CHYPRE Chypre, l’ île coupée en deux
Dernière terre européenne et île de la Méditerranée orientale, Chypre occupe une position stratégique à proximité des côtes turques, syriennes et libanaises. Grecs, Assyriens, Perses, Phéniciens, Romains, Byzantins, Français, Vénitiens, Turcs, Anglais, … s’illustrèrent sur son territoire durant près de 7000 ans de civilisation. Au terme d’une guerre d’indépendance de 4 années contre les Anglais, elle devient République de Chypre en 1960 avec Monseigneur Makarios comme Président et compte deux communautés : la grecque ( 80 % de la population ) et la turque. Mais bientôt, les troubles entre celles-ci ensanglantent la vie quotidienne. Les Casques bleus débarquent sur l’île et s’interposent. Mais la Turquie, favorable à la partition du territoire et sous prétexte de protéger sa communauté présente à Chypre, envahit le territoire en 1974 et en occupe 37%, chassant ainsi 200000 Grecs chypriotes de leurs villages qui deviendront ainsi des réfugiés dans leur propre pays. La partition est accomplie. En 1983, la « République turque de Chypre » est autoproclamée mais n’est reconnue que par la seule Turquie. Aujourd’hui, le nord de l’île abrite toujours 35000 soldats turcs. La plupart des instances internationales ont condamné les initiatives de la Turquie. A l’heure actuelle, Chypre demeure toujours coupée en deux et la partie grecque est membre de l’Union européenne depuis mai 2004 puis a adopté l’euro en janvier 2008. Alors que le mur de Berlin est tombé, celui de Nicosie, la capitale de l’île, est toujours en place sous contrôle des Casques bleus de l’ONU. Mais les Chypriotes grecs installés dans le sud ont accueilli les compatriotes réfugiés venus du nord et dépouillés de leurs biens, bâti, assaini, aménagé et ont redressé l’économie de leur pays. Dans la partie du nord, il y a eu immigration de 120000 Turcs venus d’Anatolie qui ont occupé sans les entretenir maisons, commerces et exploitations abandonnées par leurs propriétaires. Quelques points de passage très contrôlés par les autorités turques permettent la circulation de piétons et de véhicules d’une zone à l’autre pour une période déterminée. Profitant de cette opportunité ainsi offerte dans la capitale, les visiteurs peuvent ainsi visiter les quelques monuments entretenus ou non mais surtout remarquer la différence d’évolution des deux parties. Y aura-t-il un jour une solution à ce gouffre économique et social ? Une communauté grecque qui a relevé un défi énorme et l’a réussi, une communauté turque qui se voit dépeuplée par ses habitants demandant et obtenant la nationalité de la République du sud alors que son économie chancelante est soutenue à bout de bras par Ankara.
François DETRY