Chauffoirs publics à Liège Guillemins
La gare des Guillemins négative : nous parlons de la température qu’il y fait l’hiver, à partir de fin novembre en 2012 en l'occurrence, voici plus de deux mois maintenant.
Où est-elle cette salle dite des pas perdus sinon au paradis des émouvantes nostalgies, cette salle d'attente de la gare des goldens sixties lieu convivial de mixité sociale où on pouvait passer des heures peinardes entre des correspondances ?
Il y faisait chaud et chaleureux, les gens se parlaient, se regardaient, piquaient des roupillons ou y passaient une partie de la nuit, dans l’attente des trains internationaux.
Un manque de vista ?
Semble-t-il que l’architecte espagnol qui a conçu la nouvelle gare et en a suivi la création (ce qui a pris plus de 10 ans) ignorait que la Belgique est un pays du nord où il gèle l’hiver, à moins qu’il crût qu’entre le moment de la conception de la gare et celui de la mise service, le réchauffement de la planète aurait supprimé la rigueur du froid à l’est de la Belgique.
Dans la salle des pas perdus actuelle, qui n’en est pas une, de salle, puisqu’en fait une fois franchie la porte, on se trouve dans un espace ouvert par les nombreux escaliers et escalators menant aux quais, il n’y pas même pas deux sièges pour s’asseoir côte à côte ! Juste un rebord en marbre -froid comme de la pierre !- aux pieds des piliers, où l’inconfort est total et où on se tourne à moitié le dos.
Chauffoirs de fortune : rien que des places debout
Pour faire face aux « désagréments imprévus de l’hiver », la SNCB (présumons-nous) a planté des appareils de chauffage de plein air dans la galerie menant aux quais. Électriques, ce qui ne rime ni avec économique, ni avec écologique. Manifestement du bricolage, à voir les raccordements par des câbles venant des escaliers roulants.
Les jours de grand froid vers 7 heures du matin, aux heures d’affluence, c’est un spectacle qu’on croyait ne plus voir qu’au cinéma, d’autres lieux, d’autres temps : des masses d’individus s’agglutinent autour des radiateurs à la recherche d’un salut chacun pour soi. Et pour ce qui est de jouer des coudes, on joue des coudes. Tant pis pour les plus faibles : les personnes âgées, les handicapés (station debout obligatoire !), les femmes et les enfants, particulièrement les femmes avec petits enfants, parfois méchamment rabroués, ne trouvent pas place dans le cercle des balaises privilégiés agglutinés à proximité de la source de chaleur, et grelottent sur orbite. Bien sûr, on croise des regards de mal à l’aise, de honte, de dépit : il s’agit en live d’autant de petits laboratoires d’exclusion sociale.
Chauffoirs pour fortunés
N’exagérons pas : fortuné, il ne faut pas l’être comme Crésus pour s’asseoir au chaud. L’un d’eux s’appelle justement « Point chaud » ! Les seuls espaces où l’ont peut s’asseoir, en consommant bien sûr. Comme on n’a plus rien pour moins de 2,5 euros, même avec des systèmes self service, comptez 5 à 8 euros pour attendre une petite heure au chaud. Car une fois votre café descendu, on vous fera vite comprendre que les points chauds ne sont pas des salles d’attente. En sus, les toilettes : 0.5 euro. Tous ces prix sont normaux, certes.
N’empêche que dans ces conditions, dans bien des cas, attendre le train coûte plus cher que de le prendre.
René Dislaire