PIERRE HUBERMONT, écrivain prolétarien, de l'ascension à la chute

écrit par VandenHende
le 13/08/2021

Synopsis

Né dans le Borinage en 1903, Joseph Jumeau est connu comme écrivain sous le nom de Pierre Hubermont. Rédacteur au journal socialiste L’Avenir du Borinage puis au Peuple, il participe à plusieurs revues littéraires progressistes. Très à gauche dans le P.O.B., mais anticommuniste, il opte pourtant, en 1940, pour l’« Ordre Nouveau » dans la mouvance d’Henri De Man. Il collabore avec l’occupant, d’abord comme journaliste, avant d’animer la Communauté Culturelle Wallonne. Arrêté en 1944, il est déféré devant le conseil de guerre. Son avocat plaide l’irresponsabilité, insistant sur les antécédents familiaux et sur le contraste entre ses articles avant et pendant le conflit. Il va ainsi sauver sa tête. On lui doit plusieurs romans dont, en 1930, Treize hommes dans la mine. En 1935, il signe un texte dans un ouvrage collectif sur la Nuit des Longs Couteaux, où il dénonce les atrocités, les massacres, les camps de concentration du régime avec lequel il collaborera pourtant quelques années plus tard.

Un personnage complexe dont trois auteurs cherchent à cerner les multiples facettes.

Les auteurs

– Léon Fourmanoit, auteur de nombreuses publications concernant le Borinage et son histoire, notamment politique, a rencontré Hubermont à trois reprises, en 1986. Il a recueilli de lui plusieurs inédits et d’irremplaçables témoignages de première main ;

 – Claude Duray étudie depuis une quinzaine d’années l’histoire sociale et politique du Borinage. On lui doit notamment une remarquable monographie concernant Walter Dauge. En se penchant sur le cas de ce dernier, il a vu apparaître, comme en filigrane, ce Joseph Jumeau alias Pierre Hubermont devenu par la suite l’objet principal de ses recherches ;

 – Daniel Charneux, enfin, a découvert grâce à Claude Duray l’existence de cet écrivain prolétarien majeur, aujourd’hui presque oublié. Il a lu toute l’œuvre disponible qu’il commente ici avec le point de vue du romaniste.

Extrait

C’est le 9 juin 1928 que paraît à Paris le premier numéro de la revue Monde, fondée par Henri Barbusse. Parmi les parrains, des noms célèbres comme Albert Einstein, Maxime Gorki, Upton Sinclair et quelques autres tous plus ou moins proches de la mouvance communiste. Dans son premier éditorial, Monde, « hebdomadaire d’information littéraire, artistique, scientifique, économique et sociale », précise : Nous proclamons tout d’abord son absolue autonomie. Monde ne dépend financièrement, ni idéologiquement d’aucun parti, d’aucune organisation politique.

C’est important de le préciser à ce moment, car Monde veut être ouvert à toutes les idées progressistes. Or le parti communiste est en crise : à Moscou, Staline fait le ménage et a éliminé un certain nombre de dirigeants dont Trotski, ce qui perturbe la branche française qui durcit le ton. En Belgique, le P.C. se divise en deux tendances. La majoritaire, stalinienne, dirigée par Joseph Jacquemotte, et la minoritaire appelée « opposition communiste », qui plus tard sera trotskiste.

Rappelons qu’Augustin Habaru, rédacteur en chef de la revue, n’est pas un communiste sectaire stalinien. Dans cette fonction stratégique, il sera le relais vers les lettres françaises des auteurs belges en général et en particulier de ceux qui se revendiquent de la littérature prolétarienne. […] Pour les Belges, écrire pour cette revue prestigieuse (ou seulement y être cités), c’est une porte ouverte vers la notoriété. Jean Tousseul, écrivain régionaliste mosan, est le premier […], suivi d’Ayguesparse, de Francis André et d’Hubermont […]. Dans ce même numéro, le texte d’Hubermont est encadré par ceux d’écrivains russes mondialement connus : Ilya Ehrenbourg et Maxime Gorki..

Editions M.E.O.

Essai biographique

232 pages

18,00 EUR

ISBN : 978-2-8070-0280-7 (livre) – 978-2-8070-0281-4 (PDF) – 978-2-8070-0282-1 (EPUB)

 

Portrait de VandenHende
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