Lambert Wilson devient le parrain du festival pour la 10ème édition du FIFCL
Présent lors de la 9ème édition en 2024, Lambert Wilson est tombé sous le charge de l’esprit du Festival International du Film de Comédie de Liège et de la Principauté en général. C’est donc tout naturellement qu’il a accepté de devenir le parrain du FIFCL pour son édition anniversaire en 2025.
« J’ai adoré l’équipe et l’esprit du festival ! J’aime le principe d’un festival démocratique où le public est très présent aux côtés des créateurs et des acteurs. Il n’existe pas de séparation entre une « élite créatrice » et le « petit peuple ». Non, c’est très belge, dans un esprit d’ouverture et de simplicité. » Lambert Wilson
Né à Paris, Lambert Wilson a effectué trois ans d’études théâtrales au Drama Centre de Londres (1975-1978). Il a collaboré avec de grands metteurs en scène tels que Claude Chabrol, Bertrand Tavernier, les sœurs Wachowski, Alain Resnais, Valéria Bruni-Tedeschi, Sophie Fillières, Valérie Lemercier, Alain Chabat, Andrzej Żuławski, etc. Il a obtenu le prix Jean-Gabin pour son interprétation de l’Abbé Pierre dans le film Hiver 54. Il s’est distingué dans de nombreux films d’époque, comme Jefferson à Paris, ainsi que dans des œuvres historiques telles que L’Odyssée (où il incarne l’emblématique Jacques-Yves Cousteau) et De Gaulle.
Audacieux dans ses choix de rôles, il n’hésite pas à se lancer dans des projets singuliers comme Le Ventre de l’architecte et Les Possédés. Sa popularité s’est affirmée avec des films tels que Palais Royal, Matrix, Des Hommes et des Dieux, Sur la piste du Marsupilami, La Vache et Alceste à bicyclette. Plus récemment, il a brillé dans Benedetta, Des Mains en or, et 5 Hectares.
En novembre 2024, lors de la 9ᵉ édition du FIFCL, Lambert Wilson a reçu un Taureau d’Or d’honneur en reconnaissance de sa carrière exceptionnelle. Il reviendra en 2025 en tant que parrain.
Entretien avec Lambert Wilson
Quel est votre rapport à la Belgique et plus spécifiquement à la ville de Liège ?
J’adore la Belgique, l’humour belge, les acteurs belges… Il faut dire qu’on les importe en France, c’est une denrée précieuse (rires). Qui plus est, symboliquement, je suis très lié à Liège. Le patron de Liège est Saint-Lambert, j’ai une affinité particulière avec cette ville.
Pour en revenir à la comédie, lorsque l’on maîtrise les jeux de rôles, peu importe le registre, quel regard porte-t-on sur ce genre ?
La comédie, c'est marcher sur le fil. Ce que l’on considère nous, comédiens, comme la forme à l’intérieur de l’expression qu’est le jeu. Sans doute la plus périlleuse et donc, d’une certaine façon, la plus admirable. Surtout au cinéma.
Au théâtre, nous n’avons pas un résultat immédiat. On corrige le tir en permanence. Au cinéma, on travaille à l’aveugle. Les auteurs, réalisateurs, acteurs, qui réussissent à créer de la comédie devant une équipe de tournage rapidement « indifférente »… C’est du grand art.
Je dirais également qu’il y a comédie et comédie. Il y a les « natures comiques », on les admire, mais on ne peut pas les imiter. Comme un don. C’est Bourvil, c’est de Funès… Et puis, il y a le reste d’entre nous, ceux qui participent à des comédies. Nous sommes en admiration totale devant la réussite, car pour nous, c'est le plus difficile. Comme un chanteur qui regarderait un opéra avec une soprano qui interprète un air particulièrement périlleux… On est bouche bée. On peut se faire mal dans la tragédie, créer des larmes, ce n’est pas si compliqué que cela. Créer une situation comique grâce à son corps, son visage, son écriture, ça, c'est très ardu.
De surcroît, quelle est la différence entre faire rire et être drôle à vos yeux ?
Il y a une réelle différence entre le travail et la nature comique. Le travail, c’est lorsque l’on construit la comédie. Lorsqu’elle part de l’écriture, de la construction du jeu, de la transformation des acteurs, etc. La nature comique c’est… Pour prendre un exemple féminin : Valérie Lemercier. Quelle que soit la situation dans laquelle elle se trouve, son regard est ironique. Je pense que c’est souvent une question d’intelligence. La comédie à haut niveau, la présence comique, je pense que c’est une façon de considérer la vie. Presque une philosophie (rires).
Cela peut également venir d’une bouée face à la vie. Ou d’un visage qui, au départ, fait rire les copains. Parmi les grands comiques, comme Devos, cela part parfois d’un complexe physique. Il faut se sauver dans le grouper en faisant le pitre, et puis cela devient une spécialité.
Sans tomber dans la philosophie de comptoir, le cinéma d’aujourd’hui semble très différent du cinéma d’hier… Et, pour celui de demain, quand sera-t-il ?
Le seul souhait que je puisse formuler, c’est qu’il continue d’exister. Nous sommes dans une période où les cartes sont rebattues, tout le système change au profit des plateformes, séries, etc. Si on parle du cinéma, formulons ardemment le souhait qu’il survive et qu’il soit vu en salles. 2024 a été une année très difficile pour la création cinématographique.
Je n’ai absolument pas de vision de ce qu’il peut devenir, il est toujours à l’image de la société et de ses préoccupations. Je souhaite juste qu’il continue d’exister de cette façon.
Un dernier message à adresser aux festivaliers ?
Continuons à faire la fête ! Je crois que cela, je n’ai pas besoin de le dire aux liégeois (rires). C’est ça qui est particulier en Belgique : c’est inné. Les français ont toujours ce cliché du surréalisme belge, etc. En réalité, dans les pays où le temps est « difficile », il y a souvent plus de sens de la fête. On trouve la chaleur où on le peut. J’ai simplement envie de dire aux festivaliers : gardez ce sens de la célébration et de la fête !
05.11 > 09.11.25