Le 80ème anniversaire de la Bataille des Ardennes : le massacre à Baugnez et trois bombardements par erreur ont défiguré à Malmedy
Malmedy est restée aux mains des Américains durant la Bataille d’Ardenne. Ce qui ne l’empêchera pas d’être pilonnée à trois reprises par l’aviation alliée. Sur les hauteurs, à Baugnez, les S.S. de la colonne Peiper commettront également un massacre de 84 G.I.’s, pourtant désarmés.
C’est alors le début du carnage, raconte George Fox, survivant du 285e bataillon d’observation US : " Des mitrailleuses ont commencé à tirer dans tous les sens. Et tout le monde est tombé : je me suis effondré sur quelqu’un, un autre soldat est tombé sur moi. Il n’y avait qu’un grand amas de corps entassés. Au bout d’un moment, quelques soldats allemands sont revenus, pour vérifier s’il y avait des survivants. Et ils ont tiré sur ceux qui gémissaient ".
La colonne Peiper avait pour consigne de ne pas faire de prisonnier, afin de ne pas risquer de ralentir sa progression. Adolf Hitler voulait que la bataille soit menée avec brutalité afin de terroriser l’adversaire. Mais l’annonce du massacre de Baugnez aura l’effet inverse : les GI sont écœurés et leur ardeur au combat est décuplée.
Près d’un mois plus tard, le 14 janvier 1945, les Américains parviennent à dégager les corps gelés et couverts de neige des victimes. Ce sont 72 corps qui sont relevés dans la prairie, auxquels il faut en ajouter douze retrouvés dans les environs. Selon l’autopsie, au moins 20 des soldats tués présentaient des blessures causées par des tirs à bout portant.
En 1946, Joachim Peiper a été condamné à mort par le tribunal militaire américain de Dachau, essentiellement pour le massacre de Baugnez. Sa peine a plus tard été commuée en un emprisonnement de 35 ans.
Un mémorial érigé à Baugnez commémore le massacre des 84 soldats américains. Chaque pierre noire insérée dans le mur du mémorial porte le nom d’une des victimes. Ces soldats appartenaient pour l’essentiel au 285e bataillon d’observation d’artillerie de campagne.
Ce samedi 20 décembre, la ville de Malmedy a organisé diverses commémorations en hommage aux soldats tombés au Champ d'Honneur à Baugnez le 17 d6cembre 1944, aux victimes des bombardements de Malmedy les 23, 24 et 25 décembre 1944 et d leur combat pour la défense de la cité. Lors de la cérémonie à Baugnez, le Député-Bourgmestre, Jean-Paul Bastin, les représentants des ambassades de la République allemande, des Etats-unis et de la Norvège, ainsi que d' autres autorités militaires ont pris la parole pour rappeler les événements et leurs impacts sur l’actualité. Les membres du Conseil communal des enfants ont accroché une fleur à proximité des noms des 84 victimes. Des élèves de l’Académie de Malmedy ont ensuite récité des extraits du texte d’Eluard « Liberté » suivis par l’exécution d’un chant de circonstance par une classe de Géromont. Après le dépôt des fleurs au monument, le drapeau étoilé a été hissé au son de l’hymne national US. Ensuite, les autorités se sont rendues dans le parc de la cathédrale pour y inaugurer la stèle consacrée à la 30e Division de l'armée américaine et rendre hommage aux victimes de la guerre. S’en suivit l’inauguration du parcours mémoriel permanent ( « Malmedy Battle Tour 44 » ), 22 panneaux qui permettent de découvrir les endroits stratégiques des bombardements
Tous les invités, tant militaires que civils, se sont retrouvés au Malmundarium pour le verre de l'amitié et … se réchauffer.
LIBERTE ( Paul Eluard )
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer, sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté