Cinéma : Evénements des "Grignoux", à Liège et à Namur
Ce lundi 19 novembre, au "Churchill", à Liège, un classique du cinéma, avec Michel Simon (né François Joseph Simon/1895-1975), "L'Atalante" (Jean Vigo/Fra./1934/87'), la projection étant précédée d’une présentation par Dick Tomasovic, du "Service Arts du Spectacle" de l’Université de Liège.
Synopsis : "Le marinier Jean a épousé Juliette, une fille de paysans de l'Oise. Ils vont vivre a bord de leur péniche 'L'Atalante' des moments de bonheur et des moments de tristesse. L'équipage se compose d'un mousse et du père Jules, inénarrable personnage qui vit au milieu de ses chats. Mais Juliette, après la rencontre au bal musette d'un jeune camelot, quitte le navire. A bord de 'L'Atalante' c'est la consternation jusqu'au moment où Jules s'en mêle..."
Cet unique long-métrage de Jean Vigo (1905-1934) - qui décéda, à 29 ans, quelques jours après la réalisation de ce film... qu'il ne put, donc, jamais voir - est "l’un des sommets du cinéma français d’avant-guerre, affirmant la prééminence du poétique sur le social à travers un couple de mariniers fous d’amour."
Présenté par "Gaumont", la "Cinémathèque française" et "The Film Foundation", bénéficiant, au laboratoire "L’Image Retrouvée", à Bologne et à Paris, d'une première restauration numérique en 4k, avec un retour à la pellicule 35mm, "L'Atalante" fut projeté, cette année, au "Festival de Cannes".
A noter qu'auparavant, Jean Vigot avait tourné un court-métrage "Zéro de Conduite" (Fra./1933/41'), un film qui fut censuré pendant douze ans.
De fait, ce cinéaste prônait un cinéma social subversif, inventant le « fantastique social », qui mêle visions surréalistes et dénonciation de la crise sociale, ... ce qui, à l'époque, n'était assurément pas bien vu...
A l'inverse, de ce réalisateur, François Truffaut (1932-1984) disait : "Filmant la prose, il atteint sans effort la poésie." Quant à Emir Kusturica, deux fois lauréat d'un "Palme d'or" du "Festival de Cannes".considèrant Jean Vigo comme un poète, il s'inspira de l' "Atalante", pour réaliser plusieurs scènes du mariage, ainsi que des séquences sous-marines de son film "Underground" (Fra.-All.-Hong.-Tch.-Serb./1995/165'), "Palme d'Or" du "Festival de Cannes", en 1995.
Notons que ce film sera projeté en séances ordinaires, en ce même lieu, jusqu'au lundi 10 décembre.
Ce mardi 20 novembre, à 12h et à 20h, dans le cadre des "Classiques du Mardi", du "Service Cinéma" de la Province de Namur, projection de "Daens" (Stijn Coninx/BeL/1992/138'), un long-métrage inspiré du livre d'un auteur flamand, Louis Paul Boon, et nommé, en 1993, pour l'attribution de l' "Oscar du meilleur Film étranger".
Synopsis : "Evocation de la lutte en faveur de la classse ouvrière du prêtre Adolf Daens dans la ville d'Alost, où l'industrie connait un essor foudroyant. En épousant la cause des ouvriers, dès 1880, il va devenir le temoin puis l'acteur des bouleversements qui marquèrent la naissance de l'ère industrielle..."
Le rôle-titre étant interprété par Jan Decleir, considéré par certains comme étant le Gérad Depardieudu cinéma belge néerlandophone, ce film, basé sur un fait historique, raconte une partie de la vie d’un prêtre, Adolf Daens, qui, après un conflit avec son évêque, retourne dans sa ville natale, Alost.
"Il y découvre l’exploitation sauvage d’hommes, de femmes et d’enfants, véritables esclaves de patrons de filatures. Daens choisit de défendre les plus faibles contre les patrons, le gouvernement et la hiérarchie de l’Église. Stijn Coninx signe une fresque sociale poignante et haute en couleurs. Il réussit à nous faire côtoyer cette ambianceprolétarienne de la fin du 19ème siècle. En épousant la cause des ouvriers, il va devenir le temoin puis l'acteur des bouleversements qui marquèrent la naissance de l'ère industrielle. Toute cette évocation sonne juste et prend une dimension universelle grâce à une mise en scène qui joue sur l’émotion" ("Les Grignoux" ).
"Projeté en première mondiale au 'Festival de Venise', en 1992, mettant en scène une période dramatique de la vie du prêtre engagé, Adolf Daens (1839-1907), dans la ville industrielle d'Alost, en Flandre-Orientale, ce film reçut une 'Distinction spéciale' de l' 'Organisation catholique internationale de Cinéma', remportant, en 1992, l' "Aigle d'Or", au "Festival international du Film d'Histoire" à Rueil-Malmaison, ainsi qu'un et un ‘Special Award for theCinematography’ , au'Chicago International Film Festival' " (Wim de Poorter, pour "Septentrion").
Avis d'Ygor Parizel, pour "Cinéma étrange et bizare-Sens Critique-": "Ce long-métrage propose un discours qui est toujours actuel sur la lutte des classes, la crise économique et les agissements des conservateurs. La reconstitution est minutieuse et montre bien les conditions difficiles dans lesquelles vivaient les gens à l'époque."
Assurément, Stijn Coninx (°1957) est l'un des plus brillants réalisateurs belges contemporains, son film "Marina" (Bel./2013/ 118') ayant remporté 5 "Ensors", en 2014, ceux des meilleurs Film, Réalisateur, Scénario (pour Stijn Coninx et Rik D'Hiet), Costumes (pour Catherine Marchand) et Décors (pour Hubert Pouille), ainsi que le Prix du Public et l' "Industry Award" du "Festival du Film d'Ostende", sans oublier, en 2015, 3 "Magritte", ceux des meilleur Film flamand, costumes et décors).
Son film "Soeur Sourire" (Bel.-Fra./2009/120'/avec Cécile de France et Jan Decleir), est le lauréat, en 2011, du "Magritte desmeilleurs Costumes(pour Christophe Pidré et Florence Scholtes), alors que son dernier film, touours en salle, "Niet Schieten" ("Ne pas tirer"/Bel./2018/120'/avec Jan Declair) récolte un très beau succès.
En ce "Mois du Film documentaire" de la "Fédération Wallonie-Bruxelles", ces mercredis 21, au "Parc", à Liège, et 28, au "Caméo", à Namur, 20h, deux projections uniques d' "Après l'Ombre" (Stéphane Mercurio/Fra./2017/934), dans le cadre des "Journées Nationales des Prisons".
A Liège, en partenariat avec la "Maison des Sciences de l’Homme" , la "Faculté des Sciences sociales" de l’ "ULiège", le "Génépi" et "Helmo", la projection sera suivie d’une rencontre : "Au bout de nos peines. Le sens de l’enfermement, et après ?", avec Bernard Dauvister, directeur de prison et Laura Comito, psychologue, à la prison de Lantin.
A Namur, en partenariat avec le "CAL Namur" et la "Concertation des Associations Actives en Prison", la projection sera suivie d’une rencontre : "Privation de liberté, servir et punir ? Enjeux des longues peines", avec Simon Fiasse, comédien,Éliane Delvaux, assistante sociale au "Service d’Aides aux Victimes", et Coline Remacle, chercheuse à l’ "Institut National de Criminalistique et de Criminologie".
Synopsis : " 'Une longue peine, comment ça se raconte ? C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps.' Ainsi s’exprime Didier Ruiz, lorsqu’il entreprend la mise en scène de son dernier spectacle monté avec d’anciens détenus de longue peine. Dans le temps suspendu des répétitions on voit se transformer tous ces hommes, ... le metteur en scène y compris..."
Ludivine Faniel, des "Grignoux" écrit : "Dans ses films, Stéphane Mercurio a l’habitude de traiter des problèmes de société tels que la réalité des aides-ménagères ou des sans-logis. Avec "Après l'Ombre", elle aborde l’enfermement de longue peine."
"Sa caméra va enregistrer une expérience humaine forte : la création du spectacle ' Une longue Peine', mis en scène par Didier Ruiz avec d’anciens détenus. Ces personnes, qui ont fait entre 15 et 35 ans de prison, vont, lors des dix jours de résidence consacrés au spectacle, aborder le poids et la violence de l’épreuve que constitue l’enfermement : le manque d’intimité, la difficulté d’avoir des rapports sexuels, les périodes d’isolement, l’impossibilité d’assister aux décès de leurs proches, ..."
"Au fur et à mesure des répétitions et de leurs échanges, nous sommes témoins de la relation qui se noue entre ces hommes et le metteur en scène. Une relation qui s’étend bien au-delà de l’espace de création. Pour les participants, cette résidence apparaît également comme une occasion de se reconstruire. On comprend vite que ceux-ci ont perdu l’habitude du contact humain : les repas entre amis, la proximité physique ou encore l’occasion de fêter un anniversaire sont des événements rares en prison… Ces moments sont dès lors d’une importance cruciale pour la reconquête de leur confiance et la réadaptation à leur vie sociale. La force du film tient dans cette manière de questionner l’enfermement, non pas selon les effets que celui-ci produit sur la société, mais sur ce qu’il détruit chez les individus."
Ce jeudi 22 novembre, à 20h, au "Caméo", à Namur, projection unique de "The Reports on Sarah and Saleem"(Muayad Alayan/Palestine-P.B.-All.-Mexique/ 2018/127'), suivie, en partenariat avec la "Coordination Namuroise Belgo-Palestinienne" et l'asbl namuroise "Présence et Action Culturelles", d'une rencontre : "En Palestine, tout dans la vie quotidienne prend une dimension politique !", avec Hassan Albalawi, diplomate palestinien à l’Ambassade de Palestine en Belgique, ainsi que de Namurois (membres de la CNBP )de retour de Palestine.
Synopsis : "D'après une histoire vraie, A Jérusalem, une liaison adultérine entre une juive et un palestinien aux conséquences inattendues et dramatiques pour eux et leurs conjoints, emportés par le conflit qui agitent les deux communautés, faisant des deux amants une cible privilégiée des forces de la sécurité israélienne..."
Dans cette fiction, réalisée d'après une histoire vraie, Muayad Alayan dénonce l’emprise du politique dans les aspects les plus intimes des habitants de la nouvelle capitale israélienne, revendiquée par les Palestiniens.
Ingénieusement, dans un même drame, le réalisateur évoque une autre liaison adultère, entre une tenancière de café juive, Sarah, et un livreur arabe, Saleem, et ses retombées politiques et sociales qui prendront rapidement une tournure digne d’un thrillerdes plus haletant...
"Outre un scénario riche en rebondissements qui rappelle fortement le cinéma de Sydney Pollack, l’ampleur du film tient aussi du portrait qu’il fait de Jérusalem : une cité sinueuse où l’administration, entre les mains des forces israéliennes, use de son pouvoir pour inculper des individus, considérés comme ennemis, devant les tribunaux quand cela leur chante" ("Les Grignoux" ).
Muayad Alayan, vivant à Jérusalem, a remporté deux prix aux "Best Arab Narrative Film Award", pour son premier long-métrage "Amours, Larcins et autres Complications" (Palestine/2015/93'), qui fut projeté en avant-première, en 2015, à la "Berlinale".
Son second film, "The Reports on Sarah and Saleem", scénarisé par Rami Alayan, a reçu, en 2018, le "Prix spécial du Jury" et le "Prix du Public" à l’ "International Film Festival", à Rotterdam.
... Et si nous souhaitons en connaître davantage sur cette capitale revendiquée par deux Etats, "Le Parc" nous proposera, le samedi 22 décembre, à 14h et 10h, l'un des six sujets annuels des ciné-conférences d' "Exploration du Monde", fondées en 1950, "Jérusalem, la Ville Monde", présentée par son réalisateur, HadrienCrampette , détenteur d'un Master universitaire en Relations internationales.
D'ici là, ce samedi 24 novembre, à 14h et 20h, toujours dans le cadre d' "Exploration du Monde", nous pourrons découvrir, sur l'écran, "Mont-St.-Michel, Merveilles d'une Baie", avec des commentaires, "live", du conférencier-cinéaste français, Vincent Robinot.
Chaque année, près de 3 millions de personnes visitent le Mont-Saint-Michel, ce dernier y étant vénéré depuis l’an 708, cet îlot étant inscrit sur la liste du « Patrimoine mondial de l’ Unesco » depuis 1979. Ayant bénéficié, de récents travaux d’aménagement, il a retrouver son caractère maritime tant attendu.
Plongeant dans ses souvenirs d’enfance, Vincent Robinot, qui vécut en ce lieu, nous propose de l’accompagner pour (re)découvrir ce territoire emblématique.
Et ce sympathique conférencier de se confier : « Sans vraiment m’en rendre compte, j’ai eu la chance de grandir dans ce territoire magnifique et d’en explorer chaque recoin. Année après année, j’ai pris conscience de sa richesse et ai appris à le comprendre… à l’aimer. Aujourd’hui, je veux le partager avec tout en chacun… Si au moins l’Archange St-Michel pouvait parler, il nous conterait mille et une histoires sur les péripéties scientifiques, politiques et administratives qui ont troublé ce lieu… »
Assurément, ce joyau focalise tous les regards, prenant sa pleine dimension dès lors qu’il s’insère dans cet immense trésor qu’est la Baie du Mont-Saint-Michel. Des polders à la mer en passant par les sables mouvants de l’estran, la vie y foisonne et on ne peut, hélas, saisir en une seule visite toute la diversité de cet environnement extraordinaire…
Avec Vincent Robinot, nous irons bien au-delà de la simple carte postale, apprenant ce qu’est un bateau de pêche… gréé en « bisquine », … ce nom étant issu de « Biscaya » (la Biscaye, au Pays basque), une province maritime espagnole où l’on construisait de forts voiliers de pêche, dont le gréement est d’un maniement très simplifié…
Yves Calbert.