Le musée vir[us]tuel de la Ville d’eaux - n ° 28 Le violon de Jehin- Prume

écrit par francois.detry
le 27/06/2020
"le premier violon de l’artiste ».

Nous terminerons cette série de reportages sur la patrimoine spadois en traitant d’ un instrument

qui n’a certes pas une grande valeur technique mais qui est représentatif des collections de

notre  musée  de  société  puisqu’il  a  appartenu  à  un  enfant  du  pays,  François  Jehin-Prume

(1839-1899).

Voici sa description aimablement réalisée pour nous par la musicologue Véronique Wintgens :

De facture ordinaire, ce petit violon de 54 cm, repris dans la classification des tailles de violons

dans la catégorie « Violon ½ », ne possède pas d’étiquette ni d’inscription pouvant identifier

l’origine de sa fabrication. Sa table est réalisée en épicéa, son dos composé de deux pièces,

ainsi que ses éclisses, sont en érable. Le chevalet d’origine a été remplacé par une pièce de

bois grossièrement sculptée. L’instrument est recouvert d’un vernis brun clair. Contrairement

aux violons de plus grande valeur qui présentent des filets incrustés sur le pourtour de la table

et  du  dos  de  l’instrument,  ce  violon  présente  simplement  des  filets  peints.  L’archet  qui

accompagne  l’instrument  possède  un  bouton  en  ivoire  qui  permet  de  tendre  la  mèche.  Ce

violon a, probablement, été joué par le jeune musicien alors qu’il était âgé de 7-8 ans.

Si Jehin-Prume est quelque peu oublié dans sa ville natale – bien sûr, une avenue porte son

nom mais elle fait 300 mètres à tout casser et encore, en deux parties – il est considéré comme

l’un des fondateurs de l’enseignement musical au Québec car c’est là-bas que s’est déroulé

une bonne partie de sa carrière et c’est à Montréal qu’il décède à la toute fin du 19eme siècle.

François Jehin est issu d’une famille spadoise modeste. On lui décèle très tôt un véritable don

pour le violon dont il débute l’étude à 4 ans. Il suit les traces de son oncle maternel, François-

Hubert  Prume  (1816-1849), violoniste également et professeur au Conservatoire de  Liège.

Entré dans la classe de son oncle, il ne profitera pas longtemps de ses conseils car celui-ci

décède lorsqu’il a 10 ans.  Le jeune François ajoute alors  son nom au  sien, devenant ainsi

Jehin-Prume.

Il faut croire que son talent était exceptionnel car le comte de Cornélissen, bourgmestre de

Spa,  fit  voter  par  la  Ville  une  bourse  annuelle  qui  permit  au  jeune  violoniste  d’entrer  au

Conservatoire de Bruxelles. Le gouvernement provincial en fit autant.

La suite de sa vie est tumultueuse : il réalise une tournée européenne à 15 ans ; perfectionne

son  jeu  avec  Bériot,  Wieniawski  et  Vieuxtemps ;  est  nommé  « violoniste  particulier  de  la

musique  du  roi »  ( Léopold  Ier )  à  24  ans ;  répond  à  l’invitation  des  jeunes  et  éphémères

souverains du Mexique, Maximilien et Charlotte ; passe par le Brésil et New York avant d’être

invité au Canada pour une partie de pêche et de sa chasse. Il a alors 26 ans et rencontre la

cantatrice Rosita del Vecchio qui accepte de l’épouser. C’est donc par amour qu’il se fixe au

Canada.

Premier musicien de réputation internationale à choisir  le Canada  comme pays d’adoption,

Frantz Jehin-Prume demeure l’un des artistes les plus accomplis dont les annales musicales

canadiennes puissent s’enorgueillir dit l’Encyclopédie canadienne à son sujet. Son fils, Jules

Jehin-Prume,  a  écrit  sa  biographie  qui  détaille  les  péripéties  de  son  existence  jusqu’à  son

décès à Montréal dans la résidence de son frère Erasme.

Offert par les descendants du musicien, l’humble petit violon est protégé par un étui artisanal

en bois noir qui recèle également une mention manuscrite : « le premier violon de l’artiste ».

C’est cela qui rend cette pièce attachante.

 

Détails du violon

Dimensions : longueur : 54 cm

Epoque : vers 1845-1850

Technique : lutherie

N° d’inventaire : K0506c (don de la famille Charlier-Jehin-Turin, s.d.)

Photographies : M-C Schils (2020)

Bibliographie :

A.B.,  Le  Centenaire  de  la  naissance  du  violoniste-virtuose  François  Jehin-Prume,  in  Les

Cahiers ardennais, mai 1939.

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/jehin-prume-frantz

Notes manuscrites d’Ivan Dethier.

Pour aller plus loin :

Jehin-Prume, Jules, Jehin-Prume. Une vie d’artiste, Montréal, 1899.

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Le Musée de la Ville d’eaux vous propose aussi :

- Revue : « Histoire et Archéologie spadoises » ( 48 p. ) / 3 parutions / année  / 15 €

http://www.spavillaroyale.be/spip.php?rubrique60

- Prochaine exposition temporaire « Destination Spa. Les plaisirs de la villégiature à la Belle Epoque »

http://www.spavillaroyale.be/spip.php?article448

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