Manhay- Circuit des deux guerres
Plus de cent personnes participaient le dimanche 28 décembre 2014 à la marche du circuit des deux guerres au départ de Manhay. Les marcheurs et plusieurs véhicules d'époque ont commémoré, dans la neige, ces deux faits saillants du siècle dernier, par moins 8 degrés.
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Ardenne Web a suivi pour vous cette journée, en photos et vidéo, dans le camion d'Alain Colla, un passionné d'histoire qui, chaque week-end, participe avec son équipe d'Engreux-Vellereux à des promenades historiques.
Plusieurs reconstitutions, une exposition et cette balade sont organisées par Eddy Monfort et son équipe, avec une minute de silence au milieu des bois, où ils ont dédié une petite plaque pour le soldat Frank H.NORTON Jr.
Légende 2 photos: 2174 et photo d'époque : le groupe 505th PIR (82nd Airborne) forma la scène qui fut reconstituée au village d'Oster, devant la maison de
la famille Lallement
JML
Tec.5 - 82nd Armored Reconnaissance Battalion - 2nd ARMORED DIVISION
Le soldat Frank H.NORTON Jr. perdit la vie dans les bois de Dochamps le 6 janvier 1945 lors de la contre-offensive des Ardennes. Cette unité blindée combattit avec la 84th Infantry Division dans le secteur situé entre l'Ourthe et la grand route Manhay - Houffalize. Elle avait pour but de faire jonction avec les troupes de Patton qui venait du sud. C'est la 84th ID qui fit jonction près d'Houffalize, à Rensiwez vers le 15 ou 16 janvier 1945. Il fallu près de deux semaines aux troupes américaines pour parvenir aux abords d'Houffalize lors de cette contre-offensive allemande. Il faut signaler que c'est lors de cette période de la bataille de l'Ardenne que les troupes américaines perdront le plus d'hommes, non seulement par les combats mais surtout par le froid de ce terrible hiver 1945. On ne connait pas encore les raisons exactes de la mort de Frank Norton, mais plusieurs de ses compagnons furent tués le même jour. C'est un collectionneur qui fit la découverte de son matricule et de quelques pièces (ceinturon etc... ) qu'on découvrit la mort de Frank Morton en ce lieu. Son corps fut inhumé peu après la guerre dans le cimetière familiale situé en Georgie (USA). Le dog tag (matricule) fut renvoyée à la famille aux Etats-Unis et depuis, un lien d'amitié très fort entre le collectionneur et la famille Norton se sont liés. Aujourd'hui, un petit hommage lui fut rendu avec une petite plaque de quelques centimètres carré. Celle-ci fut apposé sur un arbre, au pied duquel Frank H. Norton Jr. donna sa vie pour notre liberté, le 6 janvier 1945.
1. La Grande Guerre
La gare du vicinal vers 1914
A. La promenade débute devant l’ancienne gare du vicinal. Le 31 juillet 1914, l’ordre de mobilisation arrive à la gendarmerie de Manhay à 11h du soir. Des messagers partent dans tous les villages et au petit matin, 150 soldats embarquent dans deux trams l’un en direction de Melreux et l’autre vers Comblain (1).
B. Prenons la direction de Liège et tournons à gauche dans le vieux chemin de la Vaux qu’empruntèrent, le 4 août 14, des Ulhans arrivant de Vaux-Chavanne où ils avaient blessé d’un coup de lance Louis Jacoby parce qu’il ne comprenait pas leurs questions. Descendons la route, la 2ème rue à droite est celle du Thier. Dès le 4 août les Allemands établiront au dessus du Thier un poste d’observation. Nous traversons la route de Bomal et à la suite des Ulhans, nous empruntons Chainrue, dénommée Chienrue à l’époque. Au bout de la rue on tourne à droite dans la rue A.Poncelet, on passe devant l’école qui, en novembre 1918, servit de refuge à des exilés français, qui séjournaient auparavant à Vielsalm,
C.A gauche, l’église où les habitants de Grandmenil seront retenus en otage dans la nuit du 18 au 19 août 1914.
Dans le porche de l’église sont scellées deux plaques commémoratives en l’honneur des soldats et victimes des guerres de 14/18 et de 40/45 (2). En face le cimetière. Entrons dans celui-ci. A gauche, la 3ème tombe le long du mur est celle d’Hortense Paquay, institutrice à Grandmenil, qui a tenu un journal racontant les évènements de la région pendant les 4 ans de la Grande Guerre. Devant celle-ci, la sépulture de Cyrille Cheppe et en face celle de Fernand Lecart, deux anciens combattants 14/18 du village. Au fond du cimetière à droite, le monument à la mémoire de 16 soldats français décédés à Manhay et Grandmenil en novembre 1918 (3). Ils étaient prisonniers et les Allemands les avaient emmenés avec eux lors de leur retraite. Abandonnés à Manhay avec 1250 compagnons, ils sont décédés d’épuisement et de maladies malgré les soins prodigués par les habitants. A droite de l’église se situait l’ancienne maison d’Hortense Paquay, où 17 cavaliers allemands prirent leur quartier en septembre 1914.
D. Nous montons la grand-rue et nous arrivons à la route d’Erezée. En direction d’Erezée, à la sortie du village à gauche se situe le lieu-dit « Sur Chevaux ». Le 17 août 1914, Alphonse Piron revient d’Erezée par le chemin de « Sur Chevaux », quand il est aperçu par les Allemands qui ouvrent le feu, l’ayant pris pour un franc tireur. Il prend la fuite mais est abattu un peu plus haut, au lieu-dit Crawèye Hesse. Suite à cet évènement, sa maison sera incendiée ainsi que les deux maisons voisines. La route d’Erezée et celle de Bomal verront passer des centaines de milliers de soldats allemands en août 14 et en novembre 18. Du 27 novembre au 7 décembre
1918, c’est également par les routes d’Erezée et de Bomal qu’arrivent les libérateurs alliés, canadiens, anglais et écossais. En 1919, sur cette même route d’Erezée, un grand défilé sera organisé dans le cadre des fêtes patriotiques qui se déroulent les 18 et 19 octobre 1919.
E. Nous prenons à gauche en direction du rond point. A gauche un char allemand Panther de la 2de guerre (4) et à droite un monument à la mémoire des combattants alliés durant l’offensive des Ardennes en décembre 1944 et janvier 1945 (5).
F. Nous tournons à droite en direction de Lafosse. En voiture, on peut prendre la seconde route (Mâle Mêlée) à gauche en direction d’Oster et à pied on continue une centaine de mètres et on prend à gauche le chemin du Béguinet qui rejoint le cimetière d’Oster. Au coin de la route d’Oster se trouvait la maison Jacoby qui sera détruite lors de l’Offensive des Ardennes en 1944. Deux fils, Joseph et Adolphe, seront officiers en 14/18. Joseph sera arrêté le 21 juillet 44 par les nazis et terminera sa vie à Buchenwald le jour de Noël 1944. Il avait fortement contribué après la première guerre à créer le régiment des Chasseurs Ardennais. Adolphe sera également fait prisonnier en 1940. Le 17 août 1914, alors qu’ils revenaient d’Oster, le curé de Grandmenil et le vicaire d’Oster sont arrêtés et emmenés, en compagnie du bourgmestre, monsieur Devahive, à Malempré ou se déroulera le procès des présumés francs tireurs de Grandmenil. Le village dut payer une amende de 4000 francs et le 19 août, 69 villageois, dont le bourgmestre et le curé, seront arrêtés et emmenés en Allemagne. Le 12 décembre 1916, des dizaines de civils de la commune seront à nouveau faits prisonniers et envoyés en Allemagne ou derrière le front pour travailler. Arrivée à Oster, route de la Bofa. Une visite au cimetière s’impose pour rendre hommage au lieutenant Maurice Bernier mort le 14 octobre 1917 à Villefranche-sur-mer près de Nice, dans une résidence de nos souverains transformée en hôpital militaire. Sa tombe est à gauche au début de l’allée centrale (6). Si l’on tourne le dos à sa sépulture et qu’on regarde la colline au dessus de Lafosse, on aperçoit un chalet. Autrefois se situait à côté un observatoire. Il sera utilisé en 1917 par les Allemands pour l’observation des avions alliés.
Ensuite nous nous rendons au monument aux morts d’Oster à côté de l’église (7). Sur ce monument, en plus de celui de M.Bernier, est repris le nom de Victor Seleck, tué par une bombe alors que, durant une pause, il jouait aux cartes avec des camarades, à l’abri d’une meule de foin. Une troisième victime est reprise sur le monument : Fernand Hourlay, sergent aux carabiniers cyclistes. Dans le village d’Oster comme dans tous ceux de la commune séjournèrent des réfugiés français en 1917 et 1918. Ils provenaient de localités proches du front.
G. Retour vers Manhay, par la route de Bacomboû pour les piétons. A l’entrée de Manhay se trouve à droite la maison communale (8). Avant c’était l’école qui sera incendiée le 22 août 1914 ainsi que 8 autres bâtiments. Trois personnes seront assassinées le même jour et 12 emmenées en captivité.
Sur la place communale, une stèle en l’honneur des parachutistes qui combattront en 1944 et un canon allemand de 40/45 (9). A gauche, dans la rue des Armées Américaines, se trouve un petit bâtiment construit en 1915 par le CSAL (Comité de secours et d’alimentation du Luxembourg) afin de loger une famille dont la maison avait été incendiée (10). On regagne la grand-route Liège Bastogne. Au carrefour on aperçoit à la sortie du village en direction de Bastogne, un tournant où se situe un parking.
En prenant le chemin à droite dans ce parking, après 100 m. on peut voir les ruines du chalet Gilkinet où s’était installée en 1917 la gendarmerie allemande. Il a été incendié par les Allemands en 1944 et ne sera jamais reconstruit. Retour à notre point de départ, à l’ancienne gare du vicinal. En 1917 et 1918, période de famine, de nombreux citadins arrivaient régulièrement avec le tram afin de trouver de la nourriture dans la région. En novembre 1918, 1250 prisonniers français, abandonnés par les Allemands en retraite, sont abrités dans les entrepôts de la gare. Ils seront nourris et soignés par les habitants.
L’école de Manhay incendiée par les Allemands en 1914
En 1914, les anciennes communes composant l’actuelle commune de Manhay comptent 3487 habitants, plus de 140 hommes partent à la guerre, 18 sont morts pour la patrie. Vingt trois militaires sont faits prisonnier et passent environ 4 années en Allemagne, principalement à Hameln, Soltau et Altengrabow. Plus de cent habitants sont déportés et on compte 12 victimes civiles, 5 durant les premières journées de l’invasion et 7 des suites des déportations.
2. L’offensive des Ardennes.
Sur le même itinéraire que la promenade 14/18, voici quelques lignes sur la guerre 40/45 et ses différents monuments que vous allez découvrir sur le trajet.
A. La promenade commence à la gare vicinale de Manhay (1) où nous découvrons sur le mur côté sud, une stèle en mémoire aux parachutistes du 517ème régiment. Manhay fut envahi par les troupes allemandes la nuit du réveillon de Noël. Mais il fut décidé par les états-majors des forces alliées que son carrefour stratégique important, devait être repris. Après plusieurs tentatives avortées, c'est dans la nuit du 26 au 27 décembre 1944 que les parachutistes repousseront les unités allemandes sur les hauteurs au sud de Manhay. Sur le flanc, Grandmenil fut également repris par diverses unités américaines.
Manhay lors de l’offensive des Ardennes fin décembre 1944.
Suivant le vieux chemin de La Vaux, vous découvrez sur votre droite, les champs situés en contrebas en lisière de forêt, ligne de départ de plusieurs attaques américaines réalisées par l'infanterie de la 106ème division et quelques chars de la 7ème division blindée. Elles furent menée peu après la Noël 1944 car il fallait que Manhay soit repris coûte que coûte "Hold at all costs". Mais plusieurs tentatives furent des échecs, à travers les champs, à découvert, face aux troupes allemandes d'une division SS retranchées dans les ruines du village, ayant le support de plusieurs blindés.
B. Lors des événements de décembre 1944, Grandmenil tombe également dans les mains des Allemands. Au village, quelques éléments d'une unité de génie étaient venus installer des champs de mines à l'entrée du patelin. Les hommes du génie étaient en poste sur cette route de Bomal tandis que d'autres soldats avaient pris place dans le cimetière du village (3). A gauche de l'église (2), où l’on peut encore remarquer quelques traces des combats sur la baie de la porte, se situait le presbytère du village. Détruit lors de la bataille, il ne sera pas reconstruit ! Grandmenil subit, pendant la bataille de l'Ardenne, de puissants bombardements. Tout comme à Manhay, de nombreuses maisons sont détruites par les combats.
C. Arrivé à la route d'Erezée, nous prenons à gauche. A cet endroit, le 5 septembre 1944, peu avant la première libération, les troupes allemandes se replient et incendient une vingtaine de bâtiments. A quelques mètres du carrefour, au pied du talus, Emile Lecart 18 ans, est assassiné par des soldats en repli pour l'Allemagne. En 14/18, en septembre et décembre 1944, Grandmenil a terriblement souffert !
D. Au rond point, nous retraçons à nouveau les événements de décembre 1944. En ce lieu, ce char allemand Panther (4), joyaux de notre patrimoine, a été abandonné par les éléments de la 2ème division de Panzer SS. Cette unité d'élite surnommée "Das Reich" est très connue pour la terreur qu'elle commit lors du repli à travers la France lors l'été 1944. Et pourtant, c'est à Grandmenil et Freyneux que l'unité sera définitivement stoppée. Ce Panther, redoutable mastodonte de 45 tonnes, fut l'un des cinq blindés abandonnés dans un champ en contrebas du village, ayant sauté sur les mines installées par les hommes du 238ème bataillon de génie américain. Au bord du champ en question (carrefour de Bomal), une stèle honore leur travail. Une dizaine de blindés de ce type ont été abandonnés à travers le village où d'âpres combats eurent lieu pendant plusieurs jours. C'est ainsi qu'un des Panther fut détruit dans la zone boisée du "Trou du Loup" à 2 kilomètres de Grandmenil, vers Erezée. Un monument signale également l'héroïsme du G.I. (Richard Wiegand – 75ème D.I.) ayant bloqué la colonne à l'aide d'un bazooka, avant de perdre la vie. Sur la pelouse du souvenir, deux monuments (5) ont été également érigés. L'un en mémoire des soldats de la 3ème division blindée et 75ème division d'infanterie ayant combattu à Grandmenil. Le second honore les soldats du 951ème bataillon d'artillerie de campagne. Début janvier, ses canons de 155mm s'installèrent dans les prairies avoisinantes, en support aux troupes ayant lancée la contre-offensive du 3 janvier 1945.
E. En direction d'Oster, sur le chemin qui rejoint le cimetière du village, vous découvrez à droite, le village de Lafosse occupée par quelques avant-gardes allemandes, tandis que les hauteurs boisées furent occupées par les troupes américaines de la 75ème division. A gauche, au village d'Oster, la localité était occupée par le gros des troupes de la 2ème SS Panzer. Nous progressons donc dans la zone du "No man's land ". Oster sera repris dès le premier jour de la contre-offensive américaine par les éléments de la 2ème division blindée et 84ème division d'infanterie US.
Janvier 1945, des hommes du 951st Field Artillery Battailon se sont installés en bivouac dans la cour d'une ferme ! Aujourd'hui, le groupe de reconstitution 505th PIR de la 82nd Airborne ont le plaisir de reproduire cette scène en ce 28 décembre 2014 !
F. De retour à Manhay, nous découvrons à nouveau un monument érigé en hommage aux parachutistes du 325ème régiment de planeurs (9). Cette unité avait reçu la responsabilité de protéger le secteur et nombre d'entre eux s'installeront dans le voisinage de Vaux-Chavanne pendant la bataille de l'Ardenne. En face, le tube d'un canon allemand de 75mm (9). Celui-ci fut retrouvé 60 ans après la guerre sous la grand-route nationale, à quelques mètres du carrefour de Manhay. Manhay a également souffert des combats. Plusieurs divisions américaines traverseront le village se repliant du secteur de Saint-Vith et s'installeront en position défensive pour bloquer les S.S. de la division "Das Reich". Lors des combats, les Américains appelleront Manhay : "Le village où l'on court". Pour traverser la rue et son carrefour, il fallait que les hommes courent car un canon allemand, pointant son canon à l'horizontal, tirait sur tout mouvement au village. Celui-ci était installé en lisière des bois au sud de Manhay, à quelques mètres du chalet Gilkinet détruit lors des événements. A l'heure actuelle, ses ruines sont toujours visibles.
Un autre groupe de reconstitution est également en bivouac, près de cette maison en ruine, entourée par la végétation, ayant repris ses droits, après 70 ans !
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Jean-Marie LESAGE