VERDUN L’heure s’est arrêtée …..
En ces derniers jours de mai 2013, des touristes allemands visitant les localisations des différents villages complètement détruits durant la bataille de Verdun, ont découvert des ossements, apparemment humains, à proximité de ce qui était le petit village de Fleury-devant-Douaumont et ont contacté l'ossuaire de Douaumont. Les recherches se poursuivent actuellement dans le sous-bois situé à proximité de la chapelle Notre-Dame de l'Europe, Ce sont désormais les squelettes de 15 soldats au moins qui ont été exhumés. Sept d'entre eux ont pu être identifiés, grâce à leurs plaques. Ces corps seraient ceux de poilus décédés en juin 1916, l'heure de la mort aurait même été fixée grâce à des montres retrouvées sur place. Ces soldats se trouvaient à priori enfermés dans la cave d'une ferme. Des éclats d'obus ont été découverts dans le cratère. Sur le terrain, les investigations se poursuivent. Les ossements et les effets personnels sont rassemblés dans une salle mise spécialement à disposition à Hôpital de Verdun. Parmi les spécialistes attachés à l’enquête, figure Frédéric Adam, chargé de recherches à l'Institut national de recherches archéologiques préventives et spécialiste de la grande guerre, lui qui a découvert le corps de l'écrivain français Alain Fournier, retrouvé avec ses compagnons d'armes et identifié le 2 mai 1991 dans une clairière du Bois de Saint-Remy (55). C'était d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui, la plus importante découverte concernant des soldats disparus sur les champs de batailles de Verdun. Jusqu'à la grande guerre, Fleury-Devant-Douaumont mena une existence paisible et laborieuse. De temps immémorial, les travaux et les jours se déroulaient au rythme des saisons, faisant alterner semailles et moissons, bûcheronnage et vendange, années de disette et de prospérité.
Mais le 21 février 1916 débutait la bataille de Verdun. Le village est réveillé par les tirs d'artillerie préparatoires à l'assaut allemand. L'ordre est donné d'évacuer le village, sous la neige. En deux mois le village, situé dans le secteur des forts de Douaumont et de Vaux, est pris et repris 16 fois par Français et Allemands. En mai, il n'est déjà plus qu'un tracé de ruines fumantes et un poste avancé de secours est installé dans une cave de ferme, là où ont été retrouvés les squelettes. En 1918, Fleury-Devant-Douaumont est un village "Mort pour la France". Mais comme pour huit autres villages du Front de Verdun, la Nation reconnaissante lui a conservé sa personnalité juridique. Fleury-Devant-Douaumont a un maire et aucun habitant mais à présent, Fleury-Devant-Douaumont revit. L'Association Nationale du Souvenir de la Bataille de Verdun et l'Office Nationale des Forêts ont dégagé le tracé de ses rues, l'emplacement de ses maisons. Le visiteur peut retrouver la fontaine du village où jaillissaient les rires et eaux claires, les fermes, la forge, l'école, l'église...
Depuis 1979, Notre Dame de l'Europe scellée sur la façade de la chapelle votive, appelle à la fraternité et à la paix, tous les hommes qui viennent en ce lieu s'incliner devant le sacrifice et la misère des deux adversaires de l'époque, aujourd'hui réconciliés. Construit sur l'emplacement de la gare de Fleury-Devant-Douaumont, le Mémorial est consacré à la bataille de Verdun: photos, fresques, documents, matériels divers, armes, équipements, uniformes, avions français et allemands racontent et retracent cette tragique bataille que le visiteur peut revivre en saisissant ce que furent les souffrances et les misères des hommes qui y participèrent.
François DETRY