Un jeu de combat contre le COVID-19

écrit par VandenHende
le 30/10/2020
"Le jeu est un bon moyen pour sensibiliser le personnel et les résidents aux risques du non-respect des règles d’hygiène". Dominique Gainvorste, Centre Hospitalier EpiCURA

Et si on combattait le coronavirus par le jeu ? Comment ? En se lançant dans une partie d’escape game pour mieux intégrer les gestes-barrières. Ce projet du Centre Hospitalier EpiCURA, taillé sur mesure pour le personnel des maisons de repos et de soins, a reçu le soutien financier du Fonds pour des Soins solidaires créé par la Fondation Roi Baudouin au plus fort de la crise sanitaire.

Le coronavirus a constitué une épreuve pour les résidents des maisons de soins et de repos, isolés de leurs proches et craignant pour leur vie. Il a aussi précipité dans le désarroi les soignants, contraints de faire face à la pénurie de personnel et d’équipements, ainsi qu’à l’accumulation des procédures de protection face au COVID-19 et à une multitude de tâches inédites jusque-là.

Pas toujours spontanés, ces gestes barrières

Dominique Gainvorste dirige le département infirmier du Centre Hospitalier EpiCURA, qui compte plus de 800 lits répartis sur trois sites hennuyers. On y exerce une attention de tous les instants, pour y rappeler et appliquer les règles d’hygiène des mains et d’isolement, ces alliés indispensables dans la guerre contre le COVID-19.

"Cela fait 35 ans que je travaille dans le secteur hospitalier. Les campagnes fédérales d’hygiène des mains se succèdent depuis des années. Et pourtant, elles n’empêchent pas les infections manuportées au sein des établissements de soins. Bien sûr, l’ensemble du personnel connaît les gestes barrières, mais il y a parfois du relâchement dans les unités de soins. La distanciation sociale impose la présence de trois personnes au maximum dans une pièce. Pourtant, il n’est pas rare d’observer que cinq personnes y prennent leur repas sans masque. On risque vite de retomber dans la routine d’avant-COVID, et il faut régulièrement répéter les instructions", commente la responsable.

"Je vous défie de trouver une infirmière qui, après les soins à un patient, n’a jamais oublié de se laver les mains. Même si ce comportement est involontaire et s’explique souvent la surcharge de travail dû à la pénurie de personnel, son impact peut s’avérer fatal. C’est la raison pour laquelle j’ai fait appel à des spécialistes du jeu qui disposent en même temps d’une longue expertise dans le milieu médical : un bon moyen pour sensibiliser le personnel et les résidents aux risques du non-respect des règles d’hygiène. C’est une manière novatrice et très efficace de relâcher le stress par un moment ludique."

Apprendre en s’amusant

Dominique Gainvorste s’est associée à l’entreprise de consultance Game Spirit pour concrétiser son projet. Geoffroy Simon en est le game designer : expert en jeux d’entreprise, il est formateur ludique. "Cette formation aux règles d’hygiène doit s’assimiler à un réel moment de plaisir. Fini le temps où on imposait aux participants de se déplacer, avec des pieds de plomb, dans une salle où on les abreuve de PowerPoint", sourit-il. Nathalie Zandecki, ingénieure, experte en management de la qualité, et spécialiste en sciences et techniques du jeu précise : "Des études l’ont démontré : lorsqu’on vous livre des informations de manière classique, vous n’en retenez que 10%. En revanche, si on vous implique, en vous y faisant participer, sous la forme d’un jeu par exemple, vous en intégrez 80% à 90%. Ce qui permet aussi de réactiver l’information et de la rendre permanente. "C’est encore plus vrai dans les maisons de repos et de soins, où la majorité du personnel soignant est jeune (entre 20 et 40 ans) et aspire par conséquent à des formations innovantes."

Le principe d’un escape game ? "Un certain nombre de personnes sont rassemblées dans une pièce dont on referme la porte. On leur accorde, selon les cas, une demi-heure ou une heure pour en sortir. Ils sont confrontés alors à une série d’énigmes qui leur permettent d’obtenir des clefs, d’ouvrir des portes secrètes, d’avancer vers la sortie. Pour trouver les solutions , ils devront mutualiser leurs compétences", explique Geoffroy Simon.

La créativité au secours de la cohésion d’équipe

Comment adapter un tel jeu aux contraintes sanitaires actuelles ? "Imaginons un scénario qui relève, au cours du jeu, les différences traces laissées par les participants. Ceux-ci vont alors prendre conscience des empreintes qu’ils ont abandonnées, du masque qu’ils ont oublié de porter, et adopter de nouvelles attitudes pour éviter ces comportements et neutraliser leurs conséquences. Le jeu va leur permettre d’ancrer toutes ces expériences dans leurs gestes professionnels."

La méthode de création de jeu de Game Spirit, résolument centrée sur l’humain, l’empathie et la dynamique collective, permet à terme aux membres du personnel des maisons de repos et de soins, aux résidents et aussi à leur famille de passer un bon moment, de relâcher le stress et d’apprendre en jouant. Elle a aussi un impact très positif sur l’équipe du projet, composée de membres du personnel d’EpiCURA : elle cimente sa cohésion, enrichit ses connaissances et lui livre de nouveaux outils réutilisables dans d’autres contextes.

À propos du Fonds pour des Soins solidaires

La Fondation Roi Baudouin a créé le Fonds pour des soins solidaires fin mars 2020, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et la maladie du COVID-19. Les moyens financiers de ce Fonds proviennent de dons de particuliers et d’organisations. L’objectif général du Fonds est d’aider les établissements de soins résidentiels à garantir la continuité des soins et la qualité de vie en période d’épidémie, et de veiller à ce qu’ils disposent des moyens nécessaires pour gérer les épidémies avec souplesse.

À la suite de deux appels à projets, le Fonds pour des Soins solidaires a alloué 1,85 million d’euros à 69 projets visant à favoriser les contacts sociaux et améliorer la prévention et le contrôle des infections. Le projet d’escape game du Centre Hospitalier EpiCURA est l’un d’eux.

 

 

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