Cet Eté, Namur en Fleurs
En ce moment, Namur nous offre un été fleuri, tant dans le Centre-Ville qu’à Jambes, aussi bien qu’en Province, à Ciney (Domaine de Chevetogne) et à Mettet (Château de Thozée).
Du Moyen Âge à l’époque contemporaine, les fleurs sont largement représentées dans les arts, tant en architecture, qu’en peinture et en sculpture. De tous temps, les fleurs ont été admirées des promeneurs, des philosophes, des poètes et des artistes. Dans le quotidien des hommes, vivantes ou séchées, elles décorent les maisons, s’offrent dans des moments de joie ou de tristesse, donnent une signification ou un éclat aux aléas de la vie.
*** Jusqu’au dimanche 23 septembre, le « Musée provincial Félicien Rops » nous propose ses « Fleurs lascives au Temps de Félicien Rops », mettant en scène les liens qui se tissent entre curiosités botaniques et représentations artistiques, entre sciences et arts. Inspirés par le discours scientifique de l’époque, certains artistes développent une véritable passion pour les fleurs, surtout pour l’iris, le lys, l’orchidée et la rose. Durant la période symboliste (fin du 19ième siècle), ces fleurs sont réinventées par les artistes, qui les transforment en fonction de leur forme érotique suggestive.
En commençant notre visite de ce musée, rendons-nous dans son jardin, où toutes les fleurs plantées, et les panneaux explicatifs s’y rapportant, nous prouvent l’intérêt que Félicien Rops (1833-1898) éprouvait pour la nature. A noter, dans la cour et sur la façade, la présence d’intallations florales du fleuriste bruxellois Thierry Boutemy, dont le talent fut révélé par son travail floral pour le film « Marie-Antoinette » (Sofia Coppola/Fra.-USA-Japon/2006/123’/ »Oscar de la meilleure Création de Costumes »).
Au sein de l’exposition temporaire, nous découvrons quelques oeuvres de Félicien Rops, qui écrivit : « Je finirai jardinier » ou encore « La Botanique est bonne à quelque chose »…, même à inspirer la décoration d’un éventail en soie, peint à l’aquarelle et à l’encre de chine, prêté par un collectioneur privé et présenté dans la première salle, cet éventail ayant été commandé à l’occasion du mariage de Louise Blanc – fille de François Blanc (1806-1877), premier président de la « Société des Bains de Mer », à Monaco – avec un Prince de la famille Radziwill. Plus traditionnel son portrait intitulé « Flore », une aquarelle sur carton, avec crayon de couleur sur fond doré (s.d./23 x 16 cm).
Véronique Carpiaux, conservatrice de ce musée, nous raporte ce qu’Edmond Huot de Goncourt (1822-1896), fondateur de l’ « Académie Goncourt », mentionna lors d’un repas mondain : « J’ai, à ma gauche, Rops, le causeur coloré, à la phrase fouettée, et qui m’entretient, tout à la fois, du dramatique de la campagne de1870, et de sa folie amoureuse pour les rosiers de son jardin de Corbeil », Véronique Carpiaux ajoutant : « La représentation des fleurs chez Rops illustre bien cet exrecice d’équilibriste oscillant entre rigueur scientifique et délire poétique »…
A ce niveau, notons encore ce que Félicien Rops écrivit à Armand Gouzien : « Examine ces croquis où l’art, dans une juste mesure, s’unit à la nature… Je continue à vaguer avec des plantes de mauvaise vie, je trousse les noires Jusquiamus Hyoscyamus Niger… et fesse les mandragores, dans les coins ombreux »…
… Mais, sur deux étages, Rops n’est pas le seul artiste présenté, de loin s’en faut… Nous découvrons ainsi que durant la période symboliste, les fleurs sont réinventées par de nombreux artistes – tel Fernand Khnopff (1858-1921) et son pastel sur papier « Des Roses » (1912) – qui, parfois, les transforment en fonction de leur forme érotique suggestive, ces dessins, peintures, photographies et sculptures étant placés en regard de ce qui fut réalisé à l’époque : herbiers, revues horticoles, œuvres littéraires et ouvrages scientifiques.
… Et pour ceux qui veulent en connaître davantage sur Félicien Rops, la visite de la collection permanente, également présentée sur deux étages, s’impose assurément, sa scénographie étant des plus réussies, nous présentant, notamment, ses paysages mosans et algériens, ses caricatures, ses nombreuses lettres illustrées, ainsi, bien sûr, que ses principales oeuvres, telles « Pornocratès » (1879), « La Tentation de St.-Antoine » (1878) ou encore « La Dame au Pantin » (1877).
Ouverture : 7 jours sur 7, jusqu’au vendredi 31 août (fermé les lundis, du 1er au 23 septembre), de 10h à 18h, et jusqu’à 20h, les jeudis 02 août et 06 septembre. Audio-Guide : 2€. Catalogue richement illustré (Ed. de la Province de Namur/broché/111 pages). Site web : www.museerops.be.
*** Au futur « Musée des Arts décoratifs »/« Ilot des Bateliers », nous découvrons, installée dans le superbe ancien hôtel particulier des Comtes de Groesbeek et des Marquis de Croix, l’exposition « Fleurs plaisantes », également ouverte jusqu’au dimanche 23 septembre, avec, dès le mercredi 1er août, la présence de créations contemporaines, dans son jardin à la française, un espace de verdure unique dans le Centre-Ville, qui sera réouvert pour la première fois au public, depuis cinq ans, à l’exception pour quelques spectacles programmés par « Namur en Mai »…
Dans son scintillant décor intérieur de style Louis XV, à l’occasion de la présente exposition, aux côtés de peintures florales des 17ième, 18ième et 19ième siècles, nombre d’artistes contemporains exposent leurs oeuvres, réalisées dans des techniques des plus variées (chorégraphies immobiles, collages, natures mortes sous forme de bouquets givrés, oeuvres en 3D, aluminium adonisé, acier inoxidable, papier, porcelaine et textiles, photographies, sculptures végétales et mécaniques. Ainsi, nous pouvons admirer, à l’intérieur de superbes salles d’époque, les oeuvres de six Français (Laurence Aguerre, Jean-Michel Bihorel, Emeric Chantier, Lionel Esteve, Christophe Laporte {« Tian Shi »} et Laurent Pernot) et d’une Bruxelloise (Isabelle de Borchgrave). Dès le 1er août, dans le jardin à la française, cette fois, trois autres artistes exposeront : la Britannique Ruth Moilliet, ainsi que les Namurois Fabienne Christyn et François Coquel {« Mehsos »}.
Ouverture : du mardi au dimanche, de 10 à 18h. Jeudi 09 août, jusqu’à 20h. Site web : www.museedesartsdecoratifsdenamur.blogspot.com.
A noter que c’est en ce lieu de prestige que se déroula, durant six jours, en juin 2015, le tournage de scènes du film « Les Visiteurs – La Révolution » (Jean-Marie Poiré/Fra.-Bel.-Rép. tch./2015/110’/avec Sylvie Testud, Christian Clavier, Franck Dubosc et Jean Reno), le troisième opus d’une trilogie, qui, s’il fut un échec commercial, permit à Namur de se faire connaître davantage des réalisateurs et des responsables du choix des lieux de tournages cinématgraphiques.
… Pour « Les Visiteurs », nous étions en 1789, en pleine Révolution française, … à Paris, l’authentique cuisine du musée étant devenue celle de
« Gonzague », interprété par Franck Dubosc), tandis que, sur la rue, les parcmètres contemporains étaient transformés, par la magie du décor, en de jolies petites fontaines du 18ième siècle, d’autres scènes ayant été réalisées sur la Place St.-Aubain et sur le site du Palais Provincial, ainsi qu'en Province, au Château de Franc-Waret, à Fernelmont...
Notons encore que le dimanche 02 septembre, à 11h, 13h et 15h30, sur réservation, les jardins de l’ « Ilot des Bateliers » nous accueilleront gratuitement, pour écouter, en musique, « Des Troubadours à Charles Baudelaire », des textes fleuris à travers les siècles, une animation de la « Maison de la Poésie » et de l’ « Atelier poétique de Wallonie », suivie du traditionnel verre de l’amitié, voire, à 14h, d’une visite guidée gratuite de l’exposition « Fleurs
apprivoisées », notre entrée à cette exposition florale nous offrant le libre accès aux deux autres principales expositions, ainsi qu’aux différentes collections permanentes.
*** Remontant dans l’histoire, jusqu’au Moyen-Age, dès le 12ième siècle, et à la Renaissance, retrouvons-nous au « TreM.a » (« Musée provincial des Arts anciens du Namurois »), avec l’exposition « Fleurs apprivoisées », ouverte jusqu’au 02 septembre, avec, notamment, des oeuvres exceptionnellement prêtées par « Le Musée du Louvre », à Paris (Pendentif « L’Annonciation »/15ième siècle et Vierge à l’Enfant trônant, tenant une Rose/vers 1260), ainsi que par le « Musée des Beaux-Arts », à Bruxelles (« Triptyque de Jan de Witte »/1573, peint par un « Maître Brugeois »).
Au travers de l’ensemble des oeuvres exposées, c’est le système médiéval de pensée qui se dévoile : activités et attitudes humaines, coutumes, croyances, mentalités, rituels …
Notre passage dans les différentes salles nous en apprend beaucoup sur les fleurs et plantes les plus en vue au Moyen-Age, dès le 12ième siècle, et à la Renaissance, comme, par exemple, la verveine. Ainsi, à la lecture du catalogue, nous apprenons que : « Ses pouvoirs ‘magiques’ étaient davantage encore étendus et éclectiques. Poison du diable, la verveine servait à asperger l’eau bénite et, ainsi, chasser lesdémons. Elle intervenait lors des rituels d’exorcisme, et, comme l’armoise, protégeait les maisons contre la foudre et les mauvais esprits. »
« Egalement philtre d’amour, si on voulait se faire aimer d’un homme ou d’une femme, on se frottera les mains avec le jus de la verveine et, ensuite, on touchera celui qu’on veut amouracher. A l’inverse, si on jetait de la poudre contenant de la verveine entre deux amants, ils auront peu de temps après des différends et des bruits ensemble. »
« Une recette d’Albert Legrand promet que les enfants qui porteront une racine de verveine sur eux seront bien élevés et aimeront la science ; ils seront éveillés et de bonne humeur… »
Quant à la pivoine, voici un autre extrait : « En magie comme en médecine, les pouvoirs attribués à la pivoine sont innombrables. Cette plante est dite lunaire. Selon les croyances, quand la lune croit ou décroit, la pivine croit ou décroit aussi, ce qui a pour effet d’inverser ou de modifier ses pouvoirs. En médecine, par exemple, un emplâtre de racine de pivoine en phase croissante était efficace pour les écrouelles, oreillons et excroissances de la chair, tandis que le même emplâtre, posé en phase décroissante, comblait les manques. Selon les phases de la planète, la pivoine pouvait soigner les fièvres ou cicatriser les plaies. Reconnue depuis Hippocrate comme un remède efficace contre l’épilepsie, il suffisait, pour s’en prémunir, de porter sa racine, en amulette, autour du cou… »
La visite de cette exposition et la lecture de son catalogue nous en apprendront bien davantage !
Soulignons que ce musée, créé en 1964, occupe l’ « Hôtel de Gaiffier d’Hestroy », offert, en 1950, par Madame de Gaiffier d’Hestroy, à la Province de Namur, fut édifié au 18ième siècle, en brique et pierre bleue, avec, récemment rénovés, son mur de clôture, de style régence, en stucs et ses bustes à la romaine, donnant sur une cour, où une installation florale de Thierry Boutemy est actuellement exposée, cette maison de maître possédant, aussi, son jardin à la française.
… Et pour ceux qui découvrent ce lieu, notons la présence dans les collections permanentes des peintures du paysagiste Henri Bles (vers 1500-1555), natif de Bouvignes, ainsi que du « Trésor d’Hugo d’Oignies », constitué de chefs d’oeuvre d’orfévrerie, réalisées par le Frère Hugo d’Oignies (1178-1240) et son atelier, au prieuré d’Oignies, qui se situait, jusqu’à la Révolution française, au sein de l’actuelle commune d’Aiseau-Presles, près de Charleroi.
Ouverture : du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Catalogue richement illustré (Ed. de la Province de Namur/ broché/78 pages). Site web : www.museedesartsanciens.be.
Prix d’accès combiné , pour ces trois expositions, incluant les collections permanentes, juqu’au dimanche 02 septembre : 10€ (6€ pour les étudiants, seniors et membres de groupes / 0€ pour les moinsde18 ans, les « articles 27 », les membres de groupes scolaires et, pour tous, les dimanches 05 août et 02 septembre).
Outre ces trois expositions majeures, différents autres lieux accueillent divers événements floraux (accès gratuits, à l’exception pour le « Château de Thozée » et le « Domaine de Chevetogne », ainsi que pour certaines activités):
*** A la « Galerie du Beffroi », du jeudi 09 au samedi 18 août, du mardi au samedi, de 11h à 18h et le dimanche, de 12h à 18h, le Bruxellois Daniel Storz exposera ses « Libertés Vétales », des macrophotographies de matières végétales remaniées et retravaillées au fusain.
*** A la « Tour d’Anhaive », à Jambes, jusqu’au dimanche 26 août, du mardi au vendredi, de 13h30 à 17h, le samedi et le dimanche, de14h à 18h, la
« Loterie Nationale » nous propose « Les Fleurs de la Chance », du trèfle au muguet porte bonheur, des affiches fleuries au jeu de l’oie, sans oublier une oeuvre de l’Anversois « Panamarenko » (né Henri Van Herwegen). Site web : www.anhaive.be.
*** A la « Galerie Détour », à Jambes, jusqu’au samedi 25 août, du mardi au vendredi, de 12h30 à 17h30, le samedi, de 14h à 18h. Fermé le mercredi 15 août, « Penser Fleurs », nous présentant des oeuvres d’une cinquantaine d’artistes, utilisant différentes techniques (céramiques, dessins, gravures, lithographies, photographies, sculptures, vidéos, ...). SIte web : www.galeriedetour.be.
*** Au « Château de Thozée », à Pontaury/Mettet, ou résida Félicien Rops, du mercredi 05 au dimanche 16 septembre, de mercredi à vendredi, de 14h à18h, lesamedi et le dimanche, de 10h à 18h, « Memento Vivere » (« Souviens toi de Vivre »), mettant à l’honneur la fleur et le végétal, tout autant que l’idée de floraison, compositions textiles, dessins, écritures et vidéos dialoguant autour de ces thématiques. Prix d’entrée : 5€ (3€, de 6 à 17 ans / 0€ jusqu’à 5 ans inclus). Site web : www.fondsrops.org.
*** Au « Domaine provincial de Chevetogne », à Chevetogne/Ciney, « Floraisons et Paysages », aux floraisons colorées et feuillages contrastés, nous présentant des aménagements paysagers renforcés Prix d’entrée : 10€. Site web : www.domainedechevetogne.be.
Notons encore, dans le Centre-Ville de Namur :
** une copie d’un tableau égayant la tour, en construction, de la « Maison de la Culture de la Province », fleurie par Thierry Boutemy.
** une fresque murale, « Fleur sauvage en Ville », dans la rue Lucien Namêche, réalisée par la « street artist » californienne Mona Caron.
** une matinée gourmande, « Dans les Pétales de Poucette », le jeudi 26 juillet, de 09h à 11h, à vivre en famille, en explorant le monde végétal et en écoutant l’histoire de Poucette, née dans une fleur, un atelier créatif et un petit déjeuner étant offerts, à la Bibliothèque de Namur. Sur réservation au 081/24.64.40. Site web : www.namur.be.
** une ballade tout en fleurs, dans les carrières de St.-Servais, en profitant de moments ludiques et de pauses contées, sur le thème des fleurs, le jeudi 02 août, à 14h, au départ de la Bibliothèque de St.-Servais.
** une conférence, « Naturalistes-collecteurs belges du 19ième siècle : au nom de la science ou du commerce ? », donnée par Denis Diagre, attaché scientifique au « Jardin Botanique » de Meise, le jeudi 02 août, à 18h30, au « Musée Félicien Rops ».
** une visite guidée gratuite des trois principales expositions, le dimanche 05 août, de 10h30 à 12h30, au départ du « TreM.a ».
** une soirée contée, avec Thérèze Mansion et Christine Volvert, de la « Maison du Conte », le jeudi 16 août, à 18h30, au « TreM.a ».
** un stage pour adolescents, de 12 à 16 ans, du lundi 20 au vendredi 24 août, au « Musée Félicien Rops ». Prix : 60€.
** des ateliers de cuisine des fleurs (sans cuisson), avec dégustations, animés par Alice Caron, le samedi 25 août, à 15h et 16h30, le dimanche 26 août, à 11h et 14h, au « TreM.a ». Prix pour 40′ : 7€. Sur réservation (chaque atelier limité à 15 personnes) au 081/77.67.54.
** un atelier floral, en compagnie de Petula Rose, suivant une visite-éclair de l’exposition, le jeudi 06 septembre, à 18h30, au « Musée Félicien Rops ».
Tiens, au fait, l’hymne des Namurois, « Li bia Bouquet », ne respire t’il pas les fleurs, depuis 1856, année de sa composition par Nicolas Bosret (1799-1876) :
« Ossi vraîmint dji m’rafîye
Dè lî donner li bouquèt
Elle aurè li bia bouquèt. »
En français :
« Aussi, je me réjouis.
De lui donner le bouquet.
Elle aura le plus beau bouquet. »
A voir les très nombreuses vasques florales décorant les rues et l’impressionnante décoration de la gare ferroviaire, nul doute n’est plus permis quant à reconnaître Namur comme étant la Ville de « Li bia Bouquet » ! …
… Mais, surtout, au-delà des fleurs, n’oublions pas, en ces temps où la violence se répend dangereusement de par le monde, l’importance de la Culture… A ce propos, lisons le propos de Jean-Marie Van Espen, Député-Président de la Province de Namur : « La Culture favorise la rencontre. La rencontre avec l’autre, avec ses points de vue, ses expressions, ses rêves… La Culture permet de prendre part, d’une façon ou d’une autre, à la vie desa ville, de sa région », ce qui ne peut qu’être confirmé par le Bourgmestre Maxime Prévot, ayant la Culture dans ses attributions, et par Geneviève Lazaron, la Députée provinciale à la Culture.
Yves Calbert.