La force du Juge de paix
Les Houffalois ont l’air de marcher dans « la farce du Juge de paix ».
C’est ainsi qu’on appelle plaisamment le retour à la féodalité dont le décor est planté devant la Cour de Justice de leur ville au riche passé médiéval. La pièce se joue sans relâche.
La justice s’affiche de guingois
Joli, joli ? n’en parlons pas !
Nous parlons du décor, pas de la farce.
Les fenêtres du pignon sud de la Justice de Paix de Houffalize deviennent bariolées au point que tous les jours c’est jour de carnaval.
Des contrefaçons de panneaux de signalisation gros comme des confettis, qui sentent le faux rien qu’à l’absence de matière réfléchissante. Placées de traviole, pour en rajouter au comique.
Des idéogrammes "bouge-toi de là que je m’y mette »" en plastique bon marché qui crolle au premier rayon de soleil. Apposés sans niveau ni fil à plomb – on est loin de la balance de la Justice. L'expression de la loi du plus fort.
Des mini plaques minéralogiques d’imaginaires bénéficiaires de passe-droit.
Tout de guingois ? Monsieur, yé fais ce que yé peux, puisqué’il s’agit d’autocollants que yé’appose au carreau, de l’intérieur de la maison.
Du chic ? en voilà !
Baissons les yeux. Des plaques "un peu la classe", celle du fournisseur des avocats.
Des écriteaux qui n’auraient de valeur, affirme-t-on là où on connaît le mieux le code de la route, qu’en complément à un signal E9a. Or, celui-ci n’apparaît nulle part.
Ce signal E9a (P blanc sur fond bleu) est le seul qui puisse indiquer une autorisation de parking.
Et c’est bien de stationnement qu’il s’agit, le texte étant, tout en majuscules : EMPLACEMENT RESERVE AU PERSONNEL DE LA JUSTICE DE PAIX.
Que fait la police ?
Que pourrait-elle faire ?
Non réglementaires, ces affichettes insensées censées interdire le stationnement ne réglementeraient rien.
On ne voit donc pas quel article du code de la route on pourrait invoquer pour constater une infraction à ces parodies placées, qui plus est, …à l’intérieur d’un bâtiment. Ce que ne prévoit en aucun cas le code de la route !
Vraiment , les policiers seraient, se dit-il, mal à l’aise si on les invitait à venir verbaliser, et à prendre la responsabilité de faire enlever un véhicule.
Si les gens respectent ces affiches de carnaval, ce n’est donc pas par crainte du gendarme, c’est par peur du juge. Du juge « de paix ». La paix qui est le souverain bien, à croire une pensée de Pascal.
Qu’a fait l’autorité communale ?
Car la farce commence à avoir un goût douteux.
365 jours sur l’année, des emplacements de parking seraient réservés à des personnes –le personnel de la justice de paix- dont la présence au travail est évaluée à 1 heure sur 7. Soit un jour par semaine.
Les touristes flamands vététistes du week-end, ahuris, se demandent si le code de la route est devenu différent en Wallonie qu’en Flandre.
Le terrain serait-il un domaine privé d’une personne publique ? Dans ce cas, il suffirait de l’indiquer.
S’il s’agit du domaine public communal, l’autorité compétente –la commune- a-t-elle adopté un règlement qui fait qu’une aire de bitume soit la plupart du temps interdite d’usage de ce à quoi elle a l'apparence d'être destinée ? Sur quels motifs?
Nous sommes quand même à la porte du « Houffalize des commerces ».
À l’heure où tout coûte cher, n’y aurait-il un soupçon de gaspillage de l’espace public ?
(à suivre).
René Dislaire