LA LUMIÈRE DE L'ARCHANGE, par l'auteur belge Gérard Adam
Écrit entre 1986 et 1990, alors qu'Internet n'en était qu'à ses balbutiements, publié en 1992, finaliste du Prix Rossel (le principal prix littéraire belge), La Lumière de l’Archange était à l’époque un roman de légère anticipation, puisqu’il se déroulait à la fin de l’année 1999.
Pierre Lhermitte, spécialiste français des maladies virales, prix Nobel de médecine pour le vaccin contre le sida, fondateur d’une confrérie de scientifiques, est victime du virus qu’il étudie, redoutable mutant surgi dans les forêts centrafricaines. Tenu en quarantaine dans son propre service, soutenu par ses amis du monde entier, il participe à la course de vitesse entre l’épidémie et la recherche, tout en prenant conscience d’un monde contemporain dont il s’était jusqu’alors abstrait et qu’ébranlent de profonds bouleversements sociaux ou géopolitiques, ainsi que l’explosion de fanatismes ultraviolents et l’avènement de mouvements millénaristes en cette dernière année du XXe siècle. Mais d’étranges modifications psychiques apparaissent chez, les rescapés. Le développement de la vie serait-il à un carrefour ?
Pierre Lhermitte, envoyé en Afrique pour coordonner la lutte contre l’épidémie dans l’espoir de l’y garder enclavée, sera entraîné simultanément dans une aventure exceptionnelle et dans une quête intérieure, psychologique, métaphysique et spirituelle.
Un roman visionnaire, dont le seul défaut est d’avoir été publié trop tôt. Il a par ailleurs été pillé pour la fabrication d’une œuvrette parisianiste à succès dont nous préférons taire le titre.
Il est, aujourd’hui que se succèdent et s’amplifient les épidémies de virus mutants (Ebola, Covid19), d’une brûlante actualité, et nous met en garde contre les dangers que cette actualité – et nos comportements – font courir à une humanité fonçant tête baissée vers le mur.
Extrait
D'instinct, il a jeté dans le combat perdu le meilleur de ses forces, celles que de tout temps il réservait pour la charge glorieuse, et dont il ne suspectait ni la terrible fureur ni la fragilité.
Arc-bouté à la table, les mains glacées par le métal, il se redresse, corps frissonnant, jambes tremblant sous le poids insupportable. Vient l'instant où tout bascule ; il sent qu'il doit s'abandonner…
Aspiration vertigineuse, glissade au gré d'images évanescentes…
Massif d'hortensias malingres aux bleus précocement passés ; moutonnement de garrigues où se dressent les ruines d'un château fort ; sérénité de tours romanes au flanc d'une falaise où des vagues se brisent en tourbillons d'écume…
Il part à la dérive, charrié par le fleuve de sa vie, ses eaux saumâtres au goût d'injustice, dans le sillage d'une vérité qui toujours se dérobe ; s'engouffre dans un tunnel obscur aux parois de lianes tissant leurs arabesques, fils d'Ariane enchevêtrés pour lui signifier l'absence d'issue au labyrinthe…
Éternité de ténèbres étales…
Soudain, ce disque d'or, éblouissant et doux, moyeu de l'univers. L'ange exterminateur à gauche, bloc érigé, impitoyable, paumes enserrant le pommeau d'une épée plantée entre ses pieds.
À droite, en pose d'abandon, l'archange messagère, effleurant de sa joue le tendre flamboiement, que semble épandre l'éventail des ailes…
Messagère qui est Lyudmilla et en même temps plus que Lyudmilla. Et lui sourit.
Tout son être se projette. Désir incommensurable…Mais le cours se fige, le fleuve inverse sa crue. Il reste bras tendus vers la lumière qui peu à peu s'estompe, laissant dans son sillage un noir éblouissement.
Il se retourne, vers un peuple de faces souffrantes qui l'appellent, incrédules, tourmentées, hagardes, révoltées, extasiées ; des noires, des blanches, partition d'une symphonie tragique. Et il rebrousse chemin.
C'est alors qu'il se voit, tassé dans son fauteuil, le front contre la table d'aluminium où la lampe s'est renversée.
Le flux se fait lent tourbillon, les bribes de mémoire sédimentent ; fragmentation, malaxage d'« il était une fois » en décomposition, humus où il s'enfouit, simple graine de lui-même, germe en suspens dans la matrice douillette…
L’auteur
Ex-médecin militaire, engagé à plusieurs reprises sur les terrains « humanitaires » (Opération Kolwezi, Bosnie-Herzégovine), écrivain, éditeur et traducteur, Gérard Adam est l’auteur d’une vingtaine de romans, récits et recueils de nouvelles, dont « L’Arbre blanc dans la Forêt noire » (prix NCR-AT&T), « La Lumière de l’Archange » (finaliste du Prix Rossel), « Le Saint et l’Autoroute » (finaliste du Prix littéraire du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles), « De l’existence de dieu(x) dans le tram 56 » (Prix Emma Martin). Il a été finaliste à deux reprises du prix de la nouvelle Radio-France Internationale.
Editions M.E.O. à Bruxelles
396 pages
ISBN : 978-2-8070-0257-9 (livre)
978-2-8070-0219-7 (PDF) –
978-2-8070-0220-3 (ePub)
Prix : 24,00 EUR (livre) – 12,99 EUR (e-book)