaudissait. Il y eut un dernier regard royal vers cette ville qui a tant souffert, mais s’est rétablie. Puis le Roi a regagné sa voiture qui est repartie vers la capitale.    ( Extrait de «  La Libre Belgique » datée du samedi 11 septembre 1956 )

François DETRY

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