Maria, diplômée de l' "Institut Félicien Rops", à Namur, a reçu, avec sa famille, un ordre de quitter le territoire
« Nous gardions espoir d’obtenir une décision positive puisqu’on se mobilisait pour devenir des citoyens belges. Mes parents suivaient même des formations pour trouver du travail », déclarait Maria Eisa Hreira (°29/11/2003), ce jeudi 06 juillet, alors qu’elle venait de terminer première de sa sixième année d’études en Infographie, à l’ « ITCF (Institut Technique de la Communauté Française Félicien Rops »), à Namur.
La superbe intégration – alors qu’elle s’exprime parfaitement en français – de cette étudiante, née au Venezuela, comme sa soeur, Evelyn (°16/11/2005), étudiante, en tourisme, dans ce même Institut, son frère, Emad junior (°20/ 06/2007), étudiant à l’ « ITN » (« Institut Technique de Namur »), n’a donc pas suffit à convaincre l’autorité belge de leur accorder leur demande d’asile, le Venezuela étant considéré comme n’étant pas suffisamment insécurisant, alors même qu’en 2012, le magasin de matelas de leurs parents avaient été braqués et leur magasin de matelas incendié par des sympathisants de Nicolás Maduro, l’autoritaire président vénézuelien, motivant le désir de cette famille de pouvoir vivre dans un pays plus accueillant …
… Et ce, alors même que les parents, Emad et Merma, avaient fuit la Syrie, leur pays d’origine, en guerre, souhaitant pouvoir donner naissance à leurs trois enfants dans un pays offrant davantage de sécurité, … le Venezuela, un choix qui n’était, assurément, pas le bon.
Et ne voilà-t-il pas qu’en cette journée de joie, récompensant le travail intensif de Maria, ils ont vécu, tous les quatre, leur dernière nuit au sein du centre d’accueil de Natoye, avant de rejoindre, dès le vendredi 07 juillet, celui de « Fedasil », à Jodoigne, en vue de leur expulsion vers le Venezuela.
Afin d’éviter cette regrettable issue, l’avocat de cette famille vient d’introduire une demande d’autorisation de séjour exceptionnelle (article 9bis). Si l’ « Office des Etrangers » lui accorde ce titre de séjour, la famille Eisa Hreira sera, administrativement, en règle. Cependant, dans l’attente de ce jugement, elle se retrouve en situation irrégulière.
Maria nous confia, en présence de Gwenaëlle Grovonius, parlementaire wallonne, membre suppléante de la Commission des affaires générales et des relations internationales : "Lorsque j'ai quitté le Venezuela, j'étais mineure , mais étant, aujourd'hui, majeure, je vais introduire, à titre personnel, une demande de titre de séjour, afin de pouvoir poursuivre mes études en Belgique. »
Pour un camarade de classe : « C’est une superbe travailleuse qui mérite d’être ici et fait le maximum pour obtenir des résultats. »
« C’est notre rayon de soleil », déclara Marie Kauffman, professeure de dessin, qui, durant deux ans, la compta parmi ses étudiants.
Et Marie-Annick Lallemand, sa collègue, professeure d’infographie, d’ajouter : « Bosseuse, géniale, toujours en avance dans les projets, elle aide efficacement les autres. »
Pour une troisième enseignante, évoquant Evelyn et Maria : « Cette manifestation est légitime puisqu’il s’agit de deux élèves que l’on a vues évoluer durant deux ans et qui se sont montrées motivées durant leurs études. »
Au micro de notre collègue de la télévision régionale « Bouqué », Maria, émue, déclara : « C’est magnifique, j’y crois pas, tous ces gens en train de nous soutenir.’
A notre question : « Quelle sera votre réaction si votre demande devait être refusée ? », elle répondit, souriante, avec un optimisme qui l’honore : « Nous croiserons les doigts. Nous devrons rester optimistes. »
A souligner le propos de Sylvie Dachelet, directrice de l’ « ITCF Félicien Rops » : « Nous devons former des citoyens responsables, libres, tolérants, critiques. Ceci est une action citoyenne mise en place, justement au moment de la sortie de rhéto. »
A noter que la cour de récréation de cet Institut namurois, outre la présence d’un stand pour la signature de la pétition, était décorée, en ce début de soirée, de nombreuses grandes affiches, qui, inspirées de celles de « Mai ’68 », à Paris, furent créées par Didier Laloux, l’un des professeurs en infographie de Maria, qui espère pouvoir toujours la compter parmi ses étudiant.e.s en 7è année d’infographie, en 2023-2024, ce qui serait sa 3è année d’études à « Félicien Rops ».
Cécile Geudvert, la préfète de l’ « Athénée royal de Jambes » était, également, présente, ayant organisé, durant l’après-midi, une marche de soutien, dans les rues de Namur, pour une famille pakistanaise ayant reçu un semblable « ordre de quitter le territoire », alors que, deux jours plus tôt, leur fille aînée était décédée, victime d’une diphtérie foudroyante, une raison suffisante pour faire preuve d’humanisme à l’égard de cette famille.
Il nous reste, comme le disait Maria, à « croiser les doigts », en pensant aux slogans créés par l’un des professeurs en infographie, Didier Laloux : « Ils ont besoin de nous, agissons », « Offrez leur une main tendue, pas une porte fermée », « La solidarité peut tout changer, vous pouvez tout changer », ou encore : « Rejoignez-nous, pour soutenir Maria Evelyn, Emad et leurs parents ».
Soyons donc à l’écoute de cette problématique et n’hésitons pas à signer la pétition sur le site web de l’ « ITCF Félicien Rops » : https://www.felicienrops.be/.
Yves Calbert.