"Les Bijoux de la Castafiore" en version "Journal Tintin", "Numéro spécial 77 Ans" & "Tintin, l'Aventure immersive"
Le dimanche 01 octobre, nous étions conviés au « Musée Hergé » pour la présentation d’un ouvrage édité conjointement par « Casterman » et les « Éditions Moulinsart », nous restituant la première version de l’album « Les Bijoux de la Castafiore », telle qu’elle fut publiée, en 1961, au sein de l’hebdomadaire « Journal Tintin » (26/09/ 1946-29/11/1988), des « Editions du Lombard ».
A cette occasion, à l’image des philatélistes, collectionneurs des enveloppes et feuillets « 1er jour », en achetant cet album dans la « boutique Tintin », nous recevions un cachet « 1er octobre 2023 », avec la reproduction d’une case où Bianca Castafiore, un bouquet de fleurs à la main, embrasse le professeur Tournesol.
Nous retrouvons ainsi les couleurs originales, dues à « Hergé » (Georges Remi/1907-1983) lui-même et à ses coloristes, l’album édité en 1963, par « Casterman » ayant donné lieu à des remaniements graphiques et à un nouveau coloriage.
62 ans après l’édition originale, au sein du « Journal Tintin », en vue de la présente édition en album, les graphistes des « Éditions Moulinsart » ont redonné aux cases des 62 pages leur fraîcheur et leur éclat d’origine.
Soulignons que dans cette toute nouvelle édition, 18 pages précèdent cette 21è aventure de « Tintin », bien différente de la précédente, « Tintin au Tibet ». De fait, ici, il n’est plus question d’accompagner « Tintin » vers une destination africaine, américaine, asiatique, océanienne, voire européenne, mais bien de vivre avec lui, Milou, Haddock, Tournesol, les Dupondt et autres, dans l’enceinte du Château du Capitaine, sis à Moulinsart, ce nom de localité ayant été créé par Hergé, en inversant les deux parties du nom d’une commune de la Ville de Braine-l’Alleud , Sart-Moulin, ce château de bande dessinée étant apparu une première fois dans la 11è aventure de « Tintin », « Le Secret de la Licorne », édité par « Casterman », en 1943, Hergé s’étant inspiré, pour le dessiner, d’un Château de la Loire, celui de Cheverny.
Ces 18 pages ne pourront qu’intéresser tout qui s’intéresse à l’univers de « Tintin », nous apprenant, notamment, photos du« Paris-Match » du 11 juin 1960 à l’appui, que l’actrice italienne Sophia Loren (°Rome/1934) venait d’être victime du vol de ses bijoux, alors qu’elle tournait « Les Dessous de la Millionnaire », pour le réalisateur britannique Anthony Asquith (1902-1968), cet article ayant pour titre « Sophia n’a plus que sa beauté pour parure », … tout comme Bianca Castafiore, qui s’écrie, en page 15 de l’album : « Clel ! Mes Bijoux ! … Irmâââ » ! Mes Bijoux ?!? »
Son inspiration vint, aussi, d’une balade qu’il entreprit dans la campagne proche de sa propriété de Céroux-Mousty, dans le Brabant Wallon, Hergé ayant découvert – sur un terrain insalubre, proche d’une décharge – un camp de Tsiganes.
Suite à cela, il rencontra le Père Rupert, un capucin de Verviers, aumônier des gens du voyage, qui lui fournit de nombreuses informations sur le mode de vie des Romanichels, ayant dit à Hergé : « J’aime croire que l’épisode romanichel sera à leur honneur, sans quoi cela me fera de la peine, car je les aime beaucoup, même avec leurs vices, qui ne sont pas plus nombreux que les nôtre, sédentaires. »
C’est l’occasion, pour nous, de découvrir quatre photos de la documentation d’Hergé sur les gens du voyage, ainsi que des crayonnés personnels, notamment de la petite Bohémienne, jamais montrés aux lecteurs.
Viennent ensuite d’autres crayonnés issus de la page 49 de l’album, où nous trouvons l’une des inventions du "professeur Tournesol", le « Supercolor-Tryphonar », qui donne à Hergé l’occasion de réaliser quelques images dignes du « pop-art », qu’il affectionne tant.
Ces visages déformés, sur ce téléviseur, nous les retrouvons, en grands formats, au sein du « Musée Hergé », à 200 m de la gare ferroviaire de Louvain-la-Neuve, un musée qui – conçu, en 2009, par l’architecte français Christian de Portzamparc (°Casablanca/1944) – se doit d’être visité par tout amateur de bandes dessinées.
Mais revenons à ce nouvel album, où nous retrouvons, au-dessus de chaque page, une phrase résumant la page précédente, publiée une semaine plus tôt, … vu qu’à l’époque, en Belgique, du 04 juillet 1961 jusqu’au 04 septembre 1962, et en France, du 20 juillet 1961 jusqu’au 20 septembre 1962, le « Journal Tintin » ne publiait qu’une seule page par semaine.
A chacun d’entre nous de (re)découvrir ce huit clos amusant, si différent des autres aventures de « Tintin », ceci dans sa version originale, de 1961-1962, que nous pourrons, bien sûr, comparer, page par page, à l’album traditionnel, tel qu’il fut édité, une première fois, en 1963.
Caractéristiques de l’album de 2023 :
- Format : 234 x 312 mm
- Pagination : 80 pages (incluant la la BD de 62 pages) + gardes Reliure couture
- Couverture cartonnée pelliculée
- Prix de vente : 16,95 €
Rétro sur « Les Bijoux de la Castafiore » :
A noter que cette aventure de « Tintin » fit l’objet, en 1962, d’un disque vinyle 33 tours, produit par « Pathé Marconi », alors que « Belvision », dans les années ’60, puis « Elipse », au début des années ’90, en réalisèrent des versions télévisées, éditées, ensuite, en vidéos, alors que plus près de nous, en 2001, elle fut adaptée par Dominique Catton & Christiane Sutter, à Genève, pour le théâtre « Am Stram Gram », cette représentation théâtrale ayant été présentée, en 2011, sur la scène de « Wolubilis », à Woluwe-Saint-Lambert, et, en 2015, au Château de La Hulpe.
Jeu vidéo :
Notons encore qu’en 2023, « Moulinsart » et « Microids » se sont unis pour réaliser le jeu vidéo « Tintin Reporter – Les Cigares du Pharaon », développé par « Pendulo Studios », une société espagnole réputée pour ses jeux d’aventures.
Le « Journal Tintin », « Le Journal des Jeunes, de 7 à 77 Ans » :
Concernant le « Journal Tintin », signalons, en co-édition de « Le Lombard » et « Les Editions Moulinsart », présente, dans les « Boutiques Tintin » et en librairies, d’un album broché de 300 pages, qui – 77 ans après la parution du premier numéro – nous offre des hommages de très nombreux.ses auteurs.trices de BD, avec de courtes aventures inédites de héros de papier, qui ne sont pas les leurs, ainsi « Olivier Rameau », créé par « Dany » (Daniel Henrotin) & « Greg » (Michel Regnier) est revu par Olivier Grenson, alors que « Dany » revoit « Ric Hochet », créé par « Tibet » (Gilbert Gascard) & André-Paul Duchâteau, ce dernier héros étant revu, également, par « Nix » (Marnix Verduyn).
Ainsi, libre à nous de retrouver des héros du « Journal Tintin » qui ne sont plus dessinés, tels « Bernard Prince », « Buddy Longway », « Capitan », « Chlorophylle », « Corentin », « Cubitus », « Dan Cooper », « Le Chevalier Blanc », « Luc Orient », « Max l’Explorateur », « Modeste & Pompon », « Pom & Teddy », « Prudence Petitpas », « Spaghetti » ou encore « Vasco », ainsi que de mini-aventures inédites, reprises par d’autres auteurs, de « Alix », « Blake & Mortimer », « Bob & Bobette », « Clifton », « Michel Vaillant », voire même pensées par leur propre créateur, comme « Jonathan », par « Cosey » (Bernard Cosendai).
« Tintin, l’Aventure immersive » :
Jusqu’au dimanche 07 janvier 2024, après sa création à Paris, en 2022, et une étape vécue aux Baux de Provence , « Tintin, l’Aventure immersive » est à découvrir à Bruxelles, sur le site de « Tour & Taxis ».
En 35 minutes, grâce à la société parisienne « Cultureespaces », pionnière dans la création d’expériences immersives, et la S.A. de droit belge « Tintinimaginatio », les 24 aventures de « Tintin » défilent sous nos yeux, sur une surface de projection de 1.600 m2.
Du papier au digital, il n’y a qu’un pas, que ces deux partenaires ont décidé de franchir en unissant leurs expertises , sans avoir recours aux dessins animés, les cases créées par Hergé s’animant dans le total respect de son oeuvre
Si nous n’avons pas assez de nos deux yeux pour tout capter, avec un peu de chance nous découvrons une importante case animée, en noir et blanc, de « Tintin au Pays des Soviets ». Alors qu’il avait ses cheveux collés sur son front, vu la vitesse de sa voiture, sa houppette caractéristique se dresse, restant ainsi dressée durant ses 23 aventures suivantes, ce qui fera dire à Hergé : « Il s’agit d’un ‘accent’ caractérisant mon personnage ».
Mais ceci n’est qu’une case parmi temps d’autres, alors que des Amérindiens parcourent, à cheval, les plaines de l’Ouest, de « Tintin en Amérique », que nous plongeons dans l’Océan avec le sous-marin de poche, en forme de requin, du « professeur Tournesol », du « Trésor de Rakham le Rouge », ou voyons exploser les gigantesques champignons de l’ « Etoile mystérieuse », la fusée de « On a marché sur la Lune » n’étant pas oubliée.
Si les « grands méchants », comme l’affreux Rastapopoulos, le vil Mitsuhirato ou encore le terrifiant Rascar Capac ne sont pas oubliés, parmi tous les amis de « Tintin », nous retrouvons, bien sûr, « Bianca Castafiore » chantant « Ah ! je ris de me voir si belle en ce miroir », un air d’opéra de « Faust », que le compositeur français Charles Gounod (181818-1893) créa en 1859.
A souligner la qualité de la bande son – conçue par l’agence « Start Rec » – reprenant des musiques qu’Hergé appréciait écouter, de David Bowie (1947-2016), les « Beatles » ou le groupe rock « Creedence Clearwater Revival », sans oublier que nous entendons Jacques Brel (1929-1978) « Rêver un impossible rêve », dans « La Quête » (1968) …
… Ce qui nous rapproche d’une déclaration d’Hergé : “À force de croire en ses rêves, l’homme en fait une réalité”.
Ouverture : 7 jours sur 7, de 10h à 19h. Prix d’accès : 12€ &15€. Site web : https://tintin-immersiveadventure.com/fr.
Yves Calbert.