22ème "Kunstenfestivaldesarts"
Dès ce vendredi 05 mai et jusqu'au samedi 27, le "Kunstenfestivaldesarts", consacré à la création contemporaine (théâtre, danse, performance, cinéma et arts plastiques), est de retour à Bruxelles/ Brussel, avec cette appelation prouvant qu'au niveau de la Culture, Flamands, Wallons et Bruxellois s'entendent à merveille, comme nous le prouve, également, l'effort consenti par le "KVS" ("Koninklijke Vlaamse Schouburg") et le "Théâtre national" afin d'aller, désormais, à la rencontre de nos différentes communautés.
Et comme Christophe Slagmuylder, directeur artistique du "Kunstenfestivaldesarts", aime à le dire: "Time we share" ("le temps que nous partageons), avec la création artistique, qui ouvre une expérience à nulle autre pareille. En s’écartant du temps et de l’espace fonctionnels, en s’affranchissant du réel, elle invite à regarder ce réel en face. Elle le révèle. »
Dans son discours à la presse, il ajoute: "Bien des artistes au programme de cette édition créent des espaces qui génèrent une proximité inédite entre les êtres et qui font appel à la concentration la plus aiguë de nos perceptions sensorielles. La question de l’empathie traverse de nombreuses créations. Une empathie qui s’opère dans le partage et l’expérience sensible commune – et non pas par l’identification à des paroles ou des symboles schématiques et réducteurs."
"Plusieurs spectacles sont, avant tout, des invitations à ressentir et à reconsidérer les frontières qui séparent le soi et l’autre, la connaissance et l’expérience. Que ce soit à travers des compositions sonores tactiles et vibratoires (Tarek Atoui), une chorégraphie du toucher (Fabián Barba & Esteban Donoso) ou une partition de gestes infimes transmis d’un individu à l’autre (Selma & Sofiane Ouissi), les artistes proposent de (ré)accorder une attention extrême au détail."
"Les spectateurs sont amenés à s’aventurer en-deçà de la parole ou au-delà de celle-ci. Le corps, le son et la dimension physique de la voix sont au centre des spectacles (et bouleversantes expériences) de Begüm Erciyas ou de Boris Charmatz. La dimension vitaliste du corps humain, ses potentiels de résistance comme l’acceptation de sa finitude animent les créations (très attendues) de Marlene Monteiro Freitas, Marcelo Evelin et Mårten Spångberg, trois chorégraphes qui s’affirment comme des artistes majeurs aujourd’hui et auxquels le festival offre de grands plateaux et les moyens d’y réaliser des projets de vaste envergure."
Conçu, fondamentalement, comme un projet bilingue, cet attachant Festival contribue à encourager non seulement la découverte des créations d'artistes originaires de 21 pays de différents continents, mais aussi, tout simplement, à profiter d'un dialogue entre nos deux principales communautés.
Et pour cette 22ème édition, 39 projets artistiques internationaux nous sont présentés dans une vingtaine de théâtres et centres d'art bruxellois, tant flamands que francophones, ainsi que dans différents lieux publics, le Centre du Festival s'étend déplacé, cette année, au Palais de la Dynastie, sis au Mont des Arts, en plein coeur de notre capitale fédérale et européenne.
A souligner que, comme les années antérieures, ce Festival ne se limite pas à des représentations, expositions et autres, mais que des ateliers sont également organisés, à l’attention des étudiants de l'enseignement primaire et secondaire ou d'associations de la jeunesse. Par ailleurs, des artistes sont invités en résidence, alors qu'à l'issue de plusieurs spectacles, des rencontres du public avec les acteurs sont programmées, des "workshops" étant organisés à l'attention de ces derniers.
Pour bien entammer ces trois semaines, ce vendredi 5, une fête en plein air gratuite est prévue au "Wiels" - qui célèbre, cette année, ses 10 ans d'existence -, avec des propositions muscicales des Libanais Tarek Atoui et Ziad Nawfal, ainsi qu'une performance de la chorégraphe hongroise Eszter Salamon.
Le samedi 06, inauguration festive gratuite du Centre du Festival, avec un concert de Mykki Blanco et une performance de la Cap Verdienne Marlene Monteiro Freitas.
Parmi les premières belges, ce vendredi 05, nous retrouvons cette dernière, présentant, à 20h30, aux "Halles de Schaerbeek", une coproduction du "Kunstenfestivaldesarts", "Bacantes, Preludio para uma Purga", spectacle repris le samedi 06, à 18h, ainsi qu'à 20h30, les dimanche 07 et lundi 08. Prix d'entrée: 18€ (14€ en tarif réduit).
De cette immense révélation de la scène chorégraphique internationale, interprêtée par 12 danseurs et musiciens (avec leurs parenthèses musicales de reggae, sirtaki grec, Louis Amstrong, Beyoncé, du "Boléro" de Maurice Ravel), sa réalisatrice, Marlene Monteiro Freitas confiait, à Lisbonne, à Catherine Makereel, pour le "MAD" du "Soir": "Quand on parle de mon travail, on parle souvent de distorsion, mais je travaille surtout sur la distorsion, mais je travaille surtout sur la formation de quelque chose de nouveau. Les personnages sortent d'eux-mêmes, se transforment. Ce qui est hors de contrôle est libre. C'est pour cela que j'ai voulu ce choeur de trompettes. Je viens d'une île venteuse, où l'on dit que le vent rend fou. La trompette, le souffle amènent à la folie." Un spectacle au langage d’une vitalité débordante, avec son imagerie forte et la richesse de ses références! A voir, assurément!
Pour le programme complet et les synopsis, consultez le site: www.kfda.be/fr/programme.
Prix d'entrées:
Pass Festival: 170€ (nominatif, avec un 2ème ticket à prix réduit, sur réservation, incluant un brunch avec l'équipe du Festival, le dernier jour du 22ème "Kunstenfestivaldesarts".
Tarif réduit: pour une entrée: demandeurs d'emploi, - de 25 ans, seniors, dès 65 ans, "Cultuurbon Paspartoe" & "Article 27".
Festifreak: pour 4 spectacles différents.
Festigroup: pour 10 personnes minimum, pour le même spectacle.
Festiyouth: une carte, pour les - de 25 ans, offrant des entrées à 50% de réduction sur les prix de bases.
Laissons la conclusion de cet article au directeur artistique, Christophe Slagmuylder: "La globalisation accélérée observée depuis plusieurs années a d’inquiétantes conséquences. Diviser, démarquer, fermer sont les actions considérées comme urgentes par un grand nombre de dirigeants soi-disant afin de recréer du lien au sein de sociétés contrastées. Le jour où j’écris cette introduction au programme du 'Kunstenfestivaldesarts', un individu, nouvellement élu à la présidence d’un des plus puissants pays du monde, insiste dans son discours inaugural : 'We will bring back our border'. Mais le propre de toute frontière, physique ou mentale, n’est-il pas de constituer une invitation à la transcender, la déplacer et à en explorer la constante porosité? En 2017, nous présentons de nombreux projets où prime une approche de la réalité ambiante, à travers laquelle les frontières sont rendues floues, proposant des créations artistiques où prime l’expérience sensible." A méditer! ...
Yves Calbert.